Fouilleurs connus

[Eric Mansuy]

Bonjour Gilles,
La « tranchée électrifiée » était-elle réellement électrifiée ? Je n’ai pas de sources allemandes qui me permettent d’être catégorique. En revanche, le contenu du J.M.O. du Médecin Divisionnaire Georges, de la 66e D.I., ouvre des pistes intéressantes, jugez plutôt :

« Dimanche 15 août [1915].
Un homme du 213e aurait été électrocuté dans les tranchées de 1re ligne par courant amené par l’ennemi. Emoi ! Autopsie à faire demain matin pour voir s’il ne s’agit pas en réalité d’une mort brusque par lésion banale quelconque. Instructions données verbalement et directement pour éviter indiscrétions téléphoniques. Le cadavre du présumé électrocuté doit arriver vers 2 h. du matin.

Lundi 16 août.
8 h. Moosch (Ambulance 3/58) : Recommandations au sujet de l’autopsie de l’électrocuté présumé.

11 h. Moosch (3/58) : Vu les pièces anatomiques du présumé électrocuté. Homme de 35 ans. Lésions de congestion pulmonaire, rénale, hépatique, anémie cérébrale. Mort par congestion qui pourrait être due soit à asphyxie par éclatement d’obus, soit à électrocution (on trouve des schrapnells sur le brancard d’apport ; mais le décédé pouvait en avoir dans sa poche).
Or de l’enquête faite sur place, il résulte qu’il s’agit bien d’une électrocution – aucun obus n’ayant été reçu au moment où l’homme s’est mis au créneau et où il est resté collé, ayant peut-être tiré un coup de fusil.

13 h. 30 à 18 h. 30 : tournée Harmannwillerkopf – Tomannplatz – St-Amarin.
Visité les tranchées électrifiées par l’ennemi sur l’Harmannwillerkopf et acquis la certitude que le décès est bien dû à l’électricité (interrogé témoins oculaires ; vu l’installation de sonnettes électriques, avertisseurs, etc. ; interrogé surtout le camarade qui a retiré par les vêtements secs le décédé de la position figée où il se trouvait debout). Vu M. Davyau, du 213e, Médecin Major 2e classe active ; M. Baudon, du 213e, Aide Major 1ère classe réserve. »

Amicalement,
Eric

[Gilles ROLAND]

Bonjour, Eric,



Je ne doute pas que des tranchées défendues électriquement existaient, mais je parlais de celle ci, qui a été prise lors de l’extrême avance allemande le 20 octobre 1915 (d’après la carte).

Une note de Monsieur Bertrand, colonel HC, ancien du 15ème BCP concernant la tranchée électrique.

…/…Sur la pente en amont du Unter-Rehfelsen, nos lignes, de direction Nord-Sud à partir du sommet, tournaient à angle droit vers l’Ouest afin de battre le ravin du Faux-Sihl. Au-dessus de ce coude, au Nord : la tranchée dite « électrique », je ne sais pourquoi. J’ai fait des patrouilles jusqu’aux barbelés ennemis et n’ai jamais constaté qu’ils étaient électrifiés.
Mais il est vrai que, à proximité des lignes allemandes, avaient été placés par le service des transmissions de la Division, des postes d’écoute, prises de terre correspondant à des amplificateurs et des postes téléphoniques. Par ces postes, on avait des résultats, notamment ceux des tirs d’artillerie (sur les premières lignes) et de nos « minen ». Pet-être y a-t-il une corrélation. Je crois plutôt que c’était une fantaisie de baptême.
J’ai occupé souvent (avec le 15ème BCP) la tranchée électrique comme celle qui la prolongeait en potence jusqu’à la barrière Félix…/…


Effectivement ‘votre’ texte m’interpelle.

Un seul homme touché par ce phénomène lorsqu’il se met au créneau. Les Allemands auraient-ils piégés nos plaques de blindage ? Là, Il n’est pas question de défenses des tranchées avec des barbelés (ou autres) électrifiés.

Amicalement

Gilles [:gilles roland]

[Eric Mansuy]

Bonjour Gilles,
Oui, j'avais bien compris que votre requête concernait cette tranchée, mais comme je vous l'ai écrit : "La "tranchée électrifiée" était-elle réellement électrifiée ? Je n’ai pas de sources allemandes qui me permettent d’être catégorique."
Je vais demander un coup de main à Thierry, qui devrait nous éclairer !

Amicalement,
Eric

[Gilles ROLAND]

Re,

Merci Eric.

Amicalement

Gilles [:gilles roland]

[Eric Mansuy]

Bonsoir à tous,
Bonsoir Gilles,

Voici ce que Thierry Ehret m'en a dit.
Amicalement,
Eric

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"La mise en place de barbelés électrifiés par les Allemands dans les Vosges date de l'été 1915. Il fut constitué un détachement "Pionier-Abteilung R" à l'Armee-Abteilung Gaede, chargé de réaliser et d'exploiter le réseau. L'alimentation (10.000 ou 15.000 Volt) provenait d'usines électriques de la plaine (en particulier Guebwiller pour l'HWK). La tension était abaissée à 1000 Volt par des transformateurs construits en montagne.

La dénomination tranchée électrique apparaît en 1916. Il ne faut pas y voir une électrification comme du côté allemand, car il était techniquement très difficile aux Français de pouvoir alimenter le front en électricité par dessus les montagnes (en partant de la vallée de la Thur). Il faut très certainement y voir une dérivation comme le raconte Brizard (p. 247) : "Les fils de fer barbelés, les chevaux de frise de l'ennemi nous sont nettement perceptibles. Ces fils de fer sont électrisés sur une certaine étendue et pendant quelques heures de la journée. La force électrique a dû être prise par l'ennemi dans un des villages de la vallée et amenée jusqu'aux premières lignes. Nos troupes sont obligées d'être très prudentes pour ne pas se faire électrocuter. Mais le génie français n'est pas pris au dépourvu; au moyen de fils reliés à ceux de l'ennemi et de lampes électriques, nos poilus ont pu éclairer quelques-uns de leurs abris. Grâce à ces lampes qui s'allument ou s'éteignent, ils peuvent se rendre compte des heures pendant lesquelles le courant passe dans les réseaux de fils de fer"."

[Gilles ROLAND]

Bonjour,

Merci à vous deux !

Un témoignage reçu hier soir, certainement la même source que Thierry.

Tiré de: "17 mois de campagne au 55ème Territorial d’Infanterie"

…/…Mais le génie français n’est pas pris au dépourvu ; au moyen de fils reliés à ceux de l’ennemi et de lampes électriques, nos poilus ont pu éclairer quelques-uns uns de leurs abris. Grâce à ces lampes qui s’allument ou s’éteignent, ils peuvent se rendre compte des heures pendant lesquelles le courant passe dans les réseaux de fils de fer…/…

Amicalement

Gilles [:gilles roland]

[Eric Mansuy]

Bonjour Gilles,
Je vous le confirme, c'est la même source.
Amicalement,
Eric

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Suite à nos récents échanges, un additif que nous devons -une fois encore- à Thierry Ehret, que je remercie au passage. Voici donc un petit texte tiré des archives de la VIIe Armée (septembre 1917), dans lequel est évoqué un homme dont le nom ne vous sera pas étranger…

« Reconnaissance des réseaux électrifiés allemands sur le front de la VIIe Armée.

Cette reconnaissance a été poursuivie depuis plusieurs mois de façon très méthodique par un spécialiste (Caporal FELSER de la Compagnie EL-7) qui est parvenu à déterminer assez exactement l’ensemble et le détail de l’organisation ennemie.

Le réseau allemand est électrifié sans discontinuité importante depuis le Sud de Thann jusqu’au Linge sauf aux points de friction Hartmann et Reichacker, où après des essais infructueux il a été abandonné par l’ennemi.
Il est sauf de rares exceptions placé en 1re ligne et électrifié en permanence.
Le courant utilisé est le courant alternatif triphasé des usines de la plaine d’Alsace (Colmar et Mulhouse). »

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[rohmer]

Bonjour Eric,
Bonjour à tous,

""Réseau électrifié depuis le Sud de Thann"" ?

Qu'entendez-vous par cette expression " le sud de Thann"......

Cette ligne existait-elle avant la déclaration de guerre.....?
Idem pour les lignes téléphoniques.....?

Amicalement.
Evelyne et Marc.

[Eric Mansuy]

Bonjour Evelyne et Marc,
C'est bien connu, "par là, j'entends pas grand chose"... Désolé, l'expression émane du rédacteur du texte que j'ai mis en ligne. Je suppose que par "Sud de Thann", il faut comprendre le front du secteur Burnhaupt - Pont d'Aspach.

Amicalement,
Eric