08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Répondre
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à tous.
En ce 8 septembre, je ne pouvais qu'évoquer le souvenir du 116e RI dans ce secteur de la Bataille de la Marne.

Les jours précédents : le 4 au soir, le 116e RI était à SOUDRON, après être passé par le village de Thibry, puis le 5 partait pour SOMMESOUS (mon GP notant que de nombreux soldats fatigués par les précédentes journées de marche forcée étaient évacués , lui-même étant exténué et malade) et le 6 pour CONNANTRAY où le 116e RI était placé en réserve avant de rejoindre LA FERE-CHAMPENOISE. Le GP y notera la présence de l'état-major, mais aussi l'arrivée des blessés des combats déjà engagés. Ce soir-là, le GP sera aux avant-poste sur la route avec son escouade.

Ses toutes dernières notes griffonées les 7 et 8 furent les suivantes :

"7 – Départ pour le feu – arrêt à SOUDRON (?? erreur) – bataille acharnée autour de LENARRHEE – le 19e demande du renfort – notre bataillon va pour occuper le village – sur la rivière – nomination – blessés passant près de nous – capitaine évacué – ALLOT commt la compagnie – obus 77 marmites – arrivée au village – cantonnement – réservistes sur la ligne – tranchées – 11 heures au ravitaillement – tabac – pain – conserves café – bouillon – café – je crois voir un allemand avec un casque à pointe – distribution – le commandement impose silence.

8 – 3 heures et quelque chose – alerte – debout – canonnade et fusillade – feu – blessé – mur écroulé – enfer – re…ai... (retrait ?) de la brigade – cris des Boches – charges à la baïonnette – "


Je n'en aurais pas su davantage sur son ultime nuit de combat si je n'avait retrouvé un brouillon de courrier que j'ai pu dater de courant 1932 et adressé à un Maréchal (que j'ai identifié comme étant Pétain, qui avait adressé à mes Grands parents en 1927 un petit mot à l'occassion de la naissance de leurs seconds jumeaux - eh oui - et on sait que celui-ci encourageait vivement la natalité...), lettre dans laquelle le GP faisait part de l'absence de certaines décorations (dont la Légion d’honneur) jusqu’à ces années-là.

(Nota : les mots ou phrases entre-parenthèses sont raturées sur le brouillon) :

« .... Le jour de l'attaque, ma Compagnie, la 2e du 116e RI était commandée par le Sous-lieutenant PICHOT qui fut tué en 1915. Image
Mon chef de section , le sergent-major JEHANNO, tomba au champ d'honneur en 1916. Quant aux quelques rares camarades survivants, par suite de mon départ en Février 1919 au 5e Bataillon d'Afrique, j'ignorais totalement ce qu'ils étaient devenus.
.....
De ce fait je n'obtins ni citation, ni croix de guerre. Certes, Monsieur le Maréchal, je n'ai jamais eu la prétention de faire figure de héros. J'estime n'avoir fait au cours de ma trop courte campagne : à MESSIN le 22 Août; aux abords de SEDAN les 24, 25 et 26 Août et plus particulièrement à LENARRHEE le 8 Septembre que mon devoir.

La veille mon Bataillon avait relevé un Bataillon du 19e RI et après avoir fait occuper à la lisière N du village les tranchées creusées hâtivement les jours précédents s'y était installé en cantonnement d'alerte.
L'ordre donné le 7 au cours de la soirée était de tenir coûte que coûte, de se faire tuer sur place plutôt que de céder un pouce de terrain.
A 3 heures du matin, les Allemands, après un bombardement par obus incendiaires qui nous obligea à nous replier à la lisière Sud, déclenchaient leur attaque. Contenus à la droite de LENARRHEE par des contre-attaques à la baïonnette de la part du 19e RI, en avant du village par des feux de mousqueterie de nos éléments d'avant-garde, ils parvenaient à refouler à notre gauche le 118e RI. Au point du jour, leur progression était devenue assez sérieuse pour nécessiter le repli de mon Bataillon qui avait déjà subi des pertes sévères. (Celui-ci était à peu près achevé) Je venais de recevoir l'ordre du Sous-Lieutenant PICHOT (j'avais été nommé Sergent la veille) de (résister à) tenir la lisière Sud avec les (débris) éléments de la Compagnie qui avait pu être ralliés, une vingtaine d'hommes environ, lorsque les Allemands qui (avaient achevé leur) poursuivaient avec succès leur mouvement d'enveloppement se portèrent à l'assaut du village. Pris entre deux feux nous fumes rapidement mis hors de combat; ce fut au cours de cet assaut que j'eus le bras droit traversé par une balle et tombais aux mains des Allemands.
Dans cette dure épreuve, j'eus cependant la satisfaction d'entendre un officier général (allemand) ennemi prononcer ces paroles en passant devant le front des prisonniers, dont un grand nombre était blessé "Vous êtes de braves soldats". … »
.

Ce dernier témoignage - qui m'avait surpris à sa lecture - est à rapprocher de ce que cite Charles Le Goffic ("La Bataille de la Marne") , évoquant les combats de Lenharrée: "...Mais plus tard, si nous en croyons l'abbé Néret, apprenant que c'était avec deux compagnies seulement que Lenharrée avait tenu tête si longtemps à des forces supérieures, le chef des Saxons fit défiler ses hommes devant le capitaine de Saint-Bon et les autres blessés, en disant: " Saluez, ce sont des braves."...".

Image
Merci à Florent/Vieille Champagne pour cette superbe carte ....

Comme d'autres régiments, le 116e RI connut ce matin-là une hécatombe et la déroute, subies sous la furia ennemie dont le mot d'ordre avait été " d'égorger tous les Français " suivant un témoignage allemand. Le chiffre de la vingtaine de soldats restant aux cotés de mon GP sur les 250 de la Cie parle de lui-même ...
Dans ses recherches parallèles aux miennes , Nico a pour sa part recensé 117 soldats du 116e RI originaire du Morbihan tués ce jour-là à Lenharrée, à la Fère-Champenoise, à Connantray ou encore Ecury-le-Repos... , sans compter les Finistériens, Ligériens et autres, aux nombres desquels j'ai recencé :

cités par l'HISTORIQUE :

- les Sergents Paul Marie Victor GERARD , 22 ans - Amédée Adolphe Camille PADIOLEAU , 21 ans 1/2 - Auguste ROLLAND
- les Caporaux Pierre Marie AUFFRET, 22 ans - Jean Louis DAOUDAL , 24 ans 1/2 - Jean LE BERRE, 30 ans 3/4 - Michel Henri MOREAU , 19 ans 3/4 - Lucien Léopold Aristide TOUZE , 24 ans -
- l'Adjudant Anatole Hyacinthe BERNIER, 30 ans -

- les 2e classes Pierre Marie BALLAY, 29 ans - Désiré Mathurin Marie BERTHO 28 ans 1/2 - Joseph Marie BOCHE , 25 ans - Pierre Marie Isidore BOURBAO , 24 ans - Louis BRABAN , 24 ans - Alexis-Emile LE BRIS - Jean-Marie BRISHOUAL , 25 ans - Joseph Marie BRUZAC , 21 ans - Auguste Marie CHAUTARD , 25 ans 1/2 - Marcel Charles Marie CLEQUIN, 32 ans - Jean Marie DAVALO , 26 ans 1/2 - Joseph Marie DENOUAL , 28 ans - Francois Marie DUCHESNE, 31 ans 1/2 - Aimé Marie Désiré ECHELARD , 27 ans 1/2 - Louis Pierre Marie ECHELARD, 26 ans 1/2 - François FRESNEAU - Jean Marie LE GENTIL , 26 ans 1/2 - Jean Marie GICQUEL , 26 ans - Joseph Marie LE GOUAS , 22 ans 1/2 - Désiré GRASLAND - Joseph Marie HOCHET , 30 ans - Yves Louis Marie JAMET ,21 ans - Jean LABARRE - Julien LAURENT , 24 ans " disparu " - Francis LE LIDEC - Jacques MARCHADOUR - Jean-Marie MARZIN - Joseph MOURAUD , 28 ans - Arsène Alfred MOURAUD , 25 ans - François Marie OLIVIER , 25 ans 1/2 - Léon Julien PREMPART , 25 ans - Alphonse RAFFREY - Pierre RENAUD - Joseph Marie RIAUD , 24 ans - Léon Pierre Marie RIO , 24 ans - Henri Pierre Marie RIVIERE , 23 ans - Julien ROBIC - Pierre Marie ROBIC , 21 ans 1/2 - Narcisse ROUAUD , 24 ans - Pierre Marie ROUILLE , 24 ans - Pierre Auguste ROUILLERE ,"disparu sur le champ de bataille" - Jean Marie ROZE , 26 ans - Julien SERVEL , 23 ans 1/2 - Adolphe Louis Marie VALLIERE , 26 ans 1/2 - Louis YVENAT, 26 ans - Pierre ROUX - Louis LE BOT

ainsi que leurs camarades non cités :

- le Sergent Jean Marie GUYON, 26 ans 1/2
et les 2e classes :
- Louis Marie Joseph CORBIN , 23 ans 1/2 - François Jean Marie GANDON , de la 12e Cie, 24 ans - Jean Marie GUEHO de la 12e Cie, 29 ans - Pierre Marie GUILLEMOT - 2e classe , 24 ans - Désiré Marie GUIMARD , 24 ans - Joseph Marie HERVE , 22 ans 1/2 - Pierre Marie LE ROUZIC , de la 2e Cie , 21 ans - Alexandre François Marie PONDART , 22 ans 1/2 - Georges PUREN , de la 1ère Cie , 23 ans - Victor RIO , 21 ans - Léon Jean Marie ROUAUD , 25 ans 1/2 - Pierre Marie ROUSSEL , 26 ans 1/2 - Joseph Marie ROUXEL , de la 1ère Cie , 21 ans - Paul SUEL - Albert Joseph Marie VOISIN , de la 2e Cie , 24 ans -
et, au nombre des "disparus au combat" :
- Ferdinand Joachim Marie LE CORFF - François Marie LE HENANFF - 21 ans - .....

Trois anciens élèves du Collège St François-Xavier figurent aussi au nombre des "morts pour la France" du 116e de ce 8 Septembre :
- Henri Marie Paul CAUBERT DE CLERY , 2e classe , 21 ans 1/2 ans , originaire de Solesmes (Sarthe)
- Jean-Marie GUILLERM(E) , 20 ans , Clerc minoré , de Guidel , porté "disparu"
- le Caporal Alexandre LE RAY , 23 ans, né à Carnac (Mhan).

Quant à Jean Marie LE GOFF , de la 3ème compagnie, originaire de Pommerit (Finistère), grièvement blessé, il avait été porté disparu le 8 septembre 1914 (avis officiel), et devait décéder le 11 septembre 1914 dans la petite localité, un courrier de la Croix rouge reprenant le témoignage d'un compagnon d'armes, assez précis quant au lieu d'inhumation : "enterré à l'entrée du village de Lenharrée, sur la gauche de la route à une quinzaine de mètres du Pont".
(source : Ronan LE GOFF - en mémoire de l'un de ses GOncles)

Image
Image


Fait prisonnier et après avoir reçu ses premiers soins par des Ambulanciers Allemands, Jean-Marie RIO allait être dirigé sur le camp de Darmstadt avec d'autres soldats du 116e (dont son camarade Jules Guého, de la Gacilly) et n'en reviendra qu'à la mi-Novembre 1918...
Son témoignage des faits (et des circonstance de sa blessure) a fait l'objet d'attestations en fin 1919 puis en 1933 de 4 "survivants" du 116e RI : Jules Guého ; Joseph Guillodo, de Billiers ; Jean Guimard, de Vannes, à la Légion en 1933 ; et le capitaine de réserve Nicolas Allot, de Vannes, adjudant en 1914, celui mentionné le 7/9 (celles de 1933 furent contresignées par Delestraint, alors à la tête du 505e RCC dont mon GP commandait le Centre de mobilisation).

In mémoriam.
Cordialement.

Jean-Yves
Avatar de l’utilisateur
Frederic Avenel
Messages : 152
Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par Frederic Avenel »

Bonsoir Jean-Yves, bonsoir à tous,

Lenharrée, un an après...

à bientôt, Frédéric Avenel


Le 9 septembre 1915

Ma Chère Maman,

J’ai reçu ta lettre du 6 septembre et je te remercie encore de tes envois qui m’ont fait le plus grand plaisir.
Aujourd’hui, le groupe est parti à 3 heures du matin pour faire un transport de troupes. Je n’y suis pas allé, mais comme j’étais couché dans le camion, j’ai dû me lever à 2 heures pour aller porter ma couchette dans une grange au-dessus d’une écurie où j’ai dormi jusqu’à 7 heures. J’ai déjeuné d’un bol de lait et je suis parti avec 3 camarades dans la campagne.
Nous sommes allés à Lenharrée, à 5 kilomètres, et le chemin que nous avons suivis est semé de tombes qu’on est en train d’arranger, très bien d’ailleurs. La campagne est absolument stérile dans ce coin et il n’y pousse que de la mousse. On y voit seulement de petits bois de sapins et de genévriers, bien alignés. Presque chacun de ces bois a été l’objet de vifs combats. On suit la direction de la bataille aux trous faits par les obus en terre, brisant régulièrement les arbres tout autour. De distance en distance, les petites tranchées faites par les soldats sont toujours visibles et les branches de sapins qu’ils avaient placées devant eux pour les dissimuler sont toujours là, mais desséchées, laissant paraître la terre de craie qui forme comme une ligne blanche, tantôt droite, tantôt brisée. Des tumulus blancs se distinguent aussi par endroits, et lorsqu’on s’approche, on voit presque toujours un trou où la terre s’est effondrée et d’où sortent des mouches, des carcasses de chevaux. Au fur et à mesure qu’on approche de la station de chemin de fer, les tombes se pressent les unes sur les autres. Dans le jardin de la gare, il y en a 3. de chaque côté du passage à niveau, il y en a une demi-douzaine. Pour aller au village, il y a 800 mètres à parcourir et le chemin est une véritable allée des morts. Les tombes se suivent de chaque côté de la route, tantôt larges, tantôt étroites suivant le nombre de ses occupants. A l’entrée du village, un cimetière dans un pré, sur le bord de la rivière. Et nous remontons une rue à droite et toutes les maisons ne sont plus que des ruines. Des tombes toujours, même au milieu des ruines. Près de l’église, dans un champ de choux, deux immenses tombes boches entourées, sans ornement. Dans le cimetière du pays, nouvelles tombes, mais celles-ci ne renferment que des corps d’officiers dont les noms s’étalent sur les croix.
Nous avons arrêté là notre pèlerinage.
En revenant, un garde-voie nous indique le long de la voie, une tombe décorée hier par la famille. Nous y allons. Une palme d’argent et une belle croix de perles vertes ont été déposées.
Mais nous sommes harassés de fatigue. Il est près de midi et nous rentrons directement au cantonnement où nous arrivons à l’heure.
Je suis content de ma promenade bien que le spectacle que j’ai constamment eu sous les yeux n’ait rien de bien gai.
Au coin d’un bois, dans une tranchée, nous avons découvert deux tombes qui ne sont pas encore réparées. Les malheureux ont été enterrés sur place, à peine à 0.50 de profondeur.
Quelle triste chose que la guerre !
Mon travail ici se réduit à bien peu de choses et je m’ennuie souvent faute de ne pas savoir quoi faire.
Enfin, patience ! tout a une fin et pourvu que toutes ces misères ne durent pas trop longtemps, nous pourrons encore connaître un peu de tranquillité dans notre maison enfin finie.
En attendant, ma chère maman, soigne toi bien.
Je t’embrasse tendrement.

Abel
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à tous,
Bonjour Frédéric,

et un grand merci pour ce précieux témoignage ; peut-on en savoir plus sur son auteur ?
Pour illustrer l'état du village, voir les 2 CP rajoutées, parmi la dizaine que j'ai pu collecter ....

Les unités de la XXXIIe division allemandes mirent près de deux heures et demi pour s'emparer du village, qui ne tomba complètement qu'à 5h30 du matin, et après une résistance acharnée en certains points . Les abords de l'église furent notamment le théâtre de violents corps à corps. D'aucuns rapportent que la Somme, qui traverse le village et est peu profonde en cet endroit, était devenue rouge, du sang mèlé des soldats.
Au nombre des officiers français enterrés au cimetière, figuraient le capitaine Deschard, les lieutenants Gay et Lescouet, le sous-lieutenant Gaudon, du 19e, ainsi que le commandant Baudisson et le capitaine Henri de Saint-Bon du 225e.
Celui-ci fut le dernier officier à tenir le village avec l'aide de soldats issus de deux compagnies décimées .... Très grièvement blessé à 4h00 du matin, et refusant que ses hommes s'exposent pour venir le secourir, il n'eut pas droit, de la part de l'ennemi, aux soins qui auraient peut-être permis de le sauver...
(source : la "Bataille de la Marne" de Charles Le Goffic).

Les abords de la petite Gare devaient être, à l'issue des combats, le point de regroupement des blessés allemands.
Image

Quant à la phrase de la lettre ".... A l’entrée du village, un cimetière dans un pré, sur le bord de la rivière..." me fait penser à la sépulture du grand-oncle de Ronan Le Goff , évoqué précédemment ("enterré à l'entrée du village de Lenharrée, sur la gauche de la route à une quinzaine de mètres du Pont").. . Ne s'agirait-il pas du même lieu ?

Cordialement.
Jean-Yves

(Nota : un "Forumeur" (! :( ) n'habitant pas trop loin aurait-il la possibilité de prendre pour les Bretons du 19e et du 116e quelques vues actuelles de Lenharrée, du secteur du pont, de la gare, de l'église ou encore de ses abords nord et sud ...? Merci par avance)
Avatar de l’utilisateur
los
Messages : 1321
Inscription : jeu. sept. 29, 2005 2:00 am

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par los »

bonjour
avec un peu de retard,je profite du fil a jean yves pour rendre un homage au 19e ri qui a connu des moments difficiles lors de ces terribles combats
[/img]ImageImage
amicalement
sophie
Recherches sur le 19eme RI, le 219e RI et le 50eme RA.
Mes deux sites: http://19emeri.canalblog.com/ et http://219eri.e-monsite.com/
Avatar de l’utilisateur
Charraud Jerome
Messages : 7096
Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Localisation : Entre Berry et Sologne
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir

Je n'avais pas percuté jusqu'à présent, mais cela me disait quelque chose.

Voici ce que je trouve dans le témoignage d'Eggenspieler, le 290e arrivant le 8 septembre près de Connantray:

8 septembre. - Euvy.
A 3 heures du matin, le régiment se remit en route sur Euvy. Le Lieutenant Sohier alla aux ordres à la 18e D.I.
Pendant que la colonne s'avançait doucement, le ciel s'éclaircit. Soudain, une fusillade formidable déchira le silence. Le canon se mit aussitôt à tonner avec rage. Des incendies s'allumèrent un peu partout.
A Gourgançon, le Lieutenant Sohier trouva les habitants debout et anxieux. Un régiment de noirs, qui y avait cantonné, venait d'en partir. L'E.-M. du 11e C.A. (Général Eydoux) était installé dans l'école. La journée du 7 aurait été mauvaise. Il y aurait eu surprise à la jonction des 9e et 11e C.A. On chercha les débris d'un régiment, dont la moitié aurait disparu.
Pendant ce temps, le régiment continuait à cheminer par Semoine et Gourgançon. En arrivant à la crête, au Nord de Gourgançon (Moulin de Gourgançon et côte 160) un spectacle impressionnant se présenta. Devant le régiment, le village d'Euvy, au-delà, de nombreuses batteries en action sur qui pleuvaient des obus, plus loin au Nord, une crête garnie de bois (crête 177 au Sud de Connantray). De ces bois sortaient des groupes de fantassins en retraite, plus près encore, des files ininterrompues de voitures militaires et civiles, des fourgons, des charrettes de paysans. Toutes ces voitures refluaient vers le régiment dans le plus grand désordre, les unes en suivant les chemins, les autres à travers champs. Au-dessus des bois, des éclatements de shrapnells, et dans la direction de Connantray, bruit de fusillade. Tout ce désordre était le résultat d'une surprise qui, paraît-il, s'était produite près de Lenharrée.
Le régiment allait tomber en pleine bataille. Le Colonel et son E.-M., prenant les devants, se portaient rapidement en reconnaissance au Nord d'Euvy. Là, nouvelle cohue : chars, convois, se pressaient sur la route qui traversait le village dans toute sa longueur. Quelques gendarmes s'efforçaient de mettre un peu d'ordre. A l'entrée du village, sur le bord de la route, une auto était arrêtée dans un champ. A côté, un officier d’Etat-major. C'était le Commandant Quintard, Chef d’Etat-major de la 18e D.I. Il prescrivit au régiment de creuser des tranchées à la crête, au Nord de Gourgançon, pour préparer une position de repli, et d'y arrêter tous les éléments en retraite des autres corps. Cet ordre ne devait recevoir qu'un commencement d'exécution, car à peine la répartition du terrain entre les compagnies était-elle faite, que le Général Radiguet, commandant la 21e D.I. donna au Colonel l'ordre d'amener son régiment au Nord d'Euvy en soutien de l'artillerie, que la retraite des troupes en avant laissait sans protection. Pendant la transmission et l'exécution de ces ordres, le Commandant Quintard sortit de son auto, qui était criblée de balles. Il expliqua que parti de Fère-Champenoise aux premiers coups de fusil, pour savoir ce qui se passait, il s'était trouvé subitement entre les lignes et avait perdu la liaison avec le Général Lefèvre, commandant la 18e D.I. Il ne savait pas où était le Général, ni où étaient les régiments. Il resta donc pour le moment près du 290e. Il traça sur un papier un schéma de l'ensemble de la bataille, disant qu'il s'agissait pour les troupes du Sud de Fère de tenir, que les armées allemandes étaient menacées de débordement au Nord-Ouest. Il laissa son papier, et insista pour que tout le monde fut mis au courant de la situation, car elle était bonne dans l'ensemble, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, d'après le spectacle qu'on avait sous les yeux.


Cela n'apportera pas grand-chose, mais permet de ressituer le contexte.

Cordialement
Jérôme Charraud
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."
Image
Avatar de l’utilisateur
Charraud Jerome
Messages : 7096
Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Localisation : Entre Berry et Sologne
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par Charraud Jerome »

Salut Stephan
Merci pour ces annexes des AFGG (j'en connaissais certaines que tu avais déjà diffusé fut un temps), mais un bon rappel cela fait du bien.

A ce rythme, avec le forum, il va falloir que j'investisse dans un nouveau disque dur.

Cordialement
Jérôme Charraud
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."
Image
Avatar de l’utilisateur
Terraillon Marc
Messages : 3875
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

Pour Jean Yves, une image retrouvée sur mon disque dur (et miraculeusement "etiquetée :) )

Image


A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Avatar de l’utilisateur
los
Messages : 1321
Inscription : jeu. sept. 29, 2005 2:00 am

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par los »

bonjour
[:los]a stephan et jerome pour ces documents que je rajoute a mes archives
amicalement
sophie :hello:
Recherches sur le 19eme RI, le 219e RI et le 50eme RA.
Mes deux sites: http://19emeri.canalblog.com/ et http://219eri.e-monsite.com/
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par RIO Jean-Yves »

Bonsoir à tous. :jap:

Merci Stéphan, Jérome et Marc pour ces documents ! :wahoo:

Stéphan : souvenir, souvenir .... t'en souviens-tu, les deux/trois premières annexes des AFGG remises ici furent parmi les premiers documents que tu m'avais envoyés peu de temps après mon arrivée dans cette tranchée ?

Après la Bretonne du nord (et de l'ouest), un Breton du sud reconnaissant :D :bounce:
Amicalement
Jean-Yves
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: 08.09.1914 - LENHARREE - Hommage à mon GP et au 116e RI

Message par RIO Jean-Yves »

Bonsoir à toutes et à tous.

Un petit rappel de ce fil (2006 déjà !) pour commémorer en ce jour le 95e anniversaire des combats autour de LENHARREE où les régiments Bretons furent de nouveau en première ligne et mis à très rude épreuve.
La campagne du GPp s'achevait là, à 5h30 du matin, le bras traversé par une balle, et allaient commencer 4 années de captivité. Comme tant d'autres de ses vaillants compagnons, en étant pourtant resté pour place pour tenir jusqu'au bout (l'ordre donné la veille étant de "se faire tuer sur place plutôt que de reculer") il n'aura droit à aucune citation ....

Cordialement
Jean-Yves


Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
http://vannes1418.canalblog.com/
Répondre

Revenir à « Sujets généraux »