Continuant le dépouillement du Bulletin Professionnel des Infirmieres et des Gardes Malades, Je vous retranscrit l'article daté de Novembre décembre 1915. Bien que connaissant ce fait je n'en conaaisant pas le déroulé.l' intérêt de cet article provient de sa source :le Daily mail et surtout des "minutes".
Dans cette amphithéâtre j'y ai suivi des cours et passé deux concours durant mon activité professionnelle.L’assassinat de Miss Edith Cavell
L'assassinat de Miss Cavell a provoqué dans le monde civilisé tout entier, Un sentiment d'horreur et de dégoût.
On connaissait - par de trop fréquents exemples hélas - la cruauté des Allemands.
Mais comment qualifier la misérable comédie qui a précédé la tragédie finale ? ous reproduisons, dans toute sa simplicité, le récit que nous trouvons dans Nursing Times, sur le martyre de la noble femme.
Le martyre de Miss Edith Cavell
Le monde entier s'est ému du martyre de Miss Cavell. Même dans les pays neutres, son courage a été exalté, et l'acte de l'Allemagne sévèrement blâmé. Dans la Grande-Bretagne, sa mort a donné une forte impulsion au recrutement, et l'argent afflue pour des monuments commémoratifs en son honneur. Sir Walter Frampton, le célèbre sculpteur, s'est offert pour sa statue.
Les détails qui vont suivre, sont empruntés au clair et dramatique récit du Daily Mail.
Histoire de l'affaire
. 5 août 1915. - L'infirmière Cavell est arrêtée et mise dans la prison militaires de Saint-Gilles, à Bruxelles.
27 août. - Le docteur Page, ambassadeur des Etats-Unis à Londres, télégraphie à Bruxelles à son sujet.
31 août. - M. Whitlock, ministre américain, demande au Directeur du Département Politique allemand, le baron Lancken, si la nouvelle de l'arrestation est vraie et que, dans ce cas, l'autorité constitue la défense.
Pas de réponse de Lancken pendant dix jours. 10 septembre. - M. Whitlock réitère sa demande.
12 septembre. - Lancken écrit à cette date, mais apparemment, M. Whitlock reçoit sa lettre qu'au bout d'une semaine. Il dit que l'inculpée reconnaît avoir caché des soldats anglais, français et belges, leur avoir donné de l'argent et les avoir aidés à s'évader; il refuse la permission de la voir; il dit qu'un avocat nommé Braun est chargé de sa défense .
18 septembre (?). M. de Leval, avocat belge et conseil du ministre américain demande à Braun de le voir: Braun dit que, bien qu'ayant promis de défendre Miss Cavell, il ne pourrait pas le faire, et qu'il s'est décharge de ce soin sur M. Kirschen.
19 septembre (?). M. de Leval voit Kirschen qui n'a pas vu Miss Cavell, ni l'acte d'accusation; Kirschen conseille à M. de Leval de ne pas essayer de se mêler du procès, ce qui rendrait les Allemands plus inexorables; il promet de le tenir au courant de tout le plus vite possible.
5 octobre. - M. de Leval apprend que la cour martiale se réunira le jeudi 7 oetobre, à 8 heures du matin.
Le Procès
Le Jeudi. 7 octobre commence le procès de Miss Cavell et de trente-quatre autres prisonniers.
Vendredi 8. -Fin du procès, Kirschen n'a pas envoyé d'informations à M. de Leval.
Samedi 9. M. de Leval entend dire que le procès est terminé: il tente, mais en vain de voir Kirschen ; dans la soirée il apprend de source privée des détails du procès le calme de Miss Cavell, ses aveux, la sentence de mort requise par le poursuivant, l’hésitation de la cour, la remise du jugement. Le soir tard, M. de Leval voit Conrad, subordonné de Lancken, qui lui dit qu'on ne peut voir Miss Cavell.
La dernière journée
Lundi 11 octobre, - Il h . m/. - Conrad dit que M. le pasteur Gahan ne peut pas voir Miss Cavell, Il' jugement n'étant pas encore prononcé et ne devant l'être que dans un jour ou1 deux
Toujours pas de nouvelles de Kirschen, que l'on ne peut trouver chez lui.
Midi 40. - M. de Leval apprend le nom d'un autre avocat présent au procès, mais ne peut le trouver, pourtant cet avocat téléphone à :
:2 h. 30 s . que le jugement sera rendu le lendemain.
Pendant ce temps. M. Whitlock, quoique retenu par la maladie, n'a pas été inactif: lui et M. Gibson ont préparé une lettre pour Lancken, faisant ressortir que Miss Cavell est une infirmière, qu'elle a soigné des Allemands, que, par ses aveux, elle a fourni elle-même l'unique preuve contre elle; il prie avec confiance Lancken de soumettre une pétition à Bissing .
De sa chambre, M Whitlock écrit de sa main l'appel: « Ayez pitié d'elle » .
I1 écrit la pétition à Bissing.
Il reçoit des Allemands l'assurance que la sentence ne sera pas rendue avant un jour ou deux et qu'il sera aussitôt informé.
S h, s. - La sentence de mort a été rendue secrètement.
6 h , :2O. - En réponse à rappel au téléphone de M. de Leval, les Allemands répètent que le jugement du procès n'est pas encore prononcé et promettent de donner une .information immédiate.
8 h, - M. de Leval apprend de source privée (non révélée) que la sentence de mort a passé à cinq heures et qu'elle sera exécutée à 2 heures du matin; il en informe M.. Gibson, qui à
8 h, 45 trouve le marquis de Villalobar, ministre d'Espagne et se rend avec lui chez Lancken ; Lancken et tous les gens de sa suite sont sortis:M. Gibson envoie à leur recherche.
10 h. 15. - Lancken rentre avec deux personnes et trouve M. Gibson et le marquis qui l'attendaient. Il dit qu'il ne croit pas que la sentence ait été rendue, demande la source de l'information qui lui est refusée ; il affirme que, la sentence eût-elle passé, l'exécution ne suivra pas cette nuit-là et que « rien ne peut être fait jusqu'au lendemain » .
Pressé de donner une assurance, il téléphone à Bissing et alors à contre-cœur, il avoue la vérité.
M. Gibson et le marquis réclament un délai, faisant valoir l'effet que produirait la nouvelle sur l'opinion du monde entier, lorsqu'elle serait connue.
Lancken dit que la décision du Gouverneur militaire est définitive, qu'on ne peut en appeler qu'à I' Empereur.
Sollicité de nouveau, il promet de téléphoner au Gouverneur.
11 heures. - Il rentre dans la pièce disant que le Gouverneur militaire refuse de changer la sentence. Lancken ne veut pas prendre la pétition écrite qui lui est tendue par M. Gibson.
Le marquis prend à part Lancken et lui parle « avec force ».
M. Gibson et M. de Leval plaident auprès des membres de l'état-major de Laueken, allèguent. ce que l'Amérique fit pour les Allemands en Belgique au commencement de la guerre et pendant le siège d'Anvers; ils font observer que c'est la première faveur demandée par le ministre américain.
Minuit. - Les Américains se retirent désespérés.
2 heures du matin. - Miss Cavell est fusillée. .-
Le dernier Recours
M.Whit1ock, le ministre américain, écrivit la lettre suivante au baron Lancken, le 11 octobre :
« Je viens d'apprendre que Miss Cavell, sujette anglaise et par conséquent sous ma protection a été ce matin condamnée à mort par la cour martiale.
Sans examiner les causes d'une sentence aussi sévère - sentence qui, si les faits qui m ont été donnés sont exacts, est beaucoup plus rigoureuse que dans tous 1es autres cas portes devant le même tribunal - je fais appel aux sentiments d'humanité et de générosité de son Excellence le Gouverneur Général en faveur de Miss Cavell, afin que la sentence soit commuée et que la malheureuse femme ne soit pas exécutée.
« Miss Cavcll est la surveillante de l'Institut chirurgical de Bruxelles. Elle a passe sa vie a soulager les souffrances des autres . A son école se sont formées de nombreuses infirmières qui, à travers le monde, en Allemagne comme en Belgique veillent au chevet des malades. Quand la guerre a commencé, elle a donné ses soins aux soldats allemands autant qu'aux autres, A défaut d'autres raisons sa vie d'humanité est de nature à inspirer toute pitié et à procurer tout pardon, Ses faits qui me sont rapportes sont exacts, loin de rien cacher, elle a avec une franchise digne d'éloge, avoué toutes les charges relevées contre elle ~t c'est seulement le témoignage qu'elle a donné -et qu'elle seule pouvait donner -qui a motivé la peine suprême prononcée contre elle .
.«C'est donc avec la confiance et l'espoir qu'elle sera .favorablement reçue que je vous prie de présenter au Gouverneur Général ma pétition en sa faveur, Je saisis l'occasion, etc. »
« Brand Whitlock.»
Suivait un touchant appel de la propre main de M, Whitlock, en Français
Mon cher Baron,
« Je suis trop malade pour vous présenter ma requête moi-même, mais je fais appel a votre générosité de cœur pour l'appuyer et sauver de la mort cette malheureuse. Ayez pitié d'elle ».
« Votre bien dévoué »
« Brand Whitlock.»
Le rapport américain expose que Miss Cavell, par une déclaration signée avant le jour du procès et par une reconnaissance publique devant la cour, en présence des autres prisonniers et des avocats s'est reconnue coupable des charges relevées contre elle; elle a avoué que non seulement elle avait aidé ces soldats à passer la frontière, mais encore que quelques- uns d'entre eux, en arrivant en Angleterre lui avaient écrit pour la remercier, Dans son cas, la peine fixée par la loi militaire allemande était la peine de mort .
. Au procès elle parla sans trembler Et montra une grande liberté d'esprit. Quand on lui demanda pourquoi elle avait aidé les soldats à s'évader, elle répondit qu'elle croyait que si elle ne l'avait pas fait, ils auraient été fusillés et que par conséquent eller pensait n'avoir fait que son devoir envers son pays en leur sauvant la vie.
Miss Cavell était fille du Révérend Frédéric Cavell. C'est à London Hospital, où elle entra en 1906, qu'elle fit ses études d'infirmière.
La mère de I'héroïque jeune femme vit encore et sa soeur, Miss Florence Cavell, est surveillante dans une maison de convalescence du Yorkshire.
Miss Cavell était douée d'une magnifique puissance d'organisation, Elle avait été appelée à Bruxelles pour organiser le soignage médical hospitalier et son succès avait été complet .. ayant commence avec quelque élèves seulement, elle avait sous ses ordres en 1914, plus de quatre-vingts infirmières de toutes les nationalités, y compris des allemandes.
Voici les paroles qu'elle adressait, la veille de sa mort, au Chapelain qui 1’ assistait :
« Je n'ai ni terreur ni émotion devant la mort que j'ai vue si souvent et qui ne m'est ni étrange ni effroyable. Je ne dois avoir de haine contre personne me trouvant en face de Dieu et de l'Eternité. Je suis heureuse de mourir pour mon pays ».
Un hommage des infirmières françaises à Miss Cavell.
Le conseil de surveillance de l'Assistance publique, sous la présidence de M Paul Strauss sénateur, dans sa séance de jeudi, s'est associa, par le vote d'un ordre du jour, au nom des 5000 infirmières des hôpitaux et hospices de Paris, à l'indignation universelle provoquée par l'assassinat de miss Cavell.
Répondant au voeu des élèves de 1 Ecole des Infirmières de la Salpetrière, Il a décidé de donner a l'amphithéâtre des cours de cette école le nom d’Edith cavell.
Ce destin et cette attitude de résistance me laisse admiratif et on comprend que ce destin a marqué son époque et que son nom soit donné a de nombreux sites, quel exemple !
Quelques liens
http://fr.wikipedia.org/wiki/Edith_Cavell
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/pag ... r&idGH=340
http://www.greatwardifferent.com/Great_ ... ell_11.htm