20° R Infanterie

[pierre C31]

Bonjour à tous;
Avec surprise, en relisant le fil, je m'aperçois que nous avons beaucoup échangé, mis beaucoup de documents sur le forum, mais que nous n'y avons pas placé le JMO du 2Oe RI pourtant à l'origine de tous nos échanges.
Il est temps de combler cette lacune !
Journée du 21 août 1914
Réception à 4h à Euilly de l’ordre général n°11 prescrivant au Régiment d’occuper Sachy et Tétaigne pour 4h.
Arrivée dans les cantonnements à 8h.
8h 20 réception à Sachy de l’ordre général n°10 prescrivant au régiment de continuer son mouvement par Massempré et Massincourt vers Sainte-Cécile.
Départ de Sachy à 8h 30 ; à 12h 30 les 2e et 3e bataillons arrivent à Sainte-Cécile et toute la brigade ainsi que deux groupes de l’artillerie de corps, ils prennent position de rassemblement autour de la localité pour 13h.
Le 11e RI est à l’Est du village avec deux groupes de l’artillerie divisionnaire, le 20e Ouest et Sud.
Le 20e garde la direction de Bouillon et celle de Fontenoille, le 11e la route d’Herbeumont, la presqu’île de Chassepierre. Le capitaine de l’Estoile et quatre éclaireurs vont reconnaître le chemin de Sainte-Catherine à Cugnon.
A 17h 25 copie à l’église de Sainte-Cécile de l’ordre général n°10 de la 66e brigade prescrit le cantonnement bivouac à Sainte-Cécile de la 66e brigade et de deux groupes d’artillerie.
L’avant-garde (65e brigade) tient la direction d’Herbeumont, Saint-Médard, Bertrix.

Journée du 22 août 1914
Ordre général n°13, la division se porte par Sainte-Cécile, Herbeumont, Saint-Médad,ruiseau d’Aise, Bertrix, Ochamps.
A 10h la tête de la 66e brigade (20e RI) atteint le centre de Bertrix. Le colonel Detrie se porte à la sortie Nord de Bertrix où il rejoint le 3e bataillon qui est ne tête du régiment et donne l’ordre suivant : « Le 3e bataillon se portera sur Ochamps, la 9e compagnie suivra le chemin intérieur du bois de Luchy, la 9e compagnie suivra le chemin qui de Bertrix longe le bois de Beau, la 10e compagnie flanquera la 12e à gauche par le bois de Munifay (lire Menifayi), la 11e suivra en arrière de la 12e. »
A midi la 12e compagnie aborde la lisière Sud du bois de Luchy, la 9e et la 11e l’abordent vers 12h 30.
Le colonel Detrie et le général de brigade donnent l’ordre de hâter le mouvement. La 10e compagnie, ne pouvant traverser le bois vient se placer derrière la 12e suivant le chemin central.
A la lisière Sud, le général commandant la 66e brigade faisaient remarquer au colonel du 20e qu’il lui était impossible de faire appuyer le débouché du 20e Ri lorsque celui-ci atteindrait la lisière Nord. Le capitaine adjoint du 20e lui désignait alors sur la carte la corne Nord-Ouest du bois de Luchy où il lui serait possible, avec une batterie d’appuyer le débouché.
La route de Recogne n’avait pas été reconnue ou tenue par de l’infanterie.
Vers 13h le 3e bataillon atteignait la lisière Nord du bois de Luchy, se déployait et attaquait la croupe Sud d’Ochamps dont on apercevait le clocher.
Soumis à un feu violent d’artillerie ennemie dirigé sensiblement dans la direction Nord-Sud, et battu par des mitrailleuses établies vers la lisière Nord-Est du bois de Luchy, ce bataillon subissait en peu de temps des pertes considérables, la majorité des officiers étant tués ou blessés.
Toutefois de éléments des 10e et 11e compagnies parvenaient jusqu’à Ochamps. Le bataillon n’avait pas été soutenu par notre artillerie.
Le 1er bataillon reçoit alors l’ordre de doubler le 3e . Il essaie à son tour de déboucher sur Ochamps et subit comme le précédent des pertes considérables, de sorte qu’après des efforts considérables, il était obligé de garnir la lisière Nord.
Le 2e bataillon reçoit à son tour l’ordre de se porter en avant et d’aller prolonger la gauche du 3e bataillon. A travers bois, il exécute cet ordre et à son tour se porte sur le côté Ouest d’Ochamps, non soutenu par l’artillerie il subit des pertes immenses.
Pendant ce temps l’artillerie a suivi toute entière par le chemin central d’Ochamps et reçoit l’ordre d’aller soutenir à la lisière Nord, coûte que coûte, le débouché de l’infanterie.
Dans l’après-midi, l’artillerie se trouve embouteillée dans le chemin central.
De la route de Recogne, de l’infanterie et de l’artillerie allemande tentent de lui couper la sortie vers le Sud.
Le 11e RI vient se déployer dans l’intérieur du bois, un bataillon derrière les 3e et 2e du 20e RI, le restant du régiment face au Nord-Ouest et à l’Ouest.
Des batteries d’artillerie situées à la sortir Sud du bois de Luchy, sur le chemin central, ouvrent le feu à mitraille sur de l’infanterie allemande qui arrive par l’Ouest.
A partir de ce moment là un combat sous bois dont la direction d’attaque fait sensiblement face au Nord pour de qui est de l’Est , au Nord-Ouest et à l’Ouest pour les unités de la brigade déployées dans la partie Ouest du bois.

Etat des pertes :
Officiers Tués : 3 Hommes de troupe Tués 45
Blessés 9 Blessés 351
Disparus 14 Disparus 997

Vers la tombée du jour, la 66e brigade et l’artillerie s’écoulent en retraite dans la direction de Bouillon et de Sainte-Cécile. Le gros de l’artillerie ( ?) et la majorité des éléments du 20e RI sortent du bois de Luchy par la lisière Est ( ?) et sont groupés à la nuit en deux fractions importantes, l’une arrêtée à Bouillon par le commandant Dizot, l’autre à Noirefontaine par le capitaine Espinet et quelques officiers des 2e et 3e bataillons.
La musique, le drapeau, le service de santé avec tout son matériel n’ont pas rejoint les dits éléments en retraite , le colonel Detrie est parmi les disparus.


Journée du 23 août
Les fractions groupées la nuit précédente à Noirefontaine et Bouillon retraitent dans la matinée du 23 août vers Douzy qu’elles atteignent vers 12h et de là gagnent Amblimont et Lombut.

Bonne journée à tous
Bien cordialement
Pierre

[Popol]

Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Pierre et les Amis de la 33e DI

- Ah! quelle agréable surprise: après des extraits du JMO de la 66e brigade ... voici celui du 20e RI: un grand merci Pierre pour votre généreuse retranscription !!! Pour être complet pour la 66e brigade, il ne manque plus que celui du 11e RI ...mais là je suis peut-être trop gourmand ...!!!

- Pour en revenir à notre digression aérienne, j'ai retrouvé une trace de l'incident du 22/08/1914 dans l'historique du 62e RI:

" Le 22, vers 10h, deux avions ennemis apparaissent à très faible hauteur; les avant-postes ouvrent le feu sur eux, l'un des appareils est descendu, mais l'autre réussit à rentrer dans ses lignes. (...)" ;

- Annexe n° 807 (AFGG - vol I - annexes - p. 687) :

" 1 km ouest de Bertrix, 21 août midi .

Général commandant 4e DC à général commandant armée de Stenay (IVe armée) à Stenay :

1° Renseignements de la nuit du 20 au 21 août:
a) Neufchâteau est occupé ainsi que les localités à l'est. Avant-postes solides établis sur la ligne Petitvoir, Grandvoir.

b) Libramont fortement occupé; en avant, forêt de Luchy tenue par de petits partis, rendant très difficiles les reconnaissances. Aucun mouvement signalé vers l'ouest. Mouvements de trains très intenses sur ligne Bastogne, Libramont, dans les deux sens. (ndlr: la ligne est à voie unique > exploitation pourtant difficile !).

c) Aucun renseignement sur Maissin.

2° Situation 21 août, 11h30:

4e DC installée depuis 10h à l'ouest de Bertrix, face à Recogne, avec découverte sur Libin, Libramont, Neufchâteau.
9e DC sera à l'ouest de Biourges vers 13h en raison fatigue.
Reçois l'ordre particulier n°238/3.
PO: le chef d'état-major AUDIAT-THIRY (téléph. ai GQG) ";

- Annexe n° 808 (AFGG - vol I - annexes - p. 688) :
Poste de Stenay. Reçu de Baalon, le 22 à 4h50 par téléphone.
Stenay de Baalon, déposé le ... à 4h35

"Général commandant la 4e division cavalerie télégraphie ce qui suit:

Bièvre, 21 août, 20h20
A l'armée de Stenay (IVe)

L'ennemi signalé comme occupant Neufchâteau avec avant-postes dans les localités à l'est ne s'est pas porté en avant le 21.
2° Libramont et Recueil (probablement: Recogne) occupés par forces plus nombreuses.
3° Reconnaissance lancée par Paliseul sur le Senne (probablement: La Lesse) ont pas pu franchir ligne de ruisseaux de Hour (probalement: l'Our), de Brou et de Sor tenue par détachement de cavalerie ennemie."

Une bonne soirée de Bruxelles !

[pierre C31]

Bonsoir Paul et les amis du 20e et de la 33e DI ( et à tous les autres...)
pour le JMO du 11e il suffit de demander:

JMO 11e REGIMENT d’INFANTERIE,
(9 M 290) (26 N 585)

Effectif au 5 août 1914
54 officiers ; 186 sous-officiers, 3102 caporaux et soldats.
Colonel Appert
CB Roy  (1er);
CB Fèvre (2e);
CB Wildermuth (3e);


Journée du 21 août 1914
A 3h Le groupe AD/33, l’Etat-Major de la 66e brigade et le 1er bataillon à Sachy se portent à Messincourt et Messempré en cantonnement d’alerte.
A 4h Le 3e bataillon est porté en avant-poste sur la ligne de résistance Calvaire belge, Watrinsart, Muno, ferme de Grand Hey bas. Deux secteurs séparés par la ligne Messincourt Muno ; secteur Sedan-Est Muno, 12e cie avec 2 sections de mitrailleuses, la 9e occupe le front Watrinsart, Calvaire belge, secteur 10e cie front Grand Hey haut, Grand Hey bas, 11e cie Le Chesnois.
Ces positions sont occupées à 5h 30.
9h départ par alerte.
La 66e brigade se porte à Saint-Cécile en une seule colonne par Massempré et Fontenoille.
Point initial carrefour de Massempré à 600m Sud-Est de Messincourt.
Avant-Garde : 2e bataillon, passage du gros de l’AG à 9h ;
Gros :1er bataillon à 9h 22, 20e RI (deux bataillons) deux groupes AD/33, 20e RI (un bataillon)
Le 3e bataillon, aux avant-postes à Muno, sert de flanc-garde sur la route Muno Sainte-Cécile.
18h La brigade s’installe en position d’attente à Sainte-Cécile couverte par le 2e bataillon du 11e RI, à savoir la 7e cie à 3km au Nord-Ouest de Sainte-Cécile, ferme de Californie avec deux pelotons de chasseurs à cheval. La 6e cie à 2km à l’Est barrant la presqu’île de Chassepierre et surveillant dans la direction de la côte 409. La 8e cie à 2,500 km au Nord de Sainte-Cécile, direction d’Herbeumont. La 5e en réserve à la sortie Nord de Saint-Cécile.


Journée du 21 août 1914
L’armée entame son mouvement offensif sur le Nord. Ordre est donné d’attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera.
Objectif du 17e corps : 33e division Ochamps ; 34e division Jehonville ; à gauche le 11e corps marche sur Maissin, à droite le 12e corps sur Recogne. Le 9e Chasseurs éclaire le front de marche du corps d’armée vers Jehonville et Ochamps.
Le 17e corps marchera sur trois colonnes : à droite la 66e brigade, 2groupes d’artillerie AD/33, cie du génie divisionnaire de la 33e DI, par Herbeumont, Bertrix, Ochamps.
La 65e brigade, avant-garde éloignée de la 33e DI se poste à Saint-Médard et s’établit en couverture entre Orgeo et Martilly face à Neufchâteau ; cette brigade après avoir été dépassée par les avant-gardes du 12e corps reprendra la queue de la 66e brigade par la route de Bertrix.
Marche de la 66e brigade : route au Nord de Sainte-Cécile (à l’Est de la voie ferrée), Herbeumont, route de la vallée d’Aise jusqu’à la côte 320, Bertrix, forêt de Luchy, Ochamps.
Point initial : sortie de Sainte-Cécile.
A 4h 30 : Avant-Garde, six compagnies du 20e RI, compagnie divisionnaire du génie, aux ordres du colonel commandant le 20e
Gros : six compagnies du 20e , 11e RI (1er bataillon), un groupe AD/33, une compagnie du 11e RI ( la 9e) un groupe AD/33, 11e RI (2e bataillon), trains de combat, ambulance et brancardiers aux ordres du colonel commandant le 11e RI.
Flanc-garde : la 6e compagnie détachée à l’Est de Sainte-Cécile sur l’itinéraire carrefour 429, bois de Meusin, bois d’Herbeumont, côte 290, Terme, côte 425.
A Cugnon le commandant du gros détache une compagnie du 20e par l’itinéraire 387, 391, bois de la Haye, 380, Bertrix.
10h halte gardée de 30 minutes au moment où l’avant-garde atteint Bertrix. A la reprise de la marche, un biplan allemand survolant Bertrix est abattu par la fusillade de la colonne et détruit à 200m au Nord-Est du carrefour 463, 2,5km au Nord de Bertrix.
L’avant-garde flanquée d’une compagnie à droite et d’une compagnie à gauche, aborde la forêt de Luchy, l’AD/33 après s’être arrêtée à 463, prête à intervenir contre la lisière Sud de la forêt de Luchy, s’engage à son tour dans la forêt avec le gros de la colonne, le général de brigade ayant fait connaître que la forêt était libre.

Note du JMO
A partir de cette date le journal de marche est établi à l’aide de renseignements puisés auprès des officiers encore présents au régiment et ayant assisté aux opérations.

14h L’avant-garde atteint la lisière Nord de la forêt face à Ochamps, elle reçoit de feux nourris d’infanterie et d’artillerie partant d’Ochamps, elle est successivement renforcée par les compagnies du 20e RI marchant avec le gros.

Opérations du 11e RI (1er bataillon)
Le bataillon marche dans la colonne de la 66e brigade immédiatement derrière le 20e RI, à 14h il reçoit l’ordre du colonel commandant le 11e de renforcer le 20e sur la lisière du bois face à Ochamps. Le bataillon a pris sa formation d’approche : en 1ere ligne la 4e compagnie capitaine Gailhbaud, 2e capitaine Bastien, 3e capitaine Gervaise, la droite à la route d’Ochamps, la 1ere compagnie, capitaine Lanusse, en renfort derrière la droite.
Au moment où le bataillon se porte en avant, le chef de bataillon est avisé par un chef de bataillon du 20e que des tirailleurs ennemis débordent la droite . La 1ere compagnie est alors portée en ligne à droite du chemin d’Ochamps avec mission de prolonger la ligne du 20e.
A partir de ce moment le bataillon entre dans une partie du bois très fourrée où les sections disparaissent, le 20e se replie et le bataillon suit le mouvement. La 4e compagnie s’arrête ¾ d’heures environ pour protéger la retraite de l’artillerie par le chemin allant du centre de la forêt à Acremont, renforcée par des isolés. Cette compagnie a encore formé l’arrière garde pour couvrir la retraite vers Cugnon d’une grosse colonne qui se forme la nuit à Fays le Veneurs par l’arrivée d’éléments du 20e , du 9e , du 88e et du 57e d’artillerie. Les éléments marchent jusqu’à la Cornette (221) ceux de la 34e DI et artillerie de corps continuent sur Dohan, ceux de la 33e DI sur Cugnon par Auby.
Les éléments du 11e arrivent à Cugnon le 23 août à 2h.

Opérations du 11e RI ( 3e bataillon)
Le 3e bataillon marchait derrière les deux groupes de l’AD/33, pendant un long arrêt à Bertrix, il reçut l’ordre du colonel commandant la colonne (colonel Appert) lui prescrivant d’intercaler des pelotons entre les six batteries des groupes. Le bataillon escortait les batteries lorsqu’elles reçurent l’ordre de traverser la forêt de Luchy.
Lorsque le peloton de tête du bataillon, précédant la première batterie arriva à 400m de l’entrée Sud de la forêt, les batteries, sur un ordre reçu doublèrent successivement au trot et pénétrèrent dans la forêt, Le bataillon se trouva ainsi réparti par peloton sur la route sur une longueur de 2km.
La fusillade crépitait dans la direction de la lisière Nord de la forêt de Luchy. Le chef de bataillon reprend la marche dès que recueilli les deux premières compagnies, 9e et 10e, enjoignant aux deux autres de le rejoindre dès qu’il sera possible et partit avec ses deux compagnies de tête dans la forêt.
Vers la côte 472, le chef de bataillon rencontre le général de brigade qui lui prescrit de rassembler sur 2compagnies de faire reconnaître l’emplacement du bataillon Roy à la lisière Nord de la forêt et à l’Ouest de la route d’Ochamps afin de pouvoir le renforcer.
Le capitaine Sabde, désigné pour cette reconnaissance avait à peine fait quelques pas que le général de brigade, le rappelait et faisait connaître au chef de bataillon qu’on lui signalait la présence d’infanterie allemande dans la partie Sud et Sud-Est de la forêt, infanterie qui tirerait sur l’artillerie en colonne.
Le général prescrit au chef de bataillon de se porter avec son bataillon dans la direction signalée.
La marche fut aussitôt reprise vers le Sud de la route Ochamps Bertrix, 9e cie en tête, suivant le chef de bataillon avec lequel marchait le colonel. Presque aussitôt le bataillon se trouve pris sous un feu violent d’infanterie venant de l’Est sans que l’on puisse discerner la position de l’ennemi, ces bois étant assez touffus et en taillis, les batteries en colonne de route souffraient beaucoup de ce feu. Pour les dégager le Chef de bataillon déploie immédiatement la 9e compagnie dans la direction Sud-Est vers une sorte de clairière, visible à cheval, qu’il donna comme objectif au capitaine Buquoy et la compagnie Arce (10e cie).
Le bataillon continue à longer la route avec l’intention de dégager l’entrée Sud de la forêt. Mais bientôt l’intensité des feux de flanc et la nécessité de couvrir l’artillerie l’obligent à déployer vers l’Est la 10e compagnie avec mission de progresser vers l’Est en se liant à la 9e, le chef de bataillon marchant avec cette compagnie.
Un combat confus et très violent s’engage alors sous bois, la 10e subit immédiatement de grandes pertes, le chef de bataillon est légèrement blessé.
Sue ces entrefaites la 12e compagnie s’était également portée dans le bois, elle fut rejointe par le colonel et le commandant Wildermuth au moment où elle se déployait sur la route qu’elle n’avait pas pu dépasser. Elle tenait tête face à l’Est à l’infanterie ennemie au Sud de la compagnie Sabde. A ce moment le capitaine Cotte, l’adjudant Chelle étaient blessés et la moitié de la compagnie hors de combat.
Le colonel décide de se mettre en liaison avec la 11e cie et le 2e bataillon qu’il supposait engagé en dehors du bois vers le Sud-Ouest.
Le mouvement n’ayant pas ou s’effectuer et la position de bataillons devenant de plus en plus critique, la 12e cie rejoint son point de départ en avant des batteries sans avoir pu faire la jonction.
Dans le courant de la lutte confuse qui se poursuivait la 12e cie et une fraction de la 10e réunies furent à un moment donné débordées sur leurs flancs par l’infanterie allemande qui progressait par essaim et par bonds.
Le chef de bataillon se trouve à ce moment là avec des fractions. Il prescrit un mouvement de repli par échelons qui s’effectuera sous bois en direction du Sud-Ouest et rallia des éléments du bataillon qui se repliaient dans la même direction.
A ce moment des feux d’infanterie assaillaient ce groupe sur ses deux flancs (Est et Ouest) le détachement fut ramené par le bois de Munifayi, La Flèche, le Plat-Bois, sur Cugnon.
Le détachement rallia le 22 au soir vers 19h les débris du régiment qui étaient conduits à Herbeumont par le capitaine de Jaussiondy ayant pris le commandement desrestes du 2e bataillon. Ce groupe cantonna le soir à Herbeumont avec le reste du régiment.
Arrivé à Herbeumont à 22h, l’adjudant Beryes conduisant une partie du détachement du 3e bataillon.

Opérations du 11e RI (2e bataillon)
Le commandant Fèvre du 2e bataillon avait groupé ses compagnies en queue suivi de ses agents de liaison, il arriva au point A, embranchement de routes de Libramont et d’Ochamps, dans la partie encaissée entre deux talus de la route de Libramont et légèrement en pente descendante vers l’Est, suivi de son bataillon en colonne de route (7e cie, 8e Cie, é sections de la 5e, 6e cie et train de combat), lorsqu’un feu roulant d’infanterie allemand très ajustés s’abat sur la colonne provenant de la partie CE du bois de Luchy.
Ce feu couche immédiatement sur leurs caissons les artilleurs des batteries de queue de l’AD/33, également en colonne de route et qui, devant le bataillon Fèvre étaient déjà entièrement engagés sur la route d’Ochamps. Le feu ennemi prenait l’artillerie de flanc.
Aussitôt les hommes du bataillon Fèvre sont mis à l’abri, couchés dans le fossé Sud de la route de Libramont et contre le talus DA. Le commandant Fèvre, monté sur le talus Nord de la route, ordonne à la 9e Cie de se déployer sur la partie DA de la route, et à la 7e compagnie de se déployer à cheval sur la grand’route ; les tirailleurs de la 7e prennent position sous le feu sur la ligne GH de changement de pente. Dès lors le bataillon est en butte à un feu d’infanterie ininterrompu provenant des lisières CK, CE, EF du bois et de feux d’artillerie et de mitrailleuses provenant de CE. Tous ces feux proviennent de tireurs invisibles abités à la lisière des bois sous les sapins.
Le restant du bataillon est successivement déployé comme indiqué sur le croquis, les tirailleurs des différentes fractions, dans l’impossibilité absolue de répondre au feu adverse, n’ayant pas d’objectifs visibles aux lisières du bois. Aussi plusieurs fractions essaient d’aborder le bois à la baïonnette (1ere section de la 7e cie ; section de la 5e cie).
Le feu adverse, d’infanterie et d’artillerie reste toujours intense pendant toute la durée du combat, produisant de grands vides dans les rangs du bataillon Fèvre. Plusieurs fractions d’infanterie allemandes sortant du bois et marchant à l’attaque, les fractions du bataillon Fèvre se replient alors sur le carrefour B et ensuite vers le village de Bertrix.
Deux essais infructueux de mise en batterie de la 2e section de mitrailleuses sont faits au cours de l’action sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie, mais pas d’objectifs.
Le commandant Fèvre est blessé à la main à son premier poste de commandement (vers D) et plus gravement une deuxième fois à son poste au carrefour B pendant la marche en retraite. Le lieutenant Loirie ( ?) commandant l’équipe téléphonique a pris le commandement d’une fraction du bataillon (cet officier a disparu).
Ce qui reste du 2e bataillon, avec le drapeau et la CHR bat en retraite vers Bertrix et pendant la nuit sur Herbeumont.
Ce détachement est conduit par le capitaine de Jaussondy (blessé), il arrive le soir à 22h à Herbeumont où il cantonne. Il a un effectif de 275 hommes et une section de mitrailleuses. Au détéchement est venu se joindre une section égarée du 3e bataillon du 11e RI. Le capitaine de Jaussondy se met à la disposition du colonel Paloque, commandant le cantonnement.



Journée du 23 août 1914
Ordre est donné aux diverses troupes de se tenir prêtes à quitter le cantonnement à 11h.
A 3h 50 rassemblement des débris du 11e RI par le capitaine de Jaussondy sur la place de l’église à Herbeumont, l’effectif total du régiment atteint 524 hommes qui sont répartis en 3 compagnies (une par bataillon).
Le régiment est rejoint à Herbeumont par le colonel Appert commandant le régiment, il est accompagné par son adjoint, le capitaine Lesbordes, il vient de Bouillon et a rencontré à Cugnon le commandant Roy qui fait halte au pont avec un peloton, reste de son bataillon, ainsi qu’un groupe d’isolés commandé par l’adjudant Prouet. Ces deux fractions étaient arrivées à Cugnon à minuit.
De nombreux isolés, de tous les corps et de toutes les armes que l’on avait tenté de rallier ont disparu à l’aube.
Le colonel Paloque donne l’ordre au 11e RI de défendre le pont de Cugnon sur la Semoy,(commandant Roy) et les ponts au Sud d’Herbeumont sur la Semoy ainsi que les viaducs de la voie ferrée Messincourt-Mouzon( bataillon de Jaussondy, bataillon de Juncarot)
Les points de passage étant déjà occupés par un bataillon du 9e RI, le 11e RI se place en réserve au Sud du viaduc à 1800m au Sud d’Herbeumont ; une flanc-garde ( une section de Jaussondy) occupe la crête de Terme pour couvrir vers le Nord le rassemblement du 11e, une section du même bataillon est envoyée à 1800m en arrière pour assurer la garde de la route du château de Concques.
A 12h 30, le régiment reçoit l’ordre de se porter en arrière et d’occuper le cantonnement d’Euilly ; le commandant Roy reste toujours à Cugnon.
Le régiment se remet en marche, le batailon de Jaussondy formant l’avant-garde, les unités envoyées vers Terme suivent le ligne de crête jusqu’à Chassepierre pour couvrir le flanc gauche de la colonne sous le commandement du Sous-Lieutenant Valières de la 8e compagnie.
Arrivé à Messincourt il est fait une grand’halte et préparé un repas chaud.
La marche est reprise, le régiment arrive à Euilly à 19h et s’y installe en cantonnement, le bataillon Roy rejoint Euilly à 22h.

Voilà pour le 11e RI, j'ai aussi pour le 22 août ceux des 7e et 9e RI qui ont couvert la retraite de la 33e division et du reste du 17e corps et aussi ceux de la 34e division, à l'exception de celui du 88e qui a été prdu pour cette période
Bien cordialement
Pierre

[Popol]

Bonsoir à Toutes & Tous
Bonjsoir Pierre et les Amis de la 33e DI

Ah! que du bonheur: je n'osais pas abuser de votre gentillesse .... Je vous remercie donc bien vivement pour la retranscription du JMO du 11e RI: la 66e brigade est maintenant au complet! Je prends bonne note de votre proposition pour la 65e brigade ...mais il n'y a aucune urgence ...!

Une bonne soirée (fort agréable) de Bruxelles !

[pierre C31]

Bonjour à tous,
correction d'une erreur:
Après la phrase:
"La 5e en réserve à la sortie Nord de Sainte-Cécile"
lire:
Journée du 22 août (au lieu de journée du 21 août)

Je pense que ceux qui s'intéressent à l'affaire ont rectifié d'eux même
avec mes excuses
bien cordialement
Pierre

[pierre C31]

Bojour à tous,
Pour compléter tous ces éléments avant de partir en vacances voicile JMO de la 33e division pour les journées des 21,22 et 23 août 1914 autour de Bertrix.
"JMO 33e DIVISION D’INFANTERIE
(26 N 324)

Etat-Major de la 33e division au 5 août 1914

Commandant général de division de VILLEMEJANE
Chef d’E-M commandant MONDANGE
Off d’E-M capitaine GILQUIN
De LAFORGE de BELLEGARDE
TESSIER
Interprète LOISEAU
Commandant escorte et QG lieutenant PERRIER
Sous-Intendant SPIECKEL
Médecin Major Principal de 2e Classe LAYRAC
Gendarmerie capitaine DREVET
Trésorier payeur particulier LAMY
Commandant l’artillerie colonel PALOQUE

Soit 25 officiers ; 123 hommes de troupe dont 18 sous-offiiciers ;
96 chevaux, 11 voitures.


Journée du 20 août 1914
2 heures
Le gros de la division ne fait pas mouvement, l’avant-garde reçoit les modifications suivantes :
Le 1er RI (lire le 9e RI) sous les ordres du colonel DEPORT est mis à la disposition de la 4e division de cavalerie à Florenville. Le reste de l’avant-garde, renforcé par le 6e escadron du 9e Chasseurs reçoit l’ordre de tenir Sachy –Messincourt.
16 h
Le gros de la division, par une marche de nuit, se porte sur Herbeumont où il arrive vers minuit.

Journée du 21 août
La division garde ses emplacements, la 66e brigade a serré sur Florenville.


Journée du 22 août
Ordre est donné de prendre l’offensive générale, la 66e brigade forme la colonne de droite du corps d’armée direction Ochamps. Le général de division se porte à la côte 444 (1500m à l’Ouest de Saint-Médard) avec un détachement comprenant la 65e brigade, un groupe d’artillerie divisionnaire, l’escadron divisionnaire avec mission de défendre le front Orgeo, Saint-Médard, Martilly face à l’Est. Il se mettra en liaison avec le 12e corps qui marche par la route Saint-Medard Cugnon sur Bertrix - matinée sans incident-
Pendant ce temps la 66e brigade a progressé de Sainte-Cécile, par Herbeumont et Bertrix sur Ochamps. En liaison avec la 34e division qui marche sur Offagne.

13h 30
Le général de division arrive à Bertrix, à ce moment la 66e brigade lui est signalée comme engagée avec 4 bataillons et un groupe dans le bois de Luchy sous les ordres du général de brigade. A la même heure le corps d’armée donne à la 65e brigade de venir en réserve de corps d’armée au carrefour de la Flèche vers Blanche-Oreille.
Le général de division qui a ordre de prendre à son arrivée le commandement de l’avant-garde et de toute l’AD/33, il se porte dans le bois de Luchy à hauteur du général commandant la brigade.
Lorsqu’il le rejoint le 20e RI est engagé au débouché Nord des bois de Luchy d’où il cherche à s’élever vers la côte 459 et Ochamps. Le 20e RI engage successivement ses trois bataillons sans pouvoir être soutenu par l’artillerie qui n’a pas eu de positions utilisables.
Le 20e RI enlève la côte 459 fortement retranchée, mais criblé de projectiles d’artillerie, il ne peut enlever Ochamps ; deux bataillons du 11e RI lui sont successivement envoyés avec mission pour le premier de renforcer la ligne de combat, pour le deuxième de déborder par la gauche. Le groupement fait tout son devoir, criblé de projectiles, il se maintient jusqu’à la nuit à la lisière Nord du bois de Luchy.

15 h
Pendant ce temps, le général espérait déboucher au Nord de la forêt sur un large front en direction d’Ochamps, il fait arriver les deux autres groupes de l’artillerie divisionnaire qui s’engagent à leur tour sur la route dans le bois de Luchy, à leur place dans la colonne qui ne s’est pas arrêtée.

15 h 45
L’ennemi faisant tête devant Ochamps, attaque la forêt par le Sud-Est puis par le Sud. Un bataillon du 11e et un groupe d’artillerie (Laperche) le plus au Sud font face ; ils sont décimés avant d’avoir pu répondre.

16 h
Compte rendu de la situation est adressé au commandant du CA qui fait attaquer par la 65e brigade la ligne Bertrix – Blanche-Oreille. N’étant pas soutenue par l’artillerie, après plusieurs assauts à la baïonnette, prise à partie par l’artillerie adverse, elle a du stopper pour se replier au delà du chemin de fer.

17 h 30
Le mouvement de retraite s’effectue sur Bertrix tandis que la gauche du 20e RI prolonge la droite de la 65e brigade sur la lisière Nord du village.

18 h
La retraite est générale, aussi bien pour la 65e brigade que pour la 66e . Celle-ci après avoir lutté dans le bois de Luchy s’est repliée par une laie forestière orientée Est-Ouest où elle regroupe un certain nombre d’éléments (deux bataillons environ) et partie de l’AD. La retraite s’effectue sur Bouillon.
Dans cette journée le QG a perdu trois hommes (1 sous-officier estafette, 1 cycliste, 1 gendarme) le médecin major principal Layrac disparu est remplacé dans sa fonction par le médecin major Lafforgue.


Journée du 23 août

5 h
Le général décide de diriger tous les éléments de la division ayant retraité par Buillon sur Douzy. Ces éléments comprennent la valeur de deux bataillons (20e et 11e) 2compagnies du 87e ( ?) et 2 groupes d’artillerie retraitent dans la direction indiquée en même temps que des éléments du 11e corps qui se dirigent vers Sedan. Cette retraite n’est pas inquiétée, le 11e corps ayant pris position au Nord de Bouillon.
D’autres éléments de la division qui ont retraité la veille sur Herbeumont ont été acheminés sur Muno.

11 h
Un ordre du CA prescrit à la division de se regrouper et de stationner dans la zone Amblemont, Vaux, Euilly. Le QG vient à Amblemont où se trouve également le QG du CA.
La journée est employée à la reconstitution des unités, il est encore impossible de rendre compte de l’étendue des pertes, des groupes d’isolés ayant retraité dans la nuit à travers les bois, arrivent continuellement."

Bien cordialement
Pierre

[Popol]

Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Pierre et les Amis de la 33e DI

- Pierre: toujours un grand merci pour ces dernières informations qui nous livrent une bonne vue d'ensemble des événements au niveau de la 33e DI, de la 66e brigade et de ses régiments ... C'est merveilleux!

Au nom des amis de la 33e DI: Bonnes vacances et à bientôt !

Une bonne soirée de Bruxelles

[troutrou]

bonjour a tous!
je suis interesse par la journée du 22/08/1914. mon gd oncle faisait parti de la 33 eme Di; 65 eme BI et 7Eme RI.
il est mort des suites de ses blessures?...son nom est troussel justin.(simple soldat). si vous avez des infos, je suis preneur.
merci par avance
troutrou

[Popol]

Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Troutrou, Pierre et les Amis de la 33e DI

- Troutrou: Bienvenue au Forum et parmi les Amis de la 33e DI!

Jusqu'à présent, l'action du 7e RI le 22/08/1914 au combat d'Ochamps n'a pas encore été abordée. Les 7e RI (colonel HELO) et 9e RI (colonel P. DUPORT) formaient la 65e brigade (colonel HUC) de la 33e DI.

Dans l'attente de la transcription du JMO (suivez mon regard ...!), voici déjà quelques informations extraites de l'ouvrage précité de J. Schmitz (p. 130):

"(...) A 15h30, la 65e brigade envoya le 7e RI occuper une position de repli en avant de Bertrix, pour battre les débouchés sud de la forêt (de Luchy). A 16h, le 9e RI y fut député aussi.
A 16h30, c'était le repli général pour toute la division, au sein des plus grandes difficultés, car l'artillerie allemande couvrait de son feu, sans relâche, les dernières colones, qui avaient ainsi l'impression d'être cernées.

Vers ce moment, le général de division tenta de dégager l'artillerie par l'ouest. Une centaine d'hommes du bataillon Dizot (?) conduisirent les batteries par un chemin menant à la sortie du bois, mais, arrivées au carrefour 475, elles se trouvèrent dans une zone d'éclatement des obus. Un groupe réussit à gagner Acremont; un autre, chargé à la baïonnette, perdit une partie importante de ses pièces.

Cette capture de l'artillerie au sud de la forêt de Luchy marqua le dénouement de cette lutte tragique.

A 17h50 ou 18h, on tenta un retour offensif des restes des 7e et 9e RI, partiellement livrés à la débandade, qu'on ramena sur le champ du combat. Le colonel Huc, commandant la 65e brigade, fut blessé avec ses deux ordonnances et leurs trois chevaux. La brigade, désorganisée, se retira précipitamment sur Herbeumont, puis sur Osnes, Wé et Tétaigne.
La 66e brigade retraita sur Bouillon, puis de là sur Amblimont et Mouzon. (...)" ;

J'ai consulté les listes actuelles des cimetières militaires franco-allemands de Luchy et d'Anloy-Heide (merci Mme Pipeaux!), pas de traces du soldat Justin TROUSSEL du 7e RI. Il existe encore à Luchy 14 tombes de soldats connus du 7e RI ...

Morphée m'appelle : bonne nuit !!!

[J.Dauge]

"je suis interesse par la journée du 22/08/1914. mon gd oncle faisait parti de la 33 eme Di; 65 eme BI et 7Eme RI.
il est mort des suites de ses blessures?...son nom est troussel justin.(simple soldat). si vous avez des infos, je suis preneur. "

Bonsoir

Un petit document ( Historique du 7e R.I : liste des morts au combat.)



Cordialement