Bonsoir à tous (et à toutes pour Annie),
quelqu'un (une) aurait il (elle) copié(e) le message de Michel (n°727) sur histoforum, relatif au Général Barbot? Il m'est impossible de le retrouver car Pascal Loyer est venu me déranger alors que je le lisais avant qu'il ne disparaisse (le message)!
Cordialement, François
PS: Michel, té perds tin temps! Viens ichi, in 'n ti vot point.
PS bis : bien sur M. Meunier est ouvert, mais là, vis à vis de Michel, je ne comprends plus, Michel est passionné, veut renseigner et cherche tout sauf diviser!
PS ter: peut-être que Joseph-Pierre pourra nous renseigner?
Avis de recherche
-
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- Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am
Re: Avis de recherche
Bonsoir François,
Mauvaise nouvelle
, j'avais commencé à lire le texte qui semblait intéressant, (pour une fois sur ce forum !!!!), mais j'ai du m'interrompre, pensant le reprendre ce soir. Et j'apprends qu'il a été effacé. La maladie n'est donc pas passée et sans doute ne passera-t-elle plus jamais. Je me demande pourquoi je suis retourné essayer de lire quelquechose sur du passé qui doit être considéré définitivement comme révolu!!!
Hélas je ne l'ai pas enregistré et donc le recherche également.
Bien amicalement,
Jean-Pierre LUCAS
Mauvaise nouvelle









Hélas je ne l'ai pas enregistré et donc le recherche également.
Bien amicalement,
Jean-Pierre LUCAS
- francois noury
- Messages : 660
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Re: Avis de recherche
Bonsoir Jean-Pierre,
ça devait être surement porno, ah ce Michel!
amicalement,
François
ça devait être surement porno, ah ce Michel!
amicalement,
François
- Frederic Avenel
- Messages : 152
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Re: Avis de recherche
Bonsoir François, bonsoir à tous (et toutes pour Annie...),
J'ai connu le même désappointement que vous en pensant reprendre ma lecture plus tard...
Voici malgré tout le texte de Michel Leclerq récupéré in-extremis dans le cache de mon navigateur.
Bonne lecture, et cette fois, je ne pense pas que la grande Anastasie se manifeste !
Frédéric Avenel
général BARBOT
de leclercq michel (posté sur Histoforum le 30/01/2005 à 13:48:29)
bonjour à tous,
voici quelques lignes sur le général BARBOT.
amicalement
michel
LE BAYARD DE LA GRANDE GUERRE
« C’est lui qui nous inspire. »
Pourquoi Barbot ? D’autres généraux méritent d’être rappelés, célébrés. Mais je viens d’assister, à Souchez, à la commémoration de ce chef que le général Fayolle a appelé « le Bayard de la Grande Guerre » ; et Souchez, voyez-vous, Souchez, à une lieue et demie de Mont-Saint-Eloi dont les obus allemands avaient ajouré les tours et d’où je suis parti à l’attaque, le matin du 9 mai 1915, à la même heure que la division Barbot, Souchez, dont le 9 mai au soir certains élément de la division Barbot occupèrent le cimetière, Souchez, évocateur de cette côte 140 à laquelle, l’un des derniers jours de septembre, j’ai accédé victorieusement le premier, clamant sans savoir au juste ce que je disais : « Vive le régiment ! », et répondant, enthousiaste, à l’un de mes camarades qui déclarait : « Ta section a été admirable ; elle a mieux marché qu’à la manœuvre » : « Pas toute ma section ! Toute la compagnie ! Superbe ! Toute ! », Souchez, c’est l’un de ces villages du front auxquels restent accrochés mes motifs de conserver de moi quelque fierté, mes raisons d’aimer encore à vivre et d’espérer encore.
Je rentre dans l’ombre pour projeter sur Barbot une éclatante lumière. Quand la guerre nous assaillit, le 159ème régiment d’infanterie alpine, que commandait, à Briançon, ce Toulousain, fut dirigé vers l’Alsace. Un colonel d’artillerie raconte : « Lorsque je pris, trois mois avant l’entrée en campagne, le commandement de mon unité, officiers et soldats, au cours des manœuvres de jour et des marches de nuit auxquelles j’avais à coeur de les rompre et de les familiariser, grommelèrent à l’envi et me maudirent. Après que nous eûmes pénétré en Alsace, à la première halte, les officiers accoururent, me tendant les mains, me criant merci. » On aime à imaginer les deux colonels, en tête à tête
devant Mulhouse, où ils livrèrent les même combats, échangeant les mercis dont ils furent comblés. Le 19, les alpins reçurent le baptême du feu, emportèrent des villages, firent des prisonniers. Le lendemain, succédant au général Plessier, tué d’un éclat d’obus, le colonel Barbot fut mis à la tête de la brigade que constituèrent son 159ème et le 97ème alpin de Chambéry.
Un soldat, parmi des soldats, un homme, parmi des hommes. A l’heure, à l’endroit où la lutte est plus ardente et le danger plus pressant, les soldats voient apparaître un soldat grand, maigre, vêtu, comme eux, d’une capote bleue, coiffé d’un béret posé à plat, d’un béret sans galons ni étoiles, un soldat à l’œil candide et clair dont la barbiche semble un peu plus grise dans son visage un peu coloré, une figure à la Don Quichotte, le Don Quichotte héroïque que fut Cervantes à la bataille de Lépante avant d’imaginer l’autre. Ils vivent, au col de la Chipotte,
des heures hallucinantes pendant deux semaines qui s’éternisent ; point de répit, point de repos. La forêt qu’ils défendent leur est hostile ; elle a érigé des arbres pour leur dissimuler des ennemis. D’invisibles mitrailleuses fauchent les taillis et les hommes ; une parcelle de terrain abandonnée est une parcelle perdue ; l’ennemi l’organise, l’élargit ; bientôt il va déborder, s’élancer, encercler. Chaque soldat croit voir surgir devant lui vingt combattants inassouvis ; derrière lui, il ne sent personne. Il rétrograde pas à pas, sans savoir où son recul le mènera ; il s’abrite, court, bondit ; et voilà qui se heurte à des alpins qui refluent comme lui. Mais il perçoit un ordre que donne une voix calme. Il regarde ; il reconnaît un visage grave qu’un vague sourire détend un peu, un sourire de pitié, de bonté ; et aussitôt il se ressaisit. Il sait que le soldat au béret sans galons ni étoiles, s’il impose des devoirs impérieux, n’exige jamais de sacrifices inutiles. Il a ordonné de se porter en avant ; et la petite troupe désemparée se ressoude et fait front.
Dans la forêt mutilée, la brigade avait été décimée cruellement. Il avait fallu combler ses vides et les renforcer ; des bataillons de chasseurs de l’Est lui avaient adjoints. C’est à la tête d’une division que le général Barbot livra, en septembre, ses derniers combats dans les Vosges et qu’il arriva, au début d’octobre, à Arras, dont il avait pour mission de défendre les avancées en se portant au devant de l’ennemi, à dix kilomètres à l’Est de la ville.
Les Allemands avaient résolu, coûte que coûte, de s’emparer d’Arras. Le 97ème alpin, parvenu de nuit devant les villages de Wancourt et de Guemappe, qui flambaient, avait à peine organisé des positions précaires quand, à l’aube, les ennemis s’infiltrèrent, à la faveur d’un brouillard dense, entre les compagnies éparses, les dissocièrent dangereusement et les affolèrent. Quand se furent dissipé les tourbillonnements du brouillard et des hommes, la bataille se fixa en avant du Tilloy ; malgré la perte de tous ses officiers supérieures, le 97ème, farouche, ne céda plus d’un pouce. Du centre de l’action, de la chapelle de Feuchy, où il se tenait, Barbot avait prescrit : « Il faut tenir là. »Le régiment tint.
Son 159ème, plus heureux que le 97ème, avait pu, à Monchy-le-Preux, où il était arrivé avant la nuit, préparer une défense efficace. Le repli du 97ème l’obligea à rompre un peu, mais en ordre parfait. Criblé de schrapnells, harcelé de fusants, il s’installa, rigide, sur la ligne où il avait reçu l’ordre de s’arrêter. Au cours de la manœuvre, de la bataille, ses alpins avaient vu le soldat sans insignes. L’un d’eux, harassé ou blessé, geignant, tirant la patte, s’était entendu interpeller : « Où vas-tu comme ça, mon petit gars ? » Il avait toisé l’interpellateur, et avait rétorqué : « Et toi, le sais-tu, où tu vas ? » Le général ne put se retenir de rire ; se retournant vers l’officier le plus proche de lui, il s’écria : « Il ne croit pas dire si vrai. » Il le savait pourtant ; Inquiet de la pointe qu’allongeait le 159ème, il allait lui ordonner de se replier à la hauteur du Tilloy. Il savait aussi que, si son 159ème ne comptait plus que quinze cents hommes,
son 97ème, neuf cent à peine, il avait sauvé Arras. Son cœur, qui saignait, tressaillait d’aise et gonflait de fierté.
Que pouvait-on espérer cependant durant ces heures pathétiques où l’abnégation et l’esprit de sacrifice ne pouvaient suppléer à la pénurie de munitions et des effectifs ? La 70ème division, à gauche de la division Barbot, avait dû subir des épreuves aussi cruelles et un aussi désastreux refoulement. Il apparut au haut commandement que les deux pinces de la tenaille allemande allaient se resserrer sur la division Barbot, ferme sur sa ligne, à une lieue d’Arras. A quoi se résoudre ? Devrait-on donner l’ordre à Barbot de se replier, regrouper les éléments de la 70ème division, et, après avoir établi le contact entre Barbot et elle, résister à l’Est d’Arras qu’on laisserait à découvert ?
Le soir du 5 octobre, Barbot, aux écoutes, a cru deviner que telles sont les intentions du général d’Urbal. La tête plus penchée qu’à l’ordinaire, et le visage plus grave, mais les lèvres encore détendues par les officiers de son état-major : « Vous dites ? Nous n’avons plus de réserves ? C’est entendu. Sur deux ou trois kilomètres il ne nous reste plus qu’un cordon de tirailleurs ? Il y a là un trou ; il faut le boucher. Eh bien ! Nous le boucherons. » IL ne dit pas comment.
On rapporte que , le 6 septembre, au début de la batille de la Marne, Pétain, qui commandait la 6ème division, menait ses troupes à l’assaut de Montceau-lez-Provins. IL fallait franchir la crête de Saint-Bon ; l’ennemi, déchaînant les barrages de ses 105, semblait en interdire l’approche. Les fantassins, jusqu’alors emporté par leur élan, ralentirent, hésitèrent, parurent s’immobiliser. Quelqu’un se détacha, et seul, à pied, à travers champs, accélérant insensiblement la cadence sur laquelle les fantassins, reprenant courage, modelèrent leur allure, s’avança jusqu’à la lisère du village de Saint-Bon. Il avait résolu d’y établir son poste de commandement ; toute la journée, sous un bombardement effroyable, il l’y maintint. Un officier qui a réglé, sa marche sur celle du chef a écrit : « Il apparut qu’au moment où l’ordre d’attaquer était donné et où le sort du pays se décidait, cette marche en avant, froide, résolue, droit vers l’objectif, avait quelque chose de symbolique. Pétain incarnait la patrie invincible. »
Au soir du 5 octobre 1914, Barbot a incarné la bonne humeur et la bravoure à la française. « Nous irons explorer le trou, avait-il dit au commandant Allégret ; nous deux, seulement. » Ils décident de s’étendre pour passer le reste de la nuit. Eveillés avant le petit jour, ils s’en vont de concert, butant à travers les champs de betteraves et de pommes de terre, tout le long du cordon de tirailleurs qui s’étire, amenuisé. Barbot trouve des mots d’encouragement et d’affection pour ces braves ; il est seul au monde, depuis qu’il a perdu sa femme et son fils unique ; il a en réserve de la menu monnaie d’amour ; il la dépense. Ils vont. Par chance, le brouillard les enveloppe ; l’ennemi n’a pas aperçu ces fantômes ; il ne les a pas éventés. Tout à coup Barbot entrevoit, à moins de cent mètres, une patrouille allemande. Les deux officiers font halte ; la patrouille les imite. L’attente risque de se prolonger, grosse de péril pour eux. La patrouille cède ; elle s’ébranle. Elle avait probablement pour mission de s’assurer si le secteur était bien gardé ; il l’est ; elle s’éloigne. Barbot épanouit son sourire ; il a bouché le trou.
Pendant que Barbot parcourait ses lignes, la situation se révélait d’heure en heure plus tragique. Le général d’Urbal donna l’ordre du repli. Lorsque Barbot rentra à son quartier général, son chef d’état- major avait fini de rédiger l’ordre d’exécution. Il tendit les documents. Pendant que Barbot les parcourait, ses doigts les palpaient nerveusement. Il les relut, le visage plus coloré, les lèvres frémissantes, et soudain il s’écria : « Evacuer Arras ! Non ! non ! Nos alpins tiendront ! Moi vivant, on ne reculera pas. » Tourné vers ses officiers, les plus audacieux, le soutenaient du regard et du cœur, il ajouta, chiffonnant les papiers, les froissant, les déchirant enfin : « Allez dire aux troupes que tout va bien, qu’Arras leur est confié, et que ces chiens n’y entreront pas. »
A sa voix, la voix de Foch fit écho ; deux pensées, divins oiseaux de nobles cœurs, se croisèrent. Foch s’était dressé contre l’idée d’un repli, cabré contre la décision de ne plus couvrir Arras ; il avait ordonné l’offensive. La 70ème division ne se laissa plus entamer ; la division Barbot, dont son chef était l’âme, subit, sans un fléchissement, toute une journée, un bombardement atroce. Arras avait été confié, par deux grands soldats, à son honneur. Pour la deuxième fois, Arras fut sauvé.
J'ai connu le même désappointement que vous en pensant reprendre ma lecture plus tard...
Voici malgré tout le texte de Michel Leclerq récupéré in-extremis dans le cache de mon navigateur.
Bonne lecture, et cette fois, je ne pense pas que la grande Anastasie se manifeste !
Frédéric Avenel
général BARBOT
de leclercq michel (posté sur Histoforum le 30/01/2005 à 13:48:29)
bonjour à tous,
voici quelques lignes sur le général BARBOT.
amicalement
michel
LE BAYARD DE LA GRANDE GUERRE
« C’est lui qui nous inspire. »
Pourquoi Barbot ? D’autres généraux méritent d’être rappelés, célébrés. Mais je viens d’assister, à Souchez, à la commémoration de ce chef que le général Fayolle a appelé « le Bayard de la Grande Guerre » ; et Souchez, voyez-vous, Souchez, à une lieue et demie de Mont-Saint-Eloi dont les obus allemands avaient ajouré les tours et d’où je suis parti à l’attaque, le matin du 9 mai 1915, à la même heure que la division Barbot, Souchez, dont le 9 mai au soir certains élément de la division Barbot occupèrent le cimetière, Souchez, évocateur de cette côte 140 à laquelle, l’un des derniers jours de septembre, j’ai accédé victorieusement le premier, clamant sans savoir au juste ce que je disais : « Vive le régiment ! », et répondant, enthousiaste, à l’un de mes camarades qui déclarait : « Ta section a été admirable ; elle a mieux marché qu’à la manœuvre » : « Pas toute ma section ! Toute la compagnie ! Superbe ! Toute ! », Souchez, c’est l’un de ces villages du front auxquels restent accrochés mes motifs de conserver de moi quelque fierté, mes raisons d’aimer encore à vivre et d’espérer encore.
Je rentre dans l’ombre pour projeter sur Barbot une éclatante lumière. Quand la guerre nous assaillit, le 159ème régiment d’infanterie alpine, que commandait, à Briançon, ce Toulousain, fut dirigé vers l’Alsace. Un colonel d’artillerie raconte : « Lorsque je pris, trois mois avant l’entrée en campagne, le commandement de mon unité, officiers et soldats, au cours des manœuvres de jour et des marches de nuit auxquelles j’avais à coeur de les rompre et de les familiariser, grommelèrent à l’envi et me maudirent. Après que nous eûmes pénétré en Alsace, à la première halte, les officiers accoururent, me tendant les mains, me criant merci. » On aime à imaginer les deux colonels, en tête à tête
devant Mulhouse, où ils livrèrent les même combats, échangeant les mercis dont ils furent comblés. Le 19, les alpins reçurent le baptême du feu, emportèrent des villages, firent des prisonniers. Le lendemain, succédant au général Plessier, tué d’un éclat d’obus, le colonel Barbot fut mis à la tête de la brigade que constituèrent son 159ème et le 97ème alpin de Chambéry.
Un soldat, parmi des soldats, un homme, parmi des hommes. A l’heure, à l’endroit où la lutte est plus ardente et le danger plus pressant, les soldats voient apparaître un soldat grand, maigre, vêtu, comme eux, d’une capote bleue, coiffé d’un béret posé à plat, d’un béret sans galons ni étoiles, un soldat à l’œil candide et clair dont la barbiche semble un peu plus grise dans son visage un peu coloré, une figure à la Don Quichotte, le Don Quichotte héroïque que fut Cervantes à la bataille de Lépante avant d’imaginer l’autre. Ils vivent, au col de la Chipotte,
des heures hallucinantes pendant deux semaines qui s’éternisent ; point de répit, point de repos. La forêt qu’ils défendent leur est hostile ; elle a érigé des arbres pour leur dissimuler des ennemis. D’invisibles mitrailleuses fauchent les taillis et les hommes ; une parcelle de terrain abandonnée est une parcelle perdue ; l’ennemi l’organise, l’élargit ; bientôt il va déborder, s’élancer, encercler. Chaque soldat croit voir surgir devant lui vingt combattants inassouvis ; derrière lui, il ne sent personne. Il rétrograde pas à pas, sans savoir où son recul le mènera ; il s’abrite, court, bondit ; et voilà qui se heurte à des alpins qui refluent comme lui. Mais il perçoit un ordre que donne une voix calme. Il regarde ; il reconnaît un visage grave qu’un vague sourire détend un peu, un sourire de pitié, de bonté ; et aussitôt il se ressaisit. Il sait que le soldat au béret sans galons ni étoiles, s’il impose des devoirs impérieux, n’exige jamais de sacrifices inutiles. Il a ordonné de se porter en avant ; et la petite troupe désemparée se ressoude et fait front.
Dans la forêt mutilée, la brigade avait été décimée cruellement. Il avait fallu combler ses vides et les renforcer ; des bataillons de chasseurs de l’Est lui avaient adjoints. C’est à la tête d’une division que le général Barbot livra, en septembre, ses derniers combats dans les Vosges et qu’il arriva, au début d’octobre, à Arras, dont il avait pour mission de défendre les avancées en se portant au devant de l’ennemi, à dix kilomètres à l’Est de la ville.
Les Allemands avaient résolu, coûte que coûte, de s’emparer d’Arras. Le 97ème alpin, parvenu de nuit devant les villages de Wancourt et de Guemappe, qui flambaient, avait à peine organisé des positions précaires quand, à l’aube, les ennemis s’infiltrèrent, à la faveur d’un brouillard dense, entre les compagnies éparses, les dissocièrent dangereusement et les affolèrent. Quand se furent dissipé les tourbillonnements du brouillard et des hommes, la bataille se fixa en avant du Tilloy ; malgré la perte de tous ses officiers supérieures, le 97ème, farouche, ne céda plus d’un pouce. Du centre de l’action, de la chapelle de Feuchy, où il se tenait, Barbot avait prescrit : « Il faut tenir là. »Le régiment tint.
Son 159ème, plus heureux que le 97ème, avait pu, à Monchy-le-Preux, où il était arrivé avant la nuit, préparer une défense efficace. Le repli du 97ème l’obligea à rompre un peu, mais en ordre parfait. Criblé de schrapnells, harcelé de fusants, il s’installa, rigide, sur la ligne où il avait reçu l’ordre de s’arrêter. Au cours de la manœuvre, de la bataille, ses alpins avaient vu le soldat sans insignes. L’un d’eux, harassé ou blessé, geignant, tirant la patte, s’était entendu interpeller : « Où vas-tu comme ça, mon petit gars ? » Il avait toisé l’interpellateur, et avait rétorqué : « Et toi, le sais-tu, où tu vas ? » Le général ne put se retenir de rire ; se retournant vers l’officier le plus proche de lui, il s’écria : « Il ne croit pas dire si vrai. » Il le savait pourtant ; Inquiet de la pointe qu’allongeait le 159ème, il allait lui ordonner de se replier à la hauteur du Tilloy. Il savait aussi que, si son 159ème ne comptait plus que quinze cents hommes,
son 97ème, neuf cent à peine, il avait sauvé Arras. Son cœur, qui saignait, tressaillait d’aise et gonflait de fierté.
Que pouvait-on espérer cependant durant ces heures pathétiques où l’abnégation et l’esprit de sacrifice ne pouvaient suppléer à la pénurie de munitions et des effectifs ? La 70ème division, à gauche de la division Barbot, avait dû subir des épreuves aussi cruelles et un aussi désastreux refoulement. Il apparut au haut commandement que les deux pinces de la tenaille allemande allaient se resserrer sur la division Barbot, ferme sur sa ligne, à une lieue d’Arras. A quoi se résoudre ? Devrait-on donner l’ordre à Barbot de se replier, regrouper les éléments de la 70ème division, et, après avoir établi le contact entre Barbot et elle, résister à l’Est d’Arras qu’on laisserait à découvert ?
Le soir du 5 octobre, Barbot, aux écoutes, a cru deviner que telles sont les intentions du général d’Urbal. La tête plus penchée qu’à l’ordinaire, et le visage plus grave, mais les lèvres encore détendues par les officiers de son état-major : « Vous dites ? Nous n’avons plus de réserves ? C’est entendu. Sur deux ou trois kilomètres il ne nous reste plus qu’un cordon de tirailleurs ? Il y a là un trou ; il faut le boucher. Eh bien ! Nous le boucherons. » IL ne dit pas comment.
On rapporte que , le 6 septembre, au début de la batille de la Marne, Pétain, qui commandait la 6ème division, menait ses troupes à l’assaut de Montceau-lez-Provins. IL fallait franchir la crête de Saint-Bon ; l’ennemi, déchaînant les barrages de ses 105, semblait en interdire l’approche. Les fantassins, jusqu’alors emporté par leur élan, ralentirent, hésitèrent, parurent s’immobiliser. Quelqu’un se détacha, et seul, à pied, à travers champs, accélérant insensiblement la cadence sur laquelle les fantassins, reprenant courage, modelèrent leur allure, s’avança jusqu’à la lisère du village de Saint-Bon. Il avait résolu d’y établir son poste de commandement ; toute la journée, sous un bombardement effroyable, il l’y maintint. Un officier qui a réglé, sa marche sur celle du chef a écrit : « Il apparut qu’au moment où l’ordre d’attaquer était donné et où le sort du pays se décidait, cette marche en avant, froide, résolue, droit vers l’objectif, avait quelque chose de symbolique. Pétain incarnait la patrie invincible. »
Au soir du 5 octobre 1914, Barbot a incarné la bonne humeur et la bravoure à la française. « Nous irons explorer le trou, avait-il dit au commandant Allégret ; nous deux, seulement. » Ils décident de s’étendre pour passer le reste de la nuit. Eveillés avant le petit jour, ils s’en vont de concert, butant à travers les champs de betteraves et de pommes de terre, tout le long du cordon de tirailleurs qui s’étire, amenuisé. Barbot trouve des mots d’encouragement et d’affection pour ces braves ; il est seul au monde, depuis qu’il a perdu sa femme et son fils unique ; il a en réserve de la menu monnaie d’amour ; il la dépense. Ils vont. Par chance, le brouillard les enveloppe ; l’ennemi n’a pas aperçu ces fantômes ; il ne les a pas éventés. Tout à coup Barbot entrevoit, à moins de cent mètres, une patrouille allemande. Les deux officiers font halte ; la patrouille les imite. L’attente risque de se prolonger, grosse de péril pour eux. La patrouille cède ; elle s’ébranle. Elle avait probablement pour mission de s’assurer si le secteur était bien gardé ; il l’est ; elle s’éloigne. Barbot épanouit son sourire ; il a bouché le trou.
Pendant que Barbot parcourait ses lignes, la situation se révélait d’heure en heure plus tragique. Le général d’Urbal donna l’ordre du repli. Lorsque Barbot rentra à son quartier général, son chef d’état- major avait fini de rédiger l’ordre d’exécution. Il tendit les documents. Pendant que Barbot les parcourait, ses doigts les palpaient nerveusement. Il les relut, le visage plus coloré, les lèvres frémissantes, et soudain il s’écria : « Evacuer Arras ! Non ! non ! Nos alpins tiendront ! Moi vivant, on ne reculera pas. » Tourné vers ses officiers, les plus audacieux, le soutenaient du regard et du cœur, il ajouta, chiffonnant les papiers, les froissant, les déchirant enfin : « Allez dire aux troupes que tout va bien, qu’Arras leur est confié, et que ces chiens n’y entreront pas. »
A sa voix, la voix de Foch fit écho ; deux pensées, divins oiseaux de nobles cœurs, se croisèrent. Foch s’était dressé contre l’idée d’un repli, cabré contre la décision de ne plus couvrir Arras ; il avait ordonné l’offensive. La 70ème division ne se laissa plus entamer ; la division Barbot, dont son chef était l’âme, subit, sans un fléchissement, toute une journée, un bombardement atroce. Arras avait été confié, par deux grands soldats, à son honneur. Pour la deuxième fois, Arras fut sauvé.
- francois noury
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- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Re: Avis de recherche
Bonsoir,
avec tout ça, le témoignage de Michel est complètement occulté ! Au moins, il nous est parvenu. Je trouve que vraiment il nous réunis : un haut gradé près de ses hommes, enterré avec eux, un Toulousain sur les terres du Nord broyant certaines légendes, des soldats Alpins…
Merci Michel, merci Frédéric pour la sauvegarde.
Cordialement,
François
avec tout ça, le témoignage de Michel est complètement occulté ! Au moins, il nous est parvenu. Je trouve que vraiment il nous réunis : un haut gradé près de ses hommes, enterré avec eux, un Toulousain sur les terres du Nord broyant certaines légendes, des soldats Alpins…
Merci Michel, merci Frédéric pour la sauvegarde.
Cordialement,
François
- Stephan @gosto
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- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
- Localisation : Paris | Chartres | Rouen
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Re: Avis de recherche
Bonjour Michel et bienvenue !
Tiens, en passant j'ai trouvé ça dans une poubelle...

Cordialement,
Stéphan
Tiens, en passant j'ai trouvé ça dans une poubelle...
Cordialement,
Stéphan
