Attaque appuyée par des mitrailleuses

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jbraze
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par jbraze »

Bonsoir à tous,

Voilà que je viens à nouveau vous casser les pieds avec mes mitrailleurs. :pt1cable: Ma question précédente a disparu dans les profondeurs du forum et je me permets de la reposer ici en essayant d'être plus précis.

Mon problème est que je n'arrive pas à me représenter concrètement une compagnie de mitrailleuses employée dans une action offensive.

Par exemple, comment les mitrailleuses sont-elles disposées au moment du départ de l'attaque ? Sur les ailes, pour ne pas risquer de toucher les leurs au moment de la progression ?

Quittent-elles la position de départ en même temps que les compagnies d'assaut ? Dans ce cas, j'imagine qu'il y a un ou deux servants pour porter la pièce tandis que les autres font le coup de feu ? Les mitrailleurs disposent-ils de fusils et de grenades ?

Ou bien viennent-elles plus tard s'installer sur les positions conquises ?

Bref, quelqu'un peut-il m'éclairer un peu à ce sujet, ou me renvoyer à un témoignage de combattant ou autre ouvrage de référence ?

Merci beaucoup d'avance. :jap:

Bien cordialement,

Jean-Baptiste.
:hello:

"D'autres heures naîtront, plus belles et meilleures / La victoire luira sur le dernier combat / Seigneur, faites que ceux qui connaîtront ces heures / Se souviennent de ceux qui ne reviendront pas"
Sylvain Royé, disparu à Douaumont le 24 mai 1916
mistral34
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par mistral34 »

Bonjour,

Intéressante question.
Je repproche souvent a la lecture des revues sur la guerre 14 18 de ne pouvoir suivre l'évolution d'une bataille avec une carte a coté.
Il faut presque toujours aller sur la fin de l'article pour tenter de se rendre compte du déroulement.

Je vais suivre avec intéret

Michel
boucan38
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par boucan38 »

Il semble en effet que cette question ne suscite pas un engouement extraordinaire.

Pour information je donnerai quelques échos croisés de l'attaque du réduit d'Avocourt le 29 mars 1916 où l'on évoque assez largement la place des cie de mitrailleuses dans le dispositif d'attaque de première ligne.

Loin de moi la prétention d'en faire une généralité mais le croisement de ces témoiganges et d'extraits des JMO et autres historiques permet d'apporter un petit bout de réponse à cette question.
Amitiés


29 mars 1916 – VERDUN – Reprendre le réduit d’Avocourt Le rôle des mitrailleurs en première ligne

Dommage ! le SCAN de l'excellent croquis du Cdt Michelin ne passe pas. Si vous voulez la version illustrée il faudra passer par la messagerie perso !!


Extrait du petit historique du 157° RI

Signalons parmi les nombreux actes d’héroïsme les suivants :
Pendant une contre-attaque qui avait un instant fait fléchir la première ligne, le soldat Bernard de la 4ème C.M. voyant le danger, installe sa pièce sur le parapet de façon à enfiler le boyau par lequel l’ennemi progressait. L’effet est instantané, et l’ennemi reflue en désordre.

Extrait du JMO du 157°
(pour l’attaque du réduit d’Avocourt) Dispositif de départ : la colonne d’attaque marchant sur le réduit comprendra :
1er – 2 compagnies du 3° Bataillon et 2 compagnie du 2° Bataillon, chacune de ces compagnies constituant deux vagues par doublement dans les tranchées de départ. Deux sections de mitrailleuses de chacun des deux bataillons marchant avec la première vague.
2èm – deux compagnies en réserve du 3° Bataillon avec leurs sections de mitrailleuses qui progresseront par les boyaux où elles seront stationnées avec leurs deux sections de mitrailleuses.
Le mouvement des deux sections restantes de la compagnie de mitrailleuses du Cdt Michelin (commandant le 2° bataillon à la gauche du dispositif d’attaque) sera réglé par celui-ci

Extrait du petit historique du 59° RI
Le 157e, qui occupe le secteur depuis quelques jours, doit attaquer le lendemain avec le 210e, pour reprendre le bois d’Avocourt. Au 59e incombera le rôle obscur mais important du ravitaillement en munitions et en artifices.
S’acquittant de sa mission périlleuse, avec beaucoup de sang-froid et méritant, de ce fait, les félicitations du Colonel commandant l’attaque, le 59e ravitailleur, concourt dans une large mesure, par son inlassable dévouement, à permettre à la première ligne de repousser toutes ces tentatives. Pourtant l’instant critique arrive ou les pièces de mitrailleuses du 157e, endommagées par un tir prolongé, détruites par le bombardement, ne peuvent plus suffire à la défense de la ligne.
Le Colonel de ce régiment fait alors appel à notre première C.M. Sous le commandement du lieutenant Vidal, cette compagnie se porte en avant et installe ses pièces dans de telles conditions que ses feux font échouer les tentatives ennemies. Le lieutenant Vidal tombe glorieusement à la tête de sa troupe, bon nombre de mitrailleurs se font tuer héroïquement sur leurs pièces, mais la position est conservée et, une fois de plus, le 59e affirme ses brillantes qualités de combat.

Extrait de « Présent » Cdt Pierre MICHELIN
29 mars 1916 –

L’Ordre porte en substance : « la 89° brigade attaquera le bois d’Avocourt le 29 mars à quatre heures trente. Régiment accolé : 210° à droite – Objectif : le réduit.
Deux compagnies de mitrailleurs, une compagnie du génie sont mises à disposition du 157°
A minuit trente le 157° s’ébranle en trois colonnes. Au centre, par le boyau 2 quatre compagnies, les mitrailleurs et les sapeurs ; à droite deux compagnies, par le boyau d’Antibes ; à gauche deux autres compagnies par Avocourt.
On suit d’abord les chemins forestiers détrempés, crevés d’ornières et d’entonnoirs. Les mitrailleurs, qui portent à dos leurs pièces et leurs caisses à munitions, n’avancent qu’avec une peine infinie, et la colonne ainsi retardée s’allonge, se coupe, des éléments s’égarent. Des arrêts, des courses par les fondrières permettent la remise en ordre ; puis, dans l’obscurité, l’avance reprends de cette chaine humaine où chaque anneau, chaque soldat, s’accroche plus étroitement à celui qui le précède
Quatre heures. – Le commandant des bataillons d’attaque atteint la tranchée de départ. Un coureur l’y rejoint à bout de souffle, et déclare qu’une colonne égarée n’arrivera pas à temps.
- « Rien à faire. »

Sur le bois dont l’aube naissante accuse la lisière, nos obus s’abattent, peu nombreux, quelques projectiles allemands labourent nos tranchées.
Dans le boyau 2 les hommes passent, passent, silhouettes terreuses à peine visibles et silencieuses sous l’équipement soigneusement arrimé. Plusieurs ont perdu leurs chaussures ; d’autres portent à la main le brodequin sans lacet. Accablés, trébuchant ou croulant depuis des heures sous leur croix d’acier, des mitrailleurs crient grâce à chaque chute nouvelle ; chaque fois ils se relèvent et continuent d’avancer.
Quatre heures vingt – Sur une ligne immense, la première vague parait, debout sur le parapet. Nos obus s’éloignent, s’espacent, se taisent ; les obus ennemis tombent plus prêt, plus dru.
Un autre renseignement parvient, plus angoissant que le premier : « Le 210° n’est pas en place. »
- « Silence, plus rien à dire, laisser faire »

Sur la ligne immense les cadres se mettent en marche, lentement ; la première vague, lentement, suit les cadres.
A sa distance la deuxième vague, bientôt, suit la première.
Les obus allemands se multiplient.
…..A la lisière la fusillade crépite.
Le commandant gagne à vive allure, avec son groupe, le poste qu’il s’est fixé à l’avance dans le réduit ; le téléphone s’accroche au terminus préparé les nuits précédentes ; des coureurs partent vers les unités.
Sous la futaie le bruit du combat s’éparpille. Les grenades tonnent encore rageusement, par endroit ; les coups de feu sont plus rares.
Au bout d’un moment les coureurs reviennent avec des renseignements qu’une reconnaissance rapide du chef va vérifier ; les deux bataillons son maîtres de leurs objectifs ; à droite le 3° est en liaison avec le 210 ° régiment qui a repris sa place au cours de l’attaque. Le colonel De Malleray précise sur place, l’occupation de la position conquise.

Récit du soldat Couston du 157° RI (site www.bataille-de-verdun.fr)
Nous partîmes exactement à 4 h 25, cinq minutes avant l’heure de façon à coller au barrage roulant.
Les bataillons d’assaut tombèrent sur les allemands en même temps que nos 75 ; la liaison fut si complète que certains de nos hommes furent blessés par les éclats de nos obus. En arrivant sur la position de résistance allemande, nous fîmes taire les mitrailleuses ennemies à coup de grenades et aussitôt après nous mîmes en position nos propres mitrailleuses du 3° bataillon du 157°. La reprise du réduit d’Avocourt avait été accomplie en ¼ d’heure. La surprise des allemands avait été complète.
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jbraze
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par jbraze »

Bonjour,

Un grand merci pour votre réponse très éclairante. J'avais également l'intention de feuilleter quelques JMO ; vous me donnez là des pistes extrêmement intéressantes et je vous en remercie beaucoup.

Je veux bien la carte que vous évoquez : je vous contacte donc en MP.

Je relirai plus attentivement les extraits que vous me donnez, mais à première vue, voilà ce que je comprends d'une attaque appuyée par des mitrailleuses :
- les troupes d'attaque s'élancent en tête, avec pour mission de s'emparer de l'objectif.
- les sections de mitrailleuses suivent de près la progression des troupes d'attaque, installent leurs pièces sur la position conquise et seulement à ce moment-là, entrent en action pour participer à la défense du terrain.

Pensez-vous que je suis dans le vrai ?

En tout cas, encore un grand merci. Cela m'encourage à aller voir de plus près les JMO.

Bien cordialement,

Jean-Baptiste.
:hello:
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Jean RIOTTE
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par Jean RIOTTE »

Bonsoir à toutes et à tous,
Je signale que dans le dernier n° du bimestriel Champs de Bataille (n°25 - déc.janv. 2009) un dossier de quelques 14 pages traite des Tranchées et entre autres du rôle des mitrailleuses en situation défensive avec croquis couleurs à l'appui.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
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terrasson
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par terrasson »

bonsoir a tous
voici un extrait du réglement de manoeuvre de l infanterie edition du 24 avril 1914
Emploi des mitrailleuses dans l attaque
Les mitrailleuses constituent un renfort de feu puissant pour la chaine.
Le colonel les maintient en général pendant l approche avec les bataillons de premiere ligne.Au début de l attaque, elles marchent habituellement avec les renforts de ces bataillons.
Elles sont ensuite portées en ligne sur les postes ou il est necessaire d augmenter l intensité du feu pour appuyer le mouvement.
A partir de ce moment, les mitrailleuses suivent d aussi prés que possible les mouvements de la chaine en se portant sur les points d'ou elles pourront le mieux l appuyer de leurs feux, le plus souvent sur les flancs en face des intervalles ou sur des positions dominantes.
elles accompagnent les tirailleurs jusqu à l assaut, et cherchent à arriver en meme temps qu'eux sur la position adverse pour en assurer l'occupation et poursuivre l ennemi de leur feu.
Donc les mitrailleuses avaient un role d appui et devaient bien sur etre dans des positions ou leurs secteurs de tirs ne mettaient pas en péril les tirailleurs c etait pour cela qu elles étaient placées sur des points hauts ou avec une trés bonne visibilité sur le champ de bataille afin de ne pas risquer les tirs fraticides et comme dit sur les flancs
Merci Jean pour votre indication
cordialement christian Terrasson
adischats
soldat forcat a pas jamai portat plan lo sac.Es pas l'ome que gana es lo temps vai i mesme pas paur
ALVF
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par ALVF »

Bonjour,

En offensive, il ne faut pas oublier le tir indirect des mitrailleuses afin d'appuyer la progression des assaillants.Ce procédé, mis au point dans les Armées anglaises à la fin de 1916, fut employé sur une grande échelle par la II° Armée française lors de l'attaque du 20 août 1917 à Verdun.
Voir la discussion dans le forum "artillerie" sous le titre "portée d'une mitailleuse", dernier message en date du 17/9/2008.
Cordialement, Guy.
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Stephan @gosto
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par Stephan @gosto »

Bonsoir,

Effectivement. Et ce tir indirect était également pratiqué en défensive.

Extrait des souvenirs d'un mitrailleurs du 74e (octobre 1917) :

"Nous sommes en position de soutien à M.19, dans le chemin creux de Savy à Saint-Quentin avec mission de tir indirect pour effectuer, en cas d’attaque, des barrages de balles devant notre première ligne. En effet, depuis peu, on emploie maintenant les mitrailleuses comme l’artillerie, c’est-à-dire en utilisant la trajectoire de la balle pour atteindre des objectifs invisibles. Orientation de la pièce au moyen de la carte et de la boussole, niveau spécial sur la hausse et repères de fauchage, la pièce étant stabilisée sur sa position. Les commandants de C.M., puis les chefs de section et quelques autres sergents et chefs de pièce ont été instruits à cet effet."

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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patrick corbon
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par patrick corbon »

Bonsoir à tous,

Quelques extraits du rôle de la mitrailleuse dans le combat offensif.
Elle peut-être utilisée :
- Dans la préparation d'une attaque contre des tranchées ou retranchements pour neutraliser l'ennemi abrité et l'empêcher de lever la tête. Il est recommandé d'ouvrir le feu que le lorsque le bond de l'infanterie s'effectue car c'est là que l'ennemi se redresse pour tirer. Elles sont placées aux ailes pour privilégier les feux de flanquement.
- Au cour de l'attaque, pour suivre au plus près et venir couronner la position à enlever pour poursuivre le défenseur en retraite et empêcher les contre-attaques.
- Au cours de l'attaque pour suivre les bonds de l'infanterie et éventuellement l'appuyer. Pour économiser les munitions et éviter l'usure la progression ne doit s'exécuter que de position en position bien marquée pour pouvoir coopérer éventuellement à l'action en préparant le bond suivant ou en couronnant la position alors atteinte. Une distance de 400 m en arrière de la ligne d'infanterie est souhaitable pour éviter de compromettre la sécurité des pièces et éventuellement pour pouvoir protéger un mouvement de repli. Dès la position prise par l'infanterie ils doivent se jeter dessus pour venir la couronner.

NB : Le tir indirect était surtout utilisé pour cloisonner le terrain et éviter l'intervention des réserves. Techniquement le tir indirect ne peut se faire qu'à grande distance (4000 à 5000 m), histoire de courbure de la trajectoire.

Cordialement
patrick
mistral34
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Re: Attaque appuyée par des mitrailleuses

Message par mistral34 »

Bonjour,
pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... t_99_1.htm

Je me permet de rajouter le lien pour plus de facilité.

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