LE NOM DES MORTS

[Robin Denoyelle]

Bonsoir à tous,
Je voulais vous faire partager ce petit poème.

LE NOM DES MORTS

Morts pour nous…Quel nom ? Quel âge ?
Le village
Doit chaque jour le savoir.
Que ces noms soient sur l’église !
Qu’on les lise
Sur la pierre du lavoir !

Mais d’abord, que notre zèle
Vous cisèle
Sur les maisons mêmes d’où,
Pour aller vers le martyre,
Ils partirent
Dans le soleil du mois d’août !

Sur la treille où pour mettre
Dans sa lettre,
La vierge a cueilli des fleurs ;
Sur le seuil où, pour qu’on parte
Comme à Sparte,
La femme a caché ses pleurs !

Idéal qui vaut qu’on meure !
La demeure,
Le logis, l’ordre et l’amour,
Le lit où l’enfant doit naître.
La fenêtre
Par où doit entrer le jour !

Oh ! que leur nom, à voix basse,
Quand on passe,
Toujours lu sur leur maison,
A chacun donne l’envie
D’une vie
Digne de la mort qu’ils ont ?

« Morts pour nous ». Que la seconde
Soit féconde
Où dans l’azur immortel,
On lira, sur la corniche
Pauvre ou riche :
« Morts pour nous… Un tel… Un tel… »

EDMOND ROSTAND

...et un clin d'oeil à la fin de la guerre.



Bien à vous, Robin.

[martinez renaud]

bonsoir Robin, bonsoir à tous
merci pour ce poème, touchant et violent à la fois
afin que nul ne les oublie !
"Quels cierges portera-t-on pour leur dernier voyage ?
Les mains des gosses resteront vides, mais dans leurs yeux
brûlera la flamme sacrée des au revoir.
Le front pâle des filles sera leur linceul
Leurs fleurs la tendresse d'âmes patientes
Et chaque lent crépuscule, un volet qui se ferme."
de Wilfrid Owen
Amicalement
Renaud

[Robin Denoyelle]

Bonsoir Renaud, bonsoir à tous,
Merci Renaud, ce poème m'émeut particulièrement car il me fait penser à un de mes Grand-Oncle, mort aux Eparges. Il s'était marié le 22 avril 1914, mobilisé le 5 août, il ne connu que 3 mois de vie conjugale et ne bénéficiant d'aucune permission, il ne connaîtra jamais son fils, né début 1915, car il sera tué d'une balle de shrapnell. Ma Grand mère me parlait parfois de son grand frère de 20 ans son aîné ; elle soufrait encore de sa disparition, même 70 ans après ...

Je travail dans un grand lycée à Lille et le 11 novembre, pour commémorer l’anniversaire de l'armistice, j'ai proposé de lire un texte devant le monument aux morts des anciens élève morts en 14/18. Je m’attendais à voir quelques élèves sur les 2500 fréquentant l’établissement (une note invitant ceux-ci avait été distribuée dans les classes). Un seul lycéen était présent ; chinois et en séjours linguistique au Lycée…
Je crains que le souvenir de nos anciens disparaisse avec la mort du dernier poilu et cela malgré les efforts de beaucoup. Je suis même, peut-être encore plus pessimiste sur notre avenir en voyant certains reportages de guerre comme un de ceux de la semaine dernière concernant une bavure de l’armée de tsahal qui a bombardé quelques civils par erreur. On pouvait y voir des enfants Palestiniens atrocement mutilés, les pleurs des mamans au chevet de leur enfant mort et le père criant vengeance…
Juste après ce reportage, le suivant concerné la Gay-pride en Israël ; on n’y voyait une réunion de plusieurs représentant religieux : un Evêque catholique, un Rabbin et un Imam. Ils se réunissaient, non pour trouver une solution au conflit Israélo-palestinien, mais pour mettre un terme à cette manifestation « immorale ».
Cette image m’a choqué et me fait dire que les souffrances des guerres passées sont bien oubliées et que celles d’aujourd’hui sont devenues des banalités que la morale ne réprouve plus.
Aujourd’hui, on ne parle plus de respect mais d’honneur, la réussite n’est plus sociale mais matérielle, notre société de consommation à outrance génère de plus en plus de pauvreté, d’injustice et de délinquances, mais où allons-nous ? Avons-nous perdu la mémoire ?
Bien à vous, Robin.