Il semble en effet que cette question ne suscite pas un engouement extraordinaire.
Pour information je donnerai quelques échos croisés de l'attaque du réduit d'Avocourt le 29 mars 1916 où l'on évoque assez largement la place des cie de mitrailleuses dans le dispositif d'attaque de première ligne.
Loin de moi la prétention d'en faire une généralité mais le croisement de ces témoiganges et d'extraits des JMO et autres historiques permet d'apporter un petit bout de réponse à cette question.
Amitiés
29 mars 1916 – VERDUN – Reprendre le réduit d’Avocourt Le rôle des mitrailleurs en première ligne
Dommage ! le SCAN de l'excellent croquis du Cdt Michelin ne passe pas. Si vous voulez la version illustrée il faudra passer par la messagerie perso !!
Extrait du petit historique du 157° RI
Signalons parmi les nombreux actes d’héroïsme les suivants :
Pendant une contre-attaque qui avait un instant fait fléchir la première ligne, le soldat Bernard de la 4ème C.M. voyant le danger, installe sa pièce sur le parapet de façon à enfiler le boyau par lequel l’ennemi progressait. L’effet est instantané, et l’ennemi reflue en désordre.
Extrait du JMO du 157°
(pour l’attaque du réduit d’Avocourt) Dispositif de départ : la colonne d’attaque marchant sur le réduit comprendra :
1er – 2 compagnies du 3° Bataillon et 2 compagnie du 2° Bataillon, chacune de ces compagnies constituant deux vagues par doublement dans les tranchées de départ. Deux sections de mitrailleuses de chacun des deux bataillons marchant avec la première vague.
2èm – deux compagnies en réserve du 3° Bataillon avec leurs sections de mitrailleuses qui progresseront par les boyaux où elles seront stationnées avec leurs deux sections de mitrailleuses.
Le mouvement des deux sections restantes de la compagnie de mitrailleuses du Cdt Michelin (commandant le 2° bataillon à la gauche du dispositif d’attaque) sera réglé par celui-ci
Extrait du petit historique du 59° RI
Le 157e, qui occupe le secteur depuis quelques jours, doit attaquer le lendemain avec le 210e, pour reprendre le bois d’Avocourt. Au 59e incombera le rôle obscur mais important du ravitaillement en munitions et en artifices.
S’acquittant de sa mission périlleuse, avec beaucoup de sang-froid et méritant, de ce fait, les félicitations du Colonel commandant l’attaque, le 59e ravitailleur, concourt dans une large mesure, par son inlassable dévouement, à permettre à la première ligne de repousser toutes ces tentatives. Pourtant l’instant critique arrive ou les pièces de mitrailleuses du 157e, endommagées par un tir prolongé, détruites par le bombardement, ne peuvent plus suffire à la défense de la ligne.
Le Colonel de ce régiment fait alors appel à notre première C.M. Sous le commandement du lieutenant Vidal, cette compagnie se porte en avant et installe ses pièces dans de telles conditions que ses feux font échouer les tentatives ennemies. Le lieutenant Vidal tombe glorieusement à la tête de sa troupe, bon nombre de mitrailleurs se font tuer héroïquement sur leurs pièces, mais la position est conservée et, une fois de plus, le 59e affirme ses brillantes qualités de combat.
Extrait de « Présent » Cdt Pierre MICHELIN
29 mars 1916 –
L’Ordre porte en substance : « la 89° brigade attaquera le bois d’Avocourt le 29 mars à quatre heures trente. Régiment accolé : 210° à droite – Objectif : le réduit.
Deux compagnies de mitrailleurs, une compagnie du génie sont mises à disposition du 157°
A minuit trente le 157° s’ébranle en trois colonnes. Au centre, par le boyau 2 quatre compagnies, les mitrailleurs et les sapeurs ; à droite deux compagnies, par le boyau d’Antibes ; à gauche deux autres compagnies par Avocourt.
On suit d’abord les chemins forestiers détrempés, crevés d’ornières et d’entonnoirs. Les mitrailleurs, qui portent à dos leurs pièces et leurs caisses à munitions, n’avancent qu’avec une peine infinie, et la colonne ainsi retardée s’allonge, se coupe, des éléments s’égarent. Des arrêts, des courses par les fondrières permettent la remise en ordre ; puis, dans l’obscurité, l’avance reprends de cette chaine humaine où chaque anneau, chaque soldat, s’accroche plus étroitement à celui qui le précède
Quatre heures. – Le commandant des bataillons d’attaque atteint la tranchée de départ. Un coureur l’y rejoint à bout de souffle, et déclare qu’une colonne égarée n’arrivera pas à temps.
- « Rien à faire. »
Sur le bois dont l’aube naissante accuse la lisière, nos obus s’abattent, peu nombreux, quelques projectiles allemands labourent nos tranchées.
Dans le boyau 2 les hommes passent, passent, silhouettes terreuses à peine visibles et silencieuses sous l’équipement soigneusement arrimé. Plusieurs ont perdu leurs chaussures ; d’autres portent à la main le brodequin sans lacet. Accablés, trébuchant ou croulant depuis des heures sous leur croix d’acier, des mitrailleurs crient grâce à chaque chute nouvelle ; chaque fois ils se relèvent et continuent d’avancer.
Quatre heures vingt – Sur une ligne immense, la première vague parait, debout sur le parapet. Nos obus s’éloignent, s’espacent, se taisent ; les obus ennemis tombent plus prêt, plus dru.
Un autre renseignement parvient, plus angoissant que le premier : « Le 210° n’est pas en place. »
- « Silence, plus rien à dire, laisser faire »
Sur la ligne immense les cadres se mettent en marche, lentement ; la première vague, lentement, suit les cadres.
A sa distance la deuxième vague, bientôt, suit la première.
Les obus allemands se multiplient.
…..A la lisière la fusillade crépite.
Le commandant gagne à vive allure, avec son groupe, le poste qu’il s’est fixé à l’avance dans le réduit ; le téléphone s’accroche au terminus préparé les nuits précédentes ; des coureurs partent vers les unités.
Sous la futaie le bruit du combat s’éparpille. Les grenades tonnent encore rageusement, par endroit ; les coups de feu sont plus rares.
Au bout d’un moment les coureurs reviennent avec des renseignements qu’une reconnaissance rapide du chef va vérifier ; les deux bataillons son maîtres de leurs objectifs ; à droite le 3° est en liaison avec le 210 ° régiment qui a repris sa place au cours de l’attaque. Le colonel De Malleray précise sur place, l’occupation de la position conquise.
Récit du soldat Couston du 157° RI (site www.bataille-de-verdun.fr)
Nous partîmes exactement à 4 h 25, cinq minutes avant l’heure de façon à coller au barrage roulant.
Les bataillons d’assaut tombèrent sur les allemands en même temps que nos 75 ; la liaison fut si complète que certains de nos hommes furent blessés par les éclats de nos obus. En arrivant sur la position de résistance allemande, nous fîmes taire les mitrailleuses ennemies à coup de grenades et aussitôt après nous mîmes en position nos propres mitrailleuses du 3° bataillon du 157°. La reprise du réduit d’Avocourt avait été accomplie en ¼ d’heure. La surprise des allemands avait été complète.