BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

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zephyr joyeux
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Re: BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Message par zephyr joyeux »

Bonjour.Mais je vous explique,comme je suis age, je perds la vue et j ecris tres gros donc cela peut tenir sur 3 ou 4 pages.Merci de votre comprehension.Tres cordialement.
zephyr joyeux
eugene38
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Re: BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Message par eugene38 »

Détenteur d'une lettre écrite par un inculpé de désertion à l'intérieur en temps de guerre, rédigée en 1915 à l'Atelier Militaire de Ténes et qui a échappé à la censure, je suis en mesure de prouver que la vie n'y était pas désagréable, bien au contraire.
J'attends de maîtriser les techniques du forum pour la diffuser.
eugene38
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Re: BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Message par eugene38 »

Bonjour, comme promis voici la lettre, non censurée, écrite en 1915 à l'Atelier Militaire de Ténes. Ce document authentique explique le pourquoi de la sanction de ce combattant et donne une idée de ce qu'était sa détention. Afin d'éviter une désertion de masse, on comprend l'utilité de la censure militaire.
eugene38
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Re: BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Message par eugene38 »

Bonjour, ayant constaté que je ne peux envoyer mes fichiers, je propose de larges extraits de cette lettre:
.... Francine, je vais vous parler franchement et ce n'est qu'à vous et à votre famille que je fais part de ma situation actuelle. Mais je vous prie Francine que personne que vous et votre famille sache ou je suis en ce moment. . . . Le mois de Mai dernier j'étais désigné pour les Dardanelles, pour embarquer à bord d'un dragueur de mines. Ma vie, ma jeunesse étaient perdues, parce que l'on nous appelait " les hommes sacrifiés. Comprenant le danger que j'encourais en m'embarquant sur un tel bateau, je n'ai fait ni une ni deux, j'ai manqué volontairement le départ du navire et me suis rendu que 50 heures après le départ de celui-ci. Je savais la peine qui allait m'être infligée, mais j'ai autant voulu celle-ci que risquer ma vie. J'ai été traduit devant le Conseil de Guerre Maritime de Toulon le 3 juillet, inculpé de désertion à l'intérieur en temps de guerre, et avoir manqué le départ du navire pour le front aux Dardanelles. Ma peine a été prononcée par le Conseil de Guerre à "4 ans de Travaux Publics " . . . . Aujourd'hui j'ai un de mes camarades qui est en suspension de peine. Je me suis débrouillé d'avoir une enveloppe avec 2 feuilles d'un cahier à seule fin de vous tenir au courant de ma situation, et lui-même se charge de faire parvenir ma lettre sans passer par les autorités; Ici nous ne pouvons écrire que tous les dimanches, l'on peut écrire à n'importe qui; mais en faisant bien attention de ne pas trop causer contre la discipline ou l'Armée; Alors pour vous écrire tout cela et vous expliquer mon affaire, il faut que ma lettre parte en cachette. . . .
eugene38
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Re: BIRIBI ou la "grande discipline"(II)

Message par eugene38 »

.... Mlle Francine vous direz peut-être que je ne suis pas patriote, que je ne suis pas un bon Français, mais que voulez-vous, j'ai déjà vu la mort près de moi depuis cette guerre, que pour cette fois-ci, pour m'en épargner, c'était le seul moyen que j'avais à faire. Je ne suis pas seul. Nous sommes 4000 enfermés depuis la guerre. Dans la chambre où je suis il y a des pères de familles de 3 et 4 gosses, il y a même des hommes médaillés militaires et retraités de l'armée qui, pour conserver leur santé et leur pension, ont préféré soit de déserter seulement de 48 (?) et venir faire 5 ans. Les 3/4 sont toutes des peines de 10 ans, mais personne ne se fait de bile. Au contraire l'on chante, nous avons des nouvelles tout aussi bien que les gens de la ville. Maintenant, Mlle Francine, le mot Travaux Publics émotionne beaucoup de personnes, écoutez-moi, je vous le dis franchement, en ce moment nous sommes en caserne avec les Zouaves, du matin au soir dans la cour à jouer aux dames, lire des bouquins, fumer des cigarettes, propre comme un sou, à l'abri des balles. On dirait plutôt un dépôt de convalescents, à l'ombre des sapins, la caserne au centre de la ville. De temps en temps exercice en campagne, ça marche bien. Mais l'on va pas nous garder jusqu'à la fin de la guerre,voici pourquoi l'on nous oblige de faire des demandes, et ceux qui refusent le capitaine les fait à leur place. L'on s'attend d'un moment à l'autre à une "amnistie". Mlle Francine je ne crois pas que vous allez m'en vouloir pour cela, au contraire je serai sûr qu'après il y a une Amnistie, au moins je serai vivant. . . .

Je pense qu'après cette lecture, loin de toute affabulation, chacun pourra se faire une idée sur cette réalité très éloignée de l'héroïsme. Aujourd'hui, le temps a passé, certaines valeurs aussi, voici un beau sujet de discussion
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