Trêves et fraternisations : merci à vous !

[marie-france ganansia]

Bonjour,

Loin de moi les idées féministes...

Que la testostérone soit à l'origine de l'agressivité martiale des hommes, OK.Encore que les Amazones..

Mais il ne faut pas tout mélanger. Ici il s'agit de jeunes garçons et filles qui n'ont pas connu directement la guerre, qui n'ont pas fait de service militaire et n'en feront pas, qui lisent probablement peu sur la guerre 14-18 en temps habituel.Les filles (plus nombreuses que les garçons,pourquoi, d'ailleurs??)auraient, dans un contexte qui est donc identique, plus de mal à imaginer la guerre dans les tranchées à cause de leur sexe. J'avoue ne pas comprendre.
Cordialement

MFG

[Bruno Tardy]

Bonjour Eric
Rassurez vous, il n'y a pas de couac à proprement parler.
Je voulais simplement dire que j'avais moins aimé car le ton de ces lettres est un peu 'convenu', ce qui est à mon avis tout à fait normal car la guerre ne s'imagine pas, on ne peut qu'en avoir une idée. Ces jeunes n'ont pas connu la guerre et n'ont probablement qu'une très vague idée de ce qu'est l'armée, ils ont fait un gros effort pour se mettre dans la peau d'un combattant.Le résultat ne pouvait pas être parfait, c'était trop leur demander, mais il est quand même bon.
Cordialement
Bruno

[Stephan @gosto]

Bonjour MFG,

Loin de moi les idées féministes...

Que la testostérone soit à l'origine de l'agressivité martiale des hommes, OK.Encore que les Amazones..

Mais il ne faut pas tout mélanger. Ici il s'agit de jeunes garçons et filles qui n'ont pas connu directement la guerre, qui n'ont pas fait de service militaire et n'en feront pas, qui lisent probablement peu sur la guerre 14-18 en temps habituel.Les filles (plus nombreuses que les garçons,pourquoi, d'ailleurs??)auraient, dans un contexte qui est donc identique, plus de mal à imaginer la guerre dans les tranchées à cause de leur sexe. J'avoue ne pas comprendre.

... moi non plus. J'ai du mal à comprendre votre remarque.

Il me semble pourtant que la chose est assez simple. Eric Mansuy, avec deux collègues, ont réussi à accompagner quelques-uns de leurs élèves dans un travail relativement poussé sur une thématique qui ne peut manquer de nous intéresser ici. Il a la gentillesse de nous faire part aujourd'hui des résultats de ce projet.

Je pense que des travaux de classes de la sorte sont assez rares pour que l'on essaie de les apprécier à leur juste valeur : il ne s'agit pas d'un travail d'historien, mais d'un devoir scolaire. Lorsque mes filles de 5 et 9 ans me parlent de la guerre des tranchée, elles le font encore très maladroitement ; ce n'est pas pour autant que je vais les railler ou détourner dédaigneusement la tête. Au contraire, qu'elles m'en parlent avec leurs mots à elles, c'est déjà pour moi une belle chose.

Aussi, avant toute polémique, il me semble qu'il eut été plutôt de bon aloi de se féliciter que l'on travaillât ainsi dans nos lycées aujourd'hui. Ensuite, pour ce qui concerne la méthode pédagogique, le ratio filles/garçons dans les groupes d'étude, la résonnance d'un tel sujet sur les filles et sur les garçons etc. il existe probablement des forums axés sur l'éducation de nos enfants, et sur lesquels ces questions ouvriraient sans doute de passionnants débats.

Cordialement,

Stéphan

[Lui]

Bonjour à tous,
Un très grand MERCI, de la part de mes collègues et de nos élèves, et de ma part, à toutes celles et ceux qui ont permis à notre projet de prendre corps.
Ils (et elles) sont remerciés en dernière page du travail (temporaire, et qui sera bientôt enrichi) qui vient d'être mis en ligne, et qui est visible ici :
http://www.abri-memoire.org/documents/p ... df0107.pdf
J'espère que je n'ai oublié personne...!

Bien cordialement,
Eric Mansuy

Eric,
Votre travail reste un rayon de clarté dans un monde gris sombre qui sent trop la naphtaline.
VOUS au moins vous faites des choses et réalisez des projets.
Continuez sur votre route, les éleves qui apprennent avec vous ont de la chance.

[KROLE]

Bonjour,

Beau travail... de MEMOIRE. Félicitations à tous ceux et celles qui ont participés à ce projet et à vos collègues.

Je suis d'accord avec Bruno, et avec Stéphan.
Et puis ce sont des élèves... c'est un super travail qu'ils ont fait.
La guerre ne s'imagine pas certe, mais lorsque l'on s'en imprègne, on voit le résultat.
Et je pense qu'ils et qu'elles se souviendront de cette expérience...

Merci pour ce que vous faites.

Amicalement
Carole

[marie-france ganansia]

Bonsoir,

Vous avez dit:

"il existe probablement des forums axés sur l'éducation de nos enfants, et sur lesquels ces questions ouvriraient sans doute de passionnants débats."

Je suis d'accord avec vous mais je n'aurais rien dit si on n'avait pas écrit:

" 7 des 11 élèves de ce projet étaient des filles, ce qui a sans doute rendu leur tâche encore plus ardue que pour leurs 4 camarades masculins."

Ce que je ne pouvais laisser passer. Je voudrais bien qu'on m'explique autrement que par des boutades.J'ai deux fils, et quand ils étaient au lycée, il n'y a pas si longtemps, je pense qu'ils auraient été bien embêtés de faire une rédac sur la guerre de 14, et pourtant ils sont petits-fils de général et même arrière petits fils de etc etc....

MFG

[mireille salvini]

bonjour à toutes et à tous
bonjour Eric,

je vous remercie pour votre tolérance envers ma petite "critique",je craignais de vous avoir froissé un peu,car comme on dit,les conseilleurs ne sont pas les payeurs,et c'est peut-être difficile d'accepter des réflexions de quelqu'un qui ne s'est pas impliqué dans ce travail,qui,je le répète,est remarquable.
je vais donc vous dire mon point de vue selon ma sensibilité,c'est dire que ce n'est pas objectif au sens strict du terme,mais j'espère vraiment que ma réflexion vous semblera constructive.
quant au fait qu'il y ait eu plus de filles que de garçons,cela ne m'étonne pas,les filles ayant une approche plus intuitive donc plus proche du domaine du ressenti:cela n'a pas pénalisé votre travail,au contraire.

bon,je commence.

-sur l'ensemble des textes,je dirais qu'il y a parfois une trop grande "modernité" de l'écriture,dans l'expression de sentiments (surtout dans les lettres)
les hommes de l'époque,bien plus qu'aujourd'hui,étaient d'une extrême pudeur dans leurs sentiments et cela se reflétait dans leurs écrits:comment dire l'indicible sans plonger les proches dans l'angoisse?
essayez de faire un jeu de rôle à vos élèves:qu'ils essayent de s'adresser à un enfant de 7 ans,ils verront que bien des mots se bloqueront naturellement dans leur gorge devant l'innocence de leur interlocuteur et leur souci de le préserver...
pour les parents,l'épouse,les enfants...c'était pareil:surtout les préserver,surtout les rassurer,en évitant les sujets brûlants ou en édulcorant la réalité.
le soldat s'épanchait plus quand il s'adressait à un homme,et encore plus si cet homme était soldat lui-même...et même là,la pudeur était de mise,il ne fallait pas en faire un plat,surtout dans cette société qui exaltait la virilité...

donc pour moi, les lettres devraient moins en dire,devraient être plus brèves dans leurs descriptions;par contre,dans les carnets de guerre,on peut aisément mettre tout ce qu'on veut,les descriptions,les sentiments,puisqu' après tout c'était comme un journal intime.
d'ailleurs,certains textes des "carnets" sont vraiment proches de la perfection avec des phrases courtes,des mots tout en retenue ..

je vais vous dire page par page ce que j'ai relevé:
-p21:"moments libres":j'aurais plutôt parlé des nombreuses corvées,car moment libre évoque pour moi un loisir,et pas la guerre
"alors que d'autres,eux,ne pensent qu'à nous envoyer combattre,pour avoir de l'avancement":c'est un peu maladroit,étant donné que les officiers du front partaient les 1ers à l'assaut,et que la mortalité de cette classe d'hommes était extrèmement élevée
(la phrase d'avant est par contre très bonne)
"la nourriture a du mal à nous parvenir à cause de la neige et de la boue,alors sans les colis,que deviendrions-nous?":là aussi ça pourrait être mieux formulé,car si la nourriture n'arrive pas,les colis encore moins;de plus cette notion relève plus d'une impression d'un prisonnier de guerre,à mon avis.

-toujours p21,autre lettre:pourquoi la notion d'un 1ère Classe?..le terme de tuerie me gêne un peu,car ce n'est qu'a posteriori qu'on a pu parler de ça au lieu de "bataille",car enfin à la guerre on tue,mais on ne le dit pas aussi crûment à une femme;de plus,le mot "tuerie" implique la notion de tueur,et qui,en l'occurence est aussi un tueur?....pensée très gênante qui ne se dit pas.
le mot cascade (de sang) me rebute également:c'est tellement "gore",trop crû pour être écrit dans une lettre....surtout que la phrase suivante évoque l'odeur du repas que tu préparais:les méandres de cette pensée m'échappe un peu,c'est sûrement un garçon qui a écrit ça..
enfin le je t'aime est un peu moderne par l'emploi du je:toujours cette pudeur,j'aurais plutôt mis ton Paul qui t'aime

-p22:rien à dire,c'est très bien
-p23:le mot énormément me semble trop moderne pour l'époque (écrits du 25 décembre)
-toujours p23,lettre du 14 décembre:l'emploi de l'infirmière me gêne beaucoup car elle fait un diagnostic médical,sans compter qu'il n'y avait pas d'infirmière en toute 1ère ligne à cette époque de la guerre;j'aurais simplement mis le Major.
pour la phrase les attaques des Boches sont moins nombreuses car eux aussi sont affaiblis par la froideur de l'hiver et la maladie:je n'emploirais pas le mot "car" mais plutôt "sans doute".
j'enlèverais aussi le mot sûrement de la dernière phrase,car c'était évident qu'il n'y aurait pas de retour pour Noël,les permissions n'ayant véritablement démarré qu'en 1915 et encore,elles étaient trop rares.

-p24,lettre du 24 décembre:je passe le temps comme je peux...ça ne va pas car le soldat croulait sous les corvées ou les exercices,surtout en 2ème ligne
la scène de "l'épouillage mutuel" est peu réaliste,c'est chez les singes qu'on voit ça,les cheveux du soldats étaient d'abord quasi à ras,ensuite la chasse aux poux se faisait au niveau de la literie et des vêtements,et à chacun sa chasse n'est-ce pas.

petit apparté:j'écris en plusieurs fois et là je viens de voir quelques messages postés;j'hésite un peu à continuer,je ne voudrais pas passer pour ce que je ne suis pas;je vous ai déjà dit ce que je pensais de la qualité de ce travail,et je le pense vraiment,et vous n'avez certainement pas " échoué" dans votre tâche:mon commentaire se veut amicalement constructif et il vaut ce qu'il vaut:je suis peut-être complètement à côté de la plaque,j'en accepte à mon tour la critique

je vais continuer car quand le vin est tiré,il faut le boire.
-p25,lettre du 25 décembre:c'est parfait,j'aurais peut-être mis ,à la place de mourir le mot travailler ou autre chose,je trouve que cela déséquilibre le ton de cette lettre,mais c'est à peine perceptible.
-p25,lettre du 26:le mot Germains ne convient pas ,plutôt Prussiens ou Bavarois;à la place de amis,dire systématiquement copains
-lettre du 30:très bien
-les lettres suivantes :je fais les mêmes remarques,les descriptions sont trop réalistes pour une lettre à des proches
-p29:l'allusion à la ferme devrait voir plus de questions quant à la bonne marche de cette
ferme (recommandations sur les récoltes,sur les soins à donner aux bêtes etc...)

textes en allemand:je ne lis pas cette langue,j'ai juste vu l'emploi excessif de points d'exclamation (4 à la suite),trait d'écriture typiquement féminin,ou en tout cas ce n'était pas l'usage en allemand,surtout en écriture gothique

textes en anglais:
-p32:l'Anglais ne dit pas boches mais "fritz";pour signer il met plutôt love ou best wishes que I love you (j'ai correspondu avec des anglaises,américaines,australiennes)
-p33:la température s'exprime en fahrenheit pour un Anglais,je crois,aussi -11 degrés Fahrenheit=-43 degrés Celsius
-p34:je crois qu'un Anglais parlera plutôt de pieds (feet) que de mètre pour faire une mesure
j'aurais aimé également voir un peu d'humour anglais dans un de ces textes:les Tommies maniaient la dérision comme personne
un exemple inventé pour comprendre(je l'écris en français):"journée épouillage pour tous les hommes;on prend des paris pour savoir qui aura tué le plus de poux en 1 heure;c'est encore le lieutenant qui a raflé la mise,c'est vrai qu'il sort d'Eton...tu sais combien j'ai horreur de perdre,aussi je m'applique tous les jours à faire des progrès,heureusement j'ai de quoi m'entraîner.."

voilà Eric,j'en ai terminé;je sais que j'ai été pinailleuse pour ne pas dire un mot plus grossier;
peut-être que vous me détestez,j'en serais vraiment désolée..
n'oubliez pas ce que j'ai dit de votre travail ,ce n'était pas de la flagornerie

bien amicalement.......Mireille

[marie-france ganansia]

Bonsoir,

Merci Mireille!

"quant au fait qu'il y ait eu plus de filles que de garçons,cela ne m'étonne pas,les filles ayant une approche plus intuitive donc plus proche du domaine du ressenti:cela n'a pas pénalisé votre travail,au contraire."

Je n'aurais pas osé le dire, mais en plus, les filles à âge égal étant plus mûres que les garçons...

Cordialement

MFG

[marie-france ganansia]

Bonsoir,

Ce que je n'ai pas dit explicitement, mais je pense qu'on l'a deviné, et ce qui m'a choqué en premier lieu, c'est qu'on essaie d'expliquer quelques faiblesses du tarvail par le fait que les filles soient majoritaires. Voilà j'ai tout dit.

MFG

[Lui]

bonjour à toutes et à tous
bonjour Eric,

je vous remercie pour votre tolérance envers ma petite "critique",enfin le je t'aime est un peu moderne par l'emploi du je:toujours cette pudeur,j'aurais plutôt mis ton Paul qui t'aime
bien amicalement.......Mireille

Notre grande spécialiste du parler de l'époque malheureusement n'a pas dù lire la littérature de la Grande Guerre.
Je ne prends qu'un seul exemple, et il y en a plusieurs dans le livre, à vous de les découvrir.
Dans le livre Paroles de Poilus, page 144:
Le Commandant Georges Pétin écrit à son épouse.

Ma petite Chatte Chérie,
Ô Mon Amour
[Quel manque de pudeur mon Commandant!]

et il termine sa lettre:

Chère, à demain; je t'aime et suis ton tout à toi.
Georgillot

[Un commandant tendre, quel honte!!!!!!]

Et Georges de continuer dans une autre lettre:
[...] je t'Aime......je t'Aime.
Je mords tes lèvres aimées et je bois dans ton baiser la force et le bonheur.

[Pudeur, mon commamdant connaissez-vous ce mot?]

Bien entendu le commandant n'est pas un homme du peuple.

Page 169:

Marius écrit à ses parents:
Gros baisers à tous deux de celui qui vous aime.

On arrive bien à se demander comment on n'a pas perdu la guerre avec tant d'hommes sans pudeur.