Schönholz: quand les lance-flammes "font merveille"!

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ALVF
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Re: Schönholz: quand les lance-flammes "font merveille"!

Message par ALVF »

Bonsoir,

En étudiant le combat du Schönholz (7 novembre 1917), j'ai découvert que le rédacteur du JMO de la 77ème Division avait paraphrasé la mémorable phrase du général de Failly "Nos fusils Chassepot ont fait merveille".
A l'issue de la bataille de Mentana du 3 novembre 1867, remportée par la Division française du général de Failly et les troupes pontificales sur les forces de Garibaldi, le général français rédigea cette phrase mémorable dans sa dépêche à l'Empereur Napoléon III provoquant une tempête, tant en France qu'en Italie, car les Chassepot avaient causé la mort de quelques centaines de Garibaldiens au prix de 2 tués seulement dans la Division du général de Failly!
On trouve dans le JMO de la 77ème Division la phrase "Les appareils Schilt ont fait merveille dans le nettoyage des terrains conquis...!".
Cette phrase "historique" signifie en clair que les six équipes dotées de lance-flammes (appareils Schilt) ont causé la mort de quelques dizaines de soldats allemands dans leurs abris du Schönholz...
J'étudie ce combat local qui aboutit à la conquête d'une partie de ce bois stratégique en capturant 200 soldats allemands et en infligeant de lourdes pertes à l'ennemi pour des pertes d'environ 200 chasseurs des 17ème et 60ème B.C.P et d'artilleurs de tranchée.
Le JMO du 17ème BCP est d'une pauvreté absolue sur les événements, celui du 60ème BCP est plus détaillé ainsi que celui de la 88ème Brigade mais je n'arrive pas à trouver le Plan d'engagement du Colonel Dufieux, commandant de l'opération.
Un article très détaillé de la Revue d'Artillerie de novembre 1930 décrit le combat du Schönholz en précisant que le plan d'engagement a été fourni par le général Dufieux à l'auteur de l'article.
La recherche de ce plan n'est pas neutre, en effet, le colonel Dufieux, 15 jours après le combat du Schönholz, devient le chef du 3ème Bureau du GQG, c'est à dire que tous les plans d'opérations ultérieurs portent sa marque et, après sa nomination au grade de général, cet officier deviendra un des généraux les plus importants de la période de l'entre-deux guerres.
Je voudrai bien notamment découvrir la conception générale de cette offensive menée par une brigade, parfois appelée "coup de main au niveau de la brigade" et ayant bénéficié d'un important appui d'artillerie.
Il serait notamment intéressant d'analyser l'articulation des forces françaises.Les JMO font allusion à des "détachements de nettoyeurs", "équipes Schilt", etc...Je cherche à savoir si ce futur chef du 3ème Bureau a employé des détachements de "grenadiers d'élite" (pour ne pas employer le terme de "compagnies franches" ou "corps francs") puisque le général Pétain avait prescrit l'interdiction de ces "troupes d'assaut" à la française, ce qui n'empêchait pas de nombreux chefs, comme le général Passaga, d'entretenir en secret des équipes de "gaillards" entraînés spécialement aux coups de main.
On peut constater que jamais les coups de main n'ont été aussi nombreux, côté français, que lors de la période de décembre 1917 à juillet 1918, je cherche donc à savoir si le futur chef du 3ème Bureau du GQG était, ou non, un adepte des "grenadiers d'élite" et autres "compagnies franches" dont l'existence non-officielle a continué jusqu'à la fin de la guerre.
Le Forum étant riche de spécialistes des combats en Alsace, je ne doute pas qu'un lecteur m'apportera des précisions à ce sujet.
Cordialement,
Guy François.
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IM Louis Jean
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Re: Schönholz: quand les lance-flammes "font merveille"!

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,

Une recherche passionnante!

Quelques éléments dans les AFGG que le général ALVF connaît sûrement mais que je livre aux béotiens de mon genre :

<<Au Q. G., le 9 novembre 1917.

COMPTE RENDU DE L'ATTAQUE DU SCHONHOLZ1.

Les troupes sous les ordres du colonel Dufieux ont conquis, le 7 novembre, à 14 heures,
la partie N.-E. du bois du Schonholz.

L'attaque a été menée par deux bataillons :
Le 17 e B. C. P. à droite sous les ordres du commandant Marchant;
Le 60e B. C. P. à gauche sous les ordres du commandant See.

L'attaque s'est déroulée dans les conditions suivantes :
Préparation. — La préparation par l'artillerie a duré 25 heures. L'infanterie avait été abritée en arrière des premières lignes qui n'étaient occupées que par des observateurs.

Malgré des bombardements violents sur nos batteries de tranchée, des patrouilles envoyées vers 11 heures trouvaient des défenses accessoires détruites et les premières lignes bouleversées.

Attaque. — La sortie de ces patrouilles provoquait un barrage violent de l'artillerie ennemie sur nos premières lignes. C'est sous ce bombardement qu'à 13 heures les
troupes d'assaut quittaient les places d'armes où elles étaient rassemblées pour occuper les parallèles de départ.

Malgré la violence des tirs de l'artillerie ennemie et les difficultés du terrain bouleversé, encombré de troncs d'arbres, les troupes entraînées par leurs officiers, sortent à 14 heures, avec un élan remarquable.

A 14 h. 3o, le commandant du 17e B. C. P., qui marchait avec ses vagues d'assaut, faisait connaître qu'il occupait de sa personne le blockauss ennemi (10.52).-
La progression se poursuit rapidement. Tous nos objectifs sont atteints avant l'heure prévue.

Dès 15 heures nos troupes s'organisent sur le terrain conquis.

Réaction ennemie. — L'ennemi n'a pu sortir à temps de ses abris pour enrayer notre
attaque.

1 Note du S. H. - Cf. croquis n° 8.
Il s'est défendu par la suite avec opiniâtreté rendant le nettoyage très pénible. Malgré
l'emploi des lance-flammes, qui ont donné d'excellents résultats, les dernières résistances n'étaient brisées qu'à 18 heures.

L'action de l'artillerie s'est portée sur nos premières lignes; elle a été violente à partir de la sortie des patrouilles à 11 h. 3o; elle diminuait légèrement en fin de journée.

Aviation. — A 13 h. 3 o deux avions ennemis volant à très faible hauteur mitraillent
nos parallèles (i5 hommes hors de combat au 60e B. C. P.).

Pertes. — Nos pertes ne sont pas encore exactement connues; elles ont été subies en partie dans les parallèles de départ et à la sortie, elles s'élèvent dans l'ensemble à 200 environ.

Blessés évacués : 1 5 1.

Officiers tués : capitaine Gillot, cdt l'A. T. ; lieut. Didillon, cdt la 86 Cie du 6 00 B. C. P. ;

s/lieut. Guelch, du 17 e B. C. P.; s/lieut. Sicard, du 17 e B. C. P.

Résultats. — Sur le front attaque nous avons porté notre ligne à la lisière est du bois du Schonholz et occupons maintenant le point 10.54, le boyau de Mulhberg jusqu'au point 1 2.5-5 2, la lisière est du bois jusqu'au point i2.5-5o, la partie est-ouest du boyau de Dortmund.

Le terrain conquis présente de nombreux abris facilement réparables, la plupart sont déjà occupés.

Alors que nos anciennes positions étaient privées de vues, nous avons maintenant d'excellents observatoires sur les vallées de la Largue et de l'Ill jusqu'à Zillisheim.

Nous avons en outre capturé :
2 officiers;
117 prisonniers, dont 97 valides et 20 blessés;
Du matériel non encore dénombré;
Des documents intéressants.

Le général Guillemot, commandant la 77e D. I.

GUILLEMOT.

Destinataires :
88e brigade;
93e brigade;
A. D. 77;
Génie divisionnaire;
Santé;
70e D. I.;
73e D. I.;
M. le général cdt le 33e C. A.;
M. le général cdt l'art, du C. A. >>
Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... %20.langFR

Cordialement
IM Louis Jean
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Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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