Zone Rouge

[patrick mestdag]

Bonjour,

Zone Rouge

Sur le forum Néerlandophone on se demande ce que ce terme veut dire au juste .
Naturellement on sait que cela signifie une zone tellement détruite tellement
Remplis de restes de corps ou plein d’obus encore dangereux, que l’on
Préfère y interdire l’accès ,
un champ de bataille pas encore nettoyé ou pas nettoyable.
De la les plantations d‘arbres comme dans la region de Verdun

Mais sur un site de la ville de Nesle dans la Somme,
on a l’impression que le terme Zone rouge veut dire le contraire
et que l’endroit n’est pas laissé a la nature pour y reprendre ses droits,
Plutôt le terme y semble désigner une zone à remettre en état.

Que’en est t’il au juste ?

@+
Patrick

[Alain Dubois-Choulik]

Bonjour,
D'après mes premiers souvenirs, quasiment toute la ligne de front que l'on prensait inconstructible et inexploitable avait été déclarée (en 1919) "zone rouge" et confiée à l'Office National des Forets pour (re)boisement, mais probablement que cette zone a semblé beaucoup trop étendue aux exploitants locaux qui ont lutté pour reprendre des terres cultivables. ( Je viens juste de voir passer une référence sur le site de la BDIC :"Guy MARIVAL : « La première bataille de l'après-guerre sur le Chemin des Dames : agriculteurs et élus locaux contre la "zone rouge" (1919-1929) ». ")
Un certain nombre de bois ont quand même été préservés, ce qui permet maintenant de s'y promener en retrouvant vestiges ( enfin quand les fouilleurs les y laissent) et sinuosités des tranchées.

Cordialement
Alain qui demande aussi à en savoir plus

[Alain Dubois-Choulik]

Quelques références ....

Hugh CLOUT, After the ruins..., ouv. cité. Dans les dix départements touchés par la guerre, les zones sont classées en trois catégories selon l’importance des destructions : bleue, réservée aux zones des dégâts limités, jaune prévoyant d’importants travaux, rouge pour désigner les dévastations les plus intenses.

L’extraordinaire histoire du village de Sancy-les-Cheminots, totalement détruit lors des furieux combats qui se déroulèrent au Chemin des Dames durant la première guerre mondiale (1914-1918).
Situé en zone rouge, il devait être définitivement rayé de la carte.
C’est grâce à la grande solidarité des cheminots, qu’il put être reconstruit.
En signe de reconnaissance, la commune obtint l’autorisation de s’appeler Sancy-les-Cheminots.

Alain

[Ivan]

Bonjour Patrick,
La zone rouge est bien une zone de terre agricole pour laquelle on a abandonné l’idée de reprendre la culture car trop de munitions non explosées ou trop de débris des combats y pullulent. Dans la plupart des cas, ces terres ont été remises, après achat par les l’administration des Domaines auprès des propriétaires, à l’administration des Eaux et Forêts à l’effet de les boiser.

Pour le Pas-de-Calais cette zone rouge représente en 1923, 484 hectares répartis sur cinq communes : Souchez, Givenchy-en-Gohelle, Thélus, Neuville-Saint-Vaast et Vimy (de ces 484 ha, 100 ont été concédés à perpétuité au gouvernement canadien (loi du 24 juin 1927) pour y aménager le mémorial de Vimy ; 183 ha ont été remis au Eaux et Forêts et 193 pouvaient être revendus à condition d’un déminage par une unité d’artillerie).

484 hectares c’est énorme, et pourtant c’est peu si l’on considère qu’après la guerre, sur 138082 hectares de terres agricoles touchées (sur 260 communes), on estima en 1919 que la zone rouge représentait 26440 hectares. C’était toutefois sans compter sur la ténacité des autorités locales qui poussait les services de reconstitution à travaillées autant que possible et sur la pugnacité de la population et des agriculteurs qui redoublèrent d’effort pour récupérer leurs terres.

Aujourd’hui encore, au mémorial canadien de Vimy, on ne peut circuler que sur les chemins balisés, la forêt de pins étant encore dangereuse. Du coup, seuls les moutons s’y promènent, assurant l’entretien écologique du sous-bois.

(sources : les chiffres cités sont ceux du préfet du Pas-de-Calais qui publia un ouvrage sur le bilan de la reconstruction en 1927).

[alain chaupin]

Bonsoir
Pour le site de Vimy, les terres ont été remises par les propriétaires agriculteurs au gouvernement Canadien - Sources maire de Neuville St Vaast
Cordialement
Alain

[tinou 501]

lorsque je suis allé à Verdun en 1939, les zones de combat étaient entourées de barbellés et de poteaux portaient cette mention "ZONE ROUGE, défense d'entrer"

[Alain Dubois-Choulik]

au mémorial canadien de Vimy, on ne peut circuler que sur les chemins balisés, la forêt de pins étant encore dangereuse. Du coup, seuls les moutons s’y promènent, assurant l’entretien écologique du sous-bois.

Bonjour,
Sympa pour les moutons !! [:alain dubois:1] ce qui est surtout vrai c'est qu'ils vont partout, sans abimer le relief, et puis c'est discret un mouton, ça ne vroume pas dans le silence.

Cordialement
Alain

[steinbach frederic]

Bonjour à toutes et tous,
En fait, la Zone Rouge est bien liée au bouleversement du sol, mais il s'agit essentiellement d'une notion économique. Il s'agit "des terres dont le coût de remise en état est supérieur à la valeur initiale du sol en 1914".
En Meurthe-et-Moselle, dans le secteur de Flirey, les terres ont été achetées par l'Etat en 1923. Certaines ont été remises en état et revendues lors d'enchères publiques en 1931, avec des ordres de priorités quant aux enchérisseurs possibles. Pour les terres les plus endommagées, elles ont pu avoir trois destinations :
- remise à l'administration des Eaux et Forêts envue d'être boisées,
- remise au Ministère de la Culture,
- remise à l'armée pour en faire des terrains militaires.

Contrairement à ce que nous pouvons croire, cette notion économique ne prend ni en compte le nombre de corps susceptibles d'être restés sur le terrain, ni les munitions non explosées.
Dans certaines régions, les agriculteurs ont lutté contre l'acquisition de ces terres par l'Etat et les ont eux-mêmes remis en état pour ne pas qu'elles soient inscrites en Zone Rouge. D'où le fait qu'en certains endroits de la ligne de front, il ne subsiste plus de traces de ces quatre années de combats en-dehors de cimetières militaires éparses disséminés entre les champs de betteraves.

Dans l'espoir d'avoir répondu à votre question.
Bien cordialement.
Frédéric Steinbach

[patrick mestdag]

Bonsoir ,

Je vous remercie vraiment tous pour vos réponses bien élaborées
Et complètes, n’arrêtons pas pour cela ce fil .
Une des questions ouverte est
si ces zones rouges, ont encore des conséquences le jour d’aujourd’hui ?
au profit du patrimoine culturelle par exemple ?
L’exemple de Vimy et des moutons en est une , mais cette terre a été
concédée au gouvernement canadien, donc elle n’est plus française
et on la laisse comme elle est , elle n’est plus récupérable .
Dans vos explications je lis aussi
que les agriculteurs ce sont fortement opposéé et ont dans certains cas réussi
a regagner cette terre, et rebâtir des villages en effacent toutes les traces ,
c’est aussi ce qui c’est passé en Flandres dans les années 20 .
Tous les champs de batailles on été remis en culture .
Les zones rouges qui restent en France sont souvent des camps militaires
Comme le camps de Morontvilliers et Suippes, et la ce sont les militaires qui
La nettoient A Verdun c’est la nature qui y a repris ces droits
Un de nos participants a trouvé cette explication qui démontre bien que dans la Somme
La zone rouge est devenue un véritable patrimoine .

La « zone rouge » est devenue un « pays rouge ». L’ex-front de la Grande Guerre dans l’est de la Somme une bande de 30 km de large, dévastée au point d’être déclarée interdite à la reconstruction a ressuscité en un pays couleur sang, ou plutôt couleur brique. Ecoles, églises : ici, tout ou presque est en brique. Sur cette plaie atroce où sont morts des centaines de milliers d’hommes durant la bataille de la Somme, la vie est revenue malgré tout. Et l’architecture avec. Les années 20 furent ici un grand chantier de reconstruction. Quatre-vingts ans plus tard, on s’aperçoit qu’il en a résulté un véritable patrimoine : architectures régionalistes, Arts déco, moderniste, historiciste ont proliféré sur la table rase qu’a laissée la guerre.

http://www.armees.com/La-Grande-Guerre- ... r-rue.html

@+
Patrick

[BARBIERI Marc]

Bonjour à toutes et à tous,

Quand j'ai lu Zone Rouge, ma souris a directement filé vers ce post.

Avant de parcourir la Loire-Atlantique à la recherche de ses MPLF, j'avais commencé par "étudier" les effets des combats de Verdun sur le paysage : faune, flore, topographie, démographie... Le géographe qui sommeille encore en moi avait essayé de faire l'avant - pendant et après Verdun.

Pour me faire une idée précise du paysage de guerre, j'avais lu nombre d'ouvrages de combattants qui décrivaient ce qu'ils voyaient ou avaient vu : mer de boue, terrain gagnée par la lêpre, volcan en éruption...

Puis j'avais prolongé les recherches sur la fameuse Zone Rouge boisée. Je m'étais rendu aux AD de la Meuse et c'est impressionnant le nombre de documents relatifs au déminage, collecte d'objets en tous genres... Le tout en passant des contrats avec les autorités militaires.

La reconstruction, il ne pouvait en être question. Une chapelle commémorative, un panneau indicateur, parfois un Monument aux Morts (Bezonvaux, si ma mémoire ne me fait pas défaut) et c'est tout.

Enfin, je ne réponds pas vraiment aux questions initiales, mais tels furent mes premiers pas dans la Grande Guerre.

Amicalement.

Marc