Bonsoir
Concernant le rôle des Douanes durant la Grande Guerre, il existe à ma connaissance au moins deux ouvrages racontant la vie des douaniers à cette époque et leur role dans le renseignement sur les activités des troupes allemandes.
Je retrouve les références et vous les communique dans un prochain message
Vous trouverez peut etre des informations sur le poste douanier, objet de vos recherches
service des douanes
- Terraillon Marc
- Messages : 3875
- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: service des douanes
Bonsoir,
Ci-dessous un large extrait d'un article paru dans le numéro 177 de L'ESSOR.
"Avant 1914 : histoires vécues
Col du Hantz
Col du Hantz, 1914 : la frontière, deux maisons : côté allemand, l’auberge Launaire où les douaniers et les gendarmes allemands assuraient leur service ; à moins de deux cents mètres, côté français, la maison forestière du Palais occupée par le père Auguste Grébert, mon grand père (1866 Ban de Laveline - 1942 Ban de Laveline), un Français « très convaincu » (et c’est peu dire), mais cela n’empêchait pas les fonctionnaires des deux côtés d’entretenir des relations de bon voisinage ; le forestier allait jouer aux cartes avec les Allemands, chez Launaire, et ceux-ci faisaient de-même à la maison forestière.
Nommé moi-même forestier à Senones trente-cinq ans après, lors d’une tournée dans mon triage, j’ai lié conversation avec un pêcheur, un homme assez âgé. Il m’a dit se nommer Victor Lamaix et être un coiffeur retraité de Senones (il est mort en 1968). A mon brin d’accent, il a compris que je n’étais pas « du coin » ; je lui ai donc dit que je venais d’Alsace, mais que sa région ne m’était pas inconnue, vu que mon grand-père avait été forestier au col du Hantz avant 1914. A l’énoncé de mon nom, il a sursauté : « Ah ! vous me rappelez un souvenir historique ! » Etonnement de ma part.
Voilà donc ce que le brave homme m’a raconté :
Quelques jours avant la déclaration de guerre les habitants des fermes et des maisons forestières situées près de la frontière avaient été évacués et conduits dans des lieux plus sûrs : Senones, La Petite Raon. C’est ainsi que ma grand mère et ses enfants se sont repliés à La Petite Raon. Mon grand-père avait reçu l’ordre de rester à son poste et d’ouvrir l’œil. Le 2 août, veille de la déclaration de guerre, les militaires stationnés à Senones ont demandé un volontaire pour aller dire au père Grébert qu’il devait se retirer, car la guerre était imminente. Un jeune homme s’est présenté : notre pêcheur. Il monte au Col du Hantz et s’acquitte de sa mission. Mon grand-père s’apprête à le suivre, mais avant de se retirer, jette encore un regard par la fenêtre de la cuisine, vers la frontière et, avec son Lebel tire brusquement deux coups de feu sur deux uhlans qui descendaient (hoch zu Ross !) sur territoire français ; il arrache les fils du téléphone et, avec le messager, s’enfuit par une fenêtre à l’arrière de la maison et dévale par prés et bois vers Belval. Ces coups de feu ont-ils été les premiers tirés sur le front français ?
Jamais, dans ma famille, je n’avais entendu parler de ce fait d’armes et il a fallu, de longues années après, que le hasard me fasse rencontrer le seul témoin de l’événement.
Un souvenir historique ? Un bien grand mot peut-être, mais l’Histoire (la grande) n’est-elle pas aussi faite de petites histoires, histoires qui méritent bien un rappel afin qu’elles ne disparaissent dans l’oubli.
Toujours au Col du Hantz, peu de temps avant la guerre.
Des officiers ont demandé à mon grand-père si son fils (mon père) ne voulait pas leur rendre un service : transporter des pigeons voyageurs à Saint-Blaise et les déposer dans une maison amie. Affaire conclue ! Et voilà mon père passant la frontière à vélo (les pigeons cachés sous sa veste), malgré les cris et les gesticulations des douaniers allemands qu’il connaissait et qui le connaissaient aussi. Mission accomplie. Comme les Rois Mages des Ecritures, est-il revenu par un autre chemin ? Nul n’est plus là pour le dire.
Ah ! mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là : la guerre déclarée, après une poussée des troupes françaises dans la vallée de la Bruche, les Allemands ont pénétré dans les Vosges. Dévalant des côtes dominant la ville, ils sont entrés à Senones, y coupant en deux la colonne de civils qui fuyaient. Mon grand-père et son fils cadet, qui avaient pris un peu d’avance, leur ont échappé, mais ma grand-mère, mon père et ses sœurs ont été pris dans la souricière. Comment les Allemands ont-ils eu vent de cette histoire de pigeons ? Toujours est-il qu’ils ont arrêté mon père le 4 novembre. Dix-neuf jours de forteresse en Allemagne avec interrogatoires poussés. Heureusement qu’il n’a jamais reconnu les faits, sinon l’affaire aurait pu mal tourner pour lui... et je n’aurais jamais eu l’occasion d’écrire ces lignes. Il n’avait pas avoué, mais les Allemands ne l’ont pas relâché et l’ont mis dans un camp de prisonniers (militaires) et c’est ainsi qu’il est resté captif jusqu’à la fin de la guerre.
René GREBERT"
Bien cordialement
Eric Mansuy
Ci-dessous un large extrait d'un article paru dans le numéro 177 de L'ESSOR.
"Avant 1914 : histoires vécues
Col du Hantz
Col du Hantz, 1914 : la frontière, deux maisons : côté allemand, l’auberge Launaire où les douaniers et les gendarmes allemands assuraient leur service ; à moins de deux cents mètres, côté français, la maison forestière du Palais occupée par le père Auguste Grébert, mon grand père (1866 Ban de Laveline - 1942 Ban de Laveline), un Français « très convaincu » (et c’est peu dire), mais cela n’empêchait pas les fonctionnaires des deux côtés d’entretenir des relations de bon voisinage ; le forestier allait jouer aux cartes avec les Allemands, chez Launaire, et ceux-ci faisaient de-même à la maison forestière.
Nommé moi-même forestier à Senones trente-cinq ans après, lors d’une tournée dans mon triage, j’ai lié conversation avec un pêcheur, un homme assez âgé. Il m’a dit se nommer Victor Lamaix et être un coiffeur retraité de Senones (il est mort en 1968). A mon brin d’accent, il a compris que je n’étais pas « du coin » ; je lui ai donc dit que je venais d’Alsace, mais que sa région ne m’était pas inconnue, vu que mon grand-père avait été forestier au col du Hantz avant 1914. A l’énoncé de mon nom, il a sursauté : « Ah ! vous me rappelez un souvenir historique ! » Etonnement de ma part.
Voilà donc ce que le brave homme m’a raconté :
Quelques jours avant la déclaration de guerre les habitants des fermes et des maisons forestières situées près de la frontière avaient été évacués et conduits dans des lieux plus sûrs : Senones, La Petite Raon. C’est ainsi que ma grand mère et ses enfants se sont repliés à La Petite Raon. Mon grand-père avait reçu l’ordre de rester à son poste et d’ouvrir l’œil. Le 2 août, veille de la déclaration de guerre, les militaires stationnés à Senones ont demandé un volontaire pour aller dire au père Grébert qu’il devait se retirer, car la guerre était imminente. Un jeune homme s’est présenté : notre pêcheur. Il monte au Col du Hantz et s’acquitte de sa mission. Mon grand-père s’apprête à le suivre, mais avant de se retirer, jette encore un regard par la fenêtre de la cuisine, vers la frontière et, avec son Lebel tire brusquement deux coups de feu sur deux uhlans qui descendaient (hoch zu Ross !) sur territoire français ; il arrache les fils du téléphone et, avec le messager, s’enfuit par une fenêtre à l’arrière de la maison et dévale par prés et bois vers Belval. Ces coups de feu ont-ils été les premiers tirés sur le front français ?
Jamais, dans ma famille, je n’avais entendu parler de ce fait d’armes et il a fallu, de longues années après, que le hasard me fasse rencontrer le seul témoin de l’événement.
Un souvenir historique ? Un bien grand mot peut-être, mais l’Histoire (la grande) n’est-elle pas aussi faite de petites histoires, histoires qui méritent bien un rappel afin qu’elles ne disparaissent dans l’oubli.
Toujours au Col du Hantz, peu de temps avant la guerre.
Des officiers ont demandé à mon grand-père si son fils (mon père) ne voulait pas leur rendre un service : transporter des pigeons voyageurs à Saint-Blaise et les déposer dans une maison amie. Affaire conclue ! Et voilà mon père passant la frontière à vélo (les pigeons cachés sous sa veste), malgré les cris et les gesticulations des douaniers allemands qu’il connaissait et qui le connaissaient aussi. Mission accomplie. Comme les Rois Mages des Ecritures, est-il revenu par un autre chemin ? Nul n’est plus là pour le dire.
Ah ! mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là : la guerre déclarée, après une poussée des troupes françaises dans la vallée de la Bruche, les Allemands ont pénétré dans les Vosges. Dévalant des côtes dominant la ville, ils sont entrés à Senones, y coupant en deux la colonne de civils qui fuyaient. Mon grand-père et son fils cadet, qui avaient pris un peu d’avance, leur ont échappé, mais ma grand-mère, mon père et ses sœurs ont été pris dans la souricière. Comment les Allemands ont-ils eu vent de cette histoire de pigeons ? Toujours est-il qu’ils ont arrêté mon père le 4 novembre. Dix-neuf jours de forteresse en Allemagne avec interrogatoires poussés. Heureusement qu’il n’a jamais reconnu les faits, sinon l’affaire aurait pu mal tourner pour lui... et je n’aurais jamais eu l’occasion d’écrire ces lignes. Il n’avait pas avoué, mais les Allemands ne l’ont pas relâché et l’ont mis dans un camp de prisonniers (militaires) et c’est ainsi qu’il est resté captif jusqu’à la fin de la guerre.
René GREBERT"
Bien cordialement
Eric Mansuy
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: service des douanes
Bonjour à tous,
Bonjour Evelyne et Marc,
Envoyez-moi dans un message privé (cliquez sur MP) votre email, et je vous ferai parvenir la photo dont vous me parlez, et que j'ai sous la main.
Bien cordialement
Eric Mansuy
Bonjour Evelyne et Marc,
Envoyez-moi dans un message privé (cliquez sur MP) votre email, et je vous ferai parvenir la photo dont vous me parlez, et que j'ai sous la main.
Bien cordialement
Eric Mansuy