Bonjour,
"Cornette", "Chanteloube", ne rêvons pas, il s'agit
malheureusement bien, fin novembre 1918, de
troupes allemandes, libres de leurs mouvements, non surveillées par des alliés, en ordre de marche allégé, leurs casques et paquetages transportés sur des voitures d'allégement en cours de progression vers l'Allemagne!
Quelques observations sur les conditions de l'armistice:
-les allemands ont un délai de
14 jours pour évacuer la Belgique, le Luxembourg et l'Alsace-Lorraine après avoir franchi successivement des "lignes" tracées sur la carte, en tout cas, hors de la surveillance immédiate des alliés.
-le délai d'évacuation de la rive gauche du Rhin est de
8 jours supplémentaires.
-l'évacuation de la zone très étroite de neutralité au delà du Rhin bénéficie encore de
2 jours de délais en plus.
C'est
après ces délais successifs que les Armées alliées occuperont les terrains évacués.
En tout cas, avant la signature du traité de Versailles en 1919,
aucun contrôle sérieux du désarmement de l'Allemagne n'a eu lieu et les rares missions de contrôle d"exécution des clauses de l'armistice n'avaient aucun pouvoir réel d'investigation à l'Est du Rhin.Il faut attendre 1920, le temps que les alliés se soient mis d'accord sur la composition, le rôle et les pouvoirs des Commissions Interalliées de Contrôle (commissions militaire et navale) pour assister
au début des opérations du contrôle réel du désarmement de l'Allemagne.
-le 11 novembre 1918, l'Armée allemande disposait encore de 198 Divisions, à effectifs peut-être amoindris, mais ce chiffre représente encore le
double des divisions françaises!
-les alliés, après discussions, ont diminué le chiffre des matériels à abandonner par les allemands dès la signature de l'armistice:
-ainsi le nombre de mitrailleuses à abandonner est passé de 30.000 à 25.000.
-celui des avions de 2.000 à 1.700 (dont tous les Fokker D7, seul matériel nominativement désigné compte-tenu de sa dangerosité).
-celui des camions de 10.000 à 5.000.
-seul le nombre des canons est resté stable: 5.000 (dont la moitié de canons lourds).
Il y a donc une "modération" certaine des alliés malgré les affirmations des gouvernements.Il était estimé en novembre 1918 que le tiers des armements allemands allait être abandonné.Il n'en est rien, les alliés ont publié des chiffres officiels des matériels détruits jusqu'en 1926 montrant que les existants en mitrailleuses et canons étaient bien supérieurs.Rappellons aussi que l'Allemagne avait encore plus d'un million d'hommes sous les armes à une date aussi tardive que fin 1919!
Pour en revenir au document initial, il est malheureusement le témoignage que l'Armée allemande n'était pas "écrasée" et qu'elle était encore en mesure de combattre matériellement.Vous remarquerez qu'aucun officier ou homme de troupe n'a enlevé ses cocardes et que les conséquences de la Révolution allemande sont bien peu apparentes sur la tenue de ces soldats.
A la vue de documents de ce type, on comprend mieux pourquoi le G.Q.G français et beaucoup plus encore le G.Q.G américain ont regretté la signature immédiate de l'armistice le 11 novembre alors qu'une grande offensive franco-américaine allait démarrer le 15 novembre 1918 dans un secteur où l'ennemi ne pouvait opposer que 7 Divisions à 28 Divisions françaises et américaines, appuyées par 600 chars.
Certes, il importait d'arrêter au plus vite l'hécatombe mais des conditions plus politiques que militaires ont dicté cet armistice.En tout cas, il faut rappeler que nulle part, les Armées alliées n'avaient pénétré en Allemagne à la date du 11 novembre et qu'en aucun cas, l'avance victorieuse des alliés n'a pris l'allure de l'exploitation d'une victoire décisive.Un facteur qui a pesé lourd dans les années d'après-guerre...
Voici une vue des "cavaliers" qui semblent poser problème, il ne s'agit pas de "cavaliers britanniques" mais bien d'officiers allemands (rappelons qu'en Allemagne comme en France, les officiers commandants de compagnie ou de batterie et les officiers supérieurs sont montés, même si on l'a un peu oublié entre fin 1914 et 1918!).Cette 2ème photographie, prise du même point à Falisolle, quelques secondes après la première, permet de distinguer les officiers à cheval et l'armement des soldats (carabines en bandoulière ou à l'épaule):

A Falisolle en Belgique en novembre 1918.

Gros plan sur les officiers montés et quelques soldats.
Cordialement,
Guy François.