Bonjour,
Mon AGP est décédé le 19.12.1918 à l'hôpital du Panthéon Vème arrond. Il est noté dans le diagnostic : "grippe à forme hypertoxique. Congestion pulmonaire. Double albuminérie". Etait-ce la "grippe espagnole" ? Si quelqu'un peut m'expliquer les termes et me donner ces infos sur cette épidémie, je suis pre,euse.
Merci d'avance,
Céline
Bonjour,
Plus de détail ici sur la "grippe espagnole" .
Je ne sais pas si le taux d'albuminurie était un critère de diagnostic, les liens connexes vous en diront plus .
Cordialement
Alain
le lien donné par Alain est très intéressant et les infos y sont assez pertinentes
je modulerais juste sur ce point,à savoir que cette grippe est survenue après 4 ans de guerre où les organismes ont été quelque peu malmenés par des efforts et privations inhabituels;
c'est ainsi que les militaires ont eu beaucoup de victimes dans leurs rangs
en Allemagne où la population était sous disette due au blocus,cette pandémie a fait des ravages;
parce que les 1ères victimes sont toujours les plus fragiles,j'ai donc un doute sur l'explication d'une hyper-réaction de défense des organismes des adultes jeunes expliquant le nombre de cas dans cette tranche d'âge.
mais bon,je peux me tromper;
pour en revenir à votre AGP:
-"grippe à forme hypertoxique":les symptômes habituels de la grippe classique sont considérablement plus graves conduisant rapidement à une défaillance générale de l'organisme,cette grippe pouvait tuer en quelques heures
-"congestion pulmonaire":je pense qu'il s'agit de l'actuel "oedème aigu du poumon",c'est-à-dire qu'il y a présence d'eau dans les poumons
au départ,on a une très grave infection pulmonaire,comme les poumons oxygènent mal l'organisme,le coeur se met à travailler plus vite et plus fort pour pallier ce manque d'oxygène;et puis,il se fatigue et pompe moins bien (lui-même est mal oxygéné),aussitôt de "l'eau" se met à s'infiltrer dans les poumons (cette "eau" provient du sang lui-même qui est mal drainé,à l'image d'une rivière qui déborde de son lit dès qu'il y a obstacle en aval) c'est bien sûr un schéma simplifié,un médecin expliquerait mieux et plus justement les choses
on peut dire que le malade est comme noyé de l'intérieur,par ses propres secrétions
-"double albuminurie":c'est un constat d'analyse d'urine qui montre que les reins travaillent mal et qu'il y a insuffisance rénale aigüe
vous avez donc là les causes de son décès
l'extrême agressivité de ce virus a conduit à ce résultat en quelques heures,quelques jours
si c'était aujourd'hui,il faudrait mettre en place une réanimation lourde pour essayer de l'en sortir (intubation,ventilation sous machine et oxygène,dialyse,traitements pour soulager et soutenir le coeur...etc...)
amicalement,
Mireille
p.s:je réédite ce message par rapport au terme de "congestion pulmonaire" qui peut se cantonner seulement à la notion de double pneumonie,(ça suffit déjà pour casser un bonhomme),sans qu'il y ait survenue d'oedème aigu des poumons
Bonsoir,
"Spanish flu" fait encore peur, y compris outre atlantique où les ravages ont été phénoménaux, si vous avez Arte, la série canadienne ReGenesis reprenait récemment le thème du trappeur congelé retrouvé avec le virus
(ce n'est pas totalement de la SF, c'est ainsi que le virus a été sorti de son sommeil et fait l'objet d'études)
Le lien vers l'exposé TPE de terminale S est bien documenté.
Cordialement
Alain
je viens de découvrir le lien sur l'exposé sur la grippe espagnole
je ne sais pas où vous dénichez toutes vos sources,car elles sont d'une très grande qualité
j'ai trouvé réponse à mes incertitudes,les infos y sont très pertinentes
entre ces infos et le topo de Frédéric,le sujet sur cette terrible épidémie de grippe est devenu très pointu
merci à vous deux
au fait,à propos de la petite photo du trappeur momifié,j'avais entendu que c'était dans un cimetière d'un hameau isolé d'Esquimaux qu'on avait pu identifier le virus de cette grippe espagnole,assez bien conservé par les températures polaires
mais ce n'est qu'un détail qui ne change pas la donne en réalité
amicalement,
Mireille
(qui est comblée en ce moment en lisant le forum ,qui l'exprime souvent je sais,mais bon,quand on aime,on ne compte pas..à ce qu'il parait)
au fait,à propos de la petite photo du trappeur momifié,
Bonjour Mireille,
bonjour tout le monde.
La photo ........ est issue de la série ReGenesis, c'est donc .... un effet spécial, situé dans le Nunavut,
effectivement, la réalité s'est passée en Alaska, more west, bon vu d'ici
Cordialement
Alain Reportage de Radio-Canada sur "La grande tueuse" ça ne parle que de 1918 ( je le jure)
Je n'ai pas réussi à la mettre au lit (pardon à l'embed, encastrer ) ; voir ici si le clip ne démarre pas dans une nouvelle fenêtre.
à ceux que cela intéresse, je peux envoyer en P.J. un article ayant pour sujet l'épidémie dans une petite ville industrielle de Bourgogne : L'épidémie de grippe espagnole à Montceau-les-mines (juillet-novembre 1918) , paru dans la Revue de la Physiophile ( société savante locale ), n° 115, Décembre 1991 ...
je viens de passer 20 minutes passionnantes,entre les images d'archives,les propos tenus par les témoins(je comprends maintenant pourquoi cette grippe est si présente dans la mémoire collective des Québécois),l'histoire tragique de ce groupe de bûcherons
sans oublier cet accent délicieux et ces expressions si typiques
alors,merci pour cet excellent reportage qui m'a fait passer un très bon moment,malgré la gravité du sujet
Dominique,je vous contacte par mp,votre document m'intéresse (évidemment !)
Au moment de la maladie il est en sursis d'appel pour la fabrication de sabots pour l'armée.
1) Professeur "civil" consulté en février 1917
«Surmenage au service militaire. Actuellement, état de réduction des forces très marqué. Le malade tousse.
Il a du reste de la laryngopharyngite vestibulaire.
L’auscultation ne révèle pourtant que des irrégularités de signification incertaine dans la fosse sur et sous épinale gauche et dans le reste du poumon quelques légers frottements lâches.
Ceci toutefois doit être traité rigoureusement comme s’il s’agissait d’un mouvement prébacillaire avéré.
Je conseille :
1° De se mettre au repos systématique. Longs séjours au lit.- Le reste du temps s’il ne fait pas un peu de soleil pas de vent, rester dans les chambres, peu chauffées, bien aérées, en y gardant le silence et le repos musculaire pour éviter la toux.
Il serait utile de poursuivre cette cure pendant toute la belle saison, en faisant de l’aération au repos sous l’abri mobile, interrompant ce repos seulement de temps en temps pour de courtes promenades lentes et à la condition qu’elles ne provoquent pas la toux. S’il fait frais ou même un peu froid on se couvre sous l’abri mobile
S’il pleut ou s’il vente fort, s’il fait un temps foncièrement brumeux de rentrer dans les chambres pour y prendre le repos physique et le silence ordinaire.Ainsi toute la belle saison.
2° Faire des injections rectales, chacune de cinq centimètres cubes (la pleine seringue spéciale construite par Lépine 14 Place des Terreaux), de la solution suivante et le garderEau distillée…200 grammesCacolylate de sodium ( ?) 0.50 centigUne au réveil, une au coucher pendant 5 jours.
Une au réveil, une vers 3h du jour, une au coucher pendant 5 autres jours.Repos 5 jours puis recommencer la série
Ainsi chaque quinzaine, continuer jusqu’à nouvel ordre.
3° Calmer la toux nocturne. Si l’on tousse la nuit, prendre en se couchant le soir ensemble deux pilules chacune
Extrait thébaïque un centigramme
Extrait de Datura cinq miligrammes
Et une pilule pareille toutes les heures si l’on continue à tousser, mais sans dépasser (sauf grande exception) 4 ou au plus 5 pilules par nuit.
Le jour c’est en bougeant très peu et en parlant également le moins possible, -et en prenant loin des repas de petites tasses d’infusion de fleurs pectorales sucrées chacune avec 2 cuillerées à café de sirop de codéine ou de codex qu’il vaut mieux combattre la toux, pour ne pas gêner l’alimentation par les grands calmants de la toux.
4° Alimentation Petit déjeuner au réveil et goûter à 4 heures pareils chaque fois, 300 gr lait écrémé à fond. Y battre 2 jaunes d’œuf puis prendre additionné soit de café soit de cacao et chaud et sucré, lentement par cuillerées espacées.
Ensuite 2 œufs à la coque peu cuits pris à la cuiller sans pain ou avec des gâteaux secs (Breakfast)
Midi et souper –Chaque fois commencer par un potage fait avec 125 grammes (pesés) soit de pois secs soit de haricots secs, soit de lentilles, soit de fèves, soit de farine jaune de maïs –cuite, mise en purée fine, tamisée, puis liée avec 3 jaunes d’œuf dans un bon bouillon de légumes frais. (Beurrer ce potage chaud, sur la table, au moment de le manger
Ceci toujours pris (ration fixe d’entretien)Ensuite tout ce qui plaira à son goût et gré. Rien n’est interdit, sauf l’abus des viandes et du vin - les conserves de poisson à l’huile sont très favorables, ainsi que les poissons et coquillages quelconques.
5° Pour bien digérer cette nourriture, prendre sept minutes avant les repas de midi et le souper un cachet avecSulfate de potasse 0,05 mmgNitrate de potasse 0.05 mmgBicarbonate de soude 0.20 ctgCarbonate de chaux précipité 0ct.10Et par dessus un verre à liqueur de morchvetrix ou Jungkers ( ?).
A la fin de ces 2 menus repas ( ?) prendre 15 gouttes Dr Combré ou Dr Bocquillon Limousin, dans un verre à liqueur de vin composé suivantVin d’Espagne quelconque 500 grammesBiphosphate de chaux cristallisé 20grTout ceci continûment.Se peser tous les 15 jours,. noter les poids.
Lyon le 24 février 1917
Prof. I. Aenaut
(porter des flocons d’ouate chargés de quelques gouttes d’oles-gomenol au pravet 10 p 100) dans l’une et l’autre narine quand on marche ou stationne dehors.
2) Diagnostic et traitement militaire, mars 1917
Salle K lit N°39
Nom et Prénoms Chapolard Jean-Claude, N° m-le 181 recrut-t Belley cl. 1908
Régiment 41° Bataillon de chasseur à pied 2è classe ( erreur du numéro de bataillon)
Domicile civil Meximieu (Ain)
Entrée le 10 mars 1917 en sursis comme patron sabotier
Sortie le 8 juin 1917 pour évacuation vers le Dépôt des convalescents de Bourg. Ren seignements : Père et mère décédés d’apoplexie
Evacué du front le 25 mai 1915 pour diphtérie (40 jours d’hôpital). En sursis d’appel depuis le 1er août 17
A maigri beaucoup depuis plus d’un mois, tombant de 86 kgs à 76 kgs. Envoyé par la gendarmerie et certificat du Dr Métrier avec diagnostic « bronchite suspecte »
Tousse. Pharyngo-laryngite. Respiration saccadée et irrégulière dans les fosses sous et sus-épineuses gauches. Antimatité à ce niveau. R ? ? ? de sibilance disséminés dans les 2 poumons T=37°8. Urines, traces d’albumine et de pigments biliaires. Courbatures générales.
Bronchite aigue suivie ultérieurement de congestion pulmonaire…
Examen radiologique le 17 mars, envoyé à Bourg pour examen laryngoscopique et radioscopique : » obstruction nasale par rhinite hypertrophique à Dr. Amygdales hypertrophiées adhérentes aux piliers » : « Examen pleuro-pulmonaire sensiblement normal, à noter seulement des ganglions trilaires accrus »
Au retour de Bourg, poussée fébrile avec points congestifs des deux bases, noyaux soufflants. Température 38.6 frottements ré la base gauche, le 20 mars l’épanchement atteint la hauteur d’un bon travers de main, le 10 avril état stationnaire.
Le 18 diminution de l’épanchement avec zone de frottement ds retour à la partie supérieure, le 27 avril les frottements augmentent et l’épanchement diminue. Le 2 mai, changement notable ; plus de liquide. Le 10 mai : frottements presque disparus. Température normale depuis plus de 8 jours. Le 15 mai, poussée fébrile 38°4 avec langue saburrale, subiétaire ( ?)
»[45], courbatures générales purga ( ?) le 20 amélioration de l’état digestif. Le 24 température normale, le malade commence à s’alimenter. Le 30 mai langue à peu près normale, grand régime. Le 3 juin va bien. Le 5 juin bon état général.
Observations : Le 8 juin, sorti pour évacuation sur le Dépôt de convalescence de Bourg. Proposé pour 30 jours de convalescence.
3) Certificat pour attester de la gravité de la maladie ayant entrainé le retard d'hospitalisation militaire
Selon la demande de l’intéressé.
Brigade de Meximieu
Certificat
Le gendarme de service Perraud (Pierre) de la brigade de Meximieu (Ain), certifie que le soldat Chapolard Jean Claude du 41° Bataillon de Chasseurs à pied actuellement à la Division Voisin école d’aviation à Avord /(Cher) était atteint de Laryngo pharyngite et de bronchite suspecte, en raison de la gravité de son état, ce militaire n’a pu être transporté dans un hôpital et de ce fait il est resté alité à son domicile du 1er au 10 mars 1917 date à laquelle il a été transporté à l’hôpital militaire d’Ambérieu en Bugey.
Meximieu le 16 novembre 1917
Le gendarme Perraud
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Bien cordialement
Claude Thollon-Pommerol http://www.asoublies1418.fr accueille volontiers tout document personnel ou familial que vous souhaitez partager. Site en reconstruction. Soyez patients.
,qui l'exprime souvent je sais,mais bon,quand on aime,on ne compte pas..à ce qu'il parait)
