BIRIBI & autres sections disciplinaires

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Scolari
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Re: BIRIBI & autres sections disciplinaires

Message par Scolari »

Bonjour,
il s'agit d'une remise en forme et regroupement des textes de "Zéphyr Joyeux".


1. BIRIBI ou la "grande discipline"(I)
2. BIRIBI ou la "grande discipline"(II)
3. Les sections spéciales ou "la petite discipline"(1910-1972)
4. Les groupes spéciaux, de Clairvaux à Verdun


1. BIRIBI ou la "grande discipline"(I)

Jusqu'en 1748, les déserteurs se mélangeaient sur les bancs des galères avec les condamnés de droit commun.
L'ouverture des bagnes portuaires (Brest,Toulon,Rochefort) suscita des critiques tres vives contre la peine des "fers" qui s'appliquait à tous.

L'ordonnance royale du 12 decembre 1775 créa donc les galeres de terre (Lille,Strasbourg,Metz,Lyon) chargées d'employer les déserteurs.
Les évadés repris repartiraient aux fers. En 1793, la Convention legifera avec energie contre les "requis"defaillants.

Les déserteurs sont envoyes aux ateliers du boulet des arsenaux,les militaires fautifs condamnes aux ateliers de travaux publics(les "camisards" ) et les militaires condamnes de droit commun dans les pénitenciers militaires (les"fricoteurs" ).
Une fois liberes,ils regagnent leurs unites, sauf si on leur remet la "cartouche d infamie".

Le Premier Consul maintient ce système mais y ajoute quelques variantes. Les réfractaires sont regroupés (decret du 10 decembre 1802) dans les dépôts coloniaux (Dunkerque, Le Havre, Nantes, Rochefort, Bordeaux, Marseille, Nice)
mais restent finalement bloqués, et sont employés au service des ports (decret du 16 aout 1803).
Les condamnes en correctionnelle sont admis a s'engager dans la Marine apres un sejour de readaptation dans l etablissement de Lorient.
Les déserteurs sont regroupes dans des régiments spéciaux (Walcheren,Ile de Re,1er et 2eme de la Mediterranee) puis verses au sein des 130eme,131eme,132eme RI et 35eme et 36eme légers.
Les resutats sont tellement bons (Russie, Allemagne) que l'idee se conforte qu'hormis les criminels de grand chemin, les condamnes, graciés ou amnistiés sont récupérables. Face aux contestataires et marginaux de tous horizons, l'ordonnance du 28 septembre 1814 sur le regroupement des bataillons coloniaux à Belle Ile et à Oléron pour former deux bataillons d Afrique-dissous apres l'affaire de la "Méduse" et les émeutes d Oléron et l ordonnance du 16 avril 1818 sur la création des Compagnies de Discipline ne suffisent pas.
Soult et Savary veulent faire traverser la Mediterranée à tout le système répressif de l'armée: Compagnies de Discipline, immigres a surveiller,repris de justice,maisons de detention et ateliers. BIRIBI est né.

auteur : Zéphyr Joyeux
source : pages1418/qui-cherche-quoi/biribi-grand ... 1531_1.htm


2. BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Dès le début des opérations militaires des BILA en Algérie (1832) on sait que les pertes, dues principalement à la maladie et aux coups de fatigue, vont être lourdes.
De 1832 a 1840, l'année de Mazagran, le taux de décès est de 30%
- dont 1% du au feu seulement
- mais l'arrivée de nouveaux condamnés permet d entretenir la machine et de maintenir les effectifs a un niveau très élevé:
trois bataillons à dix compagnies forts ensemble de 5000 hommes, et fort éprouvés par la guerre ( moyenne d age de trente ans).

EN 1889, on crée, en Tunisie, deux bataillons supplémentaires,les 4eme et 5eme BILA (Le Kef,Tatahouine) pour faire face à la montée des effectifs due a l'arrivée importante des recruees issues directement du civil.

Pour calmer l'opinion publique, effrayee de voir des jeunes perdus se retrouver avec les vieux chevaux de retour de l armee,on invente tout un folklore de criminels irrécupérables tatoues aux mœurs sanguinaires,
alors que le taux de tatouage, 1%, fait une poussive concurrence au poucentage de condamnes aux travaux forces et a la reclusion cumule,lui aussi d un pour cent.

Encore faut il preciser qu'il en va dans ce domaine comme dans celui de l'héraldique nobiliaire, les derniers arrivés en rajoutent pour rattraper les anciens.

Entretemps, BIRIBI a évolué. Les ateliers du boulet (Alger,Bone,Cherchell,Oran) " sans hygiene ni barbier " ont fermé en 1857, et ont rejoint les ateliers de travaux publics, dont les effectifs augmentent de 10%.
Les ateliers de travaux publics ( Birkadem,Bone,Mers el Kebir,Tenes ,Oran) se sont développés et envoient toujours plus a l'intérieur des terres leurs equipes de terrassiers.
Les pénitenciers (Alger,Bab el Oued,Bab a Zoun,Blidah,Coleah,Philippeville) alimentent continuellement les BILA qui peuvent etre engagés simultanément sur plusieurs théâtres d'opérations à la fois :
( Algerie, Cochinchine, Chine, Japon, Mexique, France 1870, Tunisie, Tonkin, Formose, Dahomey, confins sino-tonkinois, Maroc).

Pour la guerre de 1914,le système est bien huilé. En 80 ans, BIRIBI a vu passer pres de 200 000 hommes dont 20 000 décèdent.
80 % de ces derniers ont perdu la vie en servant dans les bataillons d Afrique, dont parle avec crainte tout le monde.
auteur : Zéphyr Joyeux
source : pages1418/qui-cherche-quoi/biribi-grand ... 1532_1.htm


3. Les sections spéciales ou "la petite discipline"(1910-1972)

La nouvelle organisation de la "petite discipline" qui se distingue de la"grande discipline", celle des ateliers de travaux publics et des pénitenciers se développe à partir de 1910 de la facon suivante:
Métropole:
3eme RI(XVeme CA) une section a Sisteron.
6eme RI(XVIIIeme CA) trois sections a l ile d Oléron, a la place du Corps Disciplinaire Colonial(1860 1902).
Petit depot des BILA sur l ile de Re charge de la concentration des"joyeux" condamnes aux travaux forces et destines a la transportation en Guyane.
111eme RI(XVeme CA) une section a port Cros.
123eme RI(XVIIIeme CA) une section a l'ile Madame.
144eme RI(XVIIIeme CA) une section a Blaye qui est mutee a l ile d Oléron.
173eme RI(XVeme CA) quatre sections reparties sur Calvi (futur quartier du 2eme REP) Corte (futur quartier du 2eme REI) Entrevaux, et Saint Florent (anciens quartiers du 3eme BILA a l'époque ou Louis Philippe voulait le vendre a l Espagne).

AFN:
Légion Etrangère : une compagnie de discipline a trois ou quatre sections,selon les moments,repartie sur les divisions d Oran et du Maroc,et rattachee au 2eme Etranger.
BILA: 5emes compagnies des cinq BILA(Algerie,Tunisie,Maroc).
Tirailleurs: une section dans chaque regiment d Algerie et de Tunisie(1er,2eme,3eme,4eme régiments)et dans chaque regiment de la division du Maroc(5eme,6eme,7eme,8eme,9eme régiments).
Zouaves: trois sections reparties sur Djelfa, Bedeau et Souk el Djemar,concentrant les disciplinaires des quatre régiments(1er,2eme,3eme,4eme).

Les dernieres sections spéciales ont fermé leurs portes en 1972.
auteur : Zéphyr Joyeux
source : pages1418/qui-cherche-quoi/sections-spe ... 1528_1.htm


4. Les groupes spéciaux, de Clairvaux à Verdun

Les lois de 1889 et de 1905 sur le recrutement de l'armée avaient specifie que les "réservistes judiciaires"rappeles sous les drapeaux seraient affectes au sein d unites nouvelles, les Groupes Spéciaux de corps d armee.
- Il y en avait donc 21.
On pense un premier temps les affecter dans les Sections Spéciales, qui se développent d'abord au niveau de chaque armée, puis de chaque corps d'armée, et enfin dans presque chaque unite.

Mais l'affaire de la nouvelle section spéciale du 111eme RI (XVeme C.A) créée à Port Cros, conduit le Ministere de la Guerre à souhaiter la mise à l'écart des "judiciaires", susceptibles d'entrainer les jeunes.

Les G.S sont donc dirigés sur l'Afrique du Nord
et repartis sur l Algerie ( Alger, Oran, Khenchela, Guelma)
la Tunisie( Téboursouk)
et le Maroc(Dar Bel Hamrit).

Habilles par les troupes des C.A, ils ne reçoivent leur armement qu au sein des depots des BILA.
Cependant, les chefs de corps ont toute latitude pour les envoyer a la "discipline"de Biskra.
C'est avec la plus grande méticulosité qu'on les ventile dans les compagnies chargées de monter au front. Toutefois,il devient vite inutile de faire des mouvements en tous sens et il est decidé que les G.S pourront être levés directement dans les maisons centrales et diriges sur le front.

Le plus célèbre des G.S est naturellement le 6eme G.S du 6eme C.A (Chalon) recruté à Clairvaux, formé rapidement, mais qui donna à Reims d excellents résultats (3eme bataille de l Aisne et 4eme bataille de Champagne).
Ses hommes qui, lors des mutineries de 1917,avaient écopé de lourdes peines, suspendues par la suite, obtinrent facilement le benefice de l'amnistie et purent demander avec succes leur rehabilitation devant les cours d appel.
En revanche,ceux qui en avaient profite pour deserter a nouveau et qui furent repris restèrent de nombreuses annees à BIRIBI.
Les derniers ne quittèrent l AFN qu en 1926.
auteur : Zéphyr Joyeux
source : pages1418/qui-cherche-quoi/groupes-spec ... 1529_1.htm
Modérateur technique
Les cadres 5e BILA années 1914 à 1918
1er R.A.L
rédacteur d'articles sur Généawiki sur la Grande Guerre
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