dans le parc de Wesserling, vallée de Thann en Alsace, se trouve ce monument .
Quelqu'un a t'il des informations sur ce canon de 380 et sur ces tués ? Où était ce canon, où devait-il tirer ? Est-ce une erreur de tir ?
Cordialement BB
Parc de Wesserling : 21 février 1916
-
bernard berthion
- Messages : 3331
- Inscription : dim. oct. 24, 2004 2:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour,
dans le parc de Wesserling, vallée de Thann en Alsace, se trouve ce monument .
Quelqu'un a t'il des informations sur ce canon de 380 et sur ces tués ? Où était ce canon, où devait-il tirer ? Est-ce une erreur de tir ?
Cordialement BB
dans le parc de Wesserling, vallée de Thann en Alsace, se trouve ce monument .
Quelqu'un a t'il des informations sur ce canon de 380 et sur ces tués ? Où était ce canon, où devait-il tirer ? Est-ce une erreur de tir ?
Cordialement BB
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour,
Il s'agit d'un bombardement par le canon de 38cm SKL/45 de Zillisheim qui tira principalement sur Belfort à partir du 8 février 1916.
Le 21 février 1916, deux obus sont tirés en direction du QG de la 66° D.I. à Wesserling, à 13h20, un obus tombe sur le dépot des éclopés et tue 10 soldats français et en blesse 10 autres, le deuxième obus tombe dans le bois de Husseren sans faire de victimes.
Cordialement, Guy.
Il s'agit d'un bombardement par le canon de 38cm SKL/45 de Zillisheim qui tira principalement sur Belfort à partir du 8 février 1916.
Le 21 février 1916, deux obus sont tirés en direction du QG de la 66° D.I. à Wesserling, à 13h20, un obus tombe sur le dépot des éclopés et tue 10 soldats français et en blesse 10 autres, le deuxième obus tombe dans le bois de Husseren sans faire de victimes.
Cordialement, Guy.
-
Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour à tous,
Un peu de littérature, loin d'être superflue, sous forme d'un article qui fait le point sur la pièce de Zillisheim :
« Belfort sous la menace de l'artillerie allemande 1916-1945 », de Thierry Ehret, in Bulletin de la Société Belfortaine d’Emulation n°92 / 2001 (pages 89 à 138).
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Un peu de littérature, loin d'être superflue, sous forme d'un article qui fait le point sur la pièce de Zillisheim :
« Belfort sous la menace de l'artillerie allemande 1916-1945 », de Thierry Ehret, in Bulletin de la Société Belfortaine d’Emulation n°92 / 2001 (pages 89 à 138).
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
-
bernard berthion
- Messages : 3331
- Inscription : dim. oct. 24, 2004 2:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour,
merci à Guy et Eric pour cette prompte réponse .
Ce canon encuvé pouvait orienter son tir en glisant sur des rails en demi-cercle .
Le centre de la cuve du canon de Zillisheim doit-être orienté vers Belfort .
Pour tirer en direction de Wesserling, le canon fut donc manoeuvré sur les rails circulaires vers le maximum à droite ...?
Deux coups tirés et un qui atteint presque le but et fait une hécatombe, c'est assez remarquable ... Dans un tir d'artillerie, il y a souvent besoin d'un réglage : un coup long, un coup court et le troisième est sur la cible permettant alors le tir a saturation .
Si le canon cessa son tir au 2ème coup, est-ce suite à un problème ?
merci à Guy et Eric pour cette prompte réponse .
Ce canon encuvé pouvait orienter son tir en glisant sur des rails en demi-cercle .
Le centre de la cuve du canon de Zillisheim doit-être orienté vers Belfort .
Pour tirer en direction de Wesserling, le canon fut donc manoeuvré sur les rails circulaires vers le maximum à droite ...?
Deux coups tirés et un qui atteint presque le but et fait une hécatombe, c'est assez remarquable ... Dans un tir d'artillerie, il y a souvent besoin d'un réglage : un coup long, un coup court et le troisième est sur la cible permettant alors le tir a saturation .
Si le canon cessa son tir au 2ème coup, est-ce suite à un problème ?
-
bernard berthion
- Messages : 3331
- Inscription : dim. oct. 24, 2004 2:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour,
ma réponse est partie avant la formule de politesse ...mes excuses
Cordialement BB
ma réponse est partie avant la formule de politesse ...mes excuses
Cordialement BB
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonsoir,
Le tir limité sur Wesserling s'inscrit dans le cadre des manoeuvres de diversion allemandes destinées à orienter les français sur la possibilité d'une attaque de grand style en Haute-Alsace vers Belfort pour masquer les préparatifs de l'offensive sur Verdun.C'est ainsi que le Kronprinz fit un voyage en Alsace avec "fuites" organisées, dans le même but, Belfort fut bombardé à compter du 8 février 1916 et des incursions aériennes multiples eurent lieu dans le même secteur.
Le tir sur Wesserling fut bien orienté au premier coup, ce qui confirme un bon calcul des éléments initiaux du tir, mais le second était largement en arrière de l'objectif, ce qui est fréquent pour les tirs à très longue portée, car la dispersion des projectiles est grande.
Les obus de 38cm étaient assez rares et coûteux à produire, 300 avaient été réservés pour l'attaque initiale sur Verdun du 21 février 1916, voilà pourquoi le tir sur Wesserling n'a compté que deux coups.Le même jour, 21 février 1916, deux (et bientôt trois pièces) de 38cm SKL/45 vont tirer sur Verdun à la cadence de 20 à 50 coups par jour (et même 70 coups le 25 février).
Un autre facteur peut expliquer aussi le faible nombre de coups tirés par le 38cm de Zillisheim le 21 février 1916, car, le même jour, les canons français de 240mm sur affût à échantignolles récemment installés dans les bois communaux de Fulleren commencent leurs tirs de réglage sur le 38cm de Zillisheim, il importait donc de ne pas dévoiler la pièce aux observateurs, car si l'emplacement du canon était masqué aux vues françaises, le nuage des départs était visible et donc susceptible d'améliorer le réglage des tirs français.
Cordialement, Guy.
Le tir limité sur Wesserling s'inscrit dans le cadre des manoeuvres de diversion allemandes destinées à orienter les français sur la possibilité d'une attaque de grand style en Haute-Alsace vers Belfort pour masquer les préparatifs de l'offensive sur Verdun.C'est ainsi que le Kronprinz fit un voyage en Alsace avec "fuites" organisées, dans le même but, Belfort fut bombardé à compter du 8 février 1916 et des incursions aériennes multiples eurent lieu dans le même secteur.
Le tir sur Wesserling fut bien orienté au premier coup, ce qui confirme un bon calcul des éléments initiaux du tir, mais le second était largement en arrière de l'objectif, ce qui est fréquent pour les tirs à très longue portée, car la dispersion des projectiles est grande.
Les obus de 38cm étaient assez rares et coûteux à produire, 300 avaient été réservés pour l'attaque initiale sur Verdun du 21 février 1916, voilà pourquoi le tir sur Wesserling n'a compté que deux coups.Le même jour, 21 février 1916, deux (et bientôt trois pièces) de 38cm SKL/45 vont tirer sur Verdun à la cadence de 20 à 50 coups par jour (et même 70 coups le 25 février).
Un autre facteur peut expliquer aussi le faible nombre de coups tirés par le 38cm de Zillisheim le 21 février 1916, car, le même jour, les canons français de 240mm sur affût à échantignolles récemment installés dans les bois communaux de Fulleren commencent leurs tirs de réglage sur le 38cm de Zillisheim, il importait donc de ne pas dévoiler la pièce aux observateurs, car si l'emplacement du canon était masqué aux vues françaises, le nuage des départs était visible et donc susceptible d'améliorer le réglage des tirs français.
Cordialement, Guy.
-
Jean RIOTTE
- Messages : 5774
- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Guy,
Merci pour ces explications claires et compréhensibles pour le néophyte en artillerie que je suis...
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Bonsoir Guy,
Merci pour ces explications claires et compréhensibles pour le néophyte en artillerie que je suis...
Cordialement.
Jean RIOTTE.
-
bernard berthion
- Messages : 3331
- Inscription : dim. oct. 24, 2004 2:00 am
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonsoir Guy,
comme Jean, je vous remercie de cette très sympathique leçon d'histoire et d'artillerie .
Cordialement BB
comme Jean, je vous remercie de cette très sympathique leçon d'histoire et d'artillerie .
Cordialement BB
Re: Parc de Wesserling : 21 février 1916
Bonjour,
Concernant les "manoeuvres de diversion" allemandes pour masquer les préparatifs de l'attaque de Verdun, elles ne font aucun doute, voir à ce sujet ce que disent les "Grands Chefs" allemands:
-dans son livre "Le commandement suprême de l'armée allemande 1914-1916", éditions Lavauzelle 1920, le Général von Falkenhayn écrit:
page 172: "....on avait prescrit dans la Haute-Alsace, au détachement d'armée Gaede, d'exécuter des travaux préparatoires d'attaque importants, en vue d'induire en erreur non seulement les ennemis, mais aussi les amis.......De cette façon, on réussit, en réalité, à laisser l'ennemi longtemps dans l'incertitude sur le choix du secteur d'attaque......".
-le Kronprinz Impérial est lui encore plus précis dans ses "Mémoires de guerre", éditions Payot 1923, où il écrit:
page 220: "....Je résolus alors d'utiliser ma propre personne pour induire l'ennemi en erreur par un voyage, que l'on ébruiterait le plus possible, à mon extrême aîle gauche, au détachement d'armée von Gaede.Je pouvais espérer que le service des renseignements ennemi ne manquerait pas de remarquer l'intérêt que je prenais au bombardement de Belfort par les batteries bétonnées de Zillisheim......".Le Kronprinz développe ensuite des arguments similaires pour sa visite aux 7° et 8° Divisions de Landwehr, etc...
Concernant les instructions françaises envoyées aux Armées, Corps d'Armée et aux Etat-Majors d'Artillerie, une constante revient à partir de 1915, celle de relever en priorité les preuves de l'activité de l'artillerie à grande puissance allemande, depuis le calibre 15cm Marine jusqu'aux plus gros calibres (38cm, 42cm), afin de détecter d'éventuels indices d'offensives.
Il est à remarquer que jusqu'à l'année 1918, toute attaque allemande, locale ou de grand style, fut accompagnée d'une grande activité de l'artillerie à grande puissance.C'est seulement au printemps 1918 que l'artillerie allemande effectua ses grosses préparations d'offensive sans réglage préalable pour intensifier l'effet de surprise.Les alliés firent de même cette même année grâce aux progrés scientifiques de toute nature dans la préparation des tirs.
En 1916, les tirs sur Belfort et Nancy cherchaient bien évidemment des objectifs moraux pour atteindre la capacité de résistance de la population mais aussi des objectifs militaires, outre les mesures de camouflage de l'offensive de Verdun, ces tirs obligèrent le G.Q.G. français à installer quelques uns de ses rares canons à grande puissance contre les 38cm SKL/45 de Zillisheim et de Hampont afin de tenter de neutraliser ces pièces le plus longtemps possible.Le gouvernement français faisait d'ailleurs pression sur le G.Q.G. pour prendre de telles mesures afin de protéger la population civile.
Au début de 1916, les canons français d'A.L.G.P. étaient encore peu nombreux, ils n'apparaîtront en grand nombre qu'à l'été 1916.Toutes les pièces lourdes françaises engagées contre les 38cm de Zillisheim et d'Hampont seront donc, de fait, autant de canons français à grande puissance en moins à Verdun où von Falkenhayn espérait obtenir la décision...
Cordialement, Guy.
Concernant les "manoeuvres de diversion" allemandes pour masquer les préparatifs de l'attaque de Verdun, elles ne font aucun doute, voir à ce sujet ce que disent les "Grands Chefs" allemands:
-dans son livre "Le commandement suprême de l'armée allemande 1914-1916", éditions Lavauzelle 1920, le Général von Falkenhayn écrit:
page 172: "....on avait prescrit dans la Haute-Alsace, au détachement d'armée Gaede, d'exécuter des travaux préparatoires d'attaque importants, en vue d'induire en erreur non seulement les ennemis, mais aussi les amis.......De cette façon, on réussit, en réalité, à laisser l'ennemi longtemps dans l'incertitude sur le choix du secteur d'attaque......".
-le Kronprinz Impérial est lui encore plus précis dans ses "Mémoires de guerre", éditions Payot 1923, où il écrit:
page 220: "....Je résolus alors d'utiliser ma propre personne pour induire l'ennemi en erreur par un voyage, que l'on ébruiterait le plus possible, à mon extrême aîle gauche, au détachement d'armée von Gaede.Je pouvais espérer que le service des renseignements ennemi ne manquerait pas de remarquer l'intérêt que je prenais au bombardement de Belfort par les batteries bétonnées de Zillisheim......".Le Kronprinz développe ensuite des arguments similaires pour sa visite aux 7° et 8° Divisions de Landwehr, etc...
Concernant les instructions françaises envoyées aux Armées, Corps d'Armée et aux Etat-Majors d'Artillerie, une constante revient à partir de 1915, celle de relever en priorité les preuves de l'activité de l'artillerie à grande puissance allemande, depuis le calibre 15cm Marine jusqu'aux plus gros calibres (38cm, 42cm), afin de détecter d'éventuels indices d'offensives.
Il est à remarquer que jusqu'à l'année 1918, toute attaque allemande, locale ou de grand style, fut accompagnée d'une grande activité de l'artillerie à grande puissance.C'est seulement au printemps 1918 que l'artillerie allemande effectua ses grosses préparations d'offensive sans réglage préalable pour intensifier l'effet de surprise.Les alliés firent de même cette même année grâce aux progrés scientifiques de toute nature dans la préparation des tirs.
En 1916, les tirs sur Belfort et Nancy cherchaient bien évidemment des objectifs moraux pour atteindre la capacité de résistance de la population mais aussi des objectifs militaires, outre les mesures de camouflage de l'offensive de Verdun, ces tirs obligèrent le G.Q.G. français à installer quelques uns de ses rares canons à grande puissance contre les 38cm SKL/45 de Zillisheim et de Hampont afin de tenter de neutraliser ces pièces le plus longtemps possible.Le gouvernement français faisait d'ailleurs pression sur le G.Q.G. pour prendre de telles mesures afin de protéger la population civile.
Au début de 1916, les canons français d'A.L.G.P. étaient encore peu nombreux, ils n'apparaîtront en grand nombre qu'à l'été 1916.Toutes les pièces lourdes françaises engagées contre les 38cm de Zillisheim et d'Hampont seront donc, de fait, autant de canons français à grande puissance en moins à Verdun où von Falkenhayn espérait obtenir la décision...
Cordialement, Guy.