Après les premiers engagements de chars Schneider Ca M1 d'Avril et de Mai 1917, plusieurs modifications des chars Schneider ont été engagées.
Il s'agissait principalement du déplacement du carburant à l'extérieur et à l'arrière du char et de l'ouverture d'une porte sur le côté du char.
Les combats de Juvincourt et de Laffaux avaient montré que l'évacuation de l'équipage d'un char touché était plus difficile avec un unique accès arrière
des premiers modèles de Schneider.
Ce sont, comme à l'accoutumé dans l'Artillerie Spéciale, les équipages qui ont proposé ces modifications.
La Section de Parc de Champlieu (la SP 54) a eu un rôle majeur dans l'étude, la réalisation ainsi que dans la mise en oeuvre de ces modifications,
dès que ces choix furent avalisés par le Service Automobile et l'industriel.
Dans cette affaire, la liberté donnée, au Général Estienne de travailler en prise direct avec l'industriel, dans la mise en oeuvre des programmes chars, a été un éléments
déterminant dans la rapidité d'exécution.
Les Schneider des Groupes AS 8, 11 et 12, engagés le 23 Octobre 1917 sur le Chemin des Dames, étaient déjà modifiés à ce nouveau standard.
Après finalisation du projet à Champlieu, le Lt Orthlieb, commandant de la SP 54, s'est rendu à l'usine Somua de St Ouen pour y rencontrer Mr Heumez, l'ingénieur
responsable de cette affaire. Cette réunion a permis de rendre réalisable le projet de l'AS.
Si l'industriel avait à sa charge la modification des chars en cours de montage à l'usine, il était convenu que les chars livrés seraient modifiés par l'AS à Champlieu.
La Société Somua se devant de fournir, à la SP 54, les pièces usinées telles que les charnières de portes.
A partir du 15 Juillet 1917, à raison d'un minimum de 4 chars par jour (6 au maximum), les chars des 4 Groupements seront modifiés par les mécaniciens de la SP 54.
La durée d'immobilisation d'un char ne devait pas excéder les 24 heures (du départ au retour du char dans son unité).
Le mécanicien du char accompagnait son char pendant tout le processus, et certaines différences que l'on peut observer sur les chars
(dont des photographies ont été conservées) s'expliquent peut-être par la présence de ces mécaniciens de chars, bien placés
durant ces travaux pour appuyer les préférences du chef de char et de l'équipage sur certains détails.
Le positionnement du verrou de porte, en position haute ou en basse sur la porte, s'explique sans doute de cette manière . . .
Le passage des Groupements Schneider à la SP 54 s'est fait dans l'ordre Grpt n° II, Grpt n° IV, Grpt n° I et Grpt n° III.
Cet ordre de passage est en soit très logique, et on retrouve dans l'ordre :
- les unités du Groupement n° II, que le Général Estienne avait déjà décidé d'engager en Octobre 17 (AS 8, AS 11 et AS 12).
- le Groupement n° IV (venu "tout neuf" de Cercottes entre Avril et Mai 17) et qui étaient logiquement l'unité susceptible d'être engagée après de Groupement n° II
- les Groupements I et III qui devaient être reconstitués en personnels et matériels après leurs engagement du printemps 1917.
Les mouvements de char entre Groupes, que l'on constate à l'été 1917 sont beaucoup liés à ce processus de modification des Schneider.
Les Groupes en cours de reconstitution après leurs engagement ont finalement souvent été re-équipés des chars les plus récemment livrés
Les ordres de commandements envisageaient que seuls les chars mobilisables seraient équipés de ces modifications.
A cette date, un certain nombre de Schneider M1 avait déjà été mis hors de combat et ou déclassés comme char d'instruction.
De suite après les premiers engagements d'Avril et de Mai 1917, des chars endommagés ont aussi été placés dans la position "réservoir de pièces de rechanges".
Au départ les 400 Schneider devaient armer 20 Groupes à 20 Chars.
Se sont finalement 16 Groupes à maximum 15 chars qui ont été organisés. Soit 240 chars en ligne.
Il y avait donc de la réserve . . . . et il est difficile de dire, sans preuve photographique bien vérifiée, quels sont les chars qui n'ont finalement jamais été modifiés.
Ce projet de porte est l'oeuvre du Lt Orthlieb et le premier Schneider M1 a être expérimentalement modifié et le char 61015.
Ce premier char modifié a été présenté le 25 Mai 1917 au Général Mourret (chef du Service Automobile de l'Armée) en visite à Champlieu.
Le premier char directement modifié en usine et livré au standard M2 est le n° 61343.
Ce ne sont donc que les 57 derniers char construits à Saint Ouen par la Somua, qui ont été directement fait au standard M2 en usine.
Le Schneider de Saumur fait donc partie des chars qui ont été modifiés par la SP 54 (Section de Parc n° 54) de Champlieu.
(voir à ce propos le sujet de cette rubrique sur le numéro du Schneider M2 de Saumur)
- pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... 1185_1.htm
Quatre soudeurs civils, fournis par la société Somua sont arrivés à Champlieu le 9 Juillet 1917.
Il n'est pas certain qu'ils soient finalement restés pour faire ce travail de découpe. En effet des mécanos de la SP 54 possédaient cette compétence.
Les quelques notes du SHD abordant la mise en place des portes et réservoirs sur les chars Schneider fournissent une information intéressante sur les opérations d'entretien du char.
Le démontage complet du blindage d'un Schneider se faisait en 5 heures. Le nombre de mécaniciens et les moyens nécessaires de manutention ne sont pas précisés.
Si le chassis du char était monté avec des rivets, toute la partie supérieure du char (le blockhaus) était monté par boulonnage.
Cette technique permettait un échange des éléments de blindage endommagés au combat.
Les éléments de blindage se devaient donc d'être parfaitement standardisés pour ne pas avoir à rectifier ou re-percer les trous d'assemblage.
Concernant la porte latérale du Schneider, une première photo prise aux Etats-Unis sur le site d'Aberdeen (probablement dans les années 40 ou 50)
est tout particulièrement intéressante. Elle montre très bien la porte latérale du futur char du musée de Saumur.

Deux points intéressants sur cette photo :
- La porte ne possède qu'une fente horizontale d'observation,
- L'ombre portée, au bas de la porte montre bien que cette porte possédait alors son surblindage
La photo qui suit, prise au musée de Saumur, montre que le char :
- n'a plus sa double cloison de porte,
- est équipé d'un volet d'observation.

Pourquoi la porte latérale du char maintenant à Saumur est-il dans cette configuration, alors qu'elle a visiblement été un jour dans une autre configuration ?
Avec des photos de détails du char à son arrivée en France en 1985 et un contact avec l'ETBS de Bourges qui fut en charge de sa remise en état, il sera sans doute possible
d'éclaircir un jour ce point.
A Aberdeen, le char n'était pas dans un musée, mais stocké à l'air libre (comme la majeur partie des matériels acquis pas ce centre d'expérimentation de l'Armée Américaine).
Ce long séjour aux intempéries n'a probablement pas été bénéfique par notre Schneider et les personnels de la DGA ont probablement eu des choix de restauration à faire.
Il est bon de rappeler que sa restauration initiale avait eu pour objet de le faire défiler sur les Champs Elysés le 11 Novembre 1987 pour le 70° anniversaire de l'Armistice.
Un retour sur les premiers modèles de Schneider Ca1 permet de mieux suivre la logique de modification du char entre 1916 et 1918.
Le volet d'observation, tel qu'il se présente actuellement à Saumur sur le char, est visible dès le premier modèle de Schneider mis en service.

Sur les premiers exemplaires, et ceux du début de production de série, les fentes d'observations étaient T inversé.
La branche verticale sera bouché mais des chars encore équipés de ce type de fente seront encore observés en Avril 1917 à Juvincourt.

Avec la mise en place du surblindage, deux solutions ont été adoptés
- La découpe de la plaque de surblindage pour permettre l'ouverture normale du volet d'observation.
- Le percement d'un trou de dimension variable pour permettre l'observation.
Comme le montre cette photo, le blindage principal a ici aussi été équipé d'un simple oeilleton.
Dans la configuration de la photo, il parait difficile de dire :
- si le volet d'observation a été conservé,
- s'il s'agit d'une modification totale du blindage interne du char.
Une chose est certaine, l'oeilleton d'observation a totalement remplacé la fente d'observation de la version sans surblindage.
Ce sujet blindage des Schneider a déjà été évoqué dans le sujet qui suit :
- pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... _395_1.htm
Les photos qui suivent montre l'organisation initiale du blindage à l'emplacement de la porte et le principe de montage de cette porte en réutilisant les deux plaques de blindage.
Il s'agit du plan initial de la SP 54, et les photos conservées montrent que tout n'a pas toujours été fait comme sur ces plans.



Les photos qui suivent montrent des configurations différentes de cette porte


