Une pièce historique

Sur les traces des combats et de combattants
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subaq
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Re: Une pièce historique

Message par subaq »

Bonjour
Un document retrouvé dans le grenier d'un ami!!

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Le général Debeney qui commandait ce secteur avait délégué pour le représenter à l'arrivée des plénipotentiaires impériaux quelques officiers, le commandant de Bourbon-Busset, des chasseurs à pied, chef du 2e bureau de la l ere armée, le commandant de Fretay, de l'état-major du 31e corps d'armée, le capitaine Pihier, du 2e bureau, aussi, de la 1 ere , armée, le capitaine Brunet, du 3e bureau, le capitaine Taboureau, très connu en littérature sous le pseudonyme de Jean des Vignes-Rouges sous lequel il a publié un livre très lu pendant la guerre, "Bourru, soldat de Vauquois", alors officier informateur et historiographe de la première armée.
Ces officiers avaient choisi pour recevoir les délégués de l'Allemagne une assez élégante villa de briques, ombragée de pins, à la sortie de La Capelle, la villa Pâques, ainsi nommée d'un de ses anciens propriétaires et qui appartenait, au moins alors, à un notaire parisien de la rue Rougemont, Me Panhard.
Il faisait, par ce soir, par cette nuit du 7 novembre, un temps abominable, sinistre. Un brouillard épais, glacial s'étendait sur la désolation des champs dévastés par la guerre. Tout à coup, sur les neuf heures, apparurent dans le lointain des phares puissants de voitures automobiles qui jetaient dans ces obscurités profondes des clartés impressionnantes. La première de ces voitures, elles étaient quatre, portait un immense drapeau blanc. Un trompette sur le marchepied jetait dans l'air les notes tristes et dures d'une sonnerie allemande. Dès que cette première voiture se trouva proche de la section qui gardait et barrait la route, l'officier qui la commandait, un jeune capitaine de vingt-cinq ans, le capitaine Lhuillier, se plaça sur le milieu de la route, étendit les bras, et la voiture se ralentit et s'arrêta, rejointe bientôt par la seconde voiture qui avait également arboré un drapeau blanc et les deux autres.
Un général mit pied à terre, s'approcha du capitaine Lhuillier, et se nomma :
- Général Winterfeldt, de la mission des plénipotentiaires allemands.
- Général, répond le capitaine Lhuillier, je n'ai pas qualité pour vous recevoir officiellement. Veuillez remonter en voiture, et me suivre.
Sur l'ordre du capitaine, le trompette allemand descend du marche-pied de la voiture. Un caporal clairon français, du nom de Sellier, l'y remplace qui se met à jouer avec une triomphale allégresse les sonneries du 17e d'infanterie, des 19e et 26e bataillons de chasseurs à pied, de tous les corps enfin de la 166e division qui occupe ce secteur.
Dans les profondeurs de l'ombre nos soldats se mettent en mouvement, accourent et suivent, pleins des espérances que vous devinez, le cortège des autos jusqu'au poste de commandement des avant-postes du côté de La Capelle, d'où l'on conduit les parlementaires à la Villa Pâques. Là il fut convenu que les automobiles du grand quartier impérial demeureraient à La Capelle et que les envoyés prendraient place dans des automobiles françaises. Tout ceci arrêté, on se mit en marche vers le petit village d'Homblières, situé à cinq kilomètres est de Saint-Quentin. C'était dans le presbytère d'Homblières, ruiné et tout calamiteux, que s'était établi le quartier général de la 1 ere armée, du général Debeney, depuis le matin seulement, par suite de la progression constante des armées. Un souper très frugal fut servi aux délégués allemands par des ordonnances bleu horizon. Au moment du café, le général Debeney, avec son chef d'état-major, le général Hucher, vint saluer les plénipotentiaires. Et à une heure du matin, on était le 8, le commandant de Bourbon-Busset venait reprendre «Son Excellence Erzberger», le général de Winterfeldt et leurs collaborateurs. Il monta avec Erzberger dans la voiture de tête pour les conduire à Tergnier où les attendait un train spécial qui devait les transporter à Rethondes.
L'Armistice du 11 novembre 1918. Conférence donnée le 11 novembre 1922 à Vitry-le-François par M. E. Jovy (extrait)
Cordialement
Jérôme Seyer
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