Bonjour,
Monte au créneau nous dit : "Finalement les villages Ardennais ont peu souffert du conflit."
Comme toute formule lapidaire et générale, cette affirmation comporte sa part d'inexactitude et d'arbitraire. Sur quelles bases objectives s'appuyer pour pouvoir l'affirmer aussi péremptoirement ?
De plus, le mot "peu" n'est probablement pas le mieux choisi. Que les villages ardennais aient moins souffert que ceux où la ligne de front est restée installée pendant 4 ans, c'est fort possible et même certain. Des localités du sud de la Marne ou du sud de la Meuse ont certainement été moins détruites que celles du sud ardennais qui ont eu à subir les batailles de 1918, et ce sans parler des dégâts déjà causés par les confrontations de 1914.
Un village de l'Aisne ou de l'Oise situé à 20 km du front n'a probablement pas été moins ou plus détruit qu'un village ardennais 20 km en arrière de la ferme de Navarin.
Si des destructions conséquentes (notamment par incendies) ont eu lieu là ou là en 1914 (source Horne et Kramer "Les atrocités allemandes" Tallandier : Haybes 596 bâtiments détruits, Margny, Sedan, Saulces Monclin, Rethel...) d'autres ont résulté des offensives de 1918, le cumul des deux marquant certaines localités (Vouziers, Attigny, Saint Etienne à Arnes, Orfeuil, etc...).
Les ruines d'Orfeuil (60 habitants en 1914) :
Les villages en bordure de l'Aisne ont souffert de la stabilisation du front avant le franchissement de la rivière (le front s'y installant entre le 13 octobre et le début novembre 1918).
Là où les défenses organisées allemandes (stellung diverses) ont bloqué les alliés (Banogne Recouvrance, Herpy l'Arlésienne), les destructions ont été plus conséquentes que dans les localités traversées sans grands combats.
Je ne cherche pas à développer une polémique mais pour un Ardennais dont la famille a particulièrement souffert de ce conflit, il était difficile d'admettre pareille affirmation sans chercher à la nuancer.
Cordialement.
JL Arnould