Georges Cambreleng : itinéraire d'un poilu revenu vivant du Front

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Georges Cambreleng : itinéraire d'un poilu revenu vivant du Front
Georges Cambreleng n'est plus là pour nous parler de sa guerre de 14-18. Cet Avesnois, né en 1893, est décédé en 1964 à Bas-Lieu. Il avait 71 ans. Contrairement à beaucoup de ses camarades de tranchées, lui est revenu de l'enfer. Il a connu Verdun et d'autres moments périlleux, tragiques. Son fils André Cambreleng conserve divers documents évoquant le parcours de son père...

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Aves ... oilu.shtml

PAR GÉRALDINE BEYS
Georges Cambreleng aurait pu ne jamais revenir de la boucherie de 14-18. « Il a eu de la chance » constate près d'un siècle plus tard son fils André. Son père n'a jamais été blessé. Après la guerre, il a travaillé comme marchand de charbon, une affaire familiale, et avait son commerce face au tambour Stroh à Avesnes.
Sa mère est morte en le mettant au monde. Cela n'arriverait plus de nos jours. Enfin, plus rarement. Georges Cambreleng, quoique bien entouré, n'a pas donc pas connu les bras aimants d'une mère. Et du coup, par la force du destin, les si beaux vers écrits par Victor Hugo sur l'amour maternel lui sont étrangers.
Jeune, il aime les chevaux. L'armée lui paraît toute désignée. Il devance l'appel et s'engage pour trois ans dans la cavalerie au 6e Régiment de chasseurs à cheval au quartier Kléber à Lille. Il y connaît un entraînement physique très dur, à la limite du supportable. Quand la guerre de 14 éclate, on l'envoie au combat à Charleroi. Son régiment est décimé. L'ennemi utilise une arme nouvelle : la redoutable mitrailleuse. Les cavaliers, dont il est, abandonnent le sabre pour le fusil et... la pelle !
Il y a le Front. Et aussi l'arrière. Un jour, alors qu'il joue aux cartes avec trois amis, le clairon sonne la soupe. Georges s'y rend. Il n'a pas fait 20 mètres qu'un obus de l'artillerie lourde allemande pulvérise ses camarades. Lui-même se retrouve enseveli de la terre retombée dans la tranchée. Ses copains le déterrent. Il s'en sort vivant. Mais son calvaire n'est pas fini. Car le sort du poilu est cruel. « Mon père est demeuré à plusieurs reprises les pieds dans l'eau sans pouvoir se déchausser pendant des semaines » dit André Cambreleng. Le soldat Georges a connu la neige, le froid, les poux, les puces, la faim. Vers la fin du conflit, il accompagne un jeune officier en avant des lignes. Ce dernier tombe touché par une balle dans la cuisse et perd connaissance. Ni une ni deux, six Allemands surgissent les bras en l'air d'un trou d'obus et confectionnent un brancard sur lequel ils ramènent le blessé dans les tranchées françaises et se constituent prisonniers. Quelle n'est pas la surprise de l'officier se voyant entourés de soldats ennemis !
Quand il ne combat pas, Georges Cambreleng est en Normandie où son père et sa soeur se sont réfugiés après avoir laissé leur commerce de bois et de charbon d'Avesnes. Ils le retrouveront saccagé et pillé et l'histoire se renouvellera durant la guerre de 39-45.
Durant la Première Guerre, Georges donne de ses nouvelles. Comme dans cette carte datée du 11 juillet 1917, adressée aux siens. « Chers père et soeur, je m'empresse de faire réponse à votre lettre qui m'a fait grand plaisir d'avoir de vos nouvelles. Suis très pressé en ce moment. Nous avons été reconnaître le secteur. Il n'y fera pas bon car il n'y a pas de gourbi (*) car il y a de l'eau. C'est pour cela qu'on ne peut pas en faire. C'est réciproque pour les Boches mais il y aura énormément de pertes d'hommes par les bombardements. Je crois que je vais être agent de liaison entre l'infanterie et l'artillerie. Je crois que l'attaque va commencer d'ici peu. Malgré cela, je ne perds pas l'espoir de sortir sain et sauf cette fois encore...
». Il a eu raison d'espérer Georges puisqu'il est revenu dans son Avesnois natal. •
(*) Abri de tranchée.