Frontenay sur Dive 14-18

[regis 79]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 10 janvier 1916…….....

Ce 10 janvier 1916, Eugène Couillebault, né à Frontenay en 1875 et habitant St Gervais-les-Trois-Clochers en 1914, est rappelé au 70ème RIT de Tours. Blessé au pied droit au Bois des Loges dans l'Oise en mai 1915, il se remet de sa blessure jusqu'en octobre 1915, date à laquelle il est renvoyé dans ses foyers.

Mais la commission de réforme du 31 décembre 1915 le juge bon pour le service et il rejoint donc son Corps ce 10 janvier 1916. Il ne va pas au front dans un premier temps, restant « à l'intérieur » pour une dizaine de mois et changeant 2 fois d'affectation....
Eugène Couillebault est pourtant père de 5 enfants ! La France a besoin de bras, encore et toujours, car l'ennemi est tenace et bien enraciné dans les tranchées.

[regis 79]

Ce 16 janvier 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, écrit à sa promise :

« Dimanche 16 janvier 1916,
Chère Marie,
je t'envoie simplement deux
mots pour te dire bonjour.
Je ne suis pas encore en
tranchée, le régiment étant au
repos depuis quelques jours seulement.
Nous ne sommes pas encore équipés
et je t'écris aujourd'hui
sous les uniformes du 25ème Dragons.
J'avais idée de vous envoyer
chacune une carte à toi et
tes sœurs lorsque je t'ai
écrit la dernière fois, mais comme
j'avais beaucoup à écrire pour cause
de mon changement,
je ne l'ai pas fait. J'espère
qu'elles me pardonneront bien, ce
n'est pas ma faute de ne pas y songer.
Je te donnerai de mes nouvelles un
de ces jours. Bonne santé, je t'embrasse
bien fort. Depoys Joseph 146è d'infanterie
12ème compagnie 2è section
Secteur Postal n° 125 »

Ce 16 janvier 1916, le 146ème Régiment d'Infanterie est au repos. Il cantonne à Praye et ses environs (Meurthe et Moselle). Le JMO de ce régiment confirme bien l'incorporation le 9 janvier précédent de 11 sous-officiers et 178 soldats des 5ème et 6ème escadrons du 25ème Régiment de Dragons. Pratiquement, chaque jour, de nouvelles arrivées venant de différents régiments ont lieu.
L'effectif ce jour est ainsi de 50 officiers et de plus de 2500 hommes.

Le 146ème est en train de se reconstituer. Les gradés nouvellement en place sont envoyés en formation pour 15 jours à trois semaines, les hommes de troupes mis à l'exercice ou vaccinés contre les fièvres paratyphoïdiques.

Un déplacement du 146ème RI est prévu fin janvier 1916, les hostilités vont bientôt reprendre.....

[regis 79]

Il y a cent ans et 1 jour, le 18 janvier 1916…….....

Ce 18 janvier 1916, Augustin dit Auguste Deméocq, mari de Zilda Marsault et père de Maurice, né à Frontenay en 1871, est renvoyé dans ses foyers.
Nous l'avions évoqué le 19 décembre 1914.
Son parcours est loin d'être régulier. Mobilisé donc dès le 02 août 1914 au service des GVC du 69ème RIT de Châtellerault, il est renvoyé chez lui fin août 1914. Remobilisé en décembre 1914 au même régiment et au même service, il est renvoyé à son dépôt à Châtellerault pour y rester jusqu'au 21 décembre 1915 avant d'être versé dans les services auxiliaires jusqu'à ce 18 janvier 1916.
En effet, la commission de réforme le met au repos, car il doit soigner des varices volumineuses à la jambe droite.
Il faut croire que les soins seront efficaces car Auguste Deméocq sera de nouveau rappelé en avril 1916, en unité combattante cette fois......

[regis 79]

Il y a cent ans et 1 jour, le 22 janvier 1916…….....

Ce 22 janvier 1916, Joseph Depoys, mon grand-père, change donc de régiment, selon sa fiche matricule. Il passe du 25ème Régiment de Dragons au 146ème Régiment d'Infanterie et rejoint un autre Frontenaysien, Narcisse Drouet, cousin issu de germain de sa promise Marie Panier, et dont les grands-mères sont des Sergent, filles de l'ancêtre commun Louis Cybard Sergent.

Ce 22 janvier 1916, le JMO du 146ème RI est laconique et note seulement l'arrivée de nouvelles recrues dans le régiment. Vaccinations et exercices physiques sont au programme des jours environnants.

Ce même jour, le Journal de la Vienne annonce que le 20 janvier précédent, l'Assemblée Nationale a étudié un projet de loi relatif à l'ajournement des élections municipales et cantonales.....
Rien que pour Frontenay, 5 conseillers sur 11 sont mobilisés, il est alors difficile d'entreprendre une campagne pour se faire réélire....

[regis 79]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 27 janvier 1916…….....

Ce 27 janvier 1916, le 32ème RI de Léonel Tiffeneau (habitant de Frontenay-sur-Dive en 1914), est en cantonnement à Cauchy et Agenvillers dans la Somme, non loin de la limite avec le Pas-de-Calais. D'après le JMO du régiment, depuis novembre 1915, la réfection et l'amélioration des tranchées, les exercices physiques et les manœuvres d'entraînement, les revues de commandement dont celle du Général Joffre quelques jours plus tôt, constituent l'essentiel de l'activité. « Quelques pertes «  sont à signaler, sans plus de précisions....

Dans quelques jours, le régiment va quitter la Somme pour se rendre à Bours et Marest dans le Pas-de-Calais, près de Béthunes. Il se rapproche de nouveau de la ligne de front.....

Pendant ce temps, le frère de Léonel Tiffeneau, Joseph, blessé gravement à la main gauche le 07 février 1915 à Ypres, continue sa convalescence. Selon sa fiche matricule, proposé pour une pension de retraite suite à sa blessure invalidante, Joseph Tiffeneau la refuse et est réformé N°1 avec gratification renouvelable de 3ème catégorie.

Malgré mes recherches sur différents sites, je ne connais pas la signification de ces derniers termes. Cela veut-il dire qu'il aura une visite médicale régulière et qu'il peut être réintégré un jour ? Chapeau alors qu'il a la possibilité d'accepter une pension définitive.

Si quelqu'un du forum peut nous en dire plus....

[Ludovic 86]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 27 janvier 1916…….....

Ce 27 janvier 1916, le 32ème RI de Léonel Tiffeneau (habitant de Frontenay-sur-Dive en 1914), est en cantonnement à Cauchy et Agenvillers dans la Somme, non loin de la limite avec le Pas-de-Calais. D'après le JMO du régiment, depuis novembre 1915, la réfection et l'amélioration des tranchées, les exercices physiques et les manœuvres d'entraînement, les revues de commandement dont celle du Général Joffre quelques jours plus tôt, constituent l'essentiel de l'activité. « Quelques pertes «  sont à signaler, sans plus de précisions....

Dans quelques jours, le régiment va quitter la Somme pour se rendre à Bours et Marest dans le Pas-de-Calais, près de Béthunes. Il se rapproche de nouveau de la ligne de front.....

Pendant ce temps, le frère de Léonel Tiffeneau, Joseph, blessé gravement à la main gauche le 07 février 1915 à Ypres, continue sa convalescence. Selon sa fiche matricule, proposé pour une pension de retraite suite à sa blessure invalidante, Joseph Tiffeneau la refuse et est réformé N°1 avec gratification renouvelable de 3ème catégorie.

Malgré mes recherches sur différents sites, je ne connais pas la signification de ces derniers termes. Cela veut-il dire qu'il aura une visite médicale régulière et qu'il peut être réintégré un jour ? Chapeau alors qu'il a la possibilité d'accepter une pension définitive.

Si quelqu'un du forum peut nous en dire plus....

Bonjour Régis79,

Je n'ai malheureusement pas le temps de lire actuellement les pages suivantes; la solution s'y trouve peut-être:
- http://combattant.14-18.pagesperso-oran ... asses.html
- http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61118424

Bonne journée à tous.

[regis 79]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 30 janvier 1916…….....

Ce 30 janvier 1916, le 206ème RI d'Auguste Guillot, né à Frontenay et frère de Marguerite, la future épouse de Germain Valançon, cantonne à Lanfroicourt (54) et ses environs, sur les bords de la Seille.

L'activité de l'ennemi y est faible voire inexistante, car le JMO ne signale pas d'incidents depuis plusieurs semaines. Il faut quand même assurer la relève aux avant-postes et en ce mois de janvier 1916, l'eau, la neige et le froid sont des ennemis parfois bien plus terribles que le « Boche ». Je vous propose de lire le récit de Jean Bousquet à la ferme de Quercigny, tout près de Lanfroicourt :
http://laguerredejean.canalblog.com/arc ... 78779.html

C'est exactement ce que connaît Auguste Guillot car l'action se passe exactement aux même lieu et même moment.

Mais ça ne va pas durer, la proximité de Verdun va brusquement changer la donne moins d'un mois plus tard et Auguste Guillot va y connaître l'ENFER.........

Ce même 30 janvier 1916, le 232ème RI d'Hubert Dhérisson et d'Hubert Marsault, tous les 2 nés à Frontenay-sur-Dive cantonne à Port-sur-Seille (54) et sa région. L'activité ennemie est un peu plus visible qu'au 206ème RI selon le JMO: au cours de ce mois, le JMO rapporte qu'un bombardement de Nomény a lieu, qu'un pigeon voyageur allemand est tué et que « seulement » 2 blessés par balles sont recensés. Il faut dire que la crue de la Seille ralentit sûrement les ardeurs des uns et des autres.

Fait plus surprenant, un enfant de 15 a réussi à s'introduire dans les premières lignes. Aussitôt découvert, aussitôt renvoyé à l'arrière....

Ce 30 janvier 1916, l'artillerie française prend l'initiative pendant 1 heure. L'artillerie ennemie ne tarde pas à riposter, apparemment sans conséquences...

Mais là aussi, la proximité de Verdun va changer le cours de la vie plutôt "calme" de ce régiment et dès fin février, l'Enfer va arriver, son lot de victimes aussi.......

[regis 79]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 02 février 1916……....

Ce 02 février 1916, Germain Tiffeneau, né à Fontenay, quitte la 20ème section d'infirmiers normalement basée à Oran pour intégrer celle de la 25ème section normalement basée à Tunis.
Bien entendu, il n'existe pas de JMO et il est impossible de suivre son parcours à partir de cette date.

Je rappelle que sa fiche militaire est ambiguë:
on le retrouve du 14/07/1914 au 06/02/1915 en Algérie, du 07/02/1915 au 30/09/1916 en Tunisie, du 01/10/1916 au 24/12/1918 en Orient et blessé à la cuisse gauche (plaie pénétrante) le 01 juin 1915 à Maidières (54) !

Voici les informations rapportées textuellement par sa fille Gisèle lorsque je l'ai contactée il y a quelques mois :
« Mon père Germain était beau garçon, il est allé à Salonique où il a attrapé la dysenterie, il a eu des diarrhées toute sa vie et était jaune comme un coing !
Mon père était aussi brancardier à Verdun, où il ramassait les morts et les blessés sous les balles.
Après-guerre, il faisait les piqûres chez les gens de Frontenay, puisqu'il avait une formation d'infirmier à la guerre. Il faisait aussi le coiffeur. »

Ce témoignage de valeur confirme pratiquement toute la fiche matricule, mais ne lève pas le voile sur sa présence simultanée en Tunisie et à Maidières / Verdun en 1915/1916. Mais l'un n'empêche peut-être pas l'autre ? Je suppose qu'on peut être basé à Tunis et opérationnel sur le front avec l'Allemagne.
Un membre avisé du forum peut-il confirmer ou donner une autre explication..... ?

Pour être complet, le SAMHA de Limoges ne trouve pas son dossier médical et sa fille Gisèle ne se rappelle pas d'une blessure à la cuisse.....

vous pouvez aussi voir ci-dessous la vignette de la 25ème section d'infirmiers militaires retrouvée sur le site www.delcampe.net

[regis 79]

Il y a cent ans, jour pour jour, le 05 février 1916…….....

Ce 05 février 1916, Léopold Huctin, né à Frontenay, change de régiment. Du 25ème Régiment de Dragons comme mon grand-père Joseph Depoys, il passe au 2ème Régiment de Zouaves, dont hélas le JMO n'existe pas.
Toutefois, l'Historique du Régiment, consultable sur Gallica et dont l'auteur est probablement le Colonel Decherf, rappelle qu'en ce début février 1916, les soldats sont au repos après avoir participé à la bataille de Champagne de septembre 1915 et perdu plus de 1500 hommes.

Mais le repos va prendre fin. Le Régiment va se diriger sur Verdun dès le ….....15 février suivant. Et voici ce que dit textuellement l'Historique du Régiment, car il n'y a pas lieu ici de changer le récit :

« Verdun ! Ce nom qui incarne aux yeux de la France la ténacité héroïque de tous ses fils, mérite d'être inscrit en lettres d'or sur le drapeau du 2e Zouaves. C’est lui qui reçut le premier choc devant la Mère citadelle ; c'est lui qui, huit fois, reprit le chemin de la Meuse pour disputer lambeau par lambeau à l'ennemi les approches de la forteresse, c'est lui qui eut l’honneur, enfin, de rejeter l'Allemand, vaincu, d'un suprême coup d'épaule.
Le 21 février, quand le Kronprinz impérial déchaîna sur Verdun 600.000 soldats, l'élite de l'armée allemande, appuyée par toute l'artillerie dont pouvait disposer l'ennemi, le 2e Zouaves se trouvait à Dieue-sur-Meuse. Le 22, au matin, il partait pour Bras où il passait la nuit sous la neige.
…........
Dans la soirée du 23, par une nuit noire, sous les bourrasques de neige, malgré un tir de 210 d'une violence sans précédent, le 1er Bataillon (Capitaine Marque), n'ayant aucune carte et ne connaissant pas le terrain, traversai à la boussole tout le bois des Fosses et prenait position à la lisière.
Le 24 au matin, le 5e Bataillon Commandant Jacquemin et le bataillon Melou, du 2e Tirailleurs, recevaient l'ordre de reprendre le bois de la Wavrille. Sous les ordres du Colonel Decherf, zouaves et tirailleurs s'élancent à l'assaut avec autant de calme et autant d'ordre que sur un terrain de manoeuvre. Mais l'ennemi avait massé de nombreuses troupes dans ce bois pour continuer sa ruée sur Verdun. Nos lignes d'assaut subissent de lourdes pertes sous le feu des mitrailleuses et les barrages d'artillerie. Elles n'en avancent pas moins, abordent l'ennemi à la baïonnette et pénètrent dans le bois.
Ce succès local ne pouvait être qu'éphémère, on ne lutte pas à un contre cent.
…........
Seules, la compagnie Chenoriot et les sections de mitrailleuses régimentaires, sous les ordres du Capitaine Marque, prennent une route légèrement différente et viennent se placer aux abords de Louvemont. Elles allaient contribuer, le 25, à arrêter presque définitivement l'offensive allemande sur la côte du Poivre et permettre au Général Pétain d'amener ses réserves stratégiques.
Le 25, à 10 heures, l'ennemi lance une première attaque sur Louvemont et est repoussé. Une, nouvelle attaque à 14 heures prend pied dans les tranchées françaises, mais est rejetée par une contre-attaque impétueuse. A 16 heures, l'ennemi lance une attaque générale sur tout le front, de Douaumont à la Meuse.
…..........
Les mitrailleuses crépitent sans interruption et recouvrent le sol d'un manteau gris de cadavres.
…......
Tant d'héroïsme n'était pas dépensé en vain. Le 25, malgré l'importance des attaques allemandes, la progression fut presque nulle. Par la « Voie Sacrée », les camions automobiles amenaient sans répit les troupes fraîches et les canons. Le 2e Zouaves avait perdu 31 officiers et 1.650 hommes, mais il pouvait être fier, car il avait contribué pour une large part à sauver Verdun."

Voici dans quel contexte Léopold Huctin, enfant de Frontenay, fait son entrée dans le 2ème Régiment de Zouaves. »
Nous verrons en novembre 2016, si je continue ce post, la façon dont il sera remercié quelques années plus tard.........

[terrasson]

bonjour le forum
bonjour Régis
merci pour" l appel" des gars de Frontenay
moi perso j en redemande
bien cordialement
cristian terrasson
adischats