Champ de Bataille fin août 1914

[Bachamois]

Après avoir fait quelques recherches sur le sujet (merci mémoire des hommes...), voici ce que l'on peut dire sur ces caissons abandonnés.
Le 22 août, à 4h du matin, le 3ème groupe du 26ème RAC est désigné comme groupe d'avant garde de la division (7e DI) pour l'attaque sur Ethe. Le brouillard est intense et venant de Gomery, la 7e Batterie (en tête) aborde la descente et pénètre dans le village. La fusillade augmente. La batterie déploie ses pièces dans la localité ( un plan complet existe dans le JMO du 26e RAC) et soutient infanterie et cavalerie. Pendant ce temps, la 8e Batterie déploie ses pièces au niveau de la Tuilerie. Malheureusement, cette manoeuvre bloque le reste de la colonne, c'est à dire la 9e Batterie et une partie des échelons de combat sur la route descendant au village. Le Capitaine Brun, commandant la 9e Batterie se met aussitôt en quête d'une position en dehors de la route pour pouvoir lui aussi participer à l'action. Mais à ce moment, le brouillard se lève dévoilant la colonne aux fantassins et artilleurs allemands.
Les balles d'abords puis les schrapnells causèrent de tels ravages qu'en quelques minutes la plupart des voitures furent démunies de leurs attelages. En vain, tentative fut faite de faire demi-tour. Une seule pièce pu être descendue aux côtés de la 8e Batterie et seul quelques attellages purent être ramenés à l'arrière. Les pertes étaient lourdes, bon nombre de tués et de blessés, dont le Médecin-Major de Charette et l'Adjudant-Chef Martin, grièvements blessés. Beaucoup de blessés légers et de survivants cherchèrent alors refuge dans le fossé bordant la route ou derrière le matériel épars, attendant une accalmie pour trouver un abri plus sûr.
Toutes ces informations proviennent du JMO de la 7e Batterie. Le rédacteur ajoute:
" Du premier angle de la rue principale du village, on aperçoit au-dessus de la Tuilerie une partie de la route battue. Le spectacle était navrant: des corps étendus, des voitures en désordre devant lesquelles gisaient inertes les attelages. Se révèlait-il quelques mouvement qu'aussitôt de nouvelles rafales arrivaient pour completer leur oeuvre de mort...
N'était-il pas stupéfiant que nous ayons_pu donner ainsi tête baissé dans un tel guêt-apens? Le perfide brouillard avait singulièrement fait le jeu de nos ennemis. Mais l'heure n'était point aux récriminations et il ne restait plus qu'à tâcher de faire payer très cher leur audace."

Voilà ce que j'ai pu trouver sur ce cliché, qui était encore il y a peu une photo muette dans ma collection et qui a pu devenir parlante grâce à vos connaissances et votre observation. Un grand merci donc à tous les intervenants de ce poste pour les infos et plans communiqués.

Bien cordialement Sébastien

[michelstl]

Merci à toi Sébastien pour ces dernières précisions.

Chaque fois je n'est plus de mots... et nous ne sommes ici qu'en 1914, dans cette dimension particulière du tout début...

sincèrement