Le scandale enterré

[Arnaud Lejaille]

Bonjour à tous, Bonjour Etienne,

On peut noter plusieurs étapes dans le réarmement chimique français, qui débute à partir de 1930. Une nouvelle impulsion lui est donné en avril 1934 lorsque l’Allemagne quitte la conférence du désarmement et que la France décide d’assumer seule sa propre sécurité.

En 1937 et sous le Front Populaire, les sommes consacrées au réarmement chimique deviennent réellement conséquentes mais suivent une logique initiée dans les années précédentes. De nombreux projets sont élaborés à partir de 1935 mais il semble en effet que les crédits, même s’ils ont été considérablement augmentés, n’aient finalement pas été à la hauteur pour la réalisation du programme initial.


Crédits affectés aux réalisations du Service des poudres et relatifs à la Défense Nationale (remise en état d'installations existantes, créations d'installations nouvelles dans les poudreries et constitution de stocks) :

1920 à 1936 : 530 millions de francs

1937: 194 millions de francs
1938 : 205 millions de francs

Avant le 1er septembre 1939 : 474 millions de francs

Total : 1 403 millions de francs

Pour exemples : en septembre 1939, de graves retards ont été pris dans la construction des deux poudreries essentielles, celles de Mauzac et de Boussens (dévolues à la production exclusive d’armes chimique ; construction débutée en 1937).

A cette date, le programme dit de mobilisation avec le démarrage de toutes les productions de toxiques ainsi que le chargement des munitions chimiques été lancé. Mais les réalisations industrielles prévues pour l'avant-conflit n'étaient pas achevées, tant dans le domaine de la production de poudres et d'explosifs que de produits spéciaux (gaz de combat). En réalité, les retards étaient conséquents dans tous les domaines et les sites qui étaient en capacité de produire durent rapidement baisser leur régime faute de sites de stockage suffisant et de déboires dans les ateliers de chargement.

Un programme quadriennal établi peu de temps avant la mobilisation, évaluait les dépenses pour les réalisations restant à exécuter à 2,1 milliards de francs. Le montant des dépenses pour la réalisations du programme de guerre se montait à 5 milliards de francs.

Bien cordialement.

[air339]

Bonjour Arnaud,

Un message pour vous en MP...

Cordialement,

Régis

[Arnaud Lejaille]

Bonjour à tous,

Je vous rappel que vous pouvez retrouver l’intégralité du déroulement de cette histoire avec de très nombreuses informations supplémentaires sur la page du site :

http://www.guerredesgaz.fr/these/chap13/chap13.htm


Vous pouvez également faire un tour sur la page d’un journal local, La montagne, qui relate une partie de l’histoire de ce dépôt, mais manifestement, le journaliste comme Mr le maire ne connaissent qu’une partie de la vérité… et ne connaissent pas la date à laquelle ils ont été chargés !
A mettre en parallèle avec les informations historiques du site de La guerre des gaz.

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actua ... 61792.html


Bonne lecture.
Bien cordialement

[ALVF]

Bonjour Arnaud,

Merci pour votre site, source devenue incontournable pour tout ce qui concerne la Guerre des Gaz!
Voici une photographie trouvée contre-collée en deuxième de couverture d'un Manuel "Secret" de l'immédiat avant-guerre (1939) relatif à la Toxicologie "Z".
Pouvez-vous identifier ces matériels et équipements de protection ?

En tout cas, une photographie qui fait frémir car on ne peut qu'imaginer les tragiques conséquences de l'utilisation des gaz "modernes" si l'un ou l'autre belligérant de 1939-1945 avait joué le tout pour le tout pour éviter le désastre final, tant en 1940 qu'en 1945!
Cordialement,
Guy François.

[Skellbraz .]

bonjour à toutes et tous
Merci Guy François pour le partage de vos photos, toujours aussi "pointues".
Bien à vous
Brigitte

[Arnaud Lejaille]

Bonjour à tous, bonjour Guy François,

C’est vrai qu’elle fait frémir cette photo… Il s’agit d’une tenue de protection contre les vésicants. La France a développée ce type d’équipement depuis la fin de la première Guerre, visant à protéger les personnels qui étaient chargés de la désinfection du terrain après bombardements chimiques aux vésicant (Ypérite) ou aux artilleurs (voir la photographie en bas de la page : http://www.guerredesgaz.fr/lesgaz/vesic ... icants.htm ou sur la page : http://www.guerredesgaz.fr/index.htm ).


La tenue présentée ici est d’une allure bien plus moderne, proche de celles contemporaines.

On ne voit pas correctement certains détails qui permettraient d’identifier de façon certaine cet équipement, mais je pense qu’il s’agit de matériel français. La combinaison serait une combinaison en caoutchouc type C36 ou C39, avec un masque type C38 relié à une cartouche filtrante non visible ici.
La France était très en avance dans le domaine de la protection contre les vésicants ; une partie de son arsenal agressif était par ailleurs composé d’Ypérite à l’azote HN-3, un redoutable toxique persistant, vésicant, suffocant et dont la toxicité systémique sur le système nerveux central était proche (voir supérieure selon certains) aux neurotoxiques type Tabun et Sarin. Ces substances peuvent agir par simple contact sur la peau ; 1g de produit en contact avec la peau peu provoquer la mort… D’où la nécessité de combinaison de ce type. Une autre Ypérite le produit 1012, avait la particularité de résister des semaines en extérieur. Un véritable cauchemar !
Ces produits étaient également destinés à être épandus depuis un avion ou lâchés sous forme de milliers de grenades aériennes sur les troupes au sol.

Sur les vésicants :

http://www.guerredesgaz.fr/lesgaz/vesic ... icants.htm

Sur les équipements de protection, masques C38 et Combinaisons C36 et C39 :

http://www.guerredesgaz.fr/Protection/L ... 201940.htm


L’homme porte un appareil de détection dont l’appellation m’échappe. Il a une allure bien proche d’un appareil présent dans un manuel ; j’essaierai de mettre la main dessus pour être plus précis. Le fonctionnement est simple : en pressant sur une poire, on aspire l’air au travers d’un récipient contenant un réactif qui réagit si il y a présence de toxique.

Il s’en est fallu de peu pour que l’armée française utilise l’arme chimique en 1940 dans le cadre d’une opération offensive programmée pour la mi-1940… Plusieurs généraux à la tête des armées avaient par ailleurs expressément demandé l’utilisation de l’arme chimique auprès du commandement en chef après la percée des armées allemandes en mai 1940…

Bien cordialement

[Skellbraz .]

Bonjour à toutes et tous

Merci Arnaud Lajaille pour vos explications et pour les liens qui les accompagnent.
J'en profite pour remercier les forumeurs qui, pointures dans leurs domaines, mettent leurs connaissances à la portée des néophytes (dont je fais partie) et qui possèdent en outre cette patience incontournable pour que la transmission s'effectue.
PS On peut être à la fois sexagénaire et débutante
Bien à vous

Brigitte