Un peu de retard à rattraper dans la Grande Histoire des enfants de Frontenay sur Dive:
Il y a cent ans et quelques jours, le 24 septembre 1916……....
Le 24 septembre 1916, Pierre Ernest Thomas, né à Frontenay en 1871, qui sera maire de Frontenay pendant près de 20 ans, change de régiment. Du 70 ème RIT, basé en temps de paix à Tours, Pierre Ernest Thomas intègre le 6ème Régiment du Génie dans lequel il est impossible de suivre son parcours.
Mais avant de changer, il passe avec le 70ème RIT lui aussi, selon Ch'timiste et le JMO, par Verdun en mars 1916 (46 tués et 78 blessés), puis l'Oise jusqu'à ce 24 septembre 1916, où la situation semble plus calme, puisque le JMO ne signale quasiment aucun combat, ni alerte......
Il y a cent ans et quelques jours, le 28 septembre 1916……....
Fin septembre 1916, Hubert Bironneau, né en 1888, le frère de Hyacinthe, Henriette et Madeleine, toutes les 2 futures épouses des frères Amauger, se bat dans la Somme avec le 76ème RI, près de Bouchavesnes et Saint-Pierre Waast.
Selon le JMO, le régiment doit remplacer une unité fortement éprouvée. Ce n'est pas de bon augure.
Au moment de la relève le 20 septembre, il n'y a pas de tranchées pour se protéger, mais des trous d'obus.
Le 22, l'artillerie accentue ses tirs pour préparer l'attaque envisagée le 23 suivant.
Le 23 septembre 1916, toute l'artillerie française du secteur est en action, suivi de l'attaque des grenadiers au lever du jour. 1200 mètres sont rapidement gagnés et l'objectif est atteint.
Les 25, 26 et 27 septembre, les attaques sont moins bien préparées, les combats sont plus violents, et le succès n'est pas celui espéré.
Finalement, le régiment est relevé dans la nuit du 28 au 29 septembre 1916 et va cantonner à Etineheim, près d'Albert, toujours dans la Somme.
Harceler l'ennemi pour l'obliger à garder des forces importantes sur le secteur coûte cher au 76ème RI durant ces 8 jours. Le bilan est lourd, très lourd: 182 tués, 715 blessés et 95 disparus.
Le régiment est obligé de se renforcer, de se réorganiser et de suivre de nouvelles instructions. Il doit faire vite, car le 9 octobre suivant, puis le 1er novembre 1916, il doit encore monter au front, pour garder les lignes jusqu'à 12 jours de suite............
Hubert Bironneau, tireur d'élite, passe au travers des balles et des obus. Si beaucoup de soldats de retour de la guerre en ont peu parlé, Hubert Bironneau, lui, parle des balles qui sifflent autour de lui sans jamais l'atteindre. C'est ce qu'il raconte vers 1975 à ses cousins de Frontenay. Il a besoin d'en parler ........
Frontenay sur Dive 14-18
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans, jour pour jour, le 08 octobre 1916……...
Ce 08 octobre 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, écrit à sa bienaimée :
« Dimanche 8 8bre 1916
ma chère Marie
je t'adresse quelques lignes
aujourd'hui pour te dire bonjour.
Nous sommes sortis des tranchées depuis
hier pour 6 jours et j'en profite pour
écrire car cela me distrait, vu que l'on
ne sait pas quoi faire. Nous sommes
dans un pays évacué, il n'y a aucun
civil, on est les maîtres dans les maisons
qui ne sont pas trop démolies par les
obus dans ces endroits-là quoique le
matériel - portes et fenêtres – est tout
brisé ainsi que beaucoup de meubles
d'une grande valeur, c'est vraiment
bien dommage.
Je t'envoie une vue qui
qui traînait dans mon bureau et j'aime
mieux te l'envoyer que de la faire
brûler, car moi, je ne peux pas garder
tout, vu que ça m'embarrasse lors-
qu'il faut déménager si souvent.
y
Rien à te signaler si ce n'est
que la pluie qui tombe tous les jours
continuellement. Reçois d'un ami
intime les plus doux baisers qui
puissent sceller mon amitié pour toi.
Depoys Joseph
Lorsque tu m'écriras, raconte-moi un peu ce que vous voyez dire au
sujet du cousin Auguste Guillot car on dit que le bruit court qu'il
est déserteur, ce qui me paraît étrange. Joseph »
Certaines lettres sont en gras. Il s'agit pour Joseph Depoys de faire savoir où il se trouve.
Sur la carte originale, il s'agit de points laissés sous les lettres que j'ai représentées en gras. Le futur grand-père se trompe au début, il oublie un « t » et il recommence bien plus bas, en prenant bien soin de mettre un « y » sous le « i » de « si souvent ».
Le grand-père est en poste à Montigny, en Meurthe-et-Moselle. Comme il envoie une carte postale d'Ancerviller (dans le 54) quelques jours plus tôt, je pense que la future grand-mère sait exactement où il est en train de combattre.
Sur l'original, il faut bien avouer que le code est grossier et que la censure militaire a dû fermer les yeux.....
Quant au cousin Auguste Guillot, il n'est pas déserteur. Porté disparu le 04 septembre 1916 lors des combats de bois Vaux-Chapître, entre Fleury-sous-Douaumont et Vaux-devant-Damloup, Auguste Guillot ne réapparaitra jamais.
Ce n'est que le 16 juillet 1921 qu'un jugement du tribunal de Loudun, dans la Vienne, déclare « constant » le décès d'Auguste Guillot et l'annonce comme « Mort pour la France » à la date du 04 septembre 1916.
Ce 08 octobre 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, écrit à sa bienaimée :
« Dimanche 8 8bre 1916
ma chère Marie
je t'adresse quelques lignes
aujourd'hui pour te dire bonjour.
Nous sommes sortis des tranchées depuis
hier pour 6 jours et j'en profite pour
écrire car cela me distrait, vu que l'on
ne sait pas quoi faire. Nous sommes
dans un pays évacué, il n'y a aucun
civil, on est les maîtres dans les maisons
qui ne sont pas trop démolies par les
obus dans ces endroits-là quoique le
matériel - portes et fenêtres – est tout
brisé ainsi que beaucoup de meubles
d'une grande valeur, c'est vraiment
bien dommage.
Je t'envoie une vue qui
qui traînait dans mon bureau et j'aime
mieux te l'envoyer que de la faire
brûler, car moi, je ne peux pas garder
tout, vu que ça m'embarrasse lors-
qu'il faut déménager si souvent.
y
Rien à te signaler si ce n'est
que la pluie qui tombe tous les jours
continuellement. Reçois d'un ami
intime les plus doux baisers qui
puissent sceller mon amitié pour toi.
Depoys Joseph
Lorsque tu m'écriras, raconte-moi un peu ce que vous voyez dire au
sujet du cousin Auguste Guillot car on dit que le bruit court qu'il
est déserteur, ce qui me paraît étrange. Joseph »
Certaines lettres sont en gras. Il s'agit pour Joseph Depoys de faire savoir où il se trouve.
Sur la carte originale, il s'agit de points laissés sous les lettres que j'ai représentées en gras. Le futur grand-père se trompe au début, il oublie un « t » et il recommence bien plus bas, en prenant bien soin de mettre un « y » sous le « i » de « si souvent ».
Le grand-père est en poste à Montigny, en Meurthe-et-Moselle. Comme il envoie une carte postale d'Ancerviller (dans le 54) quelques jours plus tôt, je pense que la future grand-mère sait exactement où il est en train de combattre.
Sur l'original, il faut bien avouer que le code est grossier et que la censure militaire a dû fermer les yeux.....
Quant au cousin Auguste Guillot, il n'est pas déserteur. Porté disparu le 04 septembre 1916 lors des combats de bois Vaux-Chapître, entre Fleury-sous-Douaumont et Vaux-devant-Damloup, Auguste Guillot ne réapparaitra jamais.
Ce n'est que le 16 juillet 1921 qu'un jugement du tribunal de Loudun, dans la Vienne, déclare « constant » le décès d'Auguste Guillot et l'annonce comme « Mort pour la France » à la date du 04 septembre 1916.
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans, jour pour jour, le 10 octobre 1916……....
Ce 10 octobre 1916, Germain Jamet, né à Massognes (Vienne) en 1896, ayant de la famille à Frontenay au point d'y prendre épouse après guerre, est en poste avec le 408ème RI, à Framerville dans la Somme, à 20 km au sud-ouest de Péronne.
Selon le JMO, un bataillon du 408ème est en tranchée près de Framerville, à Soyécourt, les 2 autres devant participer à une attaque, avec entre autres le 86ème RI et le 409ème RI.
L'attaque débute à 11h00, les objectifs sont atteints dès 11h19. L'état-major décide alors à 11h40 de stopper l'avancée et de renforcer les positions nouvellement acquises pour les conserver.
Si les pertes françaises s'élèvent à 20 tués, 76 blessés et 2 disparus, le résultat de l'attaque est « malgré tout » positif : 9 officiers et 304 hommes ennemis sont faits prisonniers.
Parmi les assaillants de pointe du jour figure Germain Jamet, héroïque ce 10 octobre 1916 et qui recevra quelques semaines plus tard une citation pour ce fait d'armes. Ce ne sera pas le seul de sa carrière de guerre..........
Ce 10 octobre 1916, Germain Jamet, né à Massognes (Vienne) en 1896, ayant de la famille à Frontenay au point d'y prendre épouse après guerre, est en poste avec le 408ème RI, à Framerville dans la Somme, à 20 km au sud-ouest de Péronne.
Selon le JMO, un bataillon du 408ème est en tranchée près de Framerville, à Soyécourt, les 2 autres devant participer à une attaque, avec entre autres le 86ème RI et le 409ème RI.
L'attaque débute à 11h00, les objectifs sont atteints dès 11h19. L'état-major décide alors à 11h40 de stopper l'avancée et de renforcer les positions nouvellement acquises pour les conserver.
Si les pertes françaises s'élèvent à 20 tués, 76 blessés et 2 disparus, le résultat de l'attaque est « malgré tout » positif : 9 officiers et 304 hommes ennemis sont faits prisonniers.
Parmi les assaillants de pointe du jour figure Germain Jamet, héroïque ce 10 octobre 1916 et qui recevra quelques semaines plus tard une citation pour ce fait d'armes. Ce ne sera pas le seul de sa carrière de guerre..........
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans, jour pour jour, le 12 octobre 1916……..
« Ce 12 octobre 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, écrit à sa promise :
Dimanche 12 octobre 1916,
Ma chère Marie,
Je me fais toujours
un réel plaisir à t'envoyer
quelques nouvelles. Je suis donc
sorti des tranchées depuis hier
au soir. Je ne me suis pas
aperçu que c'était aujourd'hui
dimanche, car j'ai travaillé
en partie tout le jour, mais
je suis satisfait de ma journée,
et ce soir, je serai comme toi,
auprès d'un bon feu, il ne
me manque plus que toi auprès
de moi, car ça pourrait aller.
Rien de plus à te signaler
aujourd'hui. Bonne santé, c'est
ainsi que je te souhaite.
Reçois de celui qui ne t'oublie pas
les amitiés les plus douces. Jos... »
La situation doit être calme à Montigny en Meurthe-et-Moselle en cette fin d'année 1916 au 346ème RI. En effet, le JMO du régiment ne relate aucun combat et plusieurs dizaines de pages sont consacrées à l'écriture des citations des soldats suite aux combats du mois de septembre précédent dans le secteur.
La presse locale, le Courrier de la Vienne et des Deux-sèvres, quant à elle, publie ce 12 octobre 1916, les chiffres des pertes allemandes : 896 000 tués, 2 285 000 blessés et 462 000 disparus.
Les pertes françaises, non publiées, sont probablement un peu plus importantes.
Elle est loin la guerre éclair imaginée par les Allemands ! Et dire que leur empereur croit encore à la victoire.
C'est vrai qu'il passe plusieurs fois très près, mais il ne connaît pas la ténacité et l'abnégation du poilu français ….
« Ce 12 octobre 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, écrit à sa promise :
Dimanche 12 octobre 1916,
Ma chère Marie,
Je me fais toujours
un réel plaisir à t'envoyer
quelques nouvelles. Je suis donc
sorti des tranchées depuis hier
au soir. Je ne me suis pas
aperçu que c'était aujourd'hui
dimanche, car j'ai travaillé
en partie tout le jour, mais
je suis satisfait de ma journée,
et ce soir, je serai comme toi,
auprès d'un bon feu, il ne
me manque plus que toi auprès
de moi, car ça pourrait aller.
Rien de plus à te signaler
aujourd'hui. Bonne santé, c'est
ainsi que je te souhaite.
Reçois de celui qui ne t'oublie pas
les amitiés les plus douces. Jos... »
La situation doit être calme à Montigny en Meurthe-et-Moselle en cette fin d'année 1916 au 346ème RI. En effet, le JMO du régiment ne relate aucun combat et plusieurs dizaines de pages sont consacrées à l'écriture des citations des soldats suite aux combats du mois de septembre précédent dans le secteur.
La presse locale, le Courrier de la Vienne et des Deux-sèvres, quant à elle, publie ce 12 octobre 1916, les chiffres des pertes allemandes : 896 000 tués, 2 285 000 blessés et 462 000 disparus.
Les pertes françaises, non publiées, sont probablement un peu plus importantes.
Elle est loin la guerre éclair imaginée par les Allemands ! Et dire que leur empereur croit encore à la victoire.
C'est vrai qu'il passe plusieurs fois très près, mais il ne connaît pas la ténacité et l'abnégation du poilu français ….
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans et 1 jour, le 13 octobre 1916……...
Ce 13 octobre 1916, Abel Depoys, le fils aîné d'Isidore le garde-champêtre et de Mélina Garnier, celle qui deviendra presque centenaire, est en pleine action de combat.
Ce jour, son régiment, le 409ème RI, qui a subi une hécatombe à Vaux-devant-Damloup près de Verdun en mars 1916, en poste depuis plusieurs semaines dans l'Oise, est maintenant à Ablaincourt et ses environs, dans la Somme.
Il est en place près du 408ème RI de Germain Jamet, évoqué le 10 octobre dernier.
D'après le JMO du 409ème RI, la bataille fait rage en ce mois d'octobre dans la Somme. Depuis plusieurs jours, les attaques se succèdent côté français, les objectifs atteints parfois facilement doivent être conservés.
Tout comme le 408ème RI de Germain Jamet le 10 octobre précédent, le 409ème RI d'Abel Depoys fait de nombreux prisonniers, environ 190, sans compter les tués allemands. Mais le 409ème enregistre de lourdes pertes pour ces actions d'éclat: 42 tués et 149 blessés.
Le 13 octobre 1916, après 2 jours d'un répit relatif permettant de consolider les positions, une brusque contre-attaque allemande fait perdre un pâté de maisons, vite reconquis par une nouvelle contre-attaque française à la grenade. D'après sa fiche matricule, Abel Depoys est particulièrement actif ce jour, car il recevra le mois suivant une citation pour cet acte de bravoure.
Le lendemain 14 octobre 1916, le 409ème d'Abel Depoys accompagne la 13ème division dans un coup de force. Aucune victime pour le 409ème RI, mais près de 800 prisonniers tombent dans les mains françaises..........
Les combats vont continuer jusqu'à 20 octobre 1916, faisant 66 tués et près de 300 blessés pour le régiment, avant de connaître un peu d'accalmie.
Ce 13 octobre 1916, Abel Depoys, le fils aîné d'Isidore le garde-champêtre et de Mélina Garnier, celle qui deviendra presque centenaire, est en pleine action de combat.
Ce jour, son régiment, le 409ème RI, qui a subi une hécatombe à Vaux-devant-Damloup près de Verdun en mars 1916, en poste depuis plusieurs semaines dans l'Oise, est maintenant à Ablaincourt et ses environs, dans la Somme.
Il est en place près du 408ème RI de Germain Jamet, évoqué le 10 octobre dernier.
D'après le JMO du 409ème RI, la bataille fait rage en ce mois d'octobre dans la Somme. Depuis plusieurs jours, les attaques se succèdent côté français, les objectifs atteints parfois facilement doivent être conservés.
Tout comme le 408ème RI de Germain Jamet le 10 octobre précédent, le 409ème RI d'Abel Depoys fait de nombreux prisonniers, environ 190, sans compter les tués allemands. Mais le 409ème enregistre de lourdes pertes pour ces actions d'éclat: 42 tués et 149 blessés.
Le 13 octobre 1916, après 2 jours d'un répit relatif permettant de consolider les positions, une brusque contre-attaque allemande fait perdre un pâté de maisons, vite reconquis par une nouvelle contre-attaque française à la grenade. D'après sa fiche matricule, Abel Depoys est particulièrement actif ce jour, car il recevra le mois suivant une citation pour cet acte de bravoure.
Le lendemain 14 octobre 1916, le 409ème d'Abel Depoys accompagne la 13ème division dans un coup de force. Aucune victime pour le 409ème RI, mais près de 800 prisonniers tombent dans les mains françaises..........
Les combats vont continuer jusqu'à 20 octobre 1916, faisant 66 tués et près de 300 blessés pour le régiment, avant de connaître un peu d'accalmie.
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Bonjour, C'est pour moi une première[, écrire sur un forum. Je vous demande donc votre indulgences pour mes "erreurs" . Mon grand-père paternel Edgard Depoys. né en 1901 de Frontenay sur Dives, a été prisonnier de guerre, ses parents étaient scieurs de long dans le village. Je vais peut-être en savoir plus sur ma famille . Je vous remercie de faire revivre tout ce passé, notre passé. Venant de vous découvrir, je vais tout suivre depuis le début. Encore merci !
]
]
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Bonjour, C'est pour moi une première[, écrire sur un forum. Je vous demande donc votre indulgences pour mes "erreurs" . Mon grand-père paternel Edgard Depoys. né en 1901 de Frontenay sur Dives, a été prisonnier de guerre, ses parents étaient scieurs de long dans le village. Je vais peut-être en savoir plus sur ma famille . Je vous remercie de faire revivre tout ce passé, notre passé. Venant de vous découvrir, je vais tout suivre depuis le début. Encore merci !
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Bonjour Fidjy,
je vous propose de vous recontacter sur la messagerie privée de ce forum.
regis 79
je vous propose de vous recontacter sur la messagerie privée de ce forum.
regis 79
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans et qq jours le 04 octobre 1916……...
Voici un événement que j'avais anticipé le 15 septembre dernier, puis complètement occulté à la date anniversaire des cent ans.
Ce 04 octobre 1916, Joseph Taupin, né en 1884 à Frontenay-sur-Dive, reprend du service. Remis de ses blessure aux deux jambes, à l'épaule gauche et au bras droit suite à l'attaque aérienne de Jubécourt le 30 avril précédent, Joseph Taupin est affecté à un nouveau régiment, le 341ème RI, en poste au front près de Verdun, à Mort-Homme et la côte 304.
Selon le JMO du régiment, ce 04 octobre donc, c'est repos au 341ème RI, suivi de 5 jours d'instruction, avant de prendre la relève dans les tranchées de Mort-Homme et de Cottin. L'activité ennemie y est faible puisqu'on dénombre 1 « seul » tué et une dizaine de blessés pour ce mois d'octobre 1916. C'est « peu » comparé à l'hécatombe de juin pour ce régiment devant Verdun.
Novembre 1916 ne va être guère plus actif de part et d'autre. Assurer la relève en tranchées et participer de nuit à des travaux offensifs sont les principales occupations.
Décembre 1916 va être par contre mouvementé. Le 6, attaque intense de l'artillerie ennemie, idem les 14, 24, 27, 28 suivies d'une contre-attaque française le 29 décembre 1916. Des tranchées prises par les Allemands un jour sont reprises par l'armée française le lendemain. Ce mois va être plus douloureux: environ 20 tués, 25 blessés et 11 disparus.
Quant aux intempéries du moment, mieux vaut laisser l'écrit à l'Historique du régiment de l'Imprimerie Berger-Levrault qui parle ainsi de la période de septembre à décembre 1916 :
« Et puis, c'est l'attente... Les bombardements diminuent ; quelques opérations de détail..., et l'hiver arrive.
C'est alors le morne stationnement dans la boue gluante, sous la neige glacée, dans des tranchées sans cesse éboulées et toujours recreusées, au milieu de difficultés sans nombre, avec un ravitaillement presque impossible.
Décembre 1916.. L'activité de l'ennemi semble alors renaître. Le 341e R. I. appuie sur la gauche, occupe le ravin de la Hayette et les pentes de la cote 304. Là, la boue est encore plus immonde, le paysage plus désolé, la terre plus impitoyable.
Le pilonnage recommence, et, de nouveau, bravant les intempéries et la mitraille, le 341e R. I, arrête l'effort de l'envahisseur. |
Et que dire des relèves sous l'horrifiante rafale du vent et des obus!... Quinze kilomètres sur des pistes et des chemins défoncés, où l'on s'enlise jusqu'au ventre pour arriver dans un camp où l'on ne retrouve que de la boue, toujours de la boue ».
C'est dans ce contexte que Joseph Taupin va changer de régiment au 01 janvier 1917. De régiment, mais pas de secteur, car son nouveau régiment, le 203ème RI se bat à côté du 341ème RI, à Mort-Homme !
Voici un événement que j'avais anticipé le 15 septembre dernier, puis complètement occulté à la date anniversaire des cent ans.
Ce 04 octobre 1916, Joseph Taupin, né en 1884 à Frontenay-sur-Dive, reprend du service. Remis de ses blessure aux deux jambes, à l'épaule gauche et au bras droit suite à l'attaque aérienne de Jubécourt le 30 avril précédent, Joseph Taupin est affecté à un nouveau régiment, le 341ème RI, en poste au front près de Verdun, à Mort-Homme et la côte 304.
Selon le JMO du régiment, ce 04 octobre donc, c'est repos au 341ème RI, suivi de 5 jours d'instruction, avant de prendre la relève dans les tranchées de Mort-Homme et de Cottin. L'activité ennemie y est faible puisqu'on dénombre 1 « seul » tué et une dizaine de blessés pour ce mois d'octobre 1916. C'est « peu » comparé à l'hécatombe de juin pour ce régiment devant Verdun.
Novembre 1916 ne va être guère plus actif de part et d'autre. Assurer la relève en tranchées et participer de nuit à des travaux offensifs sont les principales occupations.
Décembre 1916 va être par contre mouvementé. Le 6, attaque intense de l'artillerie ennemie, idem les 14, 24, 27, 28 suivies d'une contre-attaque française le 29 décembre 1916. Des tranchées prises par les Allemands un jour sont reprises par l'armée française le lendemain. Ce mois va être plus douloureux: environ 20 tués, 25 blessés et 11 disparus.
Quant aux intempéries du moment, mieux vaut laisser l'écrit à l'Historique du régiment de l'Imprimerie Berger-Levrault qui parle ainsi de la période de septembre à décembre 1916 :
« Et puis, c'est l'attente... Les bombardements diminuent ; quelques opérations de détail..., et l'hiver arrive.
C'est alors le morne stationnement dans la boue gluante, sous la neige glacée, dans des tranchées sans cesse éboulées et toujours recreusées, au milieu de difficultés sans nombre, avec un ravitaillement presque impossible.
Décembre 1916.. L'activité de l'ennemi semble alors renaître. Le 341e R. I. appuie sur la gauche, occupe le ravin de la Hayette et les pentes de la cote 304. Là, la boue est encore plus immonde, le paysage plus désolé, la terre plus impitoyable.
Le pilonnage recommence, et, de nouveau, bravant les intempéries et la mitraille, le 341e R. I, arrête l'effort de l'envahisseur. |
Et que dire des relèves sous l'horrifiante rafale du vent et des obus!... Quinze kilomètres sur des pistes et des chemins défoncés, où l'on s'enlise jusqu'au ventre pour arriver dans un camp où l'on ne retrouve que de la boue, toujours de la boue ».
C'est dans ce contexte que Joseph Taupin va changer de régiment au 01 janvier 1917. De régiment, mais pas de secteur, car son nouveau régiment, le 203ème RI se bat à côté du 341ème RI, à Mort-Homme !
Re: Frontenay sur Dive 14-18
Il y a cent ans, jour pour jour, le 24 octobre 1916……....
Ce 24 octobre 1916, Fernand Auriau, né à Frontenay en 1885, à l'origine de l'entreprise éponyme de matériel agricole à la Grimaudière (86), est en poste avec son régiment, le 299ème RI, depuis le 03 septembre précédent tout près de Verdun.
D'après l'historique du régiment, après quelques aménagements d'abris et des créations de tranchées jusqu'à la mi-octobre, le régiment de Fernand Auriau est envoyé dans un secteur où l'objectif n'est pas moins que de reprendre les forts de Douaumont et Vaux!
L'attaque est prévue le 24 octobre 1916. Le brouillard est dense durant toute la matinée, les vagues d'assaut sont brisées par les fils de fer et par une fusillade intense.
Il est déjà 16h00 et l'ennemi ne faiblit pas. On manque de grenades et le ravitaillement en munitions est bloqué durant plusieurs heures.
À la nuit tombée, une manœuvre habile des Français leur permet d'encercler les îlots de résistance, de capturer le commandant ennemi du secteur et de faire de nombreux prisonniers.
L'avancée est considérable, mais au prix fort : 195 tués et des centaines de blessés!
Le 299ème, qui a subi de lourdes pertes, n'est relevé que le 02 novembre suivant. Près du fort de Vaux, dans la boue, sous la pluie, le 299ème RI, constamment bombardé, parvient tout de même à bloquer l'ennemi, l'empêchant de nuire au maximum possible.
Pour avoir fait 400 prisonniers durant ces combats du 24 octobre 1916, le régiment se voit attacher la Croix de guerre par le Président de la République. Maigre consolation tout de même.
Fernand Auriau passe sans blessures physiques ces combats-là. Mais la guerre n'est pas terminée et Fernand Auriau connaîtra quelques mois plus tard des heures aussi sombres encore pour lui et ses camarades.............
Ce 24 octobre 1916, Fernand Auriau, né à Frontenay en 1885, à l'origine de l'entreprise éponyme de matériel agricole à la Grimaudière (86), est en poste avec son régiment, le 299ème RI, depuis le 03 septembre précédent tout près de Verdun.
D'après l'historique du régiment, après quelques aménagements d'abris et des créations de tranchées jusqu'à la mi-octobre, le régiment de Fernand Auriau est envoyé dans un secteur où l'objectif n'est pas moins que de reprendre les forts de Douaumont et Vaux!
L'attaque est prévue le 24 octobre 1916. Le brouillard est dense durant toute la matinée, les vagues d'assaut sont brisées par les fils de fer et par une fusillade intense.
Il est déjà 16h00 et l'ennemi ne faiblit pas. On manque de grenades et le ravitaillement en munitions est bloqué durant plusieurs heures.
À la nuit tombée, une manœuvre habile des Français leur permet d'encercler les îlots de résistance, de capturer le commandant ennemi du secteur et de faire de nombreux prisonniers.
L'avancée est considérable, mais au prix fort : 195 tués et des centaines de blessés!
Le 299ème, qui a subi de lourdes pertes, n'est relevé que le 02 novembre suivant. Près du fort de Vaux, dans la boue, sous la pluie, le 299ème RI, constamment bombardé, parvient tout de même à bloquer l'ennemi, l'empêchant de nuire au maximum possible.
Pour avoir fait 400 prisonniers durant ces combats du 24 octobre 1916, le régiment se voit attacher la Croix de guerre par le Président de la République. Maigre consolation tout de même.
Fernand Auriau passe sans blessures physiques ces combats-là. Mais la guerre n'est pas terminée et Fernand Auriau connaîtra quelques mois plus tard des heures aussi sombres encore pour lui et ses camarades.............