Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

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FX Bernard
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par FX Bernard »

Bonjour tout le monde,

j'interviens dans ce fil car je me pose quelques questions sur mon arrière-grand-père maternel, Joseph Gerber (http://www.anciensditalie.net/gerber.html). Il était né à Eckartswiller, dans l'Alsace annexée, le 08 mars 1877. Sa mère avait émigré à Nancy dans les années 1880, où lui-même vivait à la déclaration de la guerre. Aurait-il risqué quelque chose en cas de capture par les troupes allemandes ? Que je sache, il n'avait pas changé de nom durant la Guerre.

Bien cordialement

f-xavier
Mon blog photographique:
www.ww1photographs.wordpress.com
Le site sur les troupes françaises en Italie :
www.anciensditalie.net
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rohmer
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par rohmer »

Bonsoir à tous,
Bonsoir Eric,

Concernant : BRUCKERT Léon, 32e B.C.A. ; nom de guerre : BRUNEL

Merci de corriger l'orthographe de son nom de guerre en BRUNET.
C'est un membre de notre famille.

Cdt.
Evelyne.
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Eric Mansuy
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Salut François-Xavier,

Je ne suis pas en mesure de répondre concrètement à ta question sur les risques que pouvaient courir les Alsaciens-Lorrains servant sous uniforme français en cas de capture. En revanche, voici ce que je viens de retrouver dans les cotes SHD 19 N 1157 et 19 N 15. De toute évidence, un risque existait pour eux, le fait est.

MINISTERE DE LA GUERRE
Direction de l’Infanterie
2e Bureau
RECRUTEMENT

N°6677 2/1

Confidentiel

Paris, le 23 mars 1915

LE MINISTRE DE LA GUERRE
à Monsieur le Général Commandant en Chef
Grand Quartier Général


Il m’a été rendu compte que certains commandants de recrutement croient devoir faire marquer AL, les livrets individuels destinés aux Alsaciens Lorrains engagés volontaires servant aux armées.

Cette façon de procéder qui aurait pour effet de désigner les intéressés à l’attention des Allemands au cas où ils seraient faits prisonniers, va à l’encontre du but poursuivi par la dépêche du 24 février 1915, n°4375 2/1. Or, il importe au plus haut point que l’Alsacien-lorrain titulaire d’un livret comportant un état-civil d’emprunt, ne puisse d’aucune façon être signalé ou reconnu.

C’est pourquoi, outre les mesures déjà prescrites à ce sujet par la dépêche du 1er mars n°4708 2/1, il est nécessaire dans ce sens de compléter toutes les pages du livret par des indications correspondant à l’âge des intéressés et à la situation au point de vue du recrutement qu’ils pourraient avoir s’ils avaient été soumis avant leur engagement aux lois françaises, soit comme appelés, soit comme engagés, exemptés ou réformés.

En résumé, toutes les indications se rapportant à la situation militaire fictive des intéressés, doivent être inscrites sur le livret afin de donner à ce document un aspect d’authenticité indéniable.

D’un autre côté, je suis informé que certains commandants de recrutement laissent entendre que l’alsacien lorrain qui s’engage dans la légion étrangère doit attendre pour être versé dans un régiment français, le résultat de la procédure de naturalisation suivie au Ministère de la Justice. Cette manière de voir est une interprétation erronée de la loi du 5 août 1914. En effet l’article 1° de cette loi spécifie que du fait de son engagement, l’alsacien lorrain réintègre la qualité de français et peut être versé dans un corps français. Dès lors, l’engagé doit être immédiatement versé dans un corps du service ordinaire s’il en fait la demande aussitôt après la signature de son engagement. Comme conséquence de ces dispositions, les Alsaciens Lorrains qui auraient été maintenus à la légion étrangère bien qu’ayant manifesté le désir d’être admis à servir dans des corps français lors de la signature de leur engagement, devront être versés sur leur demande dans ces corps conformément aux prescriptions du 4° alinéa de la dépêche du 24 février 1915 précitée.

J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien donner des instructions dans ce sens.

Pour le Ministre, et par son ordre,
Le Colonel, Directeur de l’Infanterie,
E. MARGOT

-----

République Française

Paris, le 24 décembre 1917

Le Président du Conseil, Ministre de la Guerre,
Monsieur le Général commandant la …ème Région


La dépêche confidentielle N° 4375 2/1 du 24 février 1915 (8e alinéa), spécifie que le bureau de recrutement qui a immatriculé les engagés A.L. doit seul posséder leur véritable état-civil.

D’un autre côté, la dépêche confidentielle N°7870 2/1 du 8 avril suivant, rappelle cette disposition et indique que les unités auxquelles les A.L. sont affectés ne doivent connaître ni le vrai nom de ces derniers, ni leur véritable lieu d’origine, ni l’adresse de leurs parents restés en Alsace-Lorraine.

Or, il est rendu compte que, dans maintes circonstances, l’application de ces dispositions a donné lieu à des erreurs.

Pour remédier aux inconvénients signalés, je décide que les livrets matricules véritables des A.L. servant dans l’armée française seront désormais confiés aux chefs de corps.
Cette opération s’effectuera de la façon suivante :
Les commandants des dépôts et les commandants des corps en campagne feront rechercher discrètement, dans les unités sous leurs ordres, les A.L. qui servent sous un état-civil d’emprunt.
Chaque chef de corps en campagne adressera la liste de ces A.L. au commandant du dépôt. Ce dernier établira une liste complète de tous les A.L. qui servent au régiment, soit au dépôt, soit aux armées, et au moyen de cette liste réclamera les livrets matricules des militaires dont il s’agit aux commandants des bureaux de recrutement intéressés qui les leur fera parvenir.
Le commandant du dépôt enverra ensuite au chef de corps en campagne les livrets matricules qui devront être conservés par l’officier payeur du régiment, lequel ne devra en aucun cas s’en dessaisir.

Je vous prie de donner des instructions pour assurer l’exécution de cette décision.

Pour le Président du Conseil, Ministre de la Guerre, et par son ordre,
Le Général Directeur de l’Infanterie
Signé : COTTEZ

-----

Le 29 janvier 1918, le général Cottez précisait que dans le cas des régiments d’artillerie en campagne, lesquels n’avaient pas d’officier payeur, les régiments d’artillerie lourde, dont les diverses composantes étaient disséminées sur le front, et en général toutes les unités en campagne n’ayant pas d’officier payeur, les livrets matricules véritables des Alsaciens-Lorrains seraient conservés par les commandants des dépôts.

Amicalement,
Eric
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
denis33
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous,

Merci à tous pour l'aide apportée. :jap:

http://amphitrite33.canalblog.com/

Bien cordialement,
Denis.
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e-Storial
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par e-Storial »


Il m’a été rendu compte que certains commandants de recrutement croient devoir faire marquer AL, les livrets individuels destinés aux Alsaciens Lorrains engagés volontaires servant aux armées.
………
Cette façon de procéder qui aurait pour effet de désigner les intéressés à l’attention des Allemands au cas où ils seraient faits prisonniers, va à l’encontre du but poursuivi par la dépêche du 24 février 1915, n°4375 2/1. Or, il importe au plus haut point que l’Alsacien-lorrain titulaire d’un livret comportant un état-civil d’emprunt, ne puisse d’aucune façon être signalé ou reconnu.[/b]
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D’un autre côté, je suis informé que certains commandants de recrutement laissent entendre que l’alsacien lorrain qui s’engage dans la légion étrangère doit attendre pour être versé dans un régiment français, le résultat de la procédure de naturalisation suivie au Ministère de la Justice. Cette manière de voir est une interprétation erronée de la loi du 5 août 1914.
En effet l’article 1° de cette loi spécifie que du fait de son engagement, l’alsacien lorrain réintègre la qualité de français et peut être versé dans un corps français. Dès lors, ………
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La dépêche confidentielle N° 4375 2/1 du 24 février 1915 (8e alinéa), spécifie que le bureau de recrutement qui a immatriculé les engagés A.L. doit seul posséder leur véritable état-civil.
…………………
Bonjour

En remontant votre post… et en repensant à un échange que j'avais eu précédemment…
pages1418/forum-pages-histoire/regiment ... 7927_1.htm

1)- Je retrouve dans l'historique du 333e RI cette allusion à la dépêche "confidentielle" du 24 février dont vous faites état (numérotation différente par rapport à celle citée mais ça soit être une erreur de retranscription).

1er  Avril
Conformément à la directive ministérielle n° 4975 – 2/1 du 24 Février 1915, les Alsaciens-Lorrains engagés au Régiment ont à opter entre une double situation : ou rester sur le front en prenant l’engagement écrit de combattre directement contre les Allemands, au risque d’être traités comme transfuges s’ils venaient à tomber entre leurs mains, ou de quitter le front pour être versés dans les corps d’Afrique du Nord. Sur 18 Alsaciens-Lorrains présents au Régiment, 8 signent la déclaration qui leur est demandée, les 10 autres sont mis en route sur le dépôt du 333°R.I. à Belley.


Là aussi il se peut que ce soit une interprétation sur la supposé volonté de ses engagés AL, souvent de fois déserteurs de l'armée allemande…

2)- J'avais cru comprendre que la réintégration à la nation française n'était peut-être qu'une promesse non tenu (ou à moitié) car j'ai souvenance de ma mère et ma grand-mère, et ce jusque dans les années soixante, étaient encore obligées de fournir (la rage au coeur et en pleurs) des certificats de réintégration auprès de nombreuses administrations .

3) - Parfois le fait de ne pas vouloir «…désigner les intéressés à l’attention des Allemands au cas où ils seraient faits prisonniers» relevait parfois du cocasse car mon grand-père "Lomeré Charles" et devenu ainsi "Johan Charles" … :???:

Bonne journée
JF Genet
«La loi n'y entend rien, c'est affaire de coeur». André Bellard, initiateur en 1921 de l'association dites des "Malgré-nous" et destinée aux soldats lorrains.
http://e-storialdelorraine.com
pierreth1
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par pierreth1 »

Bonjour;
"2)- J'avais cru comprendre que la réintégration à la nation française n'était peut-être une promesse non tenu (ou à moitié) car j'ai souvenance de ma mère et ma grand-mère, et ce jusque dans les années cinquante, étaient encore obligées de fournir (la rage au coeur et en pleurs) des certificats de réintégration auprès de nombreuses administrations "
Et même bien plus tard! j'ai moi même du fournir ce document en 72 pour entrer en école d'officier et il en fut de m^me pour mon futur beau frere ne 73... nos grands parents étant nés sous l'annexion..c'est d'autant plus injurieux qu'un immigré naturalisé avait moins de difficultés.. celka a donné lieu à de nombreux articles dans l'Alsace et les DNA

le document genre PQ de qq cms de large sur une quinzaine de logn, le nom exact du docuement est:
"extrait du registre des personnes réintégrées de plein droit dans la qualité de français en éxécution du traité de paix du 28 juin 1919" il était établi dans la ville de résidence avec un N) d'inscription dans le cas de mes grands parents et de mon oncle il s'agit de Colmar avec les N° 3807, 3808, 3809
dans leur cas les dociuments leur furent remis le 1er mars 1920 et ensuite on n'a jamais arrété de leur demander y compris à leurs enfants..ce genre de vexation (et d'autres du même accabit) fut cause du malaise important des années 20 et de la poussée de l'autonaumisme (soutenu en sous main par les allemands)
cordialement
pierre
pierre
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e-Storial
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Re: Diverses questions sur les Alsaciens-Lorrains.

Message par e-Storial »

Bonjour,

C'est exact, comme j'avais la flemme de chercher, j'ai pris une fourchette large pour ne pas avoir d'ennuis en sortant une absurdité…
L'histoire de ces gens là est vraiment à part… et ce qui est paradoxal, c'est qu'ils ont accepté ce destin avec dignité, sans misérabilisme.
Maintenant, faut comprendre, à force de leur taper sur la tête…

Hors sujet: suite à la WWII, ma grand-mère avait du carton à certaines de ses fenêtres jusqu'en 52, et la mairie lui disait de ne pas trop se montrer impatiente… les dommages de guerre lui ont été remboursé en 58…

Bonne journée

JF Genet
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