Revue de presse : la Voie Sacrée

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Ci-dessous, un article paru dans l'édition de La Liberté de l'Est de ce dimanche 4 septembre 2005.
Bien cordialement
Eric Mansuy
P.S. Oui, je sais, cela semble incongru, mais le titre de l'article est bien "la voie royale"...


« Voie royale » : le combat de Romain Orry

Un lycéen lorrain, descendant d’un Poilu de 14-18, a décidé de livrer bataille pour que la Voie Sacrée, route nationale reliant Bar-le-Duc à Verdun et haut lieu de la Grande Guerre, échappe au déclassement en route départementale et conserve, au moins symboliquement, son appellation de route nationale.

« Cette décision est scandaleuse. C’est la route qui a sauvé la France lors de la bataille de Verdun. Elle ne doit pas être déclassée », s’insurge Romain Orry, 21 ans, dont l’arrière-grand-père est tombé en 1916 à la bataille de Verdun.
Pour ce jeune lycéen, né à Verdun (Meuse), s’il est une route en France qui mérite d’échapper au déclassement voulu par l’Etat de 18.000 km de routes nationales, c’est bien la Voie Sacrée. « Elle est unique en France. C’est par elle que le front a pu être ravitaillé et la bataille gagnée », s’emporte-t-il.

La Voie Sacrée, ainsi baptisée par Maurice Barrès en 1916, relie Bar-le-Duc à Verdun (Meuse) sur une distance de 75 km.
Lors de la Première Guerre mondiale, elle servit à acheminer vers le front les hommes, les vivres et l’armement.

Pendant la bataille de Verdun (février-décembre 1916) quelque 9.000 véhicules transportèrent chaque semaine par cette voie 90.000 hommes, 50.000 tonnes de matériel en couvrant au total 1 million de kilomètres.
Cette route, forte de symboles, fut inaugurée en 1922 par Raymond Poincaré et classée route nationale en décembre 1923.

Elle est aujourd’hui matérialisée par des bornes casquées portant l’inscription NVS (Nationale Voie Sacrée).
« Le comble c’est que les élus meusiens ont majoritairement voté pour le déclassement après un débat au conseil général », s’indigne Romain Orry, qui envisage de créer une association pour mener à bien son combat.
« Je suis pour le développement économique de la Meuse », insiste-t-il, conscient du fait que la Voie Sacrée sera l’axe qui, en 2006, conduira à la gare meusienne du futur TGV-Est.

Pour Arsène Lux, maire de Verdun (UMP), lui aussi opposé au déclassement de la route historique, il est tout à fait possible d’envisager une gestion locale de la Voie en conservant son caractère national.

Morale et intendance

« Dans ce dossier, on place la morale sur le même plan que l’intendance », regrette l’élu qui a saisi les plus hautes autorités de l’Etat, à commencer par le président de la République, pour obtenir gain de cause.
« J’ai également écrit à l’ensemble des parlementaires et 141 d’entre eux, de tous bords, m’ont manifesté leur soutien », ajoute le maire qui s’apprête également à alerter les 36.000 maires de France.
« II faut se souvenir que la tactique militaire voulue par l’état-major français pendant la guerre était de faire se succéder toutes les divisions françaises à Verdun, ce qui veut dire que toutes les communes de France ont alimenté le front », explique M. Lux qui justifie ainsi sa démarche.

Pour Sylvain Monti, vice-président (DVD) du conseil général en charge des routes et partisan du déclassement, le passage de la Voie Sacrée sous la coupe du département ne lui fera en rien perdre sa valeur historique. « Le conseil général pourra ainsi agir comme il l’entend sur cette route et la valoriser au mieux », a-t-il fait valoir.
Un avis partagé par Régine Trompette, élue départementale (SE) et présidente du comité départemental de tourisme (CDT) pour qui « les territoires savent, mieux que Paris, défendre leur patrimoine ».