Bonjour,
La bonne réponse est celle de
RobertBFR!
Il s'agit bien du
capitaine Jean Fernand Cellerier (1870-1936), inventeur du mortier du même nom, une des toutes premières répliques aux
Minenwerfer.
La carrière de cet officier d'artillerie se résume ainsi;
-1888: engagement.
-1892: sous-lieutenant élève à l’École Polytechnique.
-1894 à 1904: stage au 14e R.A à Tarbes, affectations aux 35e R.A de Vannes puis au 13e R.A de Vincennes.
-1904-1905: Ecole supérieure d'électricité.
-1906 à 1908: 20e R.A de Poitiers, mais en fait détaché à l'Atelier de Précision de la Section Technique de l'Artillerie. Promu enfin capitaine le 25 mars 1906 (il était alors n° 2 de la liste des lieutenants en premier).
-11 juin 1908: en congé de trois ans (affecté à la suite du 20e R.A).
-1911: capitaine adjudant-major au 49e R.A.C de Poitiers (en congé de trois ans).
-1912: à sa demande, bénéficie du statut offert par la Réserve Spéciale (loi du 12 novembre 1911).
-1912 à 1914: officier de réserve au 12e R.A.C de Vincennes.
-1914: mobilisé au 2e R.A.L, régiment créé au printemps 1914.
-1914-1918: chef d'escadron puis lieutenant-colonel, affecté comme officier de réserve au 82e R.A.L.T à partir de 1919.
-carrière civile dans l'industrie électrique.
A noter que, comme le lieutenant-colonel Rimailho et le chef d'escadron Filloux, cet officier à l'esprit inventif quitte l'Armée juste avant la guerre et bénéficie de l'instauration du statut de la Réserve spéciale (comme le C.E Filloux). L'Artillerie des Années 1901 à 1914 semble ne "plus avoir besoin de savants" et laisser ses meilleurs officiers "ingénieurs" en dehors de l'avancement, lesquels sont donc contraints d'aller vers l'industrie privée qui les accueille bien volontiers. Le lieutenant-colonel Deport, l'inventeur du "75" avait d'ailleurs précédemment ouvert la voie à cette filière en allant chez Châtillon-Commentry quand "on" lui refusa le grade de colonel.
Le capitaine Cellerier devient célèbre dans toute l'Armée en novembre 1914 en Argonne. L'officier remarque que le corps des obus à balles allemands de 77 peut recevoir une douille de 65 de montagne français avec juste le jeu nécessaire pour transformer ces corps d'acier en mortier de tranchée. Il suffit de construire un affût incliné à 45° en bois pour pointer ce mortier et de transformer la douille du 65 de montagne en projectile chargé de grenaille agglomérée et d'une charge d'explosif. Une simple mèche d'allumage permet l'inflammation de la charge.
Ce mortier primitif peut donc effectuer une riposte, certes timide, au tir des
Minenwerfer en propulsant sa charge à 250-300 mètres environ. Employé en batteries de 5 à 6 mortiers côte à côte, ce mortier facile à construire dans les ateliers de l'arrière-front est très largement employé en attendant de meilleurs matériels qui n'arriveront qu'au début de 1915.
Le capitaine Cellerier est fait Chevalier de la Légion d'Honneur en 1915 et reçoit la citation suivante à l'ordre de l'Armée:
"A fait preuve d'ingéniosité et d'une activité remarquable en imaginant et en construisant avec des moyens de fortune, un lance-bombes capable de répondre aux Minenwerfer ennemis, a rendu par la mise en œuvre de ces matériels des services signalés aux troupes et a contribué, pour une large part, à leur résistance victorieuse".
D'autres inventeurs moins connus ont réalisé des engins assez semblables mais le mortier Cellerier restera pour l'histoire le symbole des improvisations françaises en matière d'engins de tranchée. Bien plus maniable que l'antique mortier de 15 cm modèle 1838, le mortier Cellerier peut être employé en toute première ligne.
Voici, deux photographies du capitaine Cellerier retrouvées aux Archives Nationales dans le Fonds de Jules-Louis Breton par notre ami Michel "Tanker":
-d'abord la photo complète du sujet, le capitaine Cellerier pose en majesté à côté de son œuvre:
Le capitaine Cellerier en Argonne en décembre 1914.
-l'atelier de construction des mortiers Cellerier en Argonne:
Le capitaine Cellerier examinant une création de l'atelier de construction des mortiers qui portent son nom en arrière du front d'Argonne.
Merci à tous les participants et...à Michel "Tanker", inlassable chercheur et découvreur d'archives!
Cordialement,
Guy François.