En ce jour de grande cérémonie du centenaire j’aimerai rendre hommage aux soldats français et allemands qui ont combattu durant la bataille de Verdun et plus particulièrement sur un régiment qui était en première lignes en ce matin du 29 Mai 1916 depuis quelques heures. Le secteur occupé est très mauvais, continuellement battu par le feu des canons allemands. Ils vont subir ces tirs d’artillerie durant tout le temps de leur séjour en première ligne, aucun répit ne leur sera accordée…Le quotidien de beaucoup de régiment durant la bataille de Verdun. Les hommes qu’ils viennent de relever dans la nuit du 28 au 29 mai 1916ont quitté cet enfers très rapidement. Dans ce secteur occupé par ce régiment les premières lignes n’existent plus, les hommes occupent des trous d’obus par grappe de deux ou trois. Les lignes allemandes sont assez poches et la situation confuses. Voici le témoignage d’un capitaine de compagnie de ce régiment qui découvre au petit jour le paysage de son secteur le matin du 29 mai 1916 :
Il fait maintenant complètement jour. La corvée de soupe n'est pas revenue. Nous nous passerons de manger encore aujourd'hui ! Il faut attendre la nuit.J'aperçois maintenant dans toute son horreur le paysage qui m'entoure. Partout ce n'est qu'un chaos indescriptible. Le terrain n'est qu'une succession de trous et de monticules qui ont jusqu'à deux mètres de profondeur ou de hauteur. Il n'y a pas un endroit qui n'ait pas été retourné profondément par les obus. On croirait que la fin du monde, succédant à un formidable tremblement de terre, est arrivée dans ce coin.
Du bois, appelé Bois Nawé, qui était planté là autrefois, il ne reste que quelques squelettes d'arbres, dépouillés de toutes branches, complètement dénudés, et qui semblent être demeurés debout pour mieux témoigner de l'œuvre de destruction accomplie. Tous les autres arbres ont disparu, mis en pièces par les innombrables obus qui sont venus exploser à leurs pieds. Des souches soulevées de terre émergent du sol. Des tronçons d'arbres complètement déchiquetés se dressent encore à un mètre de hauteur. La terre est couverte de débris de branches hachées. Le sol est parsemé de havresacs, de débris d'équipements, de fusils cassés.
Il n'y a pas un brin de verdure, pas la moindre touffe d'herbe, on n'entend pas un chant d'oiseau. Tout est mort dans la nature. Seuls, des hommes, s'accrochant au sol qu'ils ne veulent pas laisser prendre, vivent encore au milieu de cette terre désolée et ne veulent pas mourir.Un peu plus loin dans le fond du ravin, à ma gauche, s'étendent les Carrières d'Haudromont aux abords desquelles se trouve la Compagnie de Villedieu. Au-dessus et un peu à gauche, j'aperçois la côte du Poivre en haut de laquelle se dressent quelques pans de murs, ce sont les ruines de Louvemont.En face de moi, la vue s'étend à près de deux kilomètres jusqu'à une longue crête qui court de Louvemont jusqu'au fort de Douaumont. Un ravin dans lequel passe la route de Bras à Douaumont nous sépare de cette crête et passe au pied du mouvement de terrain que nous occupons. Le fort de Douaumont nous est masqué par un éperon qui s'avance à droite et où se trouve la ferme et la redoute de Thiaumont
Puis voici un autre témoignage de ce même capitaine de compagnie sur les bombardements de ce secteur
C'est un martèlement continu, un pilonnage serré. On a l'impression que tout va être écrasé, réduit en miettes, anéanti. Le fracas des explosions est encore accru par l'écho qui se répercute dans les ravins et l'air retentit d'un vacarme infernal impossible à décrire. Notre Artillerie riposte bientôt à son tour et le tintamarre redouble. Toute l'atmosphère paraît en feu. A l'horizon, les lueurs de départ des coups font comme autant d'éclairs et tout autour de nous, chaque explosion d'obus crache du feu.
Il y a une semaine je me suis rendu à Verdun et j’en ai profité pour aller en forêt dans ce secteur. Je m’y suis rendu plusieurs fois auparavant mais à des saisons différentes, à l’automne et en hiver. Là j’ai découvert ce secteur avec des fleurs, des arbres en pleine feuille, on entendait les oiseaux tout le temps et puis j’ai croisé deux sangliers et un chevreuil. J’étais tout seul au milieu de ce secteur qui était battu par les obus allemands il y a cent ans où des milliers de soldats français et allemands ont trouvé la mort et qui respirait le calme et la sérénité en 2016. Je me suis rendu sur les reste d’une ancienne tranchée que je connais bien et à l’ombre des arbres sur les bords de celle-ci des milliers de brins de muguets en fleurs…j’ai trouvé cette image forte pour moi, la nature a repris ces droits sans effacé les traces du passé. J’en ai cueilli quelques brins.
Puis je me suis rendu à l’ossuaire de Douaumont où c’était l’effervescence, les préparatifs de la cérémonie d’aujourd’hui était en cours. Il y a avait beaucoup d’enfant qui visitaient l’ossuaire, Beaucoup écoutaient leurs professeur avec attention. Cela m’a aussi beaucoup donné de joie que des élèves très jeunes viennent en visitent à Verdun, les enfants sont très important dans notre société.
Ce régiment est le 403e RI mais aujourd'hui peu importe le régiment c'est un hommage à tous ces régiments qui sont passés par Verdun qui compte
Voilà je tenais à partager avec vous cette journée du 29 mai 2016 qui il y a cent ans était une journée difficile pour les soldats allemands et Français.
En un dernier mot, habitant de la Meuse elle est belle votre foret…
Je vous laisse une photo prise il y a cent ans qui illustre bien cette bataille...
Bonne soirée à tous
Nicolas
