"1914-1918 : Lyon sur tous les fronts !"

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Source : http://www.histoire.presse.fr/agenda/ex ... 014-124778


1914-1918 : Lyon, ville-hôpital

Expositions - 04/12/2014 par Delphine Froment

"1914-1918 : Lyon sur tous les fronts !"

Jusqu'au 10 janvier 2015, Bibliothèque municipale de Lyon, 30 boulevard Vivier Merle, 69003 Lyon.

Au printemps 1914, Lyon vit intensément les derniers jours de la paix, oscillant entre espoir et crainte. La ville reçoit l’Exposition internationale, qui vise à promouvoir sur 17 000m2 une cité où il fait si bon vivre. Malgré le caractère inédit de l’événement, les esprits ne sont pas tranquilles : le 25 juillet 1914, Jean Jaurès prononce dans le quartier de Vaise son avant-dernier discours. Il y prédit « l’énormité du désastre » qui attend les Français. Six jours plus tard, il est assassiné, et la France, en guerre.

On pense rarement à Lyon à propos de la Grande Guerre. La ville est bien loin des lignes de front… Et pourtant, l’exposition de la Bibliothèque municipale de Lyon, s’emploie à montrer l’engagement de la ville dans le conflit.

A travers l’un des plus importants fonds de bibliothèque consacrés au premier conflit mondial, rassemblé dès 1915 par le radical Edouard Herriot, Président du Conseil en 1924 puis maire de la ville après 1945, cette exposition démontre le rôle oublié que joue Lyon ainsi que la région Rhône-Alpes à l’arrière pendant le conflit : affiches, cartes, photographies et objets rappellent les diverses actions publiques lyonnaises et nous replongent dans ce qu’était le quotidien des Lyonnais en temps de guerre. Comme ailleurs, mais pas moins, la ville tout entière s’est mobilisée : des entreprises, comme le constructeur automobile Berliet, reconvertissent leurs activités pour fabriquer obus et chars d’assaut ; les habitants s’organisent dans les œuvres publiques (à l’instar de la « Mère Bizolon » qui sert gratuitement, et de sa propre initiative suite à la perte de son fils sur le front, la soupe aux soldats devant la gare de Perrache) ; fleuron de l’économie de la ville, le Crédit Lyonnais incite à l’emprunt national… Tous sont, à leur manière, sur le front.

Mais l’originalité n’est pas là : toute la France n’a-t-elle pas participé à cette « guerre totale » qu’est la Grande Guerre ?

L’intérêt de cette exposition est, en fait, surtout de montrer que Lyon, pôle industriel et commercial, deuxième ville située à proximité de la Suisse et qui tendait, déjà avant 1914, à devenir une ville de rang international, occupe une place exceptionnelle dans le conflit.

Eloignée du front, on l’a dit, bénéficiant de solides infrastructures médicales, Lyon se transforme très vite en une « ville-hôpital », bientôt à la pointe de la médecine et de la chirurgie : tandis que les écoles et les bâtiments municipaux sont réquisitionnés et adjoints aux hôpitaux militaires et municipaux, Albéric Pont développe la chirurgie maxillo-faciale et les frères Lumières œuvrent pour la radiographie et les soins des blessés, en équipant à leur frais les hôpitaux et en finançant quelque 18 000 radios.

Et la guerre, en engendrant de nouveaux flux de toutes natures, fait de la ville un carrefour incontournable à l’arrière du front : Lyon se retrouve au cœur des circulations des hommes (réfugiés, prisonniers, travailleurs coloniaux et étrangers…) comme des idées (internationalisme, pacifisme, hygiénisme…).

A l’heure de la guerre totale, Lyon est définitivement une plaque tournante, et cette exposition a le mérite de mêler histoire locale et enjeux internationaux. Cet effort de guerre lui sera rendu : en nouant ou en réactivant des liens internationaux (avec la Croix-Rouge américaine par exemple), Lyon connaît un essor à l’international et s’ouvre finalement à la mondialisation.

Cordialement

Jean-Louis