Il y a 94 ans, les évacuations du HWK

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Eric Mansuy
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Re: Il y a 94 ans, les évacuations du HWK

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

Par une météo relativement proche de celle qu'ils ont connue, j'ai aujourd'hui, comme chaque 21 décembre, une pensée pour les blessés et pour les personnels du service de santé engagés dans l'offensive de l'Hartmannswillerkopf du 21 décembre 1915, et la contre-offensive du 22.

Un témoignage, parmi tant d'autres, nous éclaire sur ces deux journées :

"VIIe Armée
66e Division

Rapport du Médecin Major de 1re classe PELTIER, médecin-chef du G.B.D. 66 et du G.B.C. 51



Le 21 décembre, de 9 heures à 11 heures, le médecin-chef visite les postes du secteur Sud et va jusqu’au camp Rénier assurer la liaison avec les corps de troupe ; de 13 à 15 heures, il inspecte le secteur Nord (Freundstein) pendant que la préparation d’artillerie se poursuit avec intensité.

Les blessés commencent à arriver vers 15 heures et sont évacués sans trop de difficultés jusqu’à 17 heures ; mais le temps d’abord brumeux s’était modifié dans l’après-midi ; une neige fine et glacée tombe sans interruption et se transforme en verglas sur le sol ; l’obscurité est totale. Les difficultés surviennent, les autos dérapant malgré leurs chaînes ne marchent qu’avec la plus grande lenteur et ne donnent qu’un rendement insuffisant ; les voitures à chevaux mises en route avec leur chargement ne peuvent continuer la descente sur Bitschwiller. L’une d’elles tombe dans un ravin avec des blessés sans qu’heureusement il n’en résulte pour ces derniers aucune conséquence fâcheuse. La neige cependant poussée par le vent tombait toujours et les blessés affluaient en très grand nombre.

Vers 20 heures, le poste tête de ligne (Bains-Douches) arrivait cependant à se libérer presque absolument. Au camp Hoche, il restait dans le relais d’ambulance 60 blessés et à Turenne, plus de 200 dont 150 assis. Pour loger tous ces blessés, nous utilisons à Turenne, outre nos locaux, un cantonnement du 134e Territorial d’Infanterie qui se trouve à proximité du relais d’ambulance. A tous ces blessés sont distribués des boissons chaudes.
Toute la nuit du 21 au 22 décembre, les évacuations se continuent normalement par les autos américaines. Par crainte d’une neige épaisse et persistante, nous demandons en toute hâte des traîneaux et nous requérons l’assistance des autos anglaises qui, plus grandes et plus puissantes, sont susceptibles d’un meilleur rendement. Les blessés affluent toute la nuit et toute la matinée du 22. Vers midi, le nombre total des évacués atteignait 700 et les postes de Hoche et de Turenne se dégageaient peu à peu. D’ailleurs, par suite d’une élévation de la température, les routes devenaient plus praticables et toutes nos voitures à chevaux descendaient avec leur chargement complet de blessés assis. A 16 heures, la situation était nette, les postes libres.

Nous avions évacué dans les journées du 21 et 22 décembre, un total de 981 blessés dont 75 allemands. Les couchés à eux seuls étaient au nombre de 357. Il est juste de reconnaître qu’une centaine de blessés légers ont pu marcher et rejoindre en ordre et encadrés par nos brancardiers le relais de Bitschwiller. Tous les autres ont été transportés, les couchés dans les autos américaines, les assis dans les 6 autos de la Section Anglaise et par nos voitures à chevaux qui dans 24 heures ont réussi à effectuer 3 voyages.

…"

Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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