Frontenay sur Dive 14-18

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regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 03 mars 1916……....

Ce 03 mars 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie une carte postale à sa promise.
« Un bonjour de Clermont-Ferrand,
ma blessure n'aura pas
de suite bien grave à ce que je crois.
Le 03 mars 1916,
Joseph »


Le contenu de la carte poste est laconique, mais rassurant.
Joseph Depoys est blessé le 29 février 1916 au bras droit à Douaumont et envoie sa carte de Clermont-Ferrand le 03 mars suivant, cachet de la poste faisant foi. Le trajet n'est pas banal et plutôt rapide à l'arrière !

Je n'ai pas retrouvé de courrier annonçant la blessure à sa promise. Pourtant, elle doit en être informée, vu le contenu de cette carte. Toutefois, Joseph Depoys ne parle pas de ses bras et genou gauches, qui sont probablement plus douloureux que son bras droit .....


le 27 février 1916, le 232ème RI d'Hubert Marsault et d'Hubert Dhérisson, originaires de Frontenay-sur-Dive, arrive à Regret, petit village au sud-ouest de Verdun. Lui aussi, appelé à Verdun, va d'abord participer à des travaux de défense et subir ainsi le feu ennemi.

Le 02 mars 1916, les premières victimes sont à déplorer, uniquement des blessés, mais le JMO n'indique pas le niveau de gravité.
Ce 03 mars 1916, la journée est calme pour le 232ème RI, mais ce ne sera pas le cas tous les jours de mars 1916. Le 232ème RI qui vient de connaître une longue période calme renoue avec des malheurs presques quotidiens: 60 tués et blessés sur ce seul mois …...

La mort rôde à nouveau, prélevant au hasard des vies de soldats qui n'ont pas de réels moyens de se défendre, soldats occupés à des travaux de défense et donc cibles potentielles à merci....
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 10 mars 1916……....

Ce 10 mars 1916, 7 soldats de la même famille, portant le nom de Valançon, originaires de Frontenay et âgés de 20 à 46 ans, sont en campagne contre l'Allemagne ....…..

Parmi eux, il y a le plus jeune, André Valançon, né à Frontenay en 1896 et que nous avons évoqué le 20 février dernier.

Parti de la Marne le 25 février 1916, son régiment, le 94ème RI, arrive au cantonnement qui lui est assigné à Verdun ce 10 mars 1916.

Selon le JMO, après une reconnaissance le 11, le régiment assure la relève au sud de Douaumont (Meuse) dès le 12 mars et subit dès lors de violentes canonnades à l'artillerie lourde.
Chaque jour jusqu'à fin mars, les pertes varient de 2 à 10 tués et de 5 à 45 blessés, soit au total 91 tués et 465 blessés pour 19 jours de guerre....

Le général Joffre exhorte ses troupes dès le 13 mars :
«............. La lutte n'est pas terminée, les Allemands ont besoin d'une victoire, vous saurez la leur arracher. ….... Le pays a les yeux sur vous.
Vous serez de ceux dont on dira : ils ont barré aux Allemands la route de Verdun.  »


il rajoute le 24 mars suivant, alors que les Allemands n'arrivent pas à percer le front :
« … Grâce à vous, les Allemands n'entreront jamais dans Verdun. »

Mais ce n'est qu'un début, car les Allemands bombardent les positions françaises le 9 avril et passent à l'attaque, encore sans percer la défense française, mais le bilan est lourd pour le 94ème RI : 100 tués, 96 blessés et 30 disparus.
Le 10 avril suivant, les combats se terminent à la grenade dans les tranchées, on n'arrive plus à comptabiliser les victimes …......

Et Pétain encourage ses soldats :
« Honneur à tous, courage, on les aura. »

C'est dans ce contexte qu'André Valançon aborde Verdun ce 10 mars 1916 avec le 94 ème RI ..........
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Skellbraz .
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par Skellbraz . »

merci Régis de continuer à relater et à faire vivre tous ces hommes.
Je ne me manifeste pas sans cesse ( :lol: est-ce que je craindrais du remontage de bretelle pour trop de présence sur le Forum? ... ahah, Diantre NON) cependant, dès que vous éditez :jap: , je vous lis.
Bien à vous
Brigitte
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regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 11 mars 1916……....

Ce 11 mars 1916, Mandé Valançon, né à Frontenay en 1872, oncle d'André Valançon évoqué hier, en poste au 69ème RIT de Châtellerault, est transféré aux Ateliers de Construction de St Pierre des Corps (Indre-et-Loire), où vont être fabriqués, entre autres choses, des tanks.

Pour lui, officiellement, la campagne contre l'Allemagne est terminée. Il n'empêche qu'il y restera quand même pendant plus d'un an …....
Mandé, de par sa nouvelle affectation, n'est pas prêt d'assister aux rares réunions du conseil municipal dont il fait partie depuis 1911.

Mandé Valançon est le frère de mon arrière-grand-mère Constance. Il a un fils né en 1902, Fernand, qui sera le parrain de ma mère, la fille de Joseph Depoys.

Pour ceux qui ont connu Frontenay dans les années 1940-1950, Mandé Valançon est aussi le grand-père de Lucette, Bernard, Laurent et Jean-Jacques.
Il habitera jusqu'à sa mort dans une maison près du cimetière, la plus proche des grands ifs qui dominent ce dernier.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 16 mars 1916……....

Ce 16 mars 1916, Eugène Couillebault, né à Frontenay en 1875 et habitant St Gervais-les-Trois-Clochers en 1914, quitte le 70ème RIT de Tours. Il est affecté au 9ème escadron du train des équipages de Châteauroux.

Selon l'historique de ce dernier, le 9ème escadron se trouve à ce moment-là dans le Pas-de-Calais, mais l'il ne parle que du groupement commandé par le lieutenant-colonel CHARY.
En effet, le 9e escadron du train a mis en place plus de 60 unités, dont 32 hippomobiles et 28 automobiles, disséminées sur tous les fronts, « chacune formant corps et que, pour chacune, il eût fallu faire un historique », précise l'auteur.

Jusqu'au 26 décembre 1916, Eugène Couillebault est considéré « à l'intérieur » et n'est donc pas en unité combattante. Mais ça ne continuera pas et Eugène Couillebault verra à nouveau le front de près en fin d'année 1916..........En attendant, il participe indirectement à la défense de Verdun, car son escadron y est appelé à partir d'avril 1916.

Rappelons la définition du TRAIN donnée par Wikipédia : Le train créé en 1807 par Napoléon, est l’arme qui organise et coordonne la logistique, le transport (matériel, munitions ravitaillement) et l’appui au mouvement (notamment la circulation routière) de l'Armée de terre française.
Rien à voir avec le rail donc, car l'acronyme Train (T.R.A.I.N.) signifie "Transport et Ravitaillement de l'Armée Impériale de Napoléon".

En août 1914, ces unités mobilisent plus de 100 000 hommes, plus de 150 000 chevaux et environ 50 000 voitures.

Le saviez-vous ? Pratiquement annoncé plus haut, l'arme du Train connaît ses heures de gloire en 1916 sur la Voie Sacrée en transportant les troupes, les munitions et le matériel qui alimentent, jour et nuit, la bataille de Verdun, avec 11 500 camions: 50 000 tonnes de munitions et 90 000 hommes par semaine, soit un camion toutes les 4 secondes …....

Je vous propose aussi de lire le carnet de guerre du brigadier Emile André à partir du lien suivant: http://www.chtimiste.com/carnets/andre.htm
Le témoignage est parfois terre à terre, parfois poignant......
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 21 mars 1916……....

Ce 21 mars 1916, Gabriel Deboeuf, né à St Chartres (Vienne), mais marié et habitant Frontenay, quitte le front. Il est malade pour la seconde fois en 13 mois et est de nouveau évacué, après 10 mois passés en« zone des Armées ».
Selon le JMO, son régiment, le 69 ème RIT de Châtellerault, est en poste à Amblény, dans l'Aisne, tout près de Soissons, depuis au moins janvier 1916. Il occupe des tranchées et chaque jour apporte son lot de victimes.
L'ennemi est parfois virulent, au point de lancer des obus sur les villages à l'arrière du front.

Quasiment chaque semaine, on attribue, devant la partie du régiment au repos, la légion d'honneur ou la médaille militaire aux soldats héroïques. Tous sont gravement blessés, voire tués. Mais il faut bien redonner de l'espoir et un peu de gloire à ces soldats figés dans des tranchées, n'attendant qu'une accalmie après les tirs aveugles des canons ou ciblés des tireurs d'élite de l'ennemi …...

Pour Gabriel Deboeuf, c'est donc le retour à l'arrière. Quand il sera rétabli, il y restera. Mieux même, il sera renvoyé à Frontenay comme mécanicien agricole.....

J'ai rencontré le petit-fils de Gabriel Deboeuf par 2 fois : début décembre 2015 et début mars 2016.
Je lui ai appris le parcours de son grand-père. « Autant mon oncle, le frère de Gabriel, m'a parlé de sa guerre, autant mon grand-père ne m'en a jamais parlé ! », m'a-t-il répondu.
Gabriel Deboeuf a pourtant passé au total 13 mois en « zone des Armées ».

Avant de retourner vivre à St Chartres, Gabriel Deboeuf habite à Frontenay dans la maison qui est devenue ensuite celle du moniteur auto-école Blanchet, rue de Verrines. Il y a même eu un fils, André, né en 1902 …...
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 23 mars 1916……....

Ce 23 mars 1916, Lucien Depoys, né à Frontenay en 1896, et que nous avons évoqué le 04 décembre dernier, change de régiment. Du 114ème RI de Parthenay avec lequel il est au front depuis décembre 1915 dans le Pas-de-Calais, il est muté au 39ème RI en poste à Champenoux et Mazerulles, près de Nancy!

J'ai vérifié plusieurs fois, c'est bien ce transfert qui a été effectué. On peut imaginer dans quelles conditions il a pu avoir lieu: pas moins de 400 km par temps de guerre, alors que la bataille de Verdun atteint pratiquement son paroxysme et que quasiment tous les moyens de transport sont mobilisés pour desservir en hommes, munitions, ravitaillements, cette région de la Meuse.

Ce 23 mars 1916, comme pratiquement tous les jours, le nouveau régiment de Lucien Depoys reçoit des obus de 88, 105 et 150. C'est en quelque sorte une réponse à la visite faite par le Président de la République Française aux troupes du secteur le 20 mars précédent.
D'après le JMO, bon nombre de journées sont sans perte, mais la veille, les bombardements ennemis ont fait 22 victimes dont 8 tués.

Le 39ème RI ne va pas rester longtemps en Meurthe-et Moselle. Il va lui aussi être appelé du côté de Verdun à compter du 5 juin 1916 pour y arriver le 10. Là, le destin des soldats va basculer rapidement, très rapidement. Celui de Lucien Depoys aussi ...........

Pour le seul 23 juin 1916, les pertes du 39ème RI dépasseront le millier de soldats !
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans et 3 jours, le 25 mars 1916……....

Ce 25 mars 1916, Auguste Barry, né à Frontenay en 1870, change de régiment: du 268ème RIT cantonné à Xivray-et-Marvoisin près de St Mihiel dans la Meuse, dans un secteur plutôt calme où le JMO rapporte quelques bombardements et peu de de victimes, il passe au 33ème RIT normalement basé à Sens (Yonne).

Depuis octobre 1915, ce régiment est affecté au secteur sud de la région fortifiée de Verdun, cantonne à Ancemont et ses environs. Mais depuis fin février 1916, le régiment est affecté au service routier de la IIe armée, secteur est de la zone de l'avant.

D'après l'historique du 33ème RIT, car le JMO n'existe pas, « Dans le mois de mars 1916, les attaques multiples obligent toutes les troupes à un effort continu. Les bombardements successifs obligent souvent l'évacuation des cantonnements. Les hommes, après un dur labeur, sont fréquemment employés, la nuit, à boucher les trous d'obus sur les routes. Sur les emplacements à réparer, il est impossible de placer les matériaux, on les jette et jusque sous les chevaux et les véhicules, le passage étant ininterrompu. Quelques pertes sont à déplorer.
En avril et en mai, même situation. »

« Les 26-27 octobre 1916, prise de Douaumont par nos troupes, bombardement intense des ponts de la Meuse; plusieurs sont atteints. Circulation interrompue entre Ancemont et Dieue; les cantonnements du bataillon sont bombardés toute la nuit du 25 au 26, principalement Dieue et Sommedieue, il y a plusieurs victimes.
Le 31 décembre, le bataillon devient bataillon de campagne et ne doit comprendre que des hommes appartenant aux classes 1891 et plus jeunes. »

Voilà le contexte du changement de régiment que connaît Auguste Barry.......qui changera encore 2 fois de régiments entre janvier et mars 1917.......
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans et 4 jours, le 26 mars 1916……....
Des nouvelles de Joseph Depoys. Nous l'avons quitté le 3 mars 1916 à Clermont-Ferrand.
Depuis ce jour, Joseph Depoys écrit le 6 mars, puis le 16, le 21, le 25, le 26, de St Flour dans le Cantal, de l'hôpital temporaire n°72, pour donner des nouvelles rassurantes de sa blessure au bras droit.
Ce 26 mars 1916, il écrit à sa promise :
« St Flour, le 26 mars 1916,
ma chère Marie,
C'est toujours avec un réel plaisir que je t'envoie de mes nouvelles
qui sont très bonnes pour le moment. Je suis complètement
guéri et je compte sortir de l'hôpital à la fin du mois.
Peut-être serai-je arrivé pour le poisson d'avril ? J'espère
que ta santé va mieux qu'il y a quelques jours et que
tu seras complètement guérie à mon arrivée. En attendant,
je t'adresse mes plus grands souhaits à l'occasion de ton
anniversaire, c'est peut-être lui qui te guérira.
Bien le bonjour, bons baisers,
celui qui t'aime tendrement.
Joseph 
»

La promise de Joseph Depoys, Marie Panier, va fêter ses 23 ans le 28 mars. Quant à sa maladie du moment, je l'ignore, mais elle doit être suffisamment longue pour qu'elle le lui signale par courrier quelques jours plus tôt.

Je ne sais pas si Joseph Depoys bénéficie d'un repos complémentaire à Frontenay-sur-Dive auprès de ma future grand-mère, toujours est-il que son périple qui va suivre ne le rapproche pas tout de suite du front. On va le retrouver mi-avril 1916 à Bordeaux, fin avril 1916 à Castelnaudary (Aude) et Sète (34), en mai 1916 à St Papoul (Aude), en juillet 1916 à Mazamet (Tarn), en août 1916 à Labruguière (Tarn) et Frontignan (Hérault), en septembre à Palavas-les-Flots (Hérault). Fin septembre 1916, direction la Bourgogne pour se retrouver en octobre 1916 à Montigny …........dans la Somme.

Joseph Depoys va de nouveau connaître les tranchées et la montée en premières lignes …........
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 01 avril 1916……....

Ce 01 avril 1916, Auguste Deméocq, né à Frontenay en 1871 et père de Maurice, affecté 2 fois au 69ème RIT depuis 1914 et renvoyé ensuite 2 fois dans ses foyers, est de nouveau rappelé. Il doit rejoindre le 5ème Régiment de Chasseurs.
Ne sachant pas dans quel bataillon il est rattaché, il m'est difficile de faire plus de commentaires. Il y a juste lieu de constater que pour un soldat de cet âge, le Régiment de Chasseurs va sûrement être plus contraignant que le service des GVC du 69ème RIT. Auguste Deméocq y restera jusqu'en mai 1917.

Ce 01 avril 1916 aussi, Fernand Auriau, né à Frontenay en 1885 et père d'Albert Auriau de la Grimaudière (Vienne) change d'affectation. Du Régiment d'Infanterie de Châtellerault, il passe au 325ème RI affecté aux travaux de défense de Verdun.
Les Allemands pilonnent constamment les positions françaises, apportant son lot de victimes au nombre plutôt limité au regard des bombardements.
Le 325ème RI quitte subitement Verdun le 7 avril 1916 pour se rendre du côté de Nancy, à Einville et ses environs, où le JMO rapporte une activité ennemie quasi-nulle au moins jusqu'à fin juin 1916.
Ça change de Verdun et de ses million d'obus............
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