Au cimetière franco-allemand de Carvin, des jeunes entretiennent la

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Au cimetière franco-allemand de Carvin, des jeunes entretiennent la flamme du souvenir
La voix du Nord

Claire, la Française de Perpignan, et Félix, l'Allemand de Berlin, se sont rencontrés sous le signe de la mémoire. | LES VISAGES DE L'ACTUALITÉ |
Le cimetière militaire de Carvin accueillait, hier matin, un groupe de 22 jeunes (12 Allemands, 10Français) qui participent durant l'été à un chantier éducatif autour de la Première Guerre mondiale. Ils sont volontaires et leur mission est de nettoyer les tombes des soldats morts aux combats. « Un travail pour la paix », dit l'association qui les encadre.

Tout un symbole pour ces ados qui connaissent davantage la Seconde Guerre mondiale que la Première.
PAR HERVÉ NAUDOT
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Ils ont entre 14 et 16 ans. En ordre dispersé entre les alignements de croix grises, on les croise assis dans l'herbe, un crayon blanc à la main, concentrés. Seuls ou en binôme, sous ce lundi au soleil, ils s'appliquent à réécrire les noms des soldats allemands morts au combat pendant la Seconde Guerre mondiale. Auparavant, ils ont nettoyé soigneusement les petites stèles avec une brosse. Devant le cimetière, est stationné un bus de la Bundeswehr (l'armée allemande), avec cette inscription scotchée sur le pare-brise : « Travail pour la paix » écrit en plusieurs langues.
Tout un symbole. « On voit bien ici en se baladant entre les tombes notre passé cruel, commente Paul Wenzel, un des trois jeunes animateurs de l'association Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsoge (Service d'entretien des sépultures militaires allemandes).
L'objectif de notre association, c'est la réconciliation des peuples au-dessus des tombes. La Seconde Guerre mondiale est beaucoup étudiée en Allemagne, et celle de 14-18 est un peu laissée-pour-compte. » Comme chaque année, le groupe de jeunes allemands a pris ses quartiers dans un gîte cominois. Arrivés en France depuis dix jours, ils vivent ce voyage guidé par un double objectif : mémoriel (à travers l'entretien de tombes, précédé systématiquement d'éclairages historiques sur la période concernée...) et linguistique, puisque vendredi, les jeunes Allemands ont été rejoints par leurs camarades français de Cabestany, à côté de Perpignan.
Un chantier autour de la flamme du souvenir, de la réconciliation, le tout pendant l'été... le projet tient de la gageure. Et pourtant, tous sont volontaires, et s'y collent avec le sourire ! C'est via la Maison de quartier de Cabestany que Claire, 14 ans, a été informée de ce projet.
Elle ne parle pas l'Allemand, n'est même jamais allée Outre-Rhin, mais considère que sa présence en ces lieux chargés d'histoire est « normale.
La Première Guerre mondiale, j'en ai quelquefois parlé avec mes grands-parents. Je crois qu'il faut en parler pour ne pas oublier ». À quelques stèles de là, écouteurs dans les oreilles, il y a Benjamin, 16 ans, qui vient de l'ouest de l'Allemagne. C'est la première fois qu'il participe à ce type de chantier, et semble très motivé par la France et l'Histoire. Félix, un Berlinois de 16 ans, lui aussi, est là par « amour de l'Histoire », et trouve « que ce chantier est une manière de s'engager dans la société. »Avec plus de 6 000 sépultures de soldats tombés lors de la Première Guerre mondiale, le cimetière franco-allemand de Carvin est la cinquième plus grande nécropole de la région. Alors, bien sûr, « les jeunes ne vont pas nettoyer toutes les tombes, un deuxième groupe va les relayer », annonce l'animateur.
Du coup, on en oublierait presque que ces jeunes sont là en vacances. La partie découverte de leur séjour n'est pas laissée de côté puisqu'ils se sont baladés à Gand, Bruxelles, Lille, entre autres, et se rendaient à Vimy hier après-midi. La mémoire, encore et toujours. •