Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Michel, J.D. , Jean-Pierre et tous les amis de la 33e DI
- Michel: un grand merci pour cette photographie. Les témoignages sur le 20e RI (et les autres!) sont toujours les bienvenus dans le présent fil;
- Pour mémoire, Marie-Thérèse PIPEAUX a publié un excellent article intitulé "Les cimetières militaires de la guerre de 1914-1918 à Anloy, Bertrix, Maissin et en province de Luxembourg" dans "Aux sources de la Lesse / Libin - Un Terroir et des Hommes" (n° 2010 - 10 p.117 à 136). Elle nous annonce également les prochaines commémorations à Anloy, le 21 août prochain. N'hésitez pas à la contacter!
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- Dans la même série, n’oublions pas l’article de Jean-Claude LEBRUN intitulé « 1918-2008 De Maurice VERNET au mémorial « La Mélancolie » ou les liens d’amitié entre Montauban et Libin » (Aux sources de la Lesse / Libin - Un Terroir et des Hommes" n° 2009 - 9 p.71 à 106). Le destin tragique de Maurice VERNET (1891/1916), sergent au 11e RI, le combat de Luchy, la vie des reclus dans la forêt, les commémorations sont relatés. Voici quelques extraits :
> Témoignage recueilli auprès d’un lieutenant du 17e RI et publié, le 03/11/1914, dans le journal La Dépêche :
« Nous atteignons le village de Bertrix. Ce fut pour nos yeux de Méridionaux un émerveillement. On connaît de réputation la méticuleuse propreté belge ; mais il faut, en vérité, avoir vu soi-même ces coquettes et riantes maisons où le moindre objet est soigneusement lavé, nettoyé, poli, rangé, et dont l’extérieur même est si bien entretenu que l’ensemble évoque la devanture d’un joaillier. On astique jusqu’au trottoir. Et le cœur de ces braves gens n’est pas moins séduisant que leurs demeures.
Leur accueil fut affable, empressé, généreux. Nous pûmes boire du vin, ce qui nous fut une grande joie, car cela ne nous était plus arrivé depuis Châlon » (…) ;
> Luchy, souvenir de bataille (La Dépêche, le 4/11/1914) :
« Nous étions tout à fait inexpérimentés. Nous avons payé cher notre apprentissage de la guerre. Nous sommes tombés tête baissée dans un guet-apens soigneusement préparé. On s’imaginait naïvement qu’on allait se trouver face à face avec l’ennemi et lutter avec lui à visage découvert. De toutes parts, au contraire, une grêle de projectiles s’était abattue sur nous, lancés par des êtres obstinément, désespérément invisibles. Car il n’y eut même pas de leur part une tentative de poursuite, il leur suffisait de nous décimer de loin. Le soir, quand on rassembla ce qui restait des troupes engagées, on fut épouvanté du chiffre total des pertes – disparus ou blessés – tant en officiers qu’en soldats.
La leçon a été dure. Du moins n’a-t-elle pas été inutile, car depuis lors, tout le monde se montre plus circonspect, plus scrupuleux observateur des recommandations des chefs. On avait marché toute la nuit. Au matin, la retraite générale commença » (…) ;
> Témoignage de Pierre LATIERE de Villeneuve-sur-Lot (Pierre DUMAS, Sud-Ouest, le 22/08/1964) :
« A ce moment-là, je suis blessé par des éclats d’obus ainsi que trois ou quatre de mes camarades. Je crois bien que nous sommes tombés les premiers du 20e RI puisque nous étions en avant.
L’obus m’a fait tourner comme une toupie. Sur le coup, la douleur a été grande et je reste évanoui par terre un bon moment.
J’ai deux trous au genou droit, un à la cuisse gauche et un dans le dos. Je souffre beaucoup.
Les obus pleuvent. Je ne sais comment je n’en reçois pas davantage.
Je me lève. Mon fusil me sert d’appui. Je rejoins la route et suis le fossé. Une balle brise le fût de mon fusil. Je passe devant un groupe d’artillerie du 18e (ndlr : 18e RAC) qui est fait prisonnier peu après. Enfin, je rejoins les brancardiers ; ils me placent sur un brancard et battent en retraite.
Une demi-heure après, nous sommes faits prisonniers par les Allemands qui avançaient, car nos troupes sont complètement en déroute.
On nous laisse là jusqu’au soir ; ensuite, on nous conduit un peu plus haut dans un pré où nous passons la nuit dans le brouillard. Nous avons froid.
C’est un jour plus tard, le 23 août, vers le soir, que les ambulanciers viennent nous prendre et nous conduisent pas loin de Bertrix, dans une ambulance de campagne » ;
> Le champ de bataille de Luchy – Visite du 4 mai 1918 (Carnet du Frère Mémoire – Ecole normale de Carlsbourg) :
« Le champ de bataille, c’est la lande de genêts qui précède la forêt. Aujourd’hui, ce qui attire le regard ce sont les croix blanches à perte de vue, au milieu des genêts.
Nous en comptons 160 avec Jean DAUBY. Les terre-pleins des tombes sont entourés de clôtures de piquets garnis de guirlandes, les croix enlacées de couronnes rustiques. Des rosiers fleurissent même sur quelques tertres.
Sur la route blanche, des taches de terre foncée. Ce sont les fossoyeurs qui l’ont jetée là par pelletées afin de couvrir le sang des chevaux qui détrempait le chemin : 250 chevaux français attelés encore aux caissons, avec les harnachements tout neufs, encombrant la route sur une longueur d’un demi-kilomètre.
Nous nous arrêtons au bord d’un trou de carrière à regarder les dépouilles qui achèvent, çà et là, de pourrir : sacs de fantassins, lambeaux d’uniforme ou de linge, débris d’armes, crosses ou canons de fusil, épars ou amassés en tas.
Nous pénétrons dans le bois pour juger, aux arbres mutilés, des effets de l’artillerie, où nous comptons les troncs foudroyés, puis abattus et alignés à droite et à gauche du chemin. Le Frère directeur en compte plus de 200.
Le plus grand nombre de fosses se remarque à droite, entre la route d’Ochamps et celle de Libramont. Il y en a de dix, vingt et trente mètres de long, sans parler des trous immenses où gisent les chevaux qu’on dut enfouir avec leurs harnais neufs. Des tombes sont perdues encore dans le bois ».
- Bonne lecture. Un bon vendredi (bien maussade…) de Bruxelles !