sur les pas de Tezenas du Montcel, 16 avril 1917

[air339]

Bonjour,

Je vous propose de suivre la promenade que j'ai faite la semaine dernière, sur les pas de Tezenas du Montcel, "l'heure H" en mains !

Cette carte donne l'itinéraire supposé (flèches en violet) et les lieux de prises de vues (flèches oranges).
Lignes bleue : lignes allemandes.
Ligne rouge : lignes françaises.

Depuis février 1917 le 5e RIC tient des positions face au Chemin des Dames, au dessus du ravin de Troyon.

Vue 1 : les premières lignes françaises, au-dessus de la route de Troyon rejoignant le Chemin.


Les traces : Dans les lignes françaises, sur la pente, un morceau de ceinture de 77


Un fragment de barbelé français (fil composé de deux brins).


Vue 2: ce que voient les Allemands, à 100 mètres, en surplomb des lignes françaises (orée du bois).


Les traces: étui de mauser et balle D.


Barbelé allemand (un seul brin, de section carrée)


Après un repos à Dravegny, le 5e RIC reprend les lignes le 10 avril, dans des abris à la tête du ravin.

Vue 3 : les abris, devant lesquels un seul obus cause 24 morts le 14 avril, lors de la distribution des vivres.


Le dernier témoin...

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suite...


« le capitaine remet à chacun de nous un plan directeur ou figure – en bleu – tout le réseau de tranchées boches et sur lequel nous traçons des limites latérales de la zone d'action du régiment. Il y a là, entre deux traits à l'encre ou se concentre notre attention, exactement cinq lignes de tranchées que nous devront enlever d'un seul élan : tranchées de Memel, de Dre12 avrilsde, de Brahms, de Iglau et Kreutzer... »


« Nous allons ensemble reconnaître nos emplacements de départ. Ils sont situés entre nos abris et le village de Troyon ( ) nous montons donc tout droit devant nous, à découvert, sur la pente, très raide, du ravin et nous arrêtons à une cinquantaine de mètres environ au-dessous de notre première ligne que le mouvement de terrain de nous permet pas d'apercevoir. C'est de là que nous partirons le moment venu. Nous sommes dans un champs nu. Devant nous la vue est bornées à une dizaine de mètre par la croupe qui s'arrondit, mais derrière nous et à nos pieds le ravin se déroule depuis nos abris jusqu'au delà de Troyon. Nous apercevons aussi la crête opposée d'où viennent des obus qui mugissent sans cesse au-dessus de nos têtes et vont pilonner les tranchées boches »

Vue 4 : La place d'arme, en arrière de la première ligne.


« A la nuit on m'apporte un billet du capitaine : c'est un ordre d'avoir à me présenter demain matin à cinq heures au commandant du Nième bataillon du 6e Colonial pour une mission spéciale qu'on ne m'indique pas  ( )
Arrivés à la lisière du village de Troyon, nous trouvons assez facilement le P.C. du chef de bataillon, et nous entrons dans un abri naturel dont l'entrée est un trou dans le rocher de la falaise."

Vue 5 : Dans la végétation, une des entrées de la carrière


"Il y a là des agents de liaison somnolents autour d'un poêle et d'une table qui sert de bureau ( ) l'adjudant réapparaît et m'introduit dans une sorte de vaste grotte où il me laisse.
Une vague clarté commence à pénétrer dans ce lieu ( ) et je suis surpris de voir des fauteuils recouverts d'un reps rouge, un vieux tapis, bref de trouver là un essai d'intérieur bourgeois et « pantouflard ». ( ) mais je ne vois toujours pas le commandant...( ) quand j'entends soudain un bruit bizarre qui vient d'un coin obscure de l'immense pièce. Je m'avance alors de ce côté et, dans une sorte d'alcôve creusée dans le rocher, mes yeux qui s'habituent à l'obscurité finissent par distinguer une chose inouïe : un lit ! »

Dans la pénombre, l'alcôve...


Témoins : cuir de cartouchière, avec quelques étuis...


16 avril
5h20 « Nous nous groupons par sections devant l'abri, à mi-pente et dans le sens du ravin que nous allons longer à découvert pendant 500 mètres pour gagner nos emplacements de départ. ( ) nous avançons à la file indienne sur le petite sentier à peine tracé qui suit le flanc du ravin … tout à coup, des sifflements qui se rapprochent... deux gerbes de terre et de fumée jaillissent brutalement à cinquante mètres en avant, juste contre notre file ! ( ) Nous gravissons maintenant la pente, péniblement, et nous rapprochons de la tranchée de départ »

Vue 6: ce chemin donne une idée de la pente, avec vue sur l'autre flanc du ravin de Troyon.


Dans la terre de ce chemin, des vestiges témoignent : de nombreux petits éclats et morceaux de ceinture de cuivre.





Le noyau d'une balle de Mauser violemment impactée. A noter le minuscule éclat, à gauche de la pierre.

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suite...

Vue 7 : De nos premières lignes, l'horizon vers la droite englobe le carrefour du poteau d'Ailles.


Vue 8 : La vallée de Troyon, depuis la première ligne allemande. Dans le champs qui fait face, nos premières lignes.


Les traces : dans les lignes allemandes, des balles françaises...




Une lame chargeur de Mauser


6h10 : « Les trois sections de têtes s'ébranlent en même temps ( ) Tout à coup le brouillard s'éclaire, et le soleil apparaît ( ) Je me retourne : derrière nous, sur la crête opposée du ravin se détachant nettement sur l'horizon, des prolonges d'artillerie nous suivent ( ). La tranchée de départ, vide, s'ouvre à nos pieds ( ) Le terrain monte encore légèrement, et la vue est un peu plus dégagée : la crête doit être à 200 mètres environ ( ) en face, des fumées traînent ( )»

Vue 9: en montant vers le Chemin, qui est juste derrière la ligne d'horizon, à 200 m.


« tac tac tac tac tac tac... tac tac tac tac tac tac... Une terrible rafale nous cloue sur place  ( ) chaque fois que l'un de nous se montre, il est accueilli par une grêle de balles ( ) »

« Vivement je fais intervenir mes 4 grenadiers VB ( ) dès que l'objectif leur a été indiqué, ils commencent le tir ( ) coup sur coup de petits nuages de fumée blanche, compacts, apparaissent au-dessous du point signalé. Les grenades doivent éclater au raz du sol ou fuser à hauteur d 'homme en raison de la distance assez courte »

Traces : morceaux de bouchon et d'allumeur de VB



« A notre gauche, tout près de nous et légèrement avancé par rapport à notre ligne, voilà le village de Cerny qui n'est plus qu'un tas de pierres écroulées entre lesquelles se faufilent des hommes en uniforme bleu clair ( ) »

Vue 10 : A gauche des lignes conquises, la sucrerie et la descente vers le village de Cerny.



« accoudé au parapet, je fouille le terrain à la jumelle ( ) à notre droite le terrain est en légère dépression vis-à-vis de nous et l'on voit jusqu'à 5 ou 600 mètres de nombreux uniformes bleus ( ) »

Vue 11 : A droite des lignes conquises, le Chemin vers le carrefour du poteau d'Ailles.

[air339]

suite et fin.

Nuit du 16 au 17 avril :
« Le silence s'étend sur cette terre où la fumée traîne encore et rend les horizons indistincts, et je regarde, immobile, le sol dévasté dont les replis cachent tant de misères et tant de cadavres... »

17 avril :
« La journée se passe sur les mêmes positions violemment bombardées « dix fois, nous croyons notre dernier moment venu »

Traces: des fusées pour gros calibres ressortent encore des labours, comme cette HZ16


ou cette KZ 14 datée de 1917


18 avril :
« l'aube, glaciale, nous réservait une surprise : la neige couvrait le sol »
« enfin, nous partons ! ( ) nous voyons une partie du terrain conquis de l'avant-veille : il y a partout des cadavres, et cette quantité de morts nous donne un aperçu de l'étendue de nos pertes ( ) bientôt nous sortons des boyaux et débouchons au-dessus du ravin d'où nous sommes partis il y a deux jours, mais en un point que je ne reconnais pas : de l'autre côté de Troyon ( ) »

Vue 12 : Au niveau du cimetière britannique, vue de la vallée, avec à l'horizon au centre la position de départ du 16 avril.


Voilà ! Une promenade autour d'un texte, qui donne à lire le terrain : quelques vestiges en surface de ces paisibles champs, qui ne font pas oublier leur statut de nécropole gardée par les blés...

Régis

[geojeff]

Bonjour,

que dire ? Bravo pour le travail et merci du partage.

Jean-François

[celtemoin]

Bonjour,

Je vous propose de suivre la promenade que j'ai faite la semaine dernière, sur les pas de Tezenas du Montcel, "l'heure H" en mains !
mesimages/5009/itinerairetezenas.jpg
Cette carte donne l'itinéraire supposé (flèches en violet) et les lieux de prises de vues (flèches oranges).
Lignes bleue : lignes allemandes.
Ligne rouge : lignes françaises.

Depuis février 1917 le 5e RIC tient des positions face au Chemin des Dames, au dessus du ravin de Troyon.

Vue 1 : les premières lignes françaises, au-dessus de la route de Troyon rejoignant le Chemin.
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Les traces : Dans les lignes françaises, sur la pente, un morceau de ceinture de 77
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Un fragment de barbelé français (fil composé de deux brins).
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Vue 2: ce que voient les Allemands, à 100 mètres, en surplomb des lignes françaises (orée du bois).
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Les traces: étui de mauser et balle D.
mesimages/5009/troyontezenas132.jpg

Barbelé allemand (un seul brin, de section carrée)
mesimages/5009/troyontezenas111.jpg

Après un repos à Dravegny, le 5e RIC reprend les lignes le 10 avril, dans des abris à la tête du ravin.

Vue 3 : les abris, devant lesquels un seul obus cause 24 morts le 14 avril, lors de la distribution des vivres.
mesimages/5009/troyontezenas060.jpg

Le dernier témoin...
mesimages/5009/troyontezenas063.jpg

bonjour
bravo pour le travail effectué je pense pouvoir apporté une petite contribution, la goupille non identifiée n'a rien à voir avec la guerre, il s'agit d'une
goupille à usage agricole qui est rouillée en restant dans la terre.
encore bravo
patrick

[air339]

Bonjour Patrick,

Vous avez certainement raison, cette goupille me rappelait des choses de mon enfance, comme pour fixer des ridelles...

Je remplace - toujours du même chemin - par ces deux pièces de projectiles allemands : fusée Grz04 et fond de minen de 76mm.


Bien cordialement,

Régis