Une personne du forum m’a très aimablement confiée une série de photographies, dans le but de les partager ici.
Je commence donc pas cette photo provenant d’un album du service de santé du 166e RI, intitulée « La taupinière ».

Ces deux hommes munis d’appareil respiratoire ARS, sont équipés pour désinfecter un terrain souillé par l’Ypérite.
L’Ypérite est utilisée par les armées allemandes à partir de juillet 1917. Initialement, ses effets vésicants n’étaient pas apparus comme particulièrement intéressant aux chercheurs allemands. Ils recherchaient essentiellement un effet retardé en utilisant cette substance, un effet qui apparaîtrait au bout d’un certains temps sans symptômes précurseurs, le temps que le combattant s’intoxique sans s’en apercevoir.
Et les propriétés de ce toxique allaient rendre la vie des combattants infernale. Il devint le toxique le plus utilisé et celui qui fit le plus de victimes pendant le conflit.
L’Ypérite n’est pas un gaz mais un liquide huileux, répandu par les obus sous forme de fines gouttelettes. Elle est solubilisée dans un solvant qui permet une évaporation lente sous forme de vapeur et d’aérosol. Toute personne passant dans une zone contaminée se contaminera, et toute personne étant en contact avec une personne contaminée sera contaminée…
Les effets n’apparaissent qu’après plusieurs heures (4 à 6 a minima) en touchant souvent les yeux en premier lieu, avec une douleur très importante. Les effets vont alors se développer sur plusieurs jours, transformant le combattant touché en un véritable supplicié.
Vous trouverez plus d’informations sur ses effets ici :
http://www.guerredesgaz.fr/lesgaz/vesic ... icants.htm
L’appareil ARS ne fut distribué au front de façon significative qu’à partir de février 1918 ; cette photo est donc postérieure à février 1918. Les hommes sont équipés de bourgerons en tissu huilé, qui les protègent pendant quelques heures des effets du toxique. De nombreux modèles seront distribué :
http://www.guerredesgaz.fr/these/chap11/chap11.htm
Des gants en tissu huilé et des bottes de tranchée sont également portées pour éviter toute contamination par l’Ypérite, sous forme de vapeurs, d’aérosol ou de contact direct. Ce matériel sera ensuite désinfecté ou détruit.
Le travail de désinfection du terrain fut souvent confié au Service de Santé ; une équipe de désinfection fut créée dans chaque GBD et GBC (une dans chaque bataillon dans l’Infanterie également). C’était un travail délicat, long et pénible. Chaque pouce de terrain devait être traité et nettoyé… imaginez ce que cela représente pour un tronçon de tranchée comme celui-ci. Le personnel était souvent contaminé à son tour. L’Ypérite est suspectée d’avoir des propriétés au long court qui sont simplement terrifiantes. L’exposition répétée à ce toxique n’avait rien d’anodin. ..