Bonjour les mémoire-trotter's…
Un petit complément à propos de cette colline qui m'a vraiment inspiré ! Un endroit ou je passe annuellement, de préférence hors saison touristique, quoique j'ai quelques clichés des parapentes autour du monument Barrès qui valent le coup !
Les célèbres "po tojo"
et pour terminer la célèbre vierge trônant au sommet de la basilique.
sans oublier cette phrase culte que je n'ai pas trouvé dans votre reportage (peut-être l'exposition ou surtout qu'elle devient de moins en moins visible)
Et puis tant qu'on y est, et bien que ça devrait être dans la rubrique "pages du bibliophile" une critique trouvée sur le net concernant cette Colline inspirée de Barrès … et qui me semble être assez équilibrée (mais je ne me souviens plus ni de qui, ni où)
Cordialement
JF Genet
Roman publié à Paris chez Émile-Paul en 1913. Sur la colline de Sion-Vaudémont, en Lorraine, trois prêtres, les frères Baillard, commencent en 1837 une entreprise de restauration des monuments comme de la vie spirituelle locale. L’énergie de l’aîné, Léopold, les place rapidement à la tête d’un véritable empire religieux, qui déplaît à la hiérarchie: après une longue lutte, l’évêque de Nancy parvient à les faire céder. Léopold tombe alors aux mains d’un illuminé, Vintras : de retour à Sion, il fonde une communauté au mysticisme frôlant l’hérésie. Avec l’interdiction de l’évêque et l’arrivée d’un nouveau curé commence une longue lutte inégale: excommuniés, ruinés, les anciens seigneurs spirituels devenus chefs de secte doivent quitter séparément leur terre. Ils referont cependant une tentative, vite avortée, avec leur dernier carré de fidèles. François mort, Quirin l’ayant quitté, Léopold reste seul, prophète flamboyant et dérisoire qui réintégrera juste avant sa mort le sein de l’Église. «Il est des lieux où souffle l’esprit»: le très célèbre titre du chapitre 1 fait de la colline adorée par Barrès (voir «le 2 Novembre en Lorraine» dans Amori et Dolori sacrum) le centre du roman, et son véritable héros. La Colline inspirée ne constitue cependant pas une énième version du culte barrésien pour le sol natal (voir l’Appel au soldat, les Bastions de l’Est) : malgré le titre, l’intrigue du roman historique l’emporte ici sur la description, jusqu’à ce que l’épilogue tire les leçons du long conflit de la terre et de la hiérarchie («Qu’est-ce qu’un enthousiasme qui demeure une fantaisie individuelle? Qu’est-ce qu’un ordre qu’aucun enthousiasme ne vient plus animer?»). Éternel dialogue, chez Barrès, de la passion et de l’intelligence, de la perte et de la maîtrise de soi, qui relie le roman à toute l’œuvre — même au Culte du moi de sa jeunesse auquel il semble répondre dans le choix résolu d’une discipline alimentée par l’enthousiasme. Triomphe final de l’ordre, donc, mais qui montre aussi les pièges d’un enracinement (voir les Déracinés): retrouvant l’esprit lorrain, renouant avec les siècles, Léopold Baillard s’effondre faute de savoir maîtriser son héritage spirituel. Dès qu’elle quitte l’idéologie pour la littérature, la «leçon» de Barrès paraît ainsi plus problématique — plus intéressante. L’absence de toute thèse préétablie fait alors la grande réussite du roman, où Léopold demeure jusqu’à la fin splendide et clownesque, prenant curieusement aujourd’hui une dimension de héros moderne, don Quichotte d’une inaccessible sainteté. Portée par une écriture dépouillée de sa préciosité parfois facile, la Colline inspirée est aussi une remarquable chronique paysanne, où l’âpreté des personnages et des relations préfigure presque Giono: c’est ici qu’on peut croire à l’authenticité d’un «sentiment du sol» trop souvent chanté sur un mode éthéré, et comme «urbain»... La postérité ne s’y est d’ailleurs pas trompée, qui délaisse les débordements chauvins de Barrès en retenant plutôt ce roman où le «terroir» est rendu à la vérité de ses splendeurs et de ses mesquineries...