24e RI début 1917

[louis14]

Bonjour.
Voici un passage de l'historique du 24e RI pour le premier semestre 1917.
Un certain nombre de sites apparaissent mais je n'arrive pas à les positionner sur une carte.
Quelqu'un peut'il me donner quelques précisions , photos , cartes , compléments d'informations ?
Merci d'avance.

Jean Louis


      "Les relèves ont lieu tous les quatre jours; les ravitaillements en vivres s'opèrent dans de bonnes conditions. Des corvées trouvent à Chambouillat, où l'intendance a poussé un poste bien approvisionné, tout ce que peut désirer le soldat en première ligne. Le matériel est apporté par de longues files de petits ânes jusqu'au ravin des Grands-Houyers.
      C'est à la recherche du contact que s'acharnent les patrouilles, la nuit, dans l'immense plaine de la Woëvre, où l'ennemi demeure invisible. Aussi, deux ou trois patrouilles par nuit partent-elles à sa recherche.
      Elles vont jusqu'à la voie du chemin de fer, vers le bois de la Plume, vers la ferme détruite; plusieurs fois, de courts engagements provoquent de beaux exploits individuels; le soldat Delbort, de la 5e compagnie, est cité à l'ordre du jour de l'armée.
      L'artillerie ennemie tire beaucoup; des bois de la Haute-Charrière, ses batteries arrosent nos lignes; le boyau Lahile, la piste en fascines, aux pieds de Souville, sont particulièrement visés."

[vincent le calvez]

Bonjour Louis,

Pour Chambouillat, je laisse Stéphan répondre....

Pour le secteur, voici une carte car le 28e RI se partageait le secteur avec son régiment frère le 24e RI :



Chambouillat ce soir Stéphan ???

Bien à toi

Vincent

[Stephan @gosto]

Bonsoir,

Puisque Vincent m'invite dans la discussion, j'y vais de mon petit topo sur l'éphémère toponyme "Chambouillat".

Tout d'abord, voici le bonhomme, capitaine au 74e R.I., en 1904.



A la mobilisation, il partira à la tête de la 21e Cie du 274e R.I., puis prendra provisoirement la tête du 6e bataillon de ce régiment. Le voici, à la fin de l'année 1914 :



En février 1915, il passe au 74e R.I. et prend le commandement du 1er bataillon. Blessé à Neuville-Saint-Vaast en juin 1915, non évacué.

A la suite de quoi se place l'anecdote ici relatée et concernant la visite son épouse qu'il reçut sur le front, dans la Somme : http://74eri.canalblog.com/archives/2007/10/index.html

Avril 1916, le régiment est engagé à Verdun pour reprendre le ravin de la Caillette, sous Douaumont. Le ravin sera repris, mais le commandant Chambouillat n'en reviendra pas. Voici quelques lignes de Jean Hugo (36e R.I.), qui était présent lorsque l'on ramena son corps pour l'inhumer :

Au fond du ravin, sous la terrasse des colonels, l'explosion d'un dépôt de grenades avait creusé un entonnoir de dix mètres de large. C'est là qu'on entassait tous ces débris humains impossibles à identifier, des paquets de bouillie enveloppés dans un morceau de capote bleue ou de toile jaune, et aussi des corps méconnaissables quoique presque entiers ; j'y vis déposer un torse, sans tête ni membres, et tout sanglant. Une fois le trou plein à plus des trois quarts, on acheva de le remplir avec de la terre et on planta au milieu une grande croix de bois.

On apporta de l'avant le gros corps du commandant Chambouillat, tué la veille, et on le déposa un instant sur le terre-plein au pied des deux arbres secs. Le colonel du 74e, qui avait eu le nez coupé au début de la guerre, est sorti de son abri, s'est mis au garde-à-vous devant le cadavre et a fait le salut militaire.

Voici maintenant une photo de sa tombe, dans le ravin du Bazil, à côté d'autres combattants du 74e :



Après cette affaire, - et j'en viens enfin à ce fameux toponyme "Chambouillat" - le 74e R.I. allait ête amené, fin mai 1916, à revenir sur ces lieux, en vue de reprendre le fort de Douaumont. Lors de l'établissement des canevas de tir, l'on attribua, en leur mémoire, les noms de cinq officiers du 74e tués en avril, à certains éléments de tranchées ou boyaux : Chambouillat, Oster, Charlier, Mongis et Aubry. Voici une carte qui vous les situe :



Amicalement,

Stéphan, toujours heureux de ramener sa fraise lorsqu'il peut glisser un mot sur le 74e !

[vincent le calvez]

Oua ! ça c'est de l'explication ! Bravo Stéphan !

En décembre 1916, Chambouillat devint un dépôt de vivres pour les soldats du 28e RI. Bombardés, les soldats ne pouvaient retourner en arrière, on se contentait alors de Chambouillat.

Voici donc une expression utilisée chez les Agosto lorsque Stéphan ne veut pas remplir le caddie au Carrefour de Chartres. On se contente des restes : on fait Chambouillat...

...

Bonne soirée

Vincent

[Stephan @gosto]

Ouais, on fait même Chambouille tout court par ces temps de crise !

A noter que Chambouillat - encore lui ! - fut le commandant de la compagnie de Gaston Olivier (21e du 274e R.I.), grand-père de notre Alain Chaupin préféré, et que trrrrrès prochainement, les lettres qu'il adressa à son épouse depuis le front seront dans toutes les trrrrès bonnes librairies !

Amicalement,

Stéphan

[louis14]

Oua ! ça c'est de l'explication ! Bravo Stéphan !

En décembre 1916, Chambouillat devint un dépôt de vivres pour les soldats du 28e RI. Bombardés, les soldats ne pouvaient retourner en arrière, on se contentait alors de Chambouillat.

Voici donc une expression utilisée chez les Agosto lorsque Stéphan ne veut pas remplir le caddie au Carrefour de Chartres. On se contente des restes : on fait Chambouillat...

...

Bonne soirée

Vincent

Merci beaucoup pour toutes ces explications qui éclairent ma lecture de l'historique du 24e RI auquel était affecté mon grand-pére.
Désolé pour vous mais si d'autres questions me viennent dans la suite de ma lecture de l'historique , je n'hésiterai pas à vous questionner encore.