Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Jmn02,
Globalement je vous suis dans votre raisonnement mais pas toujours,
Cela pose aussi la question de la commémoration des grandes batailles de Verdun et de la Somme en 2016, du Chemin des Dames (et espérons que l'on ne réduira pas encore une fois cette offensive aux seuls fusillés avec lesquels certains ne cessent de nous rebattre les oreilles, comme si les fusillés de la Grande Guerre étaient le coeur de la Grande Guerre toute entière) en 2017 et des grandes offensives de l'année 2018 (jusqu'à l'armistice), qui sont traditionnellement les "grandes dates de l'histoire de la Grande Guerre" que médias et politiques citent et retiennent (comme si le reste ne devait pas compter) :
non!
Ce que vous évoquez ne me semble pas tout à fait juste,
la question des fusillés, dont personne ne prétend faire le coeur des commémorations, est un pan de la mémoire de 14-18, mal connu et qui mérite tout autant que les grandes batailles d'être exploré. Vous ne le formulez pas vous même, mais je l'ai entendu il n'y a pas si longtemps : cette question n'est pas un détail de notre histoire. Dire ceci reviendrait à affirmer que le « passage » de Louis XVI à la guillotine n’est qu’un détail de l’histoire de la Révolution ou que les exécutions massives de Vendéens ne comptent pas, pas plus que les exécutions massives et sans jugement des Communards par les Versaillais .
Si vous avez l'impression d'avoir les oreilles rebattues par la question ce n’est que de manière récente car on n'en parlait plus beaucoup avant 2014, sauf entre "spécialistes" .Que le sujet ait été porté sur la place publique ne peut qu'apaiser la discussion. Désormais les dossiers sont ouverts et chacun peut se faire une idée sur la question…. en son âme et conscience.
Quand à "l’histoire bataille", dont je ne dis pas qu’elle n’a pas d’intérêt, il y a bien longtemps que tout ou presque est connu sauf les pertes, encore que l’on commence à y voir plus clair…par contre, en parlant du Chemin des Dames par exemple, il me semble tout à fait important que soit éclaircies, un peu plus, les raisons militaires et politiques qui ont fait que Nivelle ait pu lancer son offensive et la faire rebondir alors que le pouvoir politique et militaire était informé de l’échec. Il y a là une vraie question qui mérite autre chose que des affirmations ( il y faut un travail de fond sur les sources et dans les archives privées). Comment une telle chose a pu arriver????
Tout au long de cette guerre le pouvoir politique a été incapable de maîtriser les débordements des militaires dont la liste des erreurs et des cafouillages est pour le moins impressionnante. Il faut comprendre quelles sont les raisons de cette démission. Millerand a tout cédé à Joffre jusqu’à son éviction… pourquoi ?
Il me semble, mais ce n’est qu’un point de vue, que la connaissance fine de notre histoire, ne peut qu’aiguiser le sens civique de nos contemporains. Je vous concède que « l’opinion sondagière » d’aujourd’hui et ses fluctuations organisées m’inquiètent un peu…..
enfin vous écrivez ceci :
« Cela pose aussi la question de la place que nos dirigeants ont l'intention de réserver à la Grande Guerre dans la mémoire collective et de la lecture qu'ils ont l'intention d'en donner à l'avenir, sachant que la lecture et l'écriture de la Grande Guerre ont déjà bien changé depuis un peu plus de vingt ans, où l'on a semble-t-il définitivement jeté "l'histoire-bataille" à la poubelle - sauf sans doute dans les revues spécialisées, 14-18 Magazine, Tranchées ou encore GBM notamment pour ne citer que ces trois titres -, depuis qu'on a inventé "l'histoire culturelle", concept des historiens de Péronne... »
Je ne partage pas, loin s’en faut, les options de l’école de Péronne mais elle a le mérite d’avoir ouvert les champs de la recherche historique à beaucoup d’étudiants qui y ont cultivé leurs outils intellectuels de recherche.
Il ne me déplait pas, à moi, de connaître en profondeur les conséquences de la guerre sur notre appareil industriel, de comprendre comment l’Etat, affronté à une crise, a su prendre à son compte la production industrielle et la répartitions des matières premières, ce que l’industrie privée paralysée par les luttes intestines ne parvenait pas à faire. Il me semble tout à fait important de comprendre à quel point le système bancaire international a été modifié, pour quelles raisons on a différé l’impôt sur les profits de guerre avant de le passer en partie à la trappe.
Bien entendu, je suis, comme vous, un lecteur des revues que vous citez mais il ne m’échappe pas qu’il faut compléter ou vérifier leurs données, en gardant quand même présent à l’esprit que ce sont des entreprises commerciales et qu’elles sont souvent redondantes et recyclent et "relookent des choses » déjà accessibles dans d’anciens travaux.
Le mérite de ces commémorations, à mon avis, est, d'abord d'avoir lancé, un énorme mouvement de recherches et de publications en dehors de la sphère militariaro-universitaire et que ces travaux resterons aussi comme un énorme réservoir de notre mémoire collective.
Essayez de reserver une table à Vincennes, vous comprendrez que la recherche est en marche. Il y a de quoi être optimiste!
Bien cordialement CC
La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
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Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonjour, le rapport de la commission d'enquête sur le CDD revient en long et en large sur les erreurs ainsi que les différents échanges entre le haut commandement et le front. Un documentaire de 2X52mns avait été réalisé à ce sujet avec à la base la grosse documentation de ce dossier d'enquête qui se trouve aux archives à vincennes.Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Jmn02,
Quand à "l’histoire bataille", dont je ne dis pas qu’elle n’a pas d’intérêt, il y a bien longtemps que tout ou presque est connu sauf les pertes, encore que l’on commence à y voir plus clair…par contre, en parlant du Chemin des Dames par exemple, il me semble tout à fait important que soit éclaircies, un peu plus, les raisons militaires et politiques qui ont fait que Nivelle ait pu lancer son offensive et la faire rebondir alors que le pouvoir politique et militaire était informé de l’échec. Il y a là une vraie question qui mérite autre chose que des affirmations ( il y faut un travail de fond sur les sources et dans les archives privées). Comment une telle chose a pu arriver????
Bien cordialement CC
Laurent

Histoire du soldat François Louchart 72ème RI .
Pages du 72e et 272e RI [https://www.facebook.com/laurentsoyer59[/url].
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Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonjour Chanteloube,
Pour mettre les choses au point, je suis moi-même un ancien étudiant de Stéphane Audouin-Rouzeau, actuel directeur du centre de recherches de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, mon association travaille ponctuellement avec l'Historial (notamment en terme de diffusion de l'information lorsque nous organisons une manifestation dans le Noyonnais et JJ Becker a préfacé mon avant-dernier livre) et j'assiste volontiers aux conférences qui y sont données. Je peux donc dire que j'ai été formé à cette école et que j'y ai gardé certaines attaches "sentimentales" et mémorielles (liée à cette "formation initiale")...
Et à ce titre, je ne peux également que vous confirmer que l'Historial a amené beaucoup d'étudiants à s'intéresser à la Première Guerre mondiale (et continue dans cette voie actuellement). Pour autant, je me suis aussi ouvert à d'autres champs et à d'autres approches du conflit, en assistant et en écoutant d'autres conférences, d'autre colloques et d'autres débats historiques sur la Grande Guerre que ceux organisés par l'Historial et j'ai pris assez de recul pour constater que l'histoire qui y est dispensée est souvent une histoire très "cérébrale", très, et sans doute bien trop intellectuelle - ou disons "conceptuelle" - du conflit, à laquelle on peut reprocher de se déconnecter des réalités historiques. En effet, à force de vouloir déchiffrer tous les motifs socio-culturels des sociétés en guerre et de faire une sorte d'anthropologie des cultures combattantes européennes, on s'éloigne complètement du front et des préoccupations des gens qui ont vécu cette guerre, qu'ils soient civils, militaires, grands ou humbles (la dernière journée d'études qui s'est tenue le samedi 8 novembre dernier au théâtre du Chevalet à Noyon a d'ailleurs apporté un certain nombre d'exemples de ce décalage qui existe entre réalité du monde combattant et lecture qui en est faite par certains de ces historiens, s'agissant notamment de la question de l'art des tranchées et de l'artisanat, qui étaient deux des principaux thèmes de cette journée d'études)... Les questions que vous évoquez (production industrielle, report de l'impôt, système bancaire, etc) sont très loin d'être (sauf à me tromper et à avoir loupé certaines des dernières publications) des sujets de préoccupations des historiens de Péronne... S'il est des points qu'ils ont contribué à éclairer, il en est beaucoup d'autres qui me semblent plus discutables, voire contestables, en particulier j'entendais tout récemment la conférence donnée par JJ Becker, à l'occasion du centenaire de la déclaration de guerre, le 1er août dernier, qui reprenant à son compte les "théories" de Christopher Clark (auteur du livre "Les Somnanbules"), conteste aujourd'hui comme causes ou facteurs de la guerre les rivalités économiques, la course aux armements, minore les rivalités coloniales, le poids de certaines "castes" militaires bellicistes ayant poussé, notamment en Autriche-Hongrie ou en Russie à la guerre, l'engrenage fatidique même des systèmes d'alliances en juillet et début août 1914 et qui soutient l'idée d'une guerre entre les peuples européens, qui ne serait finalement arrivée que par pur accident, presque par surprise, sans qu'on sache, ni ne comprenne très bien pourquoi... Et de conclure que les peuples européens se seraient rués les uns contre les autres, sans mesurer les conséquences de leurs actes... Je trouve cette lecture et cette réécriture du conflit, et pour tout dire cette remise en question qui fait fi de toutes les archives, de tous les témoignages de l'époque, de tous les écrits même qui ont pu être produits lors du conflit ou à posteriori par les acteurs politiques et militaires, mais aussi par les historiens, travaux que nos professeurs nous ont enseignés à tous lorsque nous étions sur les bancs d'école extrêmement tendancieuse, au sens où elle tend à rendre cette guerre d'autant plus absurde et d'autant moins compréhensible aux plus jeunes générations qui n'ont déjà bien souvent qu'une idée assez vague de ce conflit, de ses enjeux et de ses conséquences... En effet, ainsi tenu, ce discours ne peut que naturellement induire pour les plus jeunes la question de savoir à quoi bon s'intéresser encore à un conflit fratricide entre peuples européens "amis" (amis peut-être aujourd'hui, mais là encore, c'était loin, très loin même d'être le cas en 1914 et même avant, d'où d'ailleurs ce système d'alliances dont on a pu mesurer toutes les néfastes conséquences fin juillet et début août 1914), guerre stupide, ridicule et sans objet (ce qui, là encore, est loin d'être le cas)... Je pense qu'il faut savoir raison garder et ne pas vouloir à tout prix sans cesse réécrire l'histoire et vouloir faire dire ou penser des choses que les acteurs de l'époque n'ont pas eux-mêmes pensé ou conçu... L'analyse des faits historiques a bien entendu son utilité, mais encore une fois, à trop vouloir s'élever, on finit par perdre contact avec les faits et la réalité... C'est là le principal grief que je fais à cette "école de Péronne", sans pour autant lui retirer tous ses mérites, ni contester tous ses apports (mais il faut bien aussi lui reconnaître des limites, comme nous avons d'ailleurs tous)...
Concernant les fusillés pour l'exemple, et au risque de ne pas me faire encore une fois que des amis et de susciter encore de très vives, voire violentes, réactions, ce n'est pas tant qu'on en parle (et on en parle depuis un peu plus longtemps que cette année, il faut remonter à quelques années en arrière, lorsque le général Bach a publié sa première étude sur les fusillés de la Grande Guerre en 1914-1915, puis sa suite dans un second ouvrage) qui me gêne, c'est ce militantiste absurde que certains en font, en prétendant vouloir sans cesse rejuger la chose déjà jugée, voulant faire le procès des juges militaires qui ont rendu leur sentence et qui plaide la réhabilitation collective, sans égard pour les motifs qui ont déterminé ces exécutions qui furent très loin de n'être que pour l'exemple (c'est d'ailleurs un terme qui ne se trouve, à ma connaissance, ni dans le code de justice militaire de 1857, ni dans aucune des minutes des conseils de guerre et il est intéressant de voir comment il est usité aujourd'hui à tous les modes et si j'ose dire à toutes les sauces). Cette approche militante, qui conduit à des cérémonies où la contestation s'est librement installée, comme à celle de Beuvraignes en octobre dernier, où la Libre Pensée est venue déployer une banderole en pleine cérémonie, devant les autorités civiles et militaires rassemblées devant la stèle inaugurée à la mémoire du sous-lieutenant Chapelant, ou à des questions aussi absurdes que celle qui a été posée, ce samedi à l'Historial de Péronne, lors de la conférence donnée sur la correspondance et l'expérience de guerre de Pierre Léris, magistrat et soldat de la Grande Guerre, à savoir "la position des juges de l'époque sur les "assassinats" commandités par les magistrats qui avaient siégé dans les cours martiales" qui a pour le moins interloqué la conférencière, le procureur de la République de Péronne, le bâtonnier, les différents membres de l'administration judiciaire et les membres de la famille ayant cédé le fond Laris à l'Historial, tant cette question semblait hors de propos et en l'espèce vide de sens (d'autant plus que la conférencière, Mme Annie Deperchin, professeur à l'université Lille-2, venait d'expliquer dans son intervention qu'il n'y avait pratiquement pas eu de juges civils dans les conseils de guerre et à plus forte raison dans les cours martiales, la plupart ayant été envoyés au front comme simples combattants)...
Je suis profondément attaché à l'Histoire, c'est-à-dire aux travaux de fond qui amènent à mieux comprendre le contexte de l'époque, en analysant les fondements de ce conflit, les mentalités des gens qui l'ont vécu ou subi, l'enchaînement des faits politiques et militaires ou les mécanismes de fonctionnement de certaines institutions militaires ou civiles de l'époque. Je suis pour le travail de terrain qui complète souvent les archives et leurs non-dits et permettent de mieux comprendre la réalité, notamment du monde combattant (la topographie parlant souvent, même quand les traces (en surface) des combats ont été effacées depuis longtemps). Mais je trouve exaspérant cette utilisation polémique et cette contestation systématique de certains qui sont à des années lumière de la démarche historique, jugeant les choses du passé à l'aune de leur propre conception post-soixantuitarde, anti-militariste, anti-conformiste, et à peu près "anti-tout" en somme, qui se sont trouvés un "cheval de bataille", croyant reprendre le flambeau d'autres acteurs qui ont déjà oeuvré en leur temps (pendant la guerre ou entre les deux guerres), pour réparer certaines injustices manifestes et indiscutables, commises par des conseils de guerre qui ont rendu des jugements dont le moindre qu'on puisse dire est qu'ils ont été expéditifs. Les travaux de Guy Pédroncini et du général Bach ont fait, me semble-t-il le point sur ces questions (j'aurais pu également citer Denis Rolland qui a travaillé et travaille encore sur ces questions). Mais je ne supporte pas la globalisation que font certains, ni les interprétations qu'ils entendent imposer à l'opinion et aux décideurs politiques comme des vérités absolues et indiscutables. Au reste, on ne fait pas avancer la connaissance de l'Histoire à grands coups de militantisme, de polémiques et/ou de coups médiatiques. La seule chose qui soit intéressante dans le comportement de ces personnes, c'est effectivement de voir l'approche que certains font aujourd'hui de cette question et je leur reconnais à minima de la porter à la connaissance du plus grand nombre en l'exposant sur la place publique (il est juste dommage que ne soient présentés que les faits qui intéressent ces militants et pas le contexte global, qui aide bien souvent à mieux comprendre, même si, à posteriori il n'excuse pas, les décisions qui ont alors été prises. C'est d'ailleurs sur ce point que se fait la rupture entre les tenants de la réhabilitation collective et sans distinction du motif et les historiens chargés d'étudier les situations des condamnés au cas par cas. L'historien lui a une démarche neutre et impartiale, et surtout il s'abstient de juger, qui plus est en regard de ses propres opinions et des courants de pensée actuels !). Quand bien même, en admettant qu'un jour ces militants obtiennent que tous les fusillés de la Grande Guerre soient réhabilités, y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs, les hommes qui effectivement n'avaient commis qu'un "délit mineur", mais dont les lourds antécédents de délinquants habituels plaidaient en leur défaveur, à quelle cause ces gens-là s'attaqueront-ils alors pour occuper leur temps ? A la réhabilitation des victimes de la "Semaine Sanglante" en 1871 ? A la réhabilitation des victimes du régime de la Terreur sous la Convention ? Aux victimes des tribunaux de l'Inquisition, de la "question" et des bûchers ? Aux victimes de la conquête romaine ? Ou plus près de nous aux victimes du FLN tombés sous les balles des méchants soldats colonisateurs français en voulant libérer l'Algérie ? Bien entendu, je grossis ici le trait jusqu'à la caricature et au grotesque. Mais je veux juste expliquer que l'Histoire ne peut pas faire bon ménage avec la polémique, ni avec la récupération. On ne peut pas réécrire l'Histoire, on ne peut pas prétendre à une juste lecture des choses du passé, en voulant constamment y plaquer les valeurs du monde contemporain et ses propres sensibilités, opinions et idéologies personnelles. Voilà tout ce qui me dérange dans cette approche de la question des fusillés, question éminemment douloureuse, sensible et épineuse, qui reste néanmoins un sujet d'étude, comme un autre, à replacer dans son contexte de l'époque et à étudier, en dehors de toutes passions et de toutes considérations personnelles, mais pas au détriment d'autres sujets non moins intéressants...
C'est une excellente nouvelle pour l'ouverture des archives de la commission d'enquête dirigée par le général Brugère, si je ne me trompe, concernant l'attaque du général Nivelle contre le Chemin des Dames... A ce propos, comme je l'ai déjà indiqué dans un autre sujet, nous commémorerons en juin prochain le centième anniversaire de la bataille de Quennevières dans l'Oise... Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Mais parce que, bien que situé dans l'Oise, Quennevières, localisé à l'est de Noyon, se trouve sur le versant occidental des plateaux de l'Aisne et du Soissonnais (à l'autre extrémité du théâtre d'opérations du Chemin des Dames) et que le général qui commandait cette offensive en 1915, était le même général Nivelle, qui y a attaqué sur un théâtre d'opérations extrêmement similaire à celui de 1917 et qui y a produit à peu près les mêmes schémas d'attaque et commis les mêmes erreurs... Incompétence, disiez-vous mon chez Chanteloube ? Je n'irai peut-être pas jusque-là, mais il est certain que les gens qui ont porté Nivelle au commandement de l'Armée française à la fin décembre 1916 n'ont visiblement pas gardé en mémoire ses exploits du saillant de Quennevières (ou alors en n'en conservant que la toute première phase de la bataille), qui, s'ils s'en étaient souvenus, leur auraient certainement laissé présager ce qui allait effectivement arriver quelques mois plus tard entre le Moulin de Laffaux, la Malmaison et le plateau de Californie... Mais nul n'est devin, ni prophète en son pays... L'Histoire ne se réécrit pas, elle est, tout simplement...
J'ai été bien long comme trop souvent, mais j'espère avoir clarifié mon propos qui, j'en suis certain, ne manquera certainement pas de faire réagir...
Cordialement,
Jean-Michel
Pour mettre les choses au point, je suis moi-même un ancien étudiant de Stéphane Audouin-Rouzeau, actuel directeur du centre de recherches de l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, mon association travaille ponctuellement avec l'Historial (notamment en terme de diffusion de l'information lorsque nous organisons une manifestation dans le Noyonnais et JJ Becker a préfacé mon avant-dernier livre) et j'assiste volontiers aux conférences qui y sont données. Je peux donc dire que j'ai été formé à cette école et que j'y ai gardé certaines attaches "sentimentales" et mémorielles (liée à cette "formation initiale")...
Et à ce titre, je ne peux également que vous confirmer que l'Historial a amené beaucoup d'étudiants à s'intéresser à la Première Guerre mondiale (et continue dans cette voie actuellement). Pour autant, je me suis aussi ouvert à d'autres champs et à d'autres approches du conflit, en assistant et en écoutant d'autres conférences, d'autre colloques et d'autres débats historiques sur la Grande Guerre que ceux organisés par l'Historial et j'ai pris assez de recul pour constater que l'histoire qui y est dispensée est souvent une histoire très "cérébrale", très, et sans doute bien trop intellectuelle - ou disons "conceptuelle" - du conflit, à laquelle on peut reprocher de se déconnecter des réalités historiques. En effet, à force de vouloir déchiffrer tous les motifs socio-culturels des sociétés en guerre et de faire une sorte d'anthropologie des cultures combattantes européennes, on s'éloigne complètement du front et des préoccupations des gens qui ont vécu cette guerre, qu'ils soient civils, militaires, grands ou humbles (la dernière journée d'études qui s'est tenue le samedi 8 novembre dernier au théâtre du Chevalet à Noyon a d'ailleurs apporté un certain nombre d'exemples de ce décalage qui existe entre réalité du monde combattant et lecture qui en est faite par certains de ces historiens, s'agissant notamment de la question de l'art des tranchées et de l'artisanat, qui étaient deux des principaux thèmes de cette journée d'études)... Les questions que vous évoquez (production industrielle, report de l'impôt, système bancaire, etc) sont très loin d'être (sauf à me tromper et à avoir loupé certaines des dernières publications) des sujets de préoccupations des historiens de Péronne... S'il est des points qu'ils ont contribué à éclairer, il en est beaucoup d'autres qui me semblent plus discutables, voire contestables, en particulier j'entendais tout récemment la conférence donnée par JJ Becker, à l'occasion du centenaire de la déclaration de guerre, le 1er août dernier, qui reprenant à son compte les "théories" de Christopher Clark (auteur du livre "Les Somnanbules"), conteste aujourd'hui comme causes ou facteurs de la guerre les rivalités économiques, la course aux armements, minore les rivalités coloniales, le poids de certaines "castes" militaires bellicistes ayant poussé, notamment en Autriche-Hongrie ou en Russie à la guerre, l'engrenage fatidique même des systèmes d'alliances en juillet et début août 1914 et qui soutient l'idée d'une guerre entre les peuples européens, qui ne serait finalement arrivée que par pur accident, presque par surprise, sans qu'on sache, ni ne comprenne très bien pourquoi... Et de conclure que les peuples européens se seraient rués les uns contre les autres, sans mesurer les conséquences de leurs actes... Je trouve cette lecture et cette réécriture du conflit, et pour tout dire cette remise en question qui fait fi de toutes les archives, de tous les témoignages de l'époque, de tous les écrits même qui ont pu être produits lors du conflit ou à posteriori par les acteurs politiques et militaires, mais aussi par les historiens, travaux que nos professeurs nous ont enseignés à tous lorsque nous étions sur les bancs d'école extrêmement tendancieuse, au sens où elle tend à rendre cette guerre d'autant plus absurde et d'autant moins compréhensible aux plus jeunes générations qui n'ont déjà bien souvent qu'une idée assez vague de ce conflit, de ses enjeux et de ses conséquences... En effet, ainsi tenu, ce discours ne peut que naturellement induire pour les plus jeunes la question de savoir à quoi bon s'intéresser encore à un conflit fratricide entre peuples européens "amis" (amis peut-être aujourd'hui, mais là encore, c'était loin, très loin même d'être le cas en 1914 et même avant, d'où d'ailleurs ce système d'alliances dont on a pu mesurer toutes les néfastes conséquences fin juillet et début août 1914), guerre stupide, ridicule et sans objet (ce qui, là encore, est loin d'être le cas)... Je pense qu'il faut savoir raison garder et ne pas vouloir à tout prix sans cesse réécrire l'histoire et vouloir faire dire ou penser des choses que les acteurs de l'époque n'ont pas eux-mêmes pensé ou conçu... L'analyse des faits historiques a bien entendu son utilité, mais encore une fois, à trop vouloir s'élever, on finit par perdre contact avec les faits et la réalité... C'est là le principal grief que je fais à cette "école de Péronne", sans pour autant lui retirer tous ses mérites, ni contester tous ses apports (mais il faut bien aussi lui reconnaître des limites, comme nous avons d'ailleurs tous)...
Concernant les fusillés pour l'exemple, et au risque de ne pas me faire encore une fois que des amis et de susciter encore de très vives, voire violentes, réactions, ce n'est pas tant qu'on en parle (et on en parle depuis un peu plus longtemps que cette année, il faut remonter à quelques années en arrière, lorsque le général Bach a publié sa première étude sur les fusillés de la Grande Guerre en 1914-1915, puis sa suite dans un second ouvrage) qui me gêne, c'est ce militantiste absurde que certains en font, en prétendant vouloir sans cesse rejuger la chose déjà jugée, voulant faire le procès des juges militaires qui ont rendu leur sentence et qui plaide la réhabilitation collective, sans égard pour les motifs qui ont déterminé ces exécutions qui furent très loin de n'être que pour l'exemple (c'est d'ailleurs un terme qui ne se trouve, à ma connaissance, ni dans le code de justice militaire de 1857, ni dans aucune des minutes des conseils de guerre et il est intéressant de voir comment il est usité aujourd'hui à tous les modes et si j'ose dire à toutes les sauces). Cette approche militante, qui conduit à des cérémonies où la contestation s'est librement installée, comme à celle de Beuvraignes en octobre dernier, où la Libre Pensée est venue déployer une banderole en pleine cérémonie, devant les autorités civiles et militaires rassemblées devant la stèle inaugurée à la mémoire du sous-lieutenant Chapelant, ou à des questions aussi absurdes que celle qui a été posée, ce samedi à l'Historial de Péronne, lors de la conférence donnée sur la correspondance et l'expérience de guerre de Pierre Léris, magistrat et soldat de la Grande Guerre, à savoir "la position des juges de l'époque sur les "assassinats" commandités par les magistrats qui avaient siégé dans les cours martiales" qui a pour le moins interloqué la conférencière, le procureur de la République de Péronne, le bâtonnier, les différents membres de l'administration judiciaire et les membres de la famille ayant cédé le fond Laris à l'Historial, tant cette question semblait hors de propos et en l'espèce vide de sens (d'autant plus que la conférencière, Mme Annie Deperchin, professeur à l'université Lille-2, venait d'expliquer dans son intervention qu'il n'y avait pratiquement pas eu de juges civils dans les conseils de guerre et à plus forte raison dans les cours martiales, la plupart ayant été envoyés au front comme simples combattants)...
Je suis profondément attaché à l'Histoire, c'est-à-dire aux travaux de fond qui amènent à mieux comprendre le contexte de l'époque, en analysant les fondements de ce conflit, les mentalités des gens qui l'ont vécu ou subi, l'enchaînement des faits politiques et militaires ou les mécanismes de fonctionnement de certaines institutions militaires ou civiles de l'époque. Je suis pour le travail de terrain qui complète souvent les archives et leurs non-dits et permettent de mieux comprendre la réalité, notamment du monde combattant (la topographie parlant souvent, même quand les traces (en surface) des combats ont été effacées depuis longtemps). Mais je trouve exaspérant cette utilisation polémique et cette contestation systématique de certains qui sont à des années lumière de la démarche historique, jugeant les choses du passé à l'aune de leur propre conception post-soixantuitarde, anti-militariste, anti-conformiste, et à peu près "anti-tout" en somme, qui se sont trouvés un "cheval de bataille", croyant reprendre le flambeau d'autres acteurs qui ont déjà oeuvré en leur temps (pendant la guerre ou entre les deux guerres), pour réparer certaines injustices manifestes et indiscutables, commises par des conseils de guerre qui ont rendu des jugements dont le moindre qu'on puisse dire est qu'ils ont été expéditifs. Les travaux de Guy Pédroncini et du général Bach ont fait, me semble-t-il le point sur ces questions (j'aurais pu également citer Denis Rolland qui a travaillé et travaille encore sur ces questions). Mais je ne supporte pas la globalisation que font certains, ni les interprétations qu'ils entendent imposer à l'opinion et aux décideurs politiques comme des vérités absolues et indiscutables. Au reste, on ne fait pas avancer la connaissance de l'Histoire à grands coups de militantisme, de polémiques et/ou de coups médiatiques. La seule chose qui soit intéressante dans le comportement de ces personnes, c'est effectivement de voir l'approche que certains font aujourd'hui de cette question et je leur reconnais à minima de la porter à la connaissance du plus grand nombre en l'exposant sur la place publique (il est juste dommage que ne soient présentés que les faits qui intéressent ces militants et pas le contexte global, qui aide bien souvent à mieux comprendre, même si, à posteriori il n'excuse pas, les décisions qui ont alors été prises. C'est d'ailleurs sur ce point que se fait la rupture entre les tenants de la réhabilitation collective et sans distinction du motif et les historiens chargés d'étudier les situations des condamnés au cas par cas. L'historien lui a une démarche neutre et impartiale, et surtout il s'abstient de juger, qui plus est en regard de ses propres opinions et des courants de pensée actuels !). Quand bien même, en admettant qu'un jour ces militants obtiennent que tous les fusillés de la Grande Guerre soient réhabilités, y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs, les hommes qui effectivement n'avaient commis qu'un "délit mineur", mais dont les lourds antécédents de délinquants habituels plaidaient en leur défaveur, à quelle cause ces gens-là s'attaqueront-ils alors pour occuper leur temps ? A la réhabilitation des victimes de la "Semaine Sanglante" en 1871 ? A la réhabilitation des victimes du régime de la Terreur sous la Convention ? Aux victimes des tribunaux de l'Inquisition, de la "question" et des bûchers ? Aux victimes de la conquête romaine ? Ou plus près de nous aux victimes du FLN tombés sous les balles des méchants soldats colonisateurs français en voulant libérer l'Algérie ? Bien entendu, je grossis ici le trait jusqu'à la caricature et au grotesque. Mais je veux juste expliquer que l'Histoire ne peut pas faire bon ménage avec la polémique, ni avec la récupération. On ne peut pas réécrire l'Histoire, on ne peut pas prétendre à une juste lecture des choses du passé, en voulant constamment y plaquer les valeurs du monde contemporain et ses propres sensibilités, opinions et idéologies personnelles. Voilà tout ce qui me dérange dans cette approche de la question des fusillés, question éminemment douloureuse, sensible et épineuse, qui reste néanmoins un sujet d'étude, comme un autre, à replacer dans son contexte de l'époque et à étudier, en dehors de toutes passions et de toutes considérations personnelles, mais pas au détriment d'autres sujets non moins intéressants...
C'est une excellente nouvelle pour l'ouverture des archives de la commission d'enquête dirigée par le général Brugère, si je ne me trompe, concernant l'attaque du général Nivelle contre le Chemin des Dames... A ce propos, comme je l'ai déjà indiqué dans un autre sujet, nous commémorerons en juin prochain le centième anniversaire de la bataille de Quennevières dans l'Oise... Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Mais parce que, bien que situé dans l'Oise, Quennevières, localisé à l'est de Noyon, se trouve sur le versant occidental des plateaux de l'Aisne et du Soissonnais (à l'autre extrémité du théâtre d'opérations du Chemin des Dames) et que le général qui commandait cette offensive en 1915, était le même général Nivelle, qui y a attaqué sur un théâtre d'opérations extrêmement similaire à celui de 1917 et qui y a produit à peu près les mêmes schémas d'attaque et commis les mêmes erreurs... Incompétence, disiez-vous mon chez Chanteloube ? Je n'irai peut-être pas jusque-là, mais il est certain que les gens qui ont porté Nivelle au commandement de l'Armée française à la fin décembre 1916 n'ont visiblement pas gardé en mémoire ses exploits du saillant de Quennevières (ou alors en n'en conservant que la toute première phase de la bataille), qui, s'ils s'en étaient souvenus, leur auraient certainement laissé présager ce qui allait effectivement arriver quelques mois plus tard entre le Moulin de Laffaux, la Malmaison et le plateau de Californie... Mais nul n'est devin, ni prophète en son pays... L'Histoire ne se réécrit pas, elle est, tout simplement...
J'ai été bien long comme trop souvent, mais j'espère avoir clarifié mon propos qui, j'en suis certain, ne manquera certainement pas de faire réagir...
Cordialement,
Jean-Michel
JMN02
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Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
rebonjour,
Je suis profondément attaché à l'Histoire, c'est-à-dire aux travaux de fond qui amènent à mieux comprendre le contexte de l'époque, en analysant les fondements de ce conflit, les mentalités des gens qui l'ont vécu ou subi, l'enchaînement des faits politiques et militaires ou les mécanismes de fonctionnement de certaines institutions militaires ou civiles de l'époque. Je suis pour le travail de terrain qui complète souvent les archives et leurs non-dits et permettent de mieux comprendre la réalité, notamment du monde combattant (la topographie parlant souvent, même quand les traces (en surface) des combats ont été effacées depuis longtemps). Mais je trouve exaspérant cette utilisation polémique et cette contestation systématique de certains qui sont à des années lumière de la démarche historique, jugeant les choses du passé à l'aune de leur propre conception post-soixantuitarde, anti-militariste, anti-conformiste, et à peu près "anti-tout" en somme, qui se sont trouvés un "cheval de bataille", croyant reprendre le flambeau d'autres acteurs qui ont déjà oeuvré en leur temps (pendant la guerre ou entre les deux guerres), pour réparer certaines injustices manifestes et indiscutables, commises par des conseils de guerre qui ont rendu des jugements dont le moindre qu'on puisse dire est qu'ils ont été expéditifs.
dites-vous.......
Mais alors ne vous exaspérez pas du militantisme......de certains....... qui? au fait! j'entends qui d'important?
Voyez-vous, cette colère contre les militants, contre les associations, contre les syndicats, contre les fonctionnaires, contre les anti militaristes etc.......je la crains beaucoup... je l'ai entendu dans des bouches bien peu fréquentables, il y a bien longtemps. Je dois être un peu "moins jeune" que vous... l'histoire nous a montrés, heureusement, où peut mener ce discours prononcé sans précautions...(ce n'est pas votre cas!)
Sur ce forum même, je l'ai déjà lu, de nombreuses fois et pour le mëme sujet et on m'y a accusé d'être un militant de quelque cause fumeuse!!! parce que…. etc.....je prouvais, documents en main, que Foch avait demandé des exécutions ou remettais en cause les affirmations honteuses dont ont été victimes les soldats du midi. Vous voyez bien qu'il faut approfondir, ne pas se contenter des idées reçues...à la mode ou bien pensantes. Duroselle a dit des choses fausses et Becker tout autant ( je fais le raccourci car ils ont parfois parentés idéologiques) Tout le monde le sait qu'ils ont dit des choses fausses! Ils ne pouvaient pas savoir….
Je pense qu'il faut savoir raison garder et ne pas vouloir à tout prix sans cesse réécrire l'histoire et vouloir faire dire ou penser des choses que les acteurs de l'époque n'ont pas eux-mêmes pensé ou conçu... L'analyse des faits historiques a bien entendu son utilité, mais encore une fois, à trop vouloir s'élever, on finit par perdre contact avec les faits et la réalité... C'est là le principal grief que je fais à cette "école de Péronne", sans pour autant lui retirer tous ses mérites, ni contester tous ses apports (mais il faut bien aussi lui reconnaître des limites, comme nous avons d'ailleurs tous)...
mais l'histoire quel qu'en soit l'objet est sans arrêt en re-écriture c'est là son unique objet, affiner les choses.... mettre de l'ordre dans le chaos.....qui peut confisquer la vérité et dire qu'elle là! point...... terminé.
Quand bien même, en admettant qu'un jour ces militants obtiennent que tous les fusillés de la Grande Guerre soient réhabilités, y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs, les hommes qui effectivement n'avaient commis qu'un "délit mineur", mais dont les lourds antécédents de délinquants habituels plaidaient en leur défaveur, à quelle cause ces gens-là s'attaqueront-ils alors pour occuper leur temps
Vous voyez, sauf votre respect, c’est vous…vous ne faites pas dans la dentelle, c'est vous qui polémiquez... Soyons francs et répondez moi :, qui, j'entends qui de sérieux ( citez-moi un nom connu ) veut réhabiliter les "y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs"
personne ne veut celà..... mis à part quelques gauchistes attardés et certaines personnes de la LDH...... personne ne veut celà
Le Général Bach est tout à fait clair sur cette question et il est écouté et entendu...la question des assassins ne se pose pas. Voyez Prisme !
Fort bien, vous aimez l'histoire je le sens, mais vous ne pouvez pas la figer lorsque ce qu'elle dit vous convient..et la mettre en cause lorsque elle vous dérange…..il y a toujours à trouver, à chercher.... sinon les "soviets" reviennent.
Regardez qui s'en prend à l'enseignement de l'histoire? Quels régimes ? Franco, Pinochet, les colonels de Grèce, Moscou, Pékin.....Jaruzelski…..
Beaucoup de passionnés, comme vous, comme moi, comme probablement presque tous nos amis du forum, lisent tout ce qui leur tombe sous la main…et ils se forgent une conviction vous ne trouvez pas que c’est bien ainsi ?
un dernier mot sur Péronne et JJ Becker: à force de vouloir se dégager de leur passé Marxiste et de vouloir être originaux certains historiens sont tombés dans la caricature inverse....
Bien cordialement
CC
Je suis profondément attaché à l'Histoire, c'est-à-dire aux travaux de fond qui amènent à mieux comprendre le contexte de l'époque, en analysant les fondements de ce conflit, les mentalités des gens qui l'ont vécu ou subi, l'enchaînement des faits politiques et militaires ou les mécanismes de fonctionnement de certaines institutions militaires ou civiles de l'époque. Je suis pour le travail de terrain qui complète souvent les archives et leurs non-dits et permettent de mieux comprendre la réalité, notamment du monde combattant (la topographie parlant souvent, même quand les traces (en surface) des combats ont été effacées depuis longtemps). Mais je trouve exaspérant cette utilisation polémique et cette contestation systématique de certains qui sont à des années lumière de la démarche historique, jugeant les choses du passé à l'aune de leur propre conception post-soixantuitarde, anti-militariste, anti-conformiste, et à peu près "anti-tout" en somme, qui se sont trouvés un "cheval de bataille", croyant reprendre le flambeau d'autres acteurs qui ont déjà oeuvré en leur temps (pendant la guerre ou entre les deux guerres), pour réparer certaines injustices manifestes et indiscutables, commises par des conseils de guerre qui ont rendu des jugements dont le moindre qu'on puisse dire est qu'ils ont été expéditifs.
dites-vous.......
Mais alors ne vous exaspérez pas du militantisme......de certains....... qui? au fait! j'entends qui d'important?
Voyez-vous, cette colère contre les militants, contre les associations, contre les syndicats, contre les fonctionnaires, contre les anti militaristes etc.......je la crains beaucoup... je l'ai entendu dans des bouches bien peu fréquentables, il y a bien longtemps. Je dois être un peu "moins jeune" que vous... l'histoire nous a montrés, heureusement, où peut mener ce discours prononcé sans précautions...(ce n'est pas votre cas!)
Sur ce forum même, je l'ai déjà lu, de nombreuses fois et pour le mëme sujet et on m'y a accusé d'être un militant de quelque cause fumeuse!!! parce que…. etc.....je prouvais, documents en main, que Foch avait demandé des exécutions ou remettais en cause les affirmations honteuses dont ont été victimes les soldats du midi. Vous voyez bien qu'il faut approfondir, ne pas se contenter des idées reçues...à la mode ou bien pensantes. Duroselle a dit des choses fausses et Becker tout autant ( je fais le raccourci car ils ont parfois parentés idéologiques) Tout le monde le sait qu'ils ont dit des choses fausses! Ils ne pouvaient pas savoir….
Je pense qu'il faut savoir raison garder et ne pas vouloir à tout prix sans cesse réécrire l'histoire et vouloir faire dire ou penser des choses que les acteurs de l'époque n'ont pas eux-mêmes pensé ou conçu... L'analyse des faits historiques a bien entendu son utilité, mais encore une fois, à trop vouloir s'élever, on finit par perdre contact avec les faits et la réalité... C'est là le principal grief que je fais à cette "école de Péronne", sans pour autant lui retirer tous ses mérites, ni contester tous ses apports (mais il faut bien aussi lui reconnaître des limites, comme nous avons d'ailleurs tous)...
mais l'histoire quel qu'en soit l'objet est sans arrêt en re-écriture c'est là son unique objet, affiner les choses.... mettre de l'ordre dans le chaos.....qui peut confisquer la vérité et dire qu'elle là! point...... terminé.
Quand bien même, en admettant qu'un jour ces militants obtiennent que tous les fusillés de la Grande Guerre soient réhabilités, y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs, les hommes qui effectivement n'avaient commis qu'un "délit mineur", mais dont les lourds antécédents de délinquants habituels plaidaient en leur défaveur, à quelle cause ces gens-là s'attaqueront-ils alors pour occuper leur temps
Vous voyez, sauf votre respect, c’est vous…vous ne faites pas dans la dentelle, c'est vous qui polémiquez... Soyons francs et répondez moi :, qui, j'entends qui de sérieux ( citez-moi un nom connu ) veut réhabiliter les "y compris les assassins, les pilleurs, les violeurs, les détrousseurs de cadavres, des déserteurs"
personne ne veut celà..... mis à part quelques gauchistes attardés et certaines personnes de la LDH...... personne ne veut celà
Le Général Bach est tout à fait clair sur cette question et il est écouté et entendu...la question des assassins ne se pose pas. Voyez Prisme !
Fort bien, vous aimez l'histoire je le sens, mais vous ne pouvez pas la figer lorsque ce qu'elle dit vous convient..et la mettre en cause lorsque elle vous dérange…..il y a toujours à trouver, à chercher.... sinon les "soviets" reviennent.
Regardez qui s'en prend à l'enseignement de l'histoire? Quels régimes ? Franco, Pinochet, les colonels de Grèce, Moscou, Pékin.....Jaruzelski…..
Beaucoup de passionnés, comme vous, comme moi, comme probablement presque tous nos amis du forum, lisent tout ce qui leur tombe sous la main…et ils se forgent une conviction vous ne trouvez pas que c’est bien ainsi ?
un dernier mot sur Péronne et JJ Becker: à force de vouloir se dégager de leur passé Marxiste et de vouloir être originaux certains historiens sont tombés dans la caricature inverse....
Bien cordialement
CC
Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonjour
Pour en revenir au sujet initial du post:
Que ceux qui pensaient que nos "grands décideurs" étaient animés par un élan sincére de commémoration lévent la main!!!
La ou nous voyons respect et connaissance de l'histoire, transmsision et sauvegarde de la mémoire,certains ne voient que le "feu des projecteurs",enjeux electoraux,cote de popularité,politique nationale ou internationale
Pour ce qui est de faire perdurer les commémorations au dela de 2014,il ne faut pas s'attendre à un soutien jusqu"en 2018,d'autant que beaucoup au regard de l'actualité sont déja en 2017,plus précisément en mai 2017 si vous voyez ce que je veux dire....
Les bonnes volontés et autres associations qui assumeront et animeront les commémorations à venir ne doivent pas s'inquiéter,elles trouveront toujours un élu ou un notable local pour les photos et pour couper les rubans
A titre personnel,j'aimerais bien voir "débarquer les Ricains" en 2017 et 2018 pour leur dire merci simplement,mais surtout pas à la manière du 06 juin 2014 qui a fait la part trop belle aux "grands decideurs".
Bien cordialement
Pour en revenir au sujet initial du post:
Ce n'est pas un scoop.Eh bien, voilà qui en dit long sur ce que représente la Grande Guerre pour nos grands décideurs d'aujourd'hui et ce qui nous attend pour le reste de ce centenaire...
Que ceux qui pensaient que nos "grands décideurs" étaient animés par un élan sincére de commémoration lévent la main!!!
La ou nous voyons respect et connaissance de l'histoire, transmsision et sauvegarde de la mémoire,certains ne voient que le "feu des projecteurs",enjeux electoraux,cote de popularité,politique nationale ou internationale
Pour ce qui est de faire perdurer les commémorations au dela de 2014,il ne faut pas s'attendre à un soutien jusqu"en 2018,d'autant que beaucoup au regard de l'actualité sont déja en 2017,plus précisément en mai 2017 si vous voyez ce que je veux dire....
Les bonnes volontés et autres associations qui assumeront et animeront les commémorations à venir ne doivent pas s'inquiéter,elles trouveront toujours un élu ou un notable local pour les photos et pour couper les rubans
A titre personnel,j'aimerais bien voir "débarquer les Ricains" en 2017 et 2018 pour leur dire merci simplement,mais surtout pas à la manière du 06 juin 2014 qui a fait la part trop belle aux "grands decideurs".
Bien cordialement
Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonsoir,
J'ai lu avec intérêt les arguments principaux de Claude Chanteloube et de Jean-Michel JMN02 mais j'ai sursauté à l'affirmation péremptoire de CC "Quant à "l'histoire bataille"...il y a bien longtemps que tout ou presque est connu sauf les pertes...".
Je sais bien que la plupart des historiens contemporains et autres acteurs des "sciences auxiliaires de l'histoire" considèrent ces "détails" de l'histoire de la Grande Guerre comme négligeables au prétexte que "tout ou presque est connu". Force est de constater qu'il faut pourtant se remettre à l'ouvrage, sinon, on tombe dans le contresens.
Tout d'abord, il conviendrait au moins de comparer ce qui a été écrit sur ces points des deux côtés du front, ce qui permettrait de remettre en cause bien des jugements préconçus, au prétexte que "tout est connu".
Ce problème n'est pas nouveau, du moins en France, il touche des pans entiers de "l'histoire bataille", même pour des périodes ayant fait l'objet de la rédaction de milliers d'ouvrages (les guerres de la Révolution et de l'Empire). Un grand Directeur du Service Historique de l'Armée de Terre, le général Delmas, avait coutume de dire qu'il n'existait aucun livre sérieux sur l'emploi de l'artillerie lors des guerres napoléoniennes en dehors de quelques généralités, sans cesse répétées, mais ne s'appuyant sur aucun ouvrage de référence. Il s'agit pourtant de la clé des explications techniques des succès (ou des échecs) militaires de l'Empereur!
Il serait intéressant de dresser la liste des points de "l'histoire bataille" de la Grande Guerre qui demeurent des plus obscurs. Au choix, quelques pistes non-exhaustives concernant l'Armée française:
-les explications techniques des échecs des offensives de 1915 et des offensives d'avril 1917.
-les causes des échecs des opérations militaires de l'Armée d'Orient en 1916 et 1917.
-les échecs relatifs des offensives militaires franco-américaines à but pourtant décisif en Champagne et en Argonne en septembre-octobre 1918.
J'entends par explications techniques d'autres arguments que la stupidité ou l'incapacité des généraux...
Cordialement,
Guy François.
J'ai lu avec intérêt les arguments principaux de Claude Chanteloube et de Jean-Michel JMN02 mais j'ai sursauté à l'affirmation péremptoire de CC "Quant à "l'histoire bataille"...il y a bien longtemps que tout ou presque est connu sauf les pertes...".
Je sais bien que la plupart des historiens contemporains et autres acteurs des "sciences auxiliaires de l'histoire" considèrent ces "détails" de l'histoire de la Grande Guerre comme négligeables au prétexte que "tout ou presque est connu". Force est de constater qu'il faut pourtant se remettre à l'ouvrage, sinon, on tombe dans le contresens.
Tout d'abord, il conviendrait au moins de comparer ce qui a été écrit sur ces points des deux côtés du front, ce qui permettrait de remettre en cause bien des jugements préconçus, au prétexte que "tout est connu".
Ce problème n'est pas nouveau, du moins en France, il touche des pans entiers de "l'histoire bataille", même pour des périodes ayant fait l'objet de la rédaction de milliers d'ouvrages (les guerres de la Révolution et de l'Empire). Un grand Directeur du Service Historique de l'Armée de Terre, le général Delmas, avait coutume de dire qu'il n'existait aucun livre sérieux sur l'emploi de l'artillerie lors des guerres napoléoniennes en dehors de quelques généralités, sans cesse répétées, mais ne s'appuyant sur aucun ouvrage de référence. Il s'agit pourtant de la clé des explications techniques des succès (ou des échecs) militaires de l'Empereur!
Il serait intéressant de dresser la liste des points de "l'histoire bataille" de la Grande Guerre qui demeurent des plus obscurs. Au choix, quelques pistes non-exhaustives concernant l'Armée française:
-les explications techniques des échecs des offensives de 1915 et des offensives d'avril 1917.
-les causes des échecs des opérations militaires de l'Armée d'Orient en 1916 et 1917.
-les échecs relatifs des offensives militaires franco-américaines à but pourtant décisif en Champagne et en Argonne en septembre-octobre 1918.
J'entends par explications techniques d'autres arguments que la stupidité ou l'incapacité des généraux...
Cordialement,
Guy François.
Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonsoir Chanteloube,
Voilà une réaction constructive. Vous avez raison : il est facile de se laisser emporter par la passion et d'avoir des propos qui ne font pas dans la dentelle, mais au moins ceux-ci ont le mérite de vouloir dire ce qu'ils veulent dire (et de toutes façons, il n'engage que leur auteur : je ne cherche pas à faire de prosélytisme)...
Je ne cherche pas davantage la polémique, même si je me doute que mes écrits peuvent la susciter.
Je vois en tout cas que vous avez bien compris mes propos (sans les déformer !) et que vous avez tout aussi bien ciblé les gens que je n'ai effectivement pas cités et qui ont aujourd'hui la prétention de nous dire ce que nous devons faire de ce dossier des fusillés de la Grande Guerre (je ne parlerai encore une fois pas de "fusillés pour l'exemple" pour les raisons ci-dessus invoquées, qui est bien un débat franco-français : que je sache, il y a eu également des soldats fusillés dans l'Armée anglaise, dans l'Armée allemande et dans pratiquement toutes les armées belligérantes engagées dans ce conflit et l'on n'entend pas que de tels débats, encore aussi enflammés, existent dans ces pays - mais qu'on me détrompe si je fais fausse route).
Il n'est nullement question de privatiser l'Histoire, qu'il s'agisse de celle de la Grande Guerre ou d'une quelconque autre période, ni encore moins de la figer et d'ériger des "vérités toutes faites" comme des dogmes qu'il conviendrait de ne jamais toucher. Mais il est aussi des faits qui sont avérés et rendus inconstestables par le simple jeu de recoupement des informations et des différentes sources archivistiques, épistolaires ou matérielles laissées par les acteurs et témoins eux-mêmes (même si je conviens que les sources officielles et les écrits personnels doivent toujours être lus avec un regard critique, car ils peuvent déformer parfois les faits, ou les taire ou les arranger à la faveur de celui qui les relate). La question que je pose n'est autre que celle-ci : lorsque les faits ont été établis sur la base de sources diverses, contradictoires et concordantes, alors pourquoi vouloir à tout prix leur faire dire ce qu'ils ne veulent pas dire ?
Cela étant dit, et pour nuancer mon propos, on n'est en revanche JAMAIS à l'abri de découvrir de nouveaux documents qui avaient jusqu'ici échappé au champ de la recherche ou qui avaient jusque-là été sous-estimés et sous-exploités. C'est sûrement un des effets les plus bénéfiques de la recherche historique en général et de cette "grande collecte", en particulier, qui a été organisée l'an dernier et à nouveau la semaine dernière : celui de sortir des sources, des documents et des témoignages qui jusqu'ici dormaient au fond d'armoires, de tiroirs ou de malles et dont les chercheurs et historiens vont désormais pouvoir "s'emparer" afin de dégager des éclairages nouveaux sur de nombreux aspects (militaires, relations civils-combattants, combats, vie à l'arrière, etc...), et avec quels bénéfices (je pense à l'extraordinaire exposition qui s'est achevée le week-end dernier à la galerie Saint-Jacques de SAINT-QUENTIN, dans l'Aisne, où documents officiels, photographies souvent inédites, sorties des AD de l'Aisne, des archives municipales ou des fonds privés, carnets retrouvés et sources historiques diverses - militaires et civiles -, dont une partie provenant de la première "grande collecte" a permis de restituer avec force détails et sous tous ses aspects l'histoire de cette ville occupée pendant quatre années, qui a été le siège de l'état-major de la II. Armee allemande et qui a vu défiler pratiquement toutes les têtes couronnées du Reich allemand, à commencer par Guillaume II lui-même et qui s'est retrouvée au coeur des combats de l'année 1917 et 1918, celle-ci étant littéralement coupée en deux par les organisations de la ligne Siegfried - "Hindenburg" du côté français).
L'un des grands principes de l'historiographie, c'est effectivement que "ce que je vous raconte est vrai jusqu'à ce que des éléments d'informations nouveaux soient découverts, qui confirmeront ou, au contraire, infirmeront ce que je vous ai dit" (Enseignement premier que nos professeurs d'histoire ancienne en particulier nous apprenaient dès notre première ou deuxième année de faculté d'histoire il y a une quinzaine d'années maintenant). Ceci étant dit, c'est plutôt rassurant car cela nous garantit encore du travail pour des années et même pour les générations futures (du moins pour celles et ceux qui se donneront encore la peine de fouiller ces archives et de continuer de faire vivre ce pan de notre passé)... On peut donc espérer que notre connaissance de la Grande Guerre ne s'en trouve que plus approfondie, pourvu que les idéologies (de quel que bord qu'elles soient) ne viennent s'en mêler pour polluer inutilement la recherche et le débat historiques...
Et pour répondre à "Troyon", non, en réalité, je crois qu'aucun membre de ce forum ne se faisait vraiment d'illusion sur la sincérité de nos dirigeants concernant cette question des commémorations de la Grande Guerre, qui est bien loin des préoccupations politiques, économiques, sociales, etc, actuelles... Effectivement, le service minimum est assuré, mais il ne fallait pas compter sur des grandes cérémonies fastueuses à chaque date-clé de chaque année de ce centenaire, qui fussent à la hauteur du sacrifice consenti par toute une génération tout au long de ces quatre années d'affrontements...
Le travail de fond, c'est bien à nous autres, membres d'associations, ou même simples particuliers, de le fournir. D'ailleurs, bien souvent à qui s'adressent les collectivités et les communes pour fournir des expositions, sachant que toutes sont loin de détenir les documents d'archives et les collections d'uniformes et de matériels nécessaires à la mise en oeuvre de ces dernières ? Et combien d'appels aux prêts dans la presse locale et régionale, lorsque des municipalités totalement démunies en terme de sources et non "dotées" d'associations historiques locales, souhaitent marquer le "coup du centenaire de la Grande Guerre" ?...
On le sait, maintenant, il ne nous reste plus qu'à faire comme d'habitude et à ne compter que sur nous-mêmes (et sur ceux qui voudront bien se donner un peu de peine) pour continuer de faire vivre la mémoire de nos soldats de la Grande Guerre et des autres témoins, civils notamment, également...
"ALVF" a très bien résumé le fond de ma pensée concernant l'histoire-bataille, qui est aujourd'hui le parent pauvre de l'historiographie de la Première Guerre mondiale. Effectivement, une histoire qu'on n'actualise pas (je n'écris volontairement pas qu'on "ne réécrit pas") est une histoire qui se perd... Voyez la multiplication des documentaires consacrés au début de la guerre, où l'on voit joyeusement s'enchaîner les uniformes bleu horizon et les "stahlhelm" dans des images d'archives utilisées sans souci de respect de la chronologie. C'est désormais monnaie courante, pour ne citer qu'un exemple qui nous parle à tous, initiés ou simples curieux... La banalisation du contresens historique est une porte ouverte à toutes les réécritures et à toutes les interprétations, même les plus délirantes, des faits historiques...
Cordialement,
Jean-Michel
Voilà une réaction constructive. Vous avez raison : il est facile de se laisser emporter par la passion et d'avoir des propos qui ne font pas dans la dentelle, mais au moins ceux-ci ont le mérite de vouloir dire ce qu'ils veulent dire (et de toutes façons, il n'engage que leur auteur : je ne cherche pas à faire de prosélytisme)...
Je ne cherche pas davantage la polémique, même si je me doute que mes écrits peuvent la susciter.
Je vois en tout cas que vous avez bien compris mes propos (sans les déformer !) et que vous avez tout aussi bien ciblé les gens que je n'ai effectivement pas cités et qui ont aujourd'hui la prétention de nous dire ce que nous devons faire de ce dossier des fusillés de la Grande Guerre (je ne parlerai encore une fois pas de "fusillés pour l'exemple" pour les raisons ci-dessus invoquées, qui est bien un débat franco-français : que je sache, il y a eu également des soldats fusillés dans l'Armée anglaise, dans l'Armée allemande et dans pratiquement toutes les armées belligérantes engagées dans ce conflit et l'on n'entend pas que de tels débats, encore aussi enflammés, existent dans ces pays - mais qu'on me détrompe si je fais fausse route).
Il n'est nullement question de privatiser l'Histoire, qu'il s'agisse de celle de la Grande Guerre ou d'une quelconque autre période, ni encore moins de la figer et d'ériger des "vérités toutes faites" comme des dogmes qu'il conviendrait de ne jamais toucher. Mais il est aussi des faits qui sont avérés et rendus inconstestables par le simple jeu de recoupement des informations et des différentes sources archivistiques, épistolaires ou matérielles laissées par les acteurs et témoins eux-mêmes (même si je conviens que les sources officielles et les écrits personnels doivent toujours être lus avec un regard critique, car ils peuvent déformer parfois les faits, ou les taire ou les arranger à la faveur de celui qui les relate). La question que je pose n'est autre que celle-ci : lorsque les faits ont été établis sur la base de sources diverses, contradictoires et concordantes, alors pourquoi vouloir à tout prix leur faire dire ce qu'ils ne veulent pas dire ?
Cela étant dit, et pour nuancer mon propos, on n'est en revanche JAMAIS à l'abri de découvrir de nouveaux documents qui avaient jusqu'ici échappé au champ de la recherche ou qui avaient jusque-là été sous-estimés et sous-exploités. C'est sûrement un des effets les plus bénéfiques de la recherche historique en général et de cette "grande collecte", en particulier, qui a été organisée l'an dernier et à nouveau la semaine dernière : celui de sortir des sources, des documents et des témoignages qui jusqu'ici dormaient au fond d'armoires, de tiroirs ou de malles et dont les chercheurs et historiens vont désormais pouvoir "s'emparer" afin de dégager des éclairages nouveaux sur de nombreux aspects (militaires, relations civils-combattants, combats, vie à l'arrière, etc...), et avec quels bénéfices (je pense à l'extraordinaire exposition qui s'est achevée le week-end dernier à la galerie Saint-Jacques de SAINT-QUENTIN, dans l'Aisne, où documents officiels, photographies souvent inédites, sorties des AD de l'Aisne, des archives municipales ou des fonds privés, carnets retrouvés et sources historiques diverses - militaires et civiles -, dont une partie provenant de la première "grande collecte" a permis de restituer avec force détails et sous tous ses aspects l'histoire de cette ville occupée pendant quatre années, qui a été le siège de l'état-major de la II. Armee allemande et qui a vu défiler pratiquement toutes les têtes couronnées du Reich allemand, à commencer par Guillaume II lui-même et qui s'est retrouvée au coeur des combats de l'année 1917 et 1918, celle-ci étant littéralement coupée en deux par les organisations de la ligne Siegfried - "Hindenburg" du côté français).
L'un des grands principes de l'historiographie, c'est effectivement que "ce que je vous raconte est vrai jusqu'à ce que des éléments d'informations nouveaux soient découverts, qui confirmeront ou, au contraire, infirmeront ce que je vous ai dit" (Enseignement premier que nos professeurs d'histoire ancienne en particulier nous apprenaient dès notre première ou deuxième année de faculté d'histoire il y a une quinzaine d'années maintenant). Ceci étant dit, c'est plutôt rassurant car cela nous garantit encore du travail pour des années et même pour les générations futures (du moins pour celles et ceux qui se donneront encore la peine de fouiller ces archives et de continuer de faire vivre ce pan de notre passé)... On peut donc espérer que notre connaissance de la Grande Guerre ne s'en trouve que plus approfondie, pourvu que les idéologies (de quel que bord qu'elles soient) ne viennent s'en mêler pour polluer inutilement la recherche et le débat historiques...
Et pour répondre à "Troyon", non, en réalité, je crois qu'aucun membre de ce forum ne se faisait vraiment d'illusion sur la sincérité de nos dirigeants concernant cette question des commémorations de la Grande Guerre, qui est bien loin des préoccupations politiques, économiques, sociales, etc, actuelles... Effectivement, le service minimum est assuré, mais il ne fallait pas compter sur des grandes cérémonies fastueuses à chaque date-clé de chaque année de ce centenaire, qui fussent à la hauteur du sacrifice consenti par toute une génération tout au long de ces quatre années d'affrontements...
Le travail de fond, c'est bien à nous autres, membres d'associations, ou même simples particuliers, de le fournir. D'ailleurs, bien souvent à qui s'adressent les collectivités et les communes pour fournir des expositions, sachant que toutes sont loin de détenir les documents d'archives et les collections d'uniformes et de matériels nécessaires à la mise en oeuvre de ces dernières ? Et combien d'appels aux prêts dans la presse locale et régionale, lorsque des municipalités totalement démunies en terme de sources et non "dotées" d'associations historiques locales, souhaitent marquer le "coup du centenaire de la Grande Guerre" ?...
On le sait, maintenant, il ne nous reste plus qu'à faire comme d'habitude et à ne compter que sur nous-mêmes (et sur ceux qui voudront bien se donner un peu de peine) pour continuer de faire vivre la mémoire de nos soldats de la Grande Guerre et des autres témoins, civils notamment, également...
"ALVF" a très bien résumé le fond de ma pensée concernant l'histoire-bataille, qui est aujourd'hui le parent pauvre de l'historiographie de la Première Guerre mondiale. Effectivement, une histoire qu'on n'actualise pas (je n'écris volontairement pas qu'on "ne réécrit pas") est une histoire qui se perd... Voyez la multiplication des documentaires consacrés au début de la guerre, où l'on voit joyeusement s'enchaîner les uniformes bleu horizon et les "stahlhelm" dans des images d'archives utilisées sans souci de respect de la chronologie. C'est désormais monnaie courante, pour ne citer qu'un exemple qui nous parle à tous, initiés ou simples curieux... La banalisation du contresens historique est une porte ouverte à toutes les réécritures et à toutes les interprétations, même les plus délirantes, des faits historiques...
Cordialement,
Jean-Michel
JMN02
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Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonsoir Guy François,
Vous avez sursauté et je vous comprends.... mais c'est parce que vous avez interprété mon propos de façon réductrice.
Il serait intéressant de dresser la liste des points de "l'histoire bataille" de la Grande Guerre qui demeurent des plus obscurs. Au choix, quelques pistes non-exhaustives concernant l'Armée française:
-les explications techniques des échecs des offensives de 1915 et des offensives d'avril 1917.
-les causes des échecs des opérations militaires de l'Armée d'Orient en 1916 et 1917.
-les échecs relatifs des offensives militaires franco-américaines à but pourtant décisif en Champagne et en Argonne en septembre-octobre 1918.
J'entends par explications techniques d'autres arguments que la stupidité ou l'incapacité des généraux...
là nous ne sommes plus dans "l'histoire bataille" nous sommes dans ce que je crois être l'histoire militaire vraie, pas le "pan pan" du café du commerce ou des manuels pour élèves de 6° et si nous examinons au fond certaines explications techniques nous allons trouver des implications humaines qui ont des causes ou sont le résultat de choix qui ne tiennent pas au hasard, pas à la fatalité.
Je prends l'exemple du rapport Pétain sur les opérations en Champagne, il pointe de façon sévère des insuffisances humaines, de incohérences impardonnables, un manque de munitions, des officiers d'artillerie qui n'ont pas eu le temps de reconnaître les emplacements....etc....Dois je en conclure qu'il y a une part de "on n'est pas au point mais on y va quand même" on verra bien...un coup de poker? on n'était plus là dans un Kriegspiel...
Cette dimension humaine ( les choix) mérite notre attention. Il y faut trouver des explications autres que la "météo"......vous avez su souvent mettre en évidence des caractéristiques techniques des matériels qui expliquent tels ou tels aspects...tels ou tels échecs ou réussites, l'histoire de l'aviation de 14-18 est remplie de ces questions..."industrielles".
En fait nous sommes d'accord. Il faut travailler.........partout et tout le temps.... on avance comme ça...... sauf que si l'on a pas assez travaillé sur l'emploi d'une arme qui vous est chère ....ce n'est pas la faute à Rousseau! Les militaires ne s'y sont pas vraiment attelé.
Par ailleurs vous reconnaîtrez avec moi que certains cours de ESG des années 12 13 sont un peu surprenants. Les "Foch" par exemple.
Cordialement.
Vous avez sursauté et je vous comprends.... mais c'est parce que vous avez interprété mon propos de façon réductrice.
Il serait intéressant de dresser la liste des points de "l'histoire bataille" de la Grande Guerre qui demeurent des plus obscurs. Au choix, quelques pistes non-exhaustives concernant l'Armée française:
-les explications techniques des échecs des offensives de 1915 et des offensives d'avril 1917.
-les causes des échecs des opérations militaires de l'Armée d'Orient en 1916 et 1917.
-les échecs relatifs des offensives militaires franco-américaines à but pourtant décisif en Champagne et en Argonne en septembre-octobre 1918.
J'entends par explications techniques d'autres arguments que la stupidité ou l'incapacité des généraux...
là nous ne sommes plus dans "l'histoire bataille" nous sommes dans ce que je crois être l'histoire militaire vraie, pas le "pan pan" du café du commerce ou des manuels pour élèves de 6° et si nous examinons au fond certaines explications techniques nous allons trouver des implications humaines qui ont des causes ou sont le résultat de choix qui ne tiennent pas au hasard, pas à la fatalité.
Je prends l'exemple du rapport Pétain sur les opérations en Champagne, il pointe de façon sévère des insuffisances humaines, de incohérences impardonnables, un manque de munitions, des officiers d'artillerie qui n'ont pas eu le temps de reconnaître les emplacements....etc....Dois je en conclure qu'il y a une part de "on n'est pas au point mais on y va quand même" on verra bien...un coup de poker? on n'était plus là dans un Kriegspiel...
Cette dimension humaine ( les choix) mérite notre attention. Il y faut trouver des explications autres que la "météo"......vous avez su souvent mettre en évidence des caractéristiques techniques des matériels qui expliquent tels ou tels aspects...tels ou tels échecs ou réussites, l'histoire de l'aviation de 14-18 est remplie de ces questions..."industrielles".
En fait nous sommes d'accord. Il faut travailler.........partout et tout le temps.... on avance comme ça...... sauf que si l'on a pas assez travaillé sur l'emploi d'une arme qui vous est chère ....ce n'est pas la faute à Rousseau! Les militaires ne s'y sont pas vraiment attelé.
Par ailleurs vous reconnaîtrez avec moi que certains cours de ESG des années 12 13 sont un peu surprenants. Les "Foch" par exemple.
Cordialement.
Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonsoir Chanteloube,
Bonsoir à tous,
Pour dissiper un doute, lorsque j'emploie le terme "d'histoire-bataille", je désigne bien moi-même l'histoire militaire, attachée à la relation de batailles et de combats spécifiques, en l'emploi des techniques et des stratégies, analyse s'appuyant sur les sources militaires, sur la cartographie, sur les témoignages des acteurs... On est donc bien dans une approche de type scientifique et non dans une relation "bon marché" ou "brèves de comptoirs" où circuleraient toujours les mêmes idées reçues éculées... Il n'est nullement question de cette manière de voir, extrêmement réductrice, que vous percevez à travers l'emploi de ce terme. En ce sens, nous sommes tout à fait en adéquation, M. Guy François et moi, lorsqu'on évoque aussi certains aspects techniques qui découlent nécessairement de l'analyse de ces combats et batailles, aujourd'hui reléguées (à l'exception peut-être de Verdun) au second ou troisième plan...
Cordialement,
Jean-Michel
Bonsoir à tous,
Pour dissiper un doute, lorsque j'emploie le terme "d'histoire-bataille", je désigne bien moi-même l'histoire militaire, attachée à la relation de batailles et de combats spécifiques, en l'emploi des techniques et des stratégies, analyse s'appuyant sur les sources militaires, sur la cartographie, sur les témoignages des acteurs... On est donc bien dans une approche de type scientifique et non dans une relation "bon marché" ou "brèves de comptoirs" où circuleraient toujours les mêmes idées reçues éculées... Il n'est nullement question de cette manière de voir, extrêmement réductrice, que vous percevez à travers l'emploi de ce terme. En ce sens, nous sommes tout à fait en adéquation, M. Guy François et moi, lorsqu'on évoque aussi certains aspects techniques qui découlent nécessairement de l'analyse de ces combats et batailles, aujourd'hui reléguées (à l'exception peut-être de Verdun) au second ou troisième plan...
Cordialement,
Jean-Michel
JMN02
Re: La Mission du centenaire 14-18 prolongée mais réduite
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Jmn02,
Globalement je vous suis dans votre raisonnement mais pas toujours,
Cela pose aussi la question de la commémoration des grandes batailles de Verdun et de la Somme en 2016, du Chemin des Dames (et espérons que l'on ne réduira pas encore une fois cette offensive aux seuls fusillés avec lesquels certains ne cessent de nous rebattre les oreilles, comme si les fusillés de la Grande Guerre étaient le coeur de la Grande Guerre toute entière) en 2017 et des grandes offensives de l'année 2018 (jusqu'à l'armistice), qui sont traditionnellement les "grandes dates de l'histoire de la Grande Guerre" que médias et politiques citent et retiennent (comme si le reste ne devait pas compter) :
non!
Ce que vous évoquez ne me semble pas tout à fait juste,
la question des fusillés, dont personne ne prétend faire le coeur des commémorations, est un pan de la mémoire de 14-18, mal connu et qui mérite tout autant que les grandes batailles d'être exploré. Vous ne le formulez pas vous même, mais je l'ai entendu il n'y a pas si longtemps : cette question n'est pas un détail de notre histoire. Dire ceci reviendrait à affirmer que le « passage » de Louis XVI à la guillotine n’est qu’un détail de l’histoire de la Révolution ou que les exécutions massives de Vendéens ne comptent pas, pas plus que les exécutions massives et sans jugement des Communards par les Versaillais .
Si vous avez l'impression d'avoir les oreilles rebattues par la question ce n’est que de manière récente car on n'en parlait plus beaucoup avant 2014, sauf entre "spécialistes" .Que le sujet ait été porté sur la place publique ne peut qu'apaiser la discussion. Désormais les dossiers sont ouverts et chacun peut se faire une idée sur la question…. en son âme et conscience.
Quand à "l’histoire bataille", dont je ne dis pas qu’elle n’a pas d’intérêt, il y a bien longtemps que tout ou presque est connu sauf les pertes, encore que l’on commence à y voir plus clair…par contre, en parlant du Chemin des Dames par exemple, il me semble tout à fait important que soit éclaircies, un peu plus, les raisons militaires et politiques qui ont fait que Nivelle ait pu lancer son offensive et la faire rebondir alors que le pouvoir politique et militaire était informé de l’échec. Il y a là une vraie question qui mérite autre chose que des affirmations ( il y faut un travail de fond sur les sources et dans les archives privées). Comment une telle chose a pu arriver????
Tout au long de cette guerre le pouvoir politique a été incapable de maîtriser les débordements des militaires dont la liste des erreurs et des cafouillages est pour le moins impressionnante. Il faut comprendre quelles sont les raisons de cette démission. Millerand a tout cédé à Joffre jusqu’à son éviction… pourquoi ?
Il me semble, mais ce n’est qu’un point de vue, que la connaissance fine de notre histoire, ne peut qu’aiguiser le sens civique de nos contemporains. Je vous concède que « l’opinion sondagière » d’aujourd’hui et ses fluctuations organisées m’inquiètent un peu…..
enfin vous écrivez ceci :
« Cela pose aussi la question de la place que nos dirigeants ont l'intention de réserver à la Grande Guerre dans la mémoire collective et de la lecture qu'ils ont l'intention d'en donner à l'avenir, sachant que la lecture et l'écriture de la Grande Guerre ont déjà bien changé depuis un peu plus de vingt ans, où l'on a semble-t-il définitivement jeté "l'histoire-bataille" à la poubelle - sauf sans doute dans les revues spécialisées, 14-18 Magazine, Tranchées ou encore GBM notamment pour ne citer que ces trois titres -, depuis qu'on a inventé "l'histoire culturelle", concept des historiens de Péronne... »
Je ne partage pas, loin s’en faut, les options de l’école de Péronne mais elle a le mérite d’avoir ouvert les champs de la recherche historique à beaucoup d’étudiants qui y ont cultivé leurs outils intellectuels de recherche.
Il ne me déplait pas, à moi, de connaître en profondeur les conséquences de la guerre sur notre appareil industriel, de comprendre comment l’Etat, affronté à une crise, a su prendre à son compte la production industrielle et la répartitions des matières premières, ce que l’industrie privée paralysée par les luttes intestines ne parvenait pas à faire. Il me semble tout à fait important de comprendre à quel point le système bancaire international a été modifié, pour quelles raisons on a différé l’impôt sur les profits de guerre avant de le passer en partie à la trappe.
Bien entendu, je suis, comme vous, un lecteur des revues que vous citez mais il ne m’échappe pas qu’il faut compléter ou vérifier leurs données, en gardant quand même présent à l’esprit que ce sont des entreprises commerciales et qu’elles sont souvent redondantes et recyclent et "relookent des choses » déjà accessibles dans d’anciens travaux.
Le mérite de ces commémorations, à mon avis, est, d'abord d'avoir lancé, un énorme mouvement de recherches et de publications en dehors de la sphère militariaro-universitaire et que ces travaux resterons aussi comme un énorme réservoir de notre mémoire collective.
Essayez de reserver une table à Vincennes, vous comprendrez que la recherche est en marche. Il y a de quoi être optimiste!
Bien cordialement CC
Bonjour
Vous dites que la question des fusillés n'est pas un détail de l'histoire...je m'interroge de voir quelle place à prix le sort de moins de 700 hommes dont les raisons du passage devant le peloton était aussi diverses qu'incompréhensibles dans certains cas...alors que 8 millions d'hommes ont été mobilisés et que près de la moitié d'entre eux ont connu l'enfer du combat et des tranchées...
Vous dites que la question du fusillés ne constituent pas le centre des commémorations...pour l'instant oui...mais regarder le genre de films , de documentaires qui ont été produits depuis 20 ans et sur quoi ils ont portés....Vous enlevez les fraternisations, les fusillés, ...que reste il ???
D'autre part comparer le fait que constitue les fusillés aux massacres de Vendée ou à ce qui s'est passé au moment de la commune , me parait vraiment hasardeux...
Salutations.
Eric
« Les hommes pour la plupart n’étaient pas gais ; ils étaient résolus, ce qui vaut mieux. »
Marc Bloch
Marc Bloch