Bonsoir,
J'ai commencé à me pencher sur l'expression "la fleur au bout du fusil", celle-ci remonte, sauf erreur, aux écrits de Galtier Boissière en 1928. Mais, en 1914, qu'en était-il vraiment? Légende ou réalité? Combien de temps aurait duré cet état d'esprit si cela s'est produit?
Je vous remercie de vos réponses.
Cordialement
Antoine
La fleur au bout du fusil?
- Arnaud Carobbi
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Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour Antoine,
Sur l'expression : http://www.expressio.fr/expressions/la- ... -fusil.php
Pour la réalité, des fleurs étaient distribuées aux hommes par des femmes, d'où l'expression. Il existe des témoignages nombreux sur la mobilisation : il sera difficile de résumer l'attitude de la population en une seule phrase sans être caricatural. La pompe, les défilés donnaient une impression de puissance et de fierté chez les hommes partant, mais dans les wagons, sur les routes, il semble que le cœur était bien lourd tout de même. Pour se faire une idée précise des sentiments qui animaient la population, hommes comme femmes, je ne peux que vous conseiller de continuer à lire. Vous constaterez la complexité de ces sentiments, des hommes pressés d'en découdre aux hommes déchirés d'angoisse, de tristesse. Tout le panel des sentiments humains se révèle.
Résumer la mobilisation à "ils sont partis la fleur au fusil" était remis en question par les combattants eux-même bien avant les années 1960.
Bien cordialement,
Arnaud
Sur l'expression : http://www.expressio.fr/expressions/la- ... -fusil.php
Pour la réalité, des fleurs étaient distribuées aux hommes par des femmes, d'où l'expression. Il existe des témoignages nombreux sur la mobilisation : il sera difficile de résumer l'attitude de la population en une seule phrase sans être caricatural. La pompe, les défilés donnaient une impression de puissance et de fierté chez les hommes partant, mais dans les wagons, sur les routes, il semble que le cœur était bien lourd tout de même. Pour se faire une idée précise des sentiments qui animaient la population, hommes comme femmes, je ne peux que vous conseiller de continuer à lire. Vous constaterez la complexité de ces sentiments, des hommes pressés d'en découdre aux hommes déchirés d'angoisse, de tristesse. Tout le panel des sentiments humains se révèle.
Résumer la mobilisation à "ils sont partis la fleur au fusil" était remis en question par les combattants eux-même bien avant les années 1960.
Bien cordialement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonsoir Arnaud,
Je vous remercie de votre réponse, il est bien difficile en effet de décrire tous les sentiments qui devaient tenailler ces jeunes soldats arrachés à l'insouciance de l'âge, quitter famille, région, travail, amis pour affronter la guerre et tout ce qui malheureusement en découle...
Bien à vous
Antoine
Je vous remercie de votre réponse, il est bien difficile en effet de décrire tous les sentiments qui devaient tenailler ces jeunes soldats arrachés à l'insouciance de l'âge, quitter famille, région, travail, amis pour affronter la guerre et tout ce qui malheureusement en découle...
Bien à vous
Antoine
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour,
Comment aurait-il pu de toute façon y avoir un état d'esprit, dans un départ qui concerne aussi bien de jeunes gens que des pères de plusieurs enfants.
Il faut aussi avoir en tête que dans leurs lettres, leurs attitudes, les soldats s'efforcent de paraître tels que "le pays" les veut : patriotes, enthousiastes, des héros en puissance. Inversement, lorsque, s'ils sont revenus, ils racontent la mobilisation après de longues années de guerre, le souvenir leur apparaît à travers ce filtre de "ce qui s'est réellement passé"; eux qui partaient tous - tous camps confondus - pour une guerre prévue comme meurtrière, mais de trois mois grand maximum.
Seuls les écrits à la fois intimes et sur le vif, où les ressentis étaient jetés sur le papier "en direct" donnent accès à la réalité, du coup. Encore ne peut-on jamais exclure que l'homme qui écrit son journal ait tendance à plastronner, soit par superstition, soit par autodiscipline ou "au cas où" son carnet tomberait aux mains de tiers.
Pour ma part, j'ai en tête l'exemple de Jünger - certes pas représentatif, mais qui illustre les différentes phases par lesquelles passaient les jeunes gens mobilisés (je cite de mémoire) :
Première étape : "Ah ! surtout ne pas rester chez soi, être admis à cette communion !"
Deuxième étape (descendu du train, à l'arrière du front) : "L'imagination enfiévrée se calmait, tandis que nous marchions dans la lourde argile de Champagne."
Troisième étape : le baptême du feu, et tous les jeunes qui tremblent après la chute de la première marmite près d'eux, et la raillerie d'un ancien [il est arrivé au front début 15] : "Vous n'êtes plus des pieds-tendres !"
Bref, même chez les jeunes va-t-en guerre, la fleur tombait vite du fusil.
Cdlt
Cyrille
Comment aurait-il pu de toute façon y avoir un état d'esprit, dans un départ qui concerne aussi bien de jeunes gens que des pères de plusieurs enfants.
Il faut aussi avoir en tête que dans leurs lettres, leurs attitudes, les soldats s'efforcent de paraître tels que "le pays" les veut : patriotes, enthousiastes, des héros en puissance. Inversement, lorsque, s'ils sont revenus, ils racontent la mobilisation après de longues années de guerre, le souvenir leur apparaît à travers ce filtre de "ce qui s'est réellement passé"; eux qui partaient tous - tous camps confondus - pour une guerre prévue comme meurtrière, mais de trois mois grand maximum.
Seuls les écrits à la fois intimes et sur le vif, où les ressentis étaient jetés sur le papier "en direct" donnent accès à la réalité, du coup. Encore ne peut-on jamais exclure que l'homme qui écrit son journal ait tendance à plastronner, soit par superstition, soit par autodiscipline ou "au cas où" son carnet tomberait aux mains de tiers.
Pour ma part, j'ai en tête l'exemple de Jünger - certes pas représentatif, mais qui illustre les différentes phases par lesquelles passaient les jeunes gens mobilisés (je cite de mémoire) :
Première étape : "Ah ! surtout ne pas rester chez soi, être admis à cette communion !"
Deuxième étape (descendu du train, à l'arrière du front) : "L'imagination enfiévrée se calmait, tandis que nous marchions dans la lourde argile de Champagne."
Troisième étape : le baptême du feu, et tous les jeunes qui tremblent après la chute de la première marmite près d'eux, et la raillerie d'un ancien [il est arrivé au front début 15] : "Vous n'êtes plus des pieds-tendres !"
Bref, même chez les jeunes va-t-en guerre, la fleur tombait vite du fusil.
Cdlt
Cyrille
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour Cyrille,
Je vous remercie beaucoup de votre réponse et de ce témoignage en plusieurs étapes, certainement très révélateur de l'état d'esprit de nombreux conscrits, jeunes ou moins jeunes...
Cordialement
Antoine
Je vous remercie beaucoup de votre réponse et de ce témoignage en plusieurs étapes, certainement très révélateur de l'état d'esprit de nombreux conscrits, jeunes ou moins jeunes...
Cordialement
Antoine
- LABARBE Bernard
- Messages : 3839
- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour à tous,
Voir le 2 août (campagnes) et le 6 août (gare de l'Est) sur mon blog14: http://www.bernard-labarbe-57ri.com/arc ... index.html
Cordialement,
Bernard
Voir le 2 août (campagnes) et le 6 août (gare de l'Est) sur mon blog14: http://www.bernard-labarbe-57ri.com/arc ... index.html
Cordialement,
Bernard
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour,
Pour être complet, un exemple en sens inverse : un aïeul de ma femme a écrit, tout au long du conflit, y compris lors de ses séjours à l'hôpital, des poèmes. Sur le plan littéraire, ils sont à peine plus légers qu'une torpille de minenwerfer, mais ce sont tout de même de riches témoignages. Ce combattant, malgré les blessures, les horreurs vécues, montre par ces textes que lui est resté, toute la guerre, le sabre entre les dents, si j'ose dire. Il est vrai qu'il s'agit d'écrits destinés à être lus par d'autres, mais tout de même. On n'y voit jamais de doutes, ni de lassitude, rien de l'état d'esprit "c'est l'enfer, on n'en peut plus, mais il faut bien tenir" classique chez les hommes de la guerre-habitude de chaque côté du front.
Cdlt
Cyrille
Pour être complet, un exemple en sens inverse : un aïeul de ma femme a écrit, tout au long du conflit, y compris lors de ses séjours à l'hôpital, des poèmes. Sur le plan littéraire, ils sont à peine plus légers qu'une torpille de minenwerfer, mais ce sont tout de même de riches témoignages. Ce combattant, malgré les blessures, les horreurs vécues, montre par ces textes que lui est resté, toute la guerre, le sabre entre les dents, si j'ose dire. Il est vrai qu'il s'agit d'écrits destinés à être lus par d'autres, mais tout de même. On n'y voit jamais de doutes, ni de lassitude, rien de l'état d'esprit "c'est l'enfer, on n'en peut plus, mais il faut bien tenir" classique chez les hommes de la guerre-habitude de chaque côté du front.
Cdlt
Cyrille
"Sur un banc étaient rangés quinze ou vingt bonshommes qui avaient bien une douzaine de jambes à eux tous." (Duhamel)
Re: La fleur au bout du fusil?
Bonjour à tous,
Je vous remercie encore pour tous ces témoignages d'un moment terrible pour les appelés. J'ai bien revu avec plaisir l'immense tableau d'Albert Herter qui résume bien l'état d'esprit de la population début août 1914.
Cordialement
Antoine
Je vous remercie encore pour tous ces témoignages d'un moment terrible pour les appelés. J'ai bien revu avec plaisir l'immense tableau d'Albert Herter qui résume bien l'état d'esprit de la population début août 1914.
Cordialement
Antoine