Bonjour,
Il est vrai que la question du fonctionnement du SHD a été évoquée sur plusieurs fils mais peu de nous ont donné un avis sur ce qui est en cause: un débat qui dépasse largement les querelles entre civils et militaires. Il s'agit en fait de savoir ce que l'on veut faire des archives et ce que l'on attend de leur communication au grand public. Savoir s'il faut classifier ou non les archives portant le mot "dissuasion" lorsqu'on découvre aujourd'hui que les Américains nous espionnent, cache un problème plus grave. Faut-il oui ou non ouvrir les Archives au plus grand nombre dans les délais prescrits par la loi?
Plusieurs conceptions s'affrontent. Ou l'on a une vision démocratique et optimiste de la nature humaine et l'on répond oui, ou on n'a pas confiance dans les capacités de discernement du Peuple et l'on a tendance à restreindre les communications.
Pour être tout à fait clair je prendrais trois exemples.
A:L'affaire Papon, B: un sujet dont nous avons débattu ici même, C: les ouvrages d'universitaires publiés sur la collaboration économique pendant la seconde guerre.
A: L'affaire Papon.
La communication des Archives et les minutes du procès publiées montrent un personnage assez différent de ce que l'on croyait.
On peut ne pas être en accord avec le jugement et même le déplorer mais on ne peut pas nier qu'il y a un certain doute.
B: La Publication des minutes des procès des accusés de rébellion collective" de 1916.
On l'a vu ici, ce sujet soulève des questions .......et cristallise des oppositions. Il semble même que l'on rencontrerait plus de résistances chez les politiques ou pour des raisons politiques (non avouées) que chez les militaires.
C: La collaboration économique.
L'ouverture des archives a montré que bien des entreprises françaises avaient collaboré au-delà de ce que l'occupant attendait d'elles et pas uniquement pour des questions de survie des outils de production. Le cas des banques est flagrant. Un certain nombre d'entreprises ont fermé leurs archives aux chercheurs pour des raisons évidentes (je ne cite aucun nom). D'autres ont laissé l'accès libre aux chercheurs...
La communication des Archives et la facilitation de cette communication sont des enjeux de société qu'il faut bien mesurer.
A mon avis, un peuple a besoin de tout connaître de son histoire. Il est assez lamentable de constater que le SHD n'a pas mis en place des dispositions particulières à l'occasion des commémorations, multiplier les salles de consultation par exemple, pour faciliter le travail de mémoire des familles. C'eût été une initiative heureuse et bien vu par le public.
Voyez avec quel acharnement les Chiliens cherchent à comprendre ce qui leur est arrivé!
Voyez avec quel acharnement les nostalgiques de Franco tentent de brouiller ou de retarder les recherches sur les exactions des armées républicaines comme sur celles des putschistes franquistes. ( Affaire du juge Garcōn )
Bien cordialement
CC
Tempête sur Vincennes
Re: Tempête sur Vincennes
Bonjour
Source : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defe ... ineau-1574
Publié le lundi 01 juillet à 11h38
SHD : "C'est, hélas, une catastrophe" assure le général Robineau
L'ancien directeur du Service historique de l'armée de l'air réagit à la situation du Service historique de la Défense à Vincennes.
Le général de brigade aérienne Lucien Robineau, ancien chef du Service historique de l'armée de l'air (1985-94), réagit à la situation du Service historique de la défense, et notamment à l'article du jeune historien amateur. Voici sa lettre :
"Ce jeune homme a, hélas !, raison.
C'est une catastrophe depuis que les services historiques ont été coupés de leur armée, dont ils étaient des unités depuis leur création. J'ai personnellement dirigé le Service historique de l'Armée de l'air (SHAA) pendant dix ans. Nous nous faisions un devoir de nous comporter comme le service public que nous étions. Il y avait toujours quelqu'un pour guider les chercheurs non "professionnels" ou les simples curieux passionnés par leur histoire, les aider à identifier les bons cartons et les leur procurer dans l'instant, toujours quelqu'un aussi pour répondre aux questions posées par correspondance. Les "usines à gaz" ne permettent plus ça.
Nous étions alors en relations constantes avec nos homologues des armées étrangères et nous avons présenté (et écouté) des communications dans le monde entier, parce que l'histoire se fait évidemment de façon comparative : on n'approche la vérité historique que si, par exemple, les Allemands et les Français racontent les conflits qui les ont opposés de la même façon et avec des nombres suffisamment proches. Cette vérité se construit et s'affine avec le temps, comme le progrès, en continuant les recherches commencées par les prédécesseurs et en éliminant les contradictions. Nous étions, au sein de la Commission internationale d'histoire militaire, des membres de la même famille, qui nous connaissions au fil de nos rencontres, qui savions de quoi nous parlions et à qui on ne racontait pas d'histoires. On n'a plus de crédits pour ces voyages si utiles.
Le SHAA fut créé, par le premier chef d'état-major de la jeune Armée de l'air, comme service d'archives, centre de recherches et gardien des traditions de l'aviation militaire. Il a toujours été subordonné directement (jusqu'à 2005) au CEMAA, lequel lui fournissait les modestes moyens nécessaires à sa mission et il était dirigé par un général en 2ème section muni d'une expérience opérationnelle, les études étant animées en toute indépendance par des chercheurs universitaires affectés. C'est au SHAA que fut inventée, en 1974, l'histoire orale, recueil de témoignages de personnages aussi divers que le sous-officier mécanicen, l'appelé, le pilote, l'as de guerre, la convoyeuse de l'air, le FAFL, le grand commandeur, l'industriel ou le ministre de l'air. Inutile d'insister sur l'importance d'une initiative apparue au moment où vivaient encore de tout premiers pionniers de l'aviation et des aviateurs combattants de la Grande Guerre. Inutile encore de remarquer que les témoignages, à condition qu'ils soient assez nombreux sur un thème donné, recoupés et critiqués comme les autres documents (qui ne sont d'ailleurs pas tous paroles d'évangile), sont de précieux outils pour compléter des archives souvent austères, et aussi, surtout peut-être, pour remplacer des archives manquantes, par accident ou intentionnellement.
Il me semble douteux que la restructuration, réalisée en vue de bénéficier des économies habituellement attendues des "mutualisations", soit vraiment profitable si on met dans la balance les inconvénients dénoncés par les chercheurs. Il existe toujours un USAF Office of History (idem pour l'US Army, l'US Navy et l'US Marines Corps), un RAF Historical Branch (dont le chef est l'un des trois directeurs du RAF CAPS - Center for Air Power Studies). Il y a aussi un Militärgeschichtliches Forschungsamt à Potsdam et des services historiques d'armées à Rome, Madrid, Moscou, Vienne, Prague et ailleurs, chargés d'écrire et de faire écrire l'histoire de leur armée, dans la guerre ou dans la paix. Ce que faisaient le SHAA, le SHM et le SHAT, dans l'équilibre amical associant les études scientifiques des uns et des autres, notamment par la Revue historique des armées."
Cordialement
Jean-Louis
Source : http://www.lopinion.fr/blog/secret-defe ... ineau-1574
Publié le lundi 01 juillet à 11h38
SHD : "C'est, hélas, une catastrophe" assure le général Robineau
L'ancien directeur du Service historique de l'armée de l'air réagit à la situation du Service historique de la Défense à Vincennes.
Le général de brigade aérienne Lucien Robineau, ancien chef du Service historique de l'armée de l'air (1985-94), réagit à la situation du Service historique de la défense, et notamment à l'article du jeune historien amateur. Voici sa lettre :
"Ce jeune homme a, hélas !, raison.
C'est une catastrophe depuis que les services historiques ont été coupés de leur armée, dont ils étaient des unités depuis leur création. J'ai personnellement dirigé le Service historique de l'Armée de l'air (SHAA) pendant dix ans. Nous nous faisions un devoir de nous comporter comme le service public que nous étions. Il y avait toujours quelqu'un pour guider les chercheurs non "professionnels" ou les simples curieux passionnés par leur histoire, les aider à identifier les bons cartons et les leur procurer dans l'instant, toujours quelqu'un aussi pour répondre aux questions posées par correspondance. Les "usines à gaz" ne permettent plus ça.
Nous étions alors en relations constantes avec nos homologues des armées étrangères et nous avons présenté (et écouté) des communications dans le monde entier, parce que l'histoire se fait évidemment de façon comparative : on n'approche la vérité historique que si, par exemple, les Allemands et les Français racontent les conflits qui les ont opposés de la même façon et avec des nombres suffisamment proches. Cette vérité se construit et s'affine avec le temps, comme le progrès, en continuant les recherches commencées par les prédécesseurs et en éliminant les contradictions. Nous étions, au sein de la Commission internationale d'histoire militaire, des membres de la même famille, qui nous connaissions au fil de nos rencontres, qui savions de quoi nous parlions et à qui on ne racontait pas d'histoires. On n'a plus de crédits pour ces voyages si utiles.
Le SHAA fut créé, par le premier chef d'état-major de la jeune Armée de l'air, comme service d'archives, centre de recherches et gardien des traditions de l'aviation militaire. Il a toujours été subordonné directement (jusqu'à 2005) au CEMAA, lequel lui fournissait les modestes moyens nécessaires à sa mission et il était dirigé par un général en 2ème section muni d'une expérience opérationnelle, les études étant animées en toute indépendance par des chercheurs universitaires affectés. C'est au SHAA que fut inventée, en 1974, l'histoire orale, recueil de témoignages de personnages aussi divers que le sous-officier mécanicen, l'appelé, le pilote, l'as de guerre, la convoyeuse de l'air, le FAFL, le grand commandeur, l'industriel ou le ministre de l'air. Inutile d'insister sur l'importance d'une initiative apparue au moment où vivaient encore de tout premiers pionniers de l'aviation et des aviateurs combattants de la Grande Guerre. Inutile encore de remarquer que les témoignages, à condition qu'ils soient assez nombreux sur un thème donné, recoupés et critiqués comme les autres documents (qui ne sont d'ailleurs pas tous paroles d'évangile), sont de précieux outils pour compléter des archives souvent austères, et aussi, surtout peut-être, pour remplacer des archives manquantes, par accident ou intentionnellement.
Il me semble douteux que la restructuration, réalisée en vue de bénéficier des économies habituellement attendues des "mutualisations", soit vraiment profitable si on met dans la balance les inconvénients dénoncés par les chercheurs. Il existe toujours un USAF Office of History (idem pour l'US Army, l'US Navy et l'US Marines Corps), un RAF Historical Branch (dont le chef est l'un des trois directeurs du RAF CAPS - Center for Air Power Studies). Il y a aussi un Militärgeschichtliches Forschungsamt à Potsdam et des services historiques d'armées à Rome, Madrid, Moscou, Vienne, Prague et ailleurs, chargés d'écrire et de faire écrire l'histoire de leur armée, dans la guerre ou dans la paix. Ce que faisaient le SHAA, le SHM et le SHAT, dans l'équilibre amical associant les études scientifiques des uns et des autres, notamment par la Revue historique des armées."
Cordialement
Jean-Louis
133° RI "Les Lions du Bugey"
"Pas s'en faire, pas s'en fichtre .... Le Lion atteint toujours sa proie"
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Re: Tempête sur Vincennes
bonjour,
Sauf erreur de ma part, les économies d'échelle, les réductions drastiques de crédits et de personnels ont été engagées par le précédent gouvernement (et tout le monde s'accorde à dire que c'était une grave erreur )
Le nouveau gouvernement qui annonçait vouloir changer beaucoup de choses mais semble avoir oublié ses promesses, serait bien avisé de reprendre le dossier....une pétition nationale serait peut-être un aiguillon efficace? Un courrier à chaque député et chaque sénateur aussi. Les adresses mails sont faciles à trouver sur le site de l'Assemblée et du Sénat. A bientôt CC
Sauf erreur de ma part, les économies d'échelle, les réductions drastiques de crédits et de personnels ont été engagées par le précédent gouvernement (et tout le monde s'accorde à dire que c'était une grave erreur )
Le nouveau gouvernement qui annonçait vouloir changer beaucoup de choses mais semble avoir oublié ses promesses, serait bien avisé de reprendre le dossier....une pétition nationale serait peut-être un aiguillon efficace? Un courrier à chaque député et chaque sénateur aussi. Les adresses mails sont faciles à trouver sur le site de l'Assemblée et du Sénat. A bientôt CC
- - Joel Huret -
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- Inscription : mar. août 31, 2004 2:00 am
Re: Tempête sur Vincennes
Les sujets suivant ont été fusionnés à ce sujet par - Joel Huret -
- le fonctionnement et le rôle du SHD
- Yannickckck
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- Inscription : sam. mai 14, 2011 2:00 am
Re: Tempête sur Vincennes
Bonjour,
En attendant le site internet du SHD est de nouveau en rade, donc aucune réservation en ligne possible, et la salle de lecture va exceptionnellement fermer cette année au moins deux mois du 29 juillet au 29 septembre...
Tout cela pénalise au final les chercheurs, petits ou grands, professionnels ou amateurs...puis par voie de conséquence appauvri les publications (livre revues articles ou sites internet, documentaires TV...) et au final les gens qui s'y intéressent encore en les lisant ou visualisant...
Cordialement,
Yannick
En attendant le site internet du SHD est de nouveau en rade, donc aucune réservation en ligne possible, et la salle de lecture va exceptionnellement fermer cette année au moins deux mois du 29 juillet au 29 septembre...
Tout cela pénalise au final les chercheurs, petits ou grands, professionnels ou amateurs...puis par voie de conséquence appauvri les publications (livre revues articles ou sites internet, documentaires TV...) et au final les gens qui s'y intéressent encore en les lisant ou visualisant...
Cordialement,
Yannick
https://www.gvc1418.fr
NOUVELLE ADRESSE depuis le 19 juin 2023
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- Jean RIOTTE
- Messages : 5774
- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Tempête sur Vincennes
Bonjour à tou(te)s,
Sur le blog de Jean Michel Merchet voir l'avis de l'historien Jean-Charles Jauffret:
"Le SHD, un parcours du combattant".
Sur "gougueule" taper: secret defense l'opinion
Cordialement,
Jean RIOTTE
Sur le blog de Jean Michel Merchet voir l'avis de l'historien Jean-Charles Jauffret:
"Le SHD, un parcours du combattant".
Sur "gougueule" taper: secret defense l'opinion
Cordialement,
Jean RIOTTE