
Je souhaite connaitre notamment son lieu de naissance et autres éléments concernant cette affaire.
Merci
P. Bellet, mémoires (attention erreur, remplacer 51e & 56e par 55e)Nous apprenions bientôt que le régiment de droite s'était emparé du bois franco-boche et y avait fait 200 prisonniers. Mais dans notre secteur, on n'avait pas avancé. Des hommes de chez nous, du 3e bataillon qui occupait la première ligne, ont déclaré que quelques hommes seulement avaient tenté de sortir avec hésitation, mais étaient tout de suite rentrés, les Boches étant sur leurs gardes.
Les journaux relatèrent cette opération avec force détails, et comme une belle action d'éclat. Je me rappelle en avoir lu le récit, complètement inexact et fait simplement pour bourrer le crâne.
Mais le commandement ne fut pas du tout satisfait ; il trouva que les résultats étaient à peu près nuls pour une dépense si forte en munitions. Il demanda des explications et des responsables. Toute la faute retomba sur 4 soldats du 96e, qui furent exécutés après un jugement qui n’est pas en faveur de la justice militaire.
Les victimes appartenaient au 1er bataillon. Ce bataillon, ayant terminé sa période de première ligne, avait été relevé dans la nuit et s’était rendu au repos au camp du Faité, bien en arrière, et où il était arrivé dans la matinée. Comme après chaque relève, on avait laissé un peu de liberté aux soldats et quelques-uns en avaient profité pour faire des visites chez le marchand de vin. Mais dans la matinée, le commandant Riols reçoit l'ordre de remonter en ligne avec son bataillon. Il est difficile de rassembler les hommes disséminés un peu partout, et que cette perspective de remonter en ligne, sans avoir eu de repos, ne fait pas sourire. Le rassemblement se fait mal, il y a même des protestations d'abord, des cris ensuite, un commencement de refus d’obéissance car il y avait un peu de vent dans les voiles. Il fallut l’intervention des officiers et l’énergie du commandant Riols pour ramener le calme. Et finalement, tout le monde marcha.
Mais le commandant Riols crut devoir signaler ces incidents au général de la 56e DI , sous les ordres duquel se trouvait le régiment. Car depuis notre entrée dans ce secteur, nous nous trouvions toujours séparés de notre DI et de notre colonel même qui était resté à Fismes. Et lorsque le commandement, après l’échec de l’attaque des bois des Buttes, demanda des responsables, le général de la 51e DI grossit les incidents du 96e. Il ordonna l'arrestation de ceux qui s’étaient montrés les plus excités. Ils furent jugés immédiatement par le conseil de guerre de la 51e DI et exécutés sur le champ , sans même que notre colonel ait eu le temps d’intervenir. L'affaire eut une répercussion douloureuse dans le régiment, et de l'avis même des officiers de chez nous, on avait exagéré et si les coupables méritaient une punition sévère, la peine de mort était excessive, d’autant plus que ces hommes avaient été en ligne. Le commandant Riols n'avait signalé que les fortes têtes, que des soldats qui n’étaient pas des plus disciplinés et peut-être pas très recommandables, mais pourtant la justice doit être toujours la justice.