Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte

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genealogie-baert
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Re: Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte

Message par genealogie-baert »

http://www.lavoixdunord.fr/region/un-li ... b0n1391528

Un lieu, un événement :
Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte
Par PATRICK SEGHI pour La Voix du Nord, Publié le 06/07/2013

Le 11 janvier 1916, à 3 h, une « grande lueur jaune » illumine le ciel. Le quartier de Moulins-Lille est détruit. L’arsenal des 18-Ponts vient de sauter. On dénombre plus de 400 victimes civiles. « Le bruit de la déflagration a été entendu jusqu’à Ostende, Bruxelles et Bréda… » Premier volet de notre série estivale consacrée à ces lieux métropolitains marqués par un événement hors du commun.

400 victimes (mort et blessés), 738 maisons soufflées, le quartier de Moulins-Lille est totalement détruit.

C’est la thèse accidentelle qui est la plus souvent retenue. Certains font le parallèle avec l’explosion de l’usine AZF.

Ce monument a été inauguré le 13 octobre 1929 et rend un hommage expressif aux victimes.

J.-P. Van Godtsenhove travaille de longue date sur le sujet.

Peter Maenhout : « Le bruit de l’explosion a été entendu à 150 km, jusqu’en Hollande. »

- 6400 victimes (mort et blessés), 738 maisons soufflées, le quartier de Moulins-Lille est totalement détruit.


« Le bruit se répand que ce matin, à 3 h 30, un énorme dépôt de munitions a fait explosion à Lille. Le quartier situé entre les portes de Valenciennes et de Douai serait en grande partie détruit. On parle aussi de nombreuses victimes tant parmi les civils que les militaires… »

Léon Boudé se rue sur son journal de guerre (29 novembre 1915-16 janvier 1916) et consigne de sa belle écriture au crayon ce qui constituera l’un des faits divers les plus marquants de la Première Guerre mondiale. Dès les premiers mots, il le devine. Le dépôt de munitions des 18-Ponts vient de sauter. Le 11 janvier 1916, à 3 h 30 du matin précises.

Situé en bordure du boulevard de Belfort, ce bastion était composé d’un ensemble de casemates voûtées servant de poudrière aux Allemands. Il a la forme de 18 arches sur deux niveaux, repose sur de profonds souterrains et abrite le matériel du 1er Corps d’armée. L’explosion fera voler l’ensemble en éclats et laissera un cratère de 150 m de diamètre et d’une trentaine de mètres de profondeur. Tout le quartier de Moulins-Lille est détruit, livrent les archives départementales du Nord. De nombreuses autres sources affirment que la déflagration sera entendue jusqu’en Belgique ou au Pays-Bas, à 150 km. « Le dépôt de munitions qui a explosé était situé dans les casemates… Outre de très nombreux blessés, il y a ce soir environ 80 morts parmi la population civile. Ce chiffre risque de s’accroître… » L’intuition de Léon Boudé est exacte. « On dénombrera finalement 108 morts parmi les civils (officiellement, 30 morts allemands), près de 400 blessés, 738 maisons soufflées dans le quartier, 21 usines détruites », complète Peter Maenhout, historien et guide. « Il paraît que l’explosion a propulsé un morceau de pierre dans le jardin d’Hippolyte Lefebvre. » Le sculpteur lillois l’aurait utilisé pour le monument érigé à la mémoire des victimes, rue de Maubeuge.

1 000 marks

Un garçon inconnu venant de chez Crepelle et Garand, rue de Valenciennes ; une femme inconnue ; Vigreux Paul, 43 bis, rue de Ronchin ; Maeyer Denise, 1, rue Desaix ; Delcourt Marthe… Des familles entières ont été anéanties. Reste un monument à leur mémoire.

« Nous comptons faire à ces malheureux des funérailles qui auront lieu à l’église Saint-Vincent de Paul, samedi 19 janvier, à 11 h 30 (heure allemande) », précise Charles Delesalle, alors maire, dans un courrier envoyé à son Altesse Royale, le prince Rupprecht de Bavière, commandant en chef de la 6e Armée, à Lille. Le gouverneur donne ses consignes sous le couvert de l’autorité allemande : « La population est avertie du danger qu’elle court à toucher aux pièces de munitions qui sont dispersées. La mairie a reçu des ordres pour protéger, à partir de ce soir, la propriété privée dans la partie détruite de la ville et d’y exercer la surveillance. Les communications concernant des membres de famille ou parents disparus doivent être adressées immédiatement à la mairie. » La ville s’organise.

Les Allemands offrent 1 000 marks à qui fera connaître l’auteur de cette explosion attribuée à la malveillance (lire par ailleurs). Léon Boudé n’y croit pas. Il évoque dans son journal « une déflagration spontanée de la poudre ». Il se permet ce petit commentaire acerbe : « Et on s’étonne que l’autorité militaire ait autorisé un dépôt de pareille importance en ville. » De Moulins-Lille, il ne reste rien. Les rues de Ronchin (aujourd’hui Jean-Jaurès), Desaix, Kellerman, de Trévise, et le boulevard de Belfort, ont été les plus exposés. « Ce sera surtout à partir du cimetière du Sud que se recomposera le quartier. » Dramatiquement logique.
Nos remerciements aux archives départementales du Nord pour leur précieuse collaboration.


Jean-Pierre Van Godtsenhove : « Deux rues ont disparu »

Ce fait divers, hors norme, passionne historiens et associations. Jean-Pierre Van Godtsenhove, président du Groupe Mémoire de Lille-Moulins, travaille sur le sujet de longue date. En point de mire se profile déjà la célébration du centenaire de l’explosion du dépôt des 18-Ponts, dont les conséquences sont encore perceptibles aujourd’hui pour un amateur éclairé. Questions.

Votre association travaille sur ce thème et prépare une exposition pour le centenaire. Pouvez-vous expliquer la teneur de vos travaux ?

« Le Groupe Mémoire de Lille-Moulins, prépare pour les Journées européennes du patrimoine de 2016, une exposition sur le thème des 18-Ponts. Avant l’explosion : les fortifications, la poudrière. L’explosion : les dégâts, les victimes, les secours, les causes, la solidarité des Lillois. Après l’explosion : le champ de manœuvre, le terrain d’aviation, la reconstruction, les monuments commémoratifs. Enfin, le souvenir de la tragédie. »
Cette explosion a-t-elle complètement remodelé le quartier au point de le structurer encore aujourd’hui ?

« Deux rues ont complètement disparu et la rue de Ronchin a été rallongée vers la rue de Cambrai (aujourd’hui Jean-Jaurès). Après la fin du conflit, on a reconstruit des usines entourant le lieu de l’explosion, leurs imposantes masses ayant fait écran et protégé la ville. Les techniques et implantations du XXe siècle ont remplacé celles de la fin XIXe (Wallaert, Le Blan, Crepelle). Pour les deux premières, ces bâtiments ont été réhabilités et hébergent aujourd’hui des activités tertiaires. Le démantèlement des fortifications a été un élément plus important pour la structuration du quartier. »

Groupe Mémoire de Lille-Moulins, 12, rue Henri-Dillies, 59790 Ronchin. Lieu de réunion : médiathèque de Lille-Moulins, 8, allée de la Filature, 59000 Lille.


Une explosion, plusieurs thèses
Beaucoup s’interrogent toujours sur les causes réelles de l’explosion de l’arsenal des 18-Ponts. Passage en revue des principales thèses évoquées.

Le sabotage : une idée avancée par les Allemands, mais aucun élément ne justifie cette affirmation.

Un bombardement : personne n’a entendu, dans la nuit, le vol d’un avion. Les techniques de bombardement, à l’époque, étaient plus que sommaires et les bombardements étaient diurnes.

Des tirs d’artillerie depuis les lignes anglaises : quelques jours avant l’explosion, des tirs d’artillerie ont eu lieu vers la gare Saint-Sauveur, pour tenter de détruire un train de munitions destiné au dépôt des 18-Ponts. Les obus sont tombés dans la gare, rue de Cambrai et rue Danton. À la suite de cette canonnade, le train a été rapidement dirigé vers la poudrière.

La thèse accidentelle : c’est la plus souvent retenue. De nombreuses explosions ont eu lieu dans les poudrières allemandes fin 1915 et en 1916, en raison de l’instabilité de la mélinite utilisée, d’après une note confidentielle de l’armée allemande. Block out des Allemands quant au nombre de soldats tués ; officiellement, une trentaine. Certains historiens mettent aujourd’hui en parallèle ce fait divers avec l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, détruite le 21 septembre 2001 par l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium, ce qui entraîna la mort de 31 personnes.
baert marc
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stcypre
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Re: Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte

Message par stcypre »

Bonjour,

Je suis un des toulousains sur ce forum et j'ai comme beaucoup de personnes ici, des doutes sur la réalité de l'explosion de l'AZF, et en premier lieu la double détonation... mais ce n'est pas le sujet a développer ici...
Quant à l'explosion des 18 ponts effectivement cela reste un mystère. J'ai décrit cette explosion dans un de mes livres...
Qu'en est-il de ces personnes et victimes qui étaient habillées alors que l'explosion a eu lieu vers 3 heures du matin ? Les allemands avaient tiré une conclusion logique : les personnes avaient été prévenues...
Et puis la thèse de l'attentat sera utilisée à nouveau lorsque un feu ravagea une aile du lycée du boulevard Carnot et l'incendie du vieux Palais Rihour ...
J.Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
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Re: Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte

Message par Alain59370 »

On peut consulter L'Explosion des 18 Ponts un AZF lillois qui vient de parpître aux éditions Les Lumières de Lille
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stcypre
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Re: Janvier 1916, l’explosion des 18-Ponts raye Moulins-Lille de la carte

Message par stcypre »

Bonjour,
Encore une fois il ne faut pas associer les deux explosions, car à Toulouse !!!!
Les vérités ne sont pas bonnes à dire ces temps ci...
Cdlt
J. Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
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