Re à toutes et à tous, Jérôme, Bernard, Michel et Jean
Pour répondre à Jérôme, rien ne vaut les textes officiels. Voici un scan qui répondra à ta question. Document tiré du bulletin officiel du ministère de la guerre : Recueil en textes authentiques des lois intéressant l'armée en vigueur au 1er janvier 1917 (1902- 1916) (Paris, Charles-Lavauzelle, 1917)
Loi sur le recrutement de l'armée du 21 mars 1905
Pour en savoir un peu plus sur le recrutement de l'armée, je te conseille le bouquin de Philippe Boulanger, centré sur une période donnée mais très intéressant, et surtout la thèse de Jules Maurin dont j'ai donné les références dans mon précédent message. Etude très détaillé des centres de recrutement de Béziers et de Mende. Indispensable ! Voici les premières de couverture.
voir également du même auteur :
http://www.stratisc.org/strat_061_BOULANGER.html
Bernard. "Le n° matricule recrutement devait-il obligatoirement être accompagné du nom du Bureau ?"
Je réponds :
OUI
Petit rappel : les régions militaires étaient divisées en subdivisions militaires. Dans chaque subdivision il y avait un bureau de recrutement permanent. Chaque année un conseil de révision itinérant était mis en place. Afin de préparer le travail des conseils de révision, dans chaque canton, les maires des différentes communes
"dressent les tableaux de recensement des jeunes gens ayant atteint l'âge de vingt ans révolus dans l'année précédente et domicilié dans les communes du canton.
- sur la déclaration à laquelle sont tenus les jeunes gens, leurs parents ou leurs tuteurs ;
- d'office, d'après les registres de l'état civil et tous autres documents et renseignements.
Sont portés sur ces tableaux les jeunes gens qui sont Français en vertu du Code civil et des lois sur la nationalité.
Ces tableaux mentionnent la profession de chacun des jeunes gens inscrits.
Ils sont publiés et affichés dans chaque commune suivant les formes prescrites par les articles 63 et 64 du Code civil. La dernière publication doit avoir lieu au plus tard le 15 janvier.
Dans le mois qui suivra la publication des tableaux de recensement et jusqu'au 15 février au plus tard, tout inscrit qui aurait à faire valoir des infirmités ou maladies pouvant le rendre impropre au service militaire devra en faire la déclaration à la mairie de sa commune, en y joignant, pour constituer son dossier sanitaire, tous les certificats utiles. Il lui en sera délivré récipissé…" (article 10 – loi de 1905)
Prenons un exemple :
Classe 1914 / cantons de l'arrondissement du Vigan (Gard)
Du
1er janvier au 14 janvier 1914, les maires des différentes communes françaises établissent les tableaux de recensement des jeunes gens résidant dans leurs commune, qui ont eu 20 ans durant l'année 1913.
Du
16 février au 16 juin 1914, les conseils de révisions se réunissent dans les chefs-lieux de canton (au niveau national). Pour l'arrondissement du Vigan (Gard), voici quel était le programme du conseil de révision de la subdivision de Nîmes. (
source :
"L'Echo des Cévennes" n°4064 dimanche 15 février 1914)
- Canton de Quissac le mardi 24 mars à 11 h du matin
- Canton de Sauve le mercredi 25 mars à 11 h ½ du matin
- Canton de St-André-de-Valborgne le mercredi 1er avril à 10 h ½ du matin
- Canton de Lassalle le jeudi 2 avril à 9 h ½ du matin
- Canton de St-Hippolyte-du-Fort le vendredi 3 avril à 11 h ½ du matin
- Canton de Sumène le samedi 4 avril à midi
- Canton du Vigan le lundi 6 avril à 2 h ½ du soir
- Canton d'Alzon le mardi 7 avril à 10 h ½ du matin
- Canton de Trèves le mercredi 8 avril à 9 h ½ du matin
- Canton de Valleraugue le jeudi 9 avril à 9 h ½ du matin
Et voici le compte rendu de ce même conseil de révision pour le canton du Vigan (chef-lieu d'arrondissement)
(
source :
"L'Echo des Cévennes" n°4072 dimanche 12 avril 1914)
"Lundi dernier, le conseil de révision sous la présidence de M. le préfet du Gard, a examiné les jeunes gens de la classe 1914. Comme les années précédentes, ces opérations ont amené un certaine animation en ville et nos jeunes conscrits ont joyeusement fêté leur vingt ans. La classe de 1914 présentait 99 jeunes gens pour tout le canton du Vigan (37 pour la ville). A 4 h ½ le nouveau préfet du Gard recevait officiellement les corps constitués et les fonctionnaires dans les salons de la sous-préfecture. M. Hudelo a eu pour tous un mot aimable et l'impression que chacun a emporté de ces réceptions a été que le nouveau préfet était un homme charmant. Dans la soirée, M. le préfet émerveillé de la beauté du pays qu'il avait visité au cours de ces tournées de révision dans l'arrondissement a manifesté le désir de s'entretenir avec le comité du Syndicat d'initiative de la région du Vigan, qu'il a chaudement félicité pour l'œuvre que poursuit le syndicat auquel il a du reste promis tout son bienveillant concours."
Ensuite le
"boulot" revenait au commandant du bureau de recrutement et à ses services qui, selon les "instructions pour la tenue des registres matricules" rédigeaient les registres matricules que nous connaissons bien, registres consultables (plus ou moins… mais là n'est pas le sujet !) aux archives départementales. Si mes souvenirs sont bons, dans chaque volume des registres matricules, il me semble, qu'il y a au début ces fameuses
"instructions pour la tenue des registres matricules". Si l'un d'entre vous possède le texte ou une photo de ces instructions, je suis preneur. Merci.
Pour conclure, chaque bureau de recrutement avait pour chaque classe de la subdivision militaire une numérotation bien précise (de 1, 2, 3, etc.), numérotation liée, dans la grande majorité des cas (voir plus haut…), au cheminement du conseil de révision. Exemple : la subdivision de "
Nîmes" (une partie seulement du département du Gard car il y a un autre bureau, celui de "
Pont-Saint-Esprit" qui englobe certains cantons du département de l'Ardèche) avait pour chaque classe 2400 jeunes gens en moyenne, plus ou moins suivants les classes. De ce fait, tout jeune homme avait un numéro matricule rattaché à la classe d'un bureau de recrutement bien précis.
Un numéro matricule sans la classe et sans le bureau de recrutement ne sert à rien, et ne permet pas de retrouver le jeune homme en question. Pour chaque classe (national) il y avait un numéro 1 ou un numéro 121 dans chaque bureau de recrutement et donc sur les registres matricules. Pour consulter ces documents, il faut connaître dans l'ordre :
- le bureau de recrutement (subdivision militaire)
- la classe
- le numéro matricule
Il existe des tables pour chaque classe.
Si vous n'avez que la classe ou le numéro matricule sans aucune autre informations d'état civil, bonjour l'angoisse… si vous avez simplement le bureau de recrutement, cela vous prendra du temps (consultation des tables des classes) mais vous devriez y arriver.
Bernard, pour votre deuxième question :
"savez-vous ce que signifient les lettres "L.M." ou "L" devant un numéro ?" Il n'y a pas, à ma connaissance, de lettre devant le numéro matricule. A mon avis il s'agit d'une inversion lors de la transcription (fiches MDH) entre le numéro au corps et le numéro matricule. J'ai déjà vu cela pour des gardois MPLF qui avaient un numéro matricule supérieur à 8000 !!!! Impossible, erreur du copiste ! Inversion, ce soit-disant numéro matricule était en fait le numéro au corps… C'est mon explication !
Jean, je ne vous ai pas oublié… à bientôt sur votre boite perso.
Bien cordialement à toutes et à tous
Guilhem LAURENT