149e RI

R.I. - R.I.T. - Chasseurs
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Pour ceux qui sont intéressés par le parcours du 149e R.I. durant l’année 1916, voici quelques cartes issues du livre « les étapes de guerre d’une division d’infanterie » du lieutenant-colonel Laure.
Elles concernent essentiellement la 13e D.I., mais cette dernière était très proche de la 43e D.I. La localisation du 149e R.I. reste donc très imprécise à la lecture de ces cartes, mais cela nous donne tout de même une petite idée des secteurs dans lesquels pouvait se trouver ce régiment.

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Faute de J.M.O., il faut "ruser" un peu !!!!

Bien cordialement.
Denis
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.


7 décembre 1914

1er, 2e et 3e bataillon du 149e R.I. :

J.M.O. de la 85e brigade.
La 43e D.I. reçoit l’ordre de rallier la 10e armée, de se porter dans la nuit du 7 au 8 dans la région Nord d’Hazebrouck. La 85e brigade cantonne à Hondeghen et les régiments dans les fermes de la commune.

1er, 2e et 3e bataillon du 158e R.I. :

Le matin à 8 h 00, le général de brigade passe dans les cantonnements.
Emplois du temps, travaux de propreté et d’hygiène. A 12 h 00, le colonel reçoit l’ordre de faire rassembler le campement qui doit partir à 14 h 30 en automobiles, pour une destination qu’on laisse inconnue. Dans l’après-midi, préparatifs de départ. Le régiment doit faire mouvement dans la nuit et se rendre à Hondeghen.
Départ à 23 h 00, ordre de marche : 3e, 2e et 1er bataillon, T.R.. La marche est longue, beaucoup d’hommes ont les pieds gelés et ne peuvent suivre qu’avec peine.

8 décembre 1914

1er, 2e et 3e bataillon du 149e R.I. :

J.M.O. de la 85e brigade.
La 43e D.I. reçoit l’ordre de se porter dans la nuit du 8 au 9 dans la région d’Aire-sur-la-Lys. La 85e brigade cantonne à Aire-sur-la-Lys. Le 158e R.I. à Aire-sur-la-Lys et le 149e R.I. à Aire-sur-la-Lys et à Lambres. La marche est rendue très dure par l’obscurité de la nuit, le manque d’entraînement des hommes (séjour long dans les tranchées, jeunes soldats nouvellement incorporés, territoriaux venus du midi récemment pour renforcer) et aussi par le mauvais temps, brouillard épars, froid humide.

1er, 2e et 3e bataillon du 158e R.I. :

Le régiment arrive à Hodeghen à 7 h 35 ou il cantonne. Dans la journée, repos. Pour obtenir le secret du mouvement et d’invisibilité des avions, les hommes ne doivent pas sortir avant 17 h 00. Dans la journée, rien à signaler. Le régiment doit quitter Hodeghen à 19 h 30 pour se rendre à Aire-sur-la-Lys en passant par Hazebrouck. En traversant Hazebrouck à 21 h 00, le 158e R.I., le régiment défile devant le général de division.

9 décembre 1914

1er, 2e et 3e bataillon du 149e R.I. :

J.M.O. de la 85e brigade.
Le colonel de la 85e brigade reçoit l’ordre de conduire dans la région de Pernes dans la nuit du 9 au 10. Une colonne composée de la 85e brigade, 2 groupes d’A.D.43 et la compagnie G.D. et 1 escadron divisionnaire. Sortie de Lambres à 23 h 00. La marche s’effectue dans de meilleurs conditions que les précédentes .L’E.M. va cantonner à Pernes. Le 158e R.I. à Floringhen et à Camblain-Chatelain. Le 149e R.I.à Pernes, Marest et Bours.

1er, 2e et 3e bataillon du 158e R.I. :

Nous arrivons à Aire-sur-la-Lys le 9 décembre à 1 h 30. Le 1er bataillon cantonne dans les granges d’un faubourg. Les 2e et 3e bataillon dans la caserne. Les officiers sont logés chez l’habitant, à proximité des casernes. Le matin, repos et travaux de propretés. Le campement reçoit l’ordre à 12 h 00 d’être à Camblain-Chatelain à 14 h 30. Le 158e R.I.doit partir d’Aire-sur-la-Lys à 23 h 30.

Je viens "terminer" ce petit travail sur la présence du 149e R.I. en Belgique avec ces trois dernières journées. N'ayant pour l'instant pas d'autres informations. J'espère un jour pouvoir trouver un témoignage écrit sur cette période, mais je crains que l'attente soit très longue !!! Mais sait-on jamais !!!
Bien cordialement.
Denis
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Deux autres cartes...

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Bien cordialement.
Denis
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terrasson
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Re: 149e RI

Message par terrasson »

bonsoir Denis
:jap: :jap: :jap: superbe
merci pour cette evoquation
cordialement christian terrasson
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Qui pourrait m'aider à résoudre cette petite énigme concernant certains soldats qui ont leurs dates de décès enregistrées entre le 13 et le 16 novembre 1914 et dont les sépultures se trouvent dans le cimetière de "Rambervilliers" dans le département des Vosges (Leurs lieux de décès et de première inhumation étant Bazien). Ce qui me semble illogique puisque ce régiment était en Belgique à ce moment là pour deux de ces bataillons le dernier se trouvant du côté de Notre-Dame-de-Lorette.

Quelques noms...

André Marcel BOYET
Jean Baptiste VIALLARD
Louis René LAMBERT
Charles Pierre LORANGE
Firmin BOISSON


Il est à noter que sur leurs fiches "Mémoire des hommes" les décès sont enregistrés à la fin où après la guerre.

Merci pour votre aide.
Bien cordialement.
Denis
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Ayant utilisé toutes mes sources pour la période consacrée au passage du 149e R.I. en Belgique, je me propose maintenant de partager le fruit de mon travail sur ce régiment pour le mois de septembre 1914.

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28 août 1914
1 h 00 : Arrivée à Saint-Gorgon, installation au cantonnement.
Ordre à la brigade d’occuper le centre de résistance organisé sur la ligne des carrières-Malplantou. 158e R.I. à Malplantou, le 149e R.I. est aux carrières.
A 15 h 30, l’artillerie lourde ennemie ouvre le feu après le passage d’un avion, sur les tranchées occupées par la brigade. D’abord à la gauche de la ligne (le capitaine De Chamereau de Saint-André de la 8e compagnie est blessé), puis sur le 158e R.I., ou l’on compte 274 obus dont 44 n’ayant pas éclaté. Cela jusqu’à la nuit. Malgré cette violente et impressionnante canonnade, le 158e R.I. n’a qu’un tué et 13 blessés et reste calme dans ses tranchées Le 149e R.I. reste aux avant postes, le 158e R.I. cantonne à Bru.

29 août 1914
Reprise des positions de la veille à 5 h 00. Dans la nuit du 28 au 29, quelques obus tombent sur la ville de Rambervillers et aux abords du cantonnement de Saint-Gorgon et de Larifontaine La canonnade continue, par intervalle, pendant toute la journée, avec des passages d’avions. Aucune perte sérieuse n’est à signaler. Les régiments restent sur leurs positions aux avant- postes.

30 août 1914
Suite des opérations de la veille, le C.A. liant ses attaques à celles du 14e C.A., dans la forêt de Saint-Benoît-la-Chipotte. Il est chargé de nettoyer la région avant d’aborder Sainte-Barbe de front et de flanc. Sur le soir, beaucoup d’avions français et allemands circulent.
Même positions que la veille.

31 août 1914
Dans la nuit, on entend une canonnade amie vers 2 h 00. Au matin reprise des positions de la veille, même mission et même emplacement. Les reconnaissances d’un sous-lieutenant commandant un peloton du 4e chasseurs d’Afrique, à la disposition du général, permettent de voir que Doncières et Anglemont ne sont pas occupés. A Doncières, il y a beaucoup de cadavres allemands et quelques blessés français et allemands. Une batterie ennemie a dévoilée sa présence au Nord du château de Villers, au Sud de Ménil, à l’issue, un poste ennemi accueille les cavaliers à coups de fusils. Les renseignements d’avion signalent des emplacements de batteries au Nord de Ménil, à l’Ouest et contre le bois de la Pêche, à L’Ouest et contre Bazien, entre Bazien et Nossoncourt. Des prises sur les blessés et les tués indiquent que devant nous se trouve le 16e Bavarois. La canonnade est moins violente que les jours précédents. A 14 h 00, des batteries sont mise en position vers les fermes de Tissus et de la Jalotte .Pour les couvrir, une compagnie du 149e R.I. va tenir le chemin de la ferme de Metendal à Anglemont et la route de Rambervillers à Baccarat à la lisières Nord des bois, se reliant à gauche avec des unités du 13e C.A. qui occupe le bois d’Anglemont. A droite, une compagnie du 158e R.I. va occuper la ferme de la Jalotte, avec postes à la lisière des bois se reliant à droite au bois de Ban de Nossoncourt avec des postes du 163e R.I. (44e D.I). En arrivant sur les positions de la brigade de la Jalotte, les reconnaissances aperçoivent au bois du Ban de Nossoncourt, quelques fantassins ennemis. Une deuxième compagnie du 158e R.I. est alors envoyée pour nettoyer les bois et concourir avec la précédente à la couverture de l’artillerie et à la défense de la lisière Nord des bois.
A 17 h 00, ordre est donné à une autre compagnie du 149e R.I. de renforcer la 1ère placée à l’Ouest de la route de Rambervillers et de Ménil. A la nuit, il est envoyé à la ferme de Metendal où est le 149e R.I. et à la Jalotte où est le 158e R.I., des fils de fer pour constituer des défenses accessoires et former un barrage à la lisière Nord du bois à cheval sur la route Rambervillers-Baccarat.
Pour la nuit, mêmes dispositions complémentaires que la veille. Par intervalles, toute la nuit, une batterie amie tire sur Nossoncourt.
Dans l’après-midi, les batteries des fermes de Tissus et Jalotte avaient tiré sur l’artillerie ennemi à Menil.
Mêmes cantonnements que la veille.

1er septembre 1914
Continuation des opérations de la veille. Les reconnaissances de nos cavaliers ne peuvent plus traverser le ruisseau de Belvitte. L’infanterie ennemie occupant une ligne de tranchée sur la rive droite du ruisseau à hauteur de Nossoncourt au Nord de Ménil. Le passage ne pouvant se faire que par des ponts battus par des mitrailleuses.
7 h 35 : La division fait connaître qu’une accalmie se produit dans le feu de l’artillerie et qu’il y a lieu dans profiter pour renforcer la position de la brigade. Vers 12 h 00, un groupe d’ A.C. 21, vient prendre position aux abords de la ferme de Metendal, pour se joindre aux batteries d’A.D. 43, et continuer à répondre aux feux de l’artillerie lourde ennemie. Notre artillerie tire par intervalle sur les positions Nossoncourt - Bazien - Ménil, sans que l’infanterie ennemie dévoile sa présence. Les compagnies placées à la lisière des bois creusent des tranchées. Sur le soir, la division fait connaître qu’une deuxième ligne de résistance sera installée à l’intérieur des bois, passant par le secteur de la brigade, par les fermes de la Jalotte et le Sud des étangs qui se trouve au Nord de la ferme de Tissus. Cette ligne doit se continuer dans le secteur de la 44e D.I. par le bois du Ban de Nossoncourt - ferme du Champ Chaudron et la crête le bois d’Hertemeuche, jusqu’à la ferme de la Haye ( ?). La reconnaissance par le capitaine du génie divisionnaire, et à la nuit tombante, des fils de fer et des ronces artificielles sont déposées aux fermes de Metendal et de la Jalotte, pour permettre aux compagnies placées à la lisière des bois, d’organiser, dès le point du jour de solides défenses accessoires.
17 h 00 : Deux avions ennemis survolent les positions de Malplantou et découvrent dans le vallon du ruisseau de Monseigneur près de Bru, un rassemblement de 1000 réservistes, venant du dépôt pour le 158e R.I.. Quelques minutes après, une canonnade du lieu où heureusement, il n’y avait plus personne.
Dans la soirée, ordre est donné au 149e R.I. de créer des chemins de colonne de direction Nord-Sud en arrière des tranchées, sur les 2 routes Rambervillers - Menil et Rambervillers-Anglemont, à 500 m Est de Rambervillers, se qui permet de passer de la gauche de la position, au réduit du cimetière, sans traverser Rambervillers.
Mêmes cantonnements et même avant-postes que la veille.

Bien cordialement.
Denis





denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Merci à Eric Mansuy pour son aide. Après vérification, voilà la bonne orthographe pour différents lieux. Malplantouse au lieu de Malplantou et ferme de la Jaloble au lieu de ferme Jalotte.

2 septembre 1914
Nuit calme. Une batterie tire par intervalles depuis Bru sur Ménil - Nossoncourt - Sainte-Barbe. Au point du jour, la ligne de résistance s’organise à travers bois est organisée. Une coupure d’une largeur de 100 m est pratiquée à travers le bois Bru. Vers 8 h 00, détachement de brancardiers est dirigé vers le bois du Ban de Nossoncourt et le bois de Bru, pour « enterrer les cadavres d’hommes et d’animaux qui rendent les bois intenables à cause de l’odeur pestilentielle qu’on y respire »
Une tentative faites pour enlever des pièces de canon abandonnées à la lisière Nord des bois, vers la route de Menil dans les combats précédents par l’artillerie de la 44e division reste infructueuse. Un poste de fantassin ennemi surveillant ces pièces et l’artillerie lourde arrosant les bois dès qu’un groupe d’isolés, si faible soit-il, franchit la lisière.
Vers 11 h 00, le général Pillot quitte le commandement de la brigade pour prendre celui de la 26e division. Il est remplacé provisoirement par le colonel Menvielle commandant le 149e R.I..
Vers 14 h 00, le général de division vient lui même prévenir la brigade, qu’elle sera doublée sur ses positions par des unités de la 26e D.I.
A 16 h 00, en effet, des unités de la 26e division viennent doubler les unités en place. Les 139e R.I. double le 149e R.I.. Le 105e R.I. double le 15e R.I..
A la nuit, les unités de la brigade sont rapprochées de la route de Ménil, lorsque l’ordre parvient de se tenir prêt à faire mouvement à partir de 20 h 00..
A 20 h 30 arrive l’ordre de la division de porter la brigade : 2 bataillons du 149e R.I. + E.M. à Girecourt-sur-Durbion. 1 bataillon à Méménil. 2 bataillons du 158e R.I. + E.M. à Destord. 1 bataillon à Gugnécourt. L’E.M. de la 85e brigade à Destord. Arrivée aux cantonnements entre 0 h 30 et 1 h 30.

3 septembre 1914
Les régiments vont à l’exercice et sont passés en revue.
20 h : Reçu de la division l’ordre général n° 41 prescrivant que la division s’embarquera le lendemain 4 septembre à partir de 17 h 00. En exécution de cet ordre la brigade doit partir de Destord, le 4 septembre, à 5 h 15, pour se rendre à Deyvillers par Aydoilles. Elle doit arriver pour 11 h 00. A 23 h 00 les mouvements prescrits par l’ordre précité sont différés. A 23 h 30, on entend une violente canonnade dans la direction de Rambervillers.

Un motocycliste qui en vient, interrogé, dit avoir entendu également une violente fusillade. Un maréchal des logis de l’A.D. de la 43e division est envoyé à bicyclette aux renseignements.

4 septembre 1914
Il revient à 3 h 00. Près de la ferme de Metendal l’ennemi a poussé une attaque de nuit, sur la route de Ménil, à Rambervillers. L’attaque est repoussée.
20 h : ordre n° 42 confirmé. Embarquement de la brigade. Le 149e R.I. partira de Girecourt-sur-Durbion à 0 h 30.

5 septembre 1914
Arrivée à la gare de Darnieulles entre 5 h 30 et 7 h 30.
Départ par itinéraire : Mirecourt, Pont-Saint-Vincent, Toul, Sorcy, Gondrecourt,, Joinville, Chevillon.

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6 septembre 1914
1 h 30 : arrivée. Ordre de cantonnement à Magneux. L’E.M. y arrive à 3 h 00. Liaison dans la matinée avec le 3e bataillon et l’E.M. du 149e R.I. qui est débarqué à Wassy et cantonné à le-Pont-Varin .Le 1er bataillon débarqué et installé à Montier-en-Der avec le Q.G. de la 43e division.
12 h 15 ordre de la division de porter l’E.M. de la brigade à Montier-en-Der. Arrivée à 17 h 30. Liaison avec les 2 bataillons du 149e R.I. qui se trouvent à Attancourt (1 bataillon à Pont-Varin et celui de Magneux) pour couvrir l’A.C.. Le bataillon de Montier-en-Der en couverture de Q.G. de la 43e division.

7 septembre 1914
Ordre n° 41 : le 21e C.A. est rattaché à la 4e armée. Il doit gagner rapidement la région de Chavanges, Margerie, Hancourt avec l’artillerie pour participer à l’offensive de la gauche de la 4e armée. La 43e division est maintenue dans ses cantonnements alors que la 13e division fait mouvement. Il est prévu une entrée en action pour le 8 septembre, dans la région de Montmorency-Beaufort, Lentilles. Les unités se rapprochent de Montier-en-Der.
18 h 30 : la 35e brigade : ordre de la division de se porter avec A.D. et G.D. à Puellemontier et Lentilles, Villeret. Rassemblement à Maison-Blanche (800 m de Montmorency-Beaufort)
Départ prévu à 0 h 45.

Bien cordialement.
Denis


denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonjour à toutes et à tous.

Suite ...

8 septembre 1914
Départ qui est avancé de 3 h, arrivée à 1 h 30.
6 h 15 : Constitution de la brigade à 4 bataillons. Effectif diminué de tous ceux qui ne peuvent pas suivre. Reliquat qui reste à Montmorency-beaufort. Départ de L’A.D., G.D., escadron, sous les ordres du colonel commandant la brigade, vers Dampierre, par Pars-les-Chavanges, Saint-Léger-sous-Margerie. La 85e brigade sera suivie par la 86e. La division est en réserve d’armée.
Cantonnement en bivouac à l’Est de Dampierre. Le 149e R.I. sur la rive gauche du ruisseau.

9 septembre 1914
2 h 00 : Ordre : Rassemblement de la brigade qui ne comprend que le 158e R.I. et 1 bataillon du 149e R.I.. La compagnie de génie et l’A.D. autour de la ferme D’ Argentol à 4 h 20. Les sacs des hommes sont mis dans des voitures réquisitionnées, doit se porter par la cote 148 et 149 sur le signal d’Orgeval par la ferme du même nom. Arrivée vers 10 h 00.
10 h 30 : Avec la brigade des chasseurs, la 85e brigade et l’A.D., direction Maisons en champagne par les fermes de la folie, signal de Sompuis (cote 200).
16 h 20 : Arrivée de la 85e brigade à la cote 202, on apprend qu’une colonne ennemie débouche de Mailly se dirigeant au Nord-Est . En prévision d’une attaque de flanc, 1 bataillon du 158e R.I. est envoyé à la cote 173 à l’Ouest de la Folie et le bataillon du 149e R.I., en réserve à la cote 163. Bombardement d’un bataillon du 158e R.I. et l’E.M. de la brigade, sur le plateau ou ils se trouvent.
L’avance du bataillon du 158e R.I. continue et atteint la ferme de la Folie. Ordre de revenir au bivouac à ? seul point d’eau de la région.

Extraits du livre " jours de gloire, jours de misère" d' henri RENE.
"Au camp de Mailly. La résurrection de nos unités s’est accompli pour la 3e fois : un inspecteur peut circuler dans nos rangs, il les trouvera solides… A peine débarqués en Champagne, nous nous sentons une énergie nouvelle. Notre sang se refait par une cure de grand air, pendant les nuits des 7, 8 et 9 septembre que nous passons en bivouac, dans les maquis du « Signal d’Orgeval », sans être inquiétés par le bombardement ni troublés par aucun ordre d’alerte … "

10 septembre 1914
Au petit jour, la brigade se remet en marche, 158e R.I. et A.G. par Montagny (cote 191) . L’Orme évacué par l’ennemi. On atteint le signal de Sompuis. L’ennemi occupe les passages à niveau. Les ennemis sont aperçu sur la grande route Sommesous-Vatry.
L’artillerie allongeant son tir atteint le bataillon du 149e R.I. qui se portait en réserve. Le capitaine commandant le bataillon est blessé mortellement. Bombardement du secteur jusqu’à la nuit, notre artillerie n’entame le feu qu’une ½ h après l’artillerie allemande. Le bataillon du 149e R.I. est envoyé sur le passage à niveau à 800 m à l’Ouest, pour tenter le passage à peine déboucher du bois. Canonnade violente.
17 h 30 : Le 158e R.I. tente de nouveau une action sur passage cote 200 en vain. Dans la nuit, ordre d’attaque générale sur les deux passages. Le rassemblement est à peine effectué qu’une vive fusillade arrête les colonnes. Attente au levé du jour et organisation de la lisière du bois.

Extraits du livre " jours de gloire, jours de misère" d' henri RENE.
"Le 10, au milieu de la nuit, sans que nous ayons perçu autour de nous aucun fait nouveau, nous marchons plus au Nord de quelques kilomètres, pour nous arrêter à la ferme de Mont-Marains. Il fait froid, il est trop tard pour s’endormir, nous allumons de grands feux…
Au jour, toujours en réserve, nous poursuivons notre marche en avant dans la direction du Signal de Sompuis, sur notre bombardement violent. Devant nous, calme relatif. Nous traversons des bataillons de chasseurs qui viennent d’avoir un engagement très vif, qui ramassent leurs blessés et se reconstituent : ils nous disent qu’ils ont perdu le contact. En passant la crête, nous nous déployons, en formation d’attaque, direction Soudé-Notre Dame. L’artillerie qui à mission de nous appuyer va ouvrir le feu…lorsqu’un estafette au galop arrive en s’écriant « arrêtez, nous occupons le village avec une division de cavalerie, les allemands détalent ». Il était temps. Nous gagnons Soudé et , après une grand’halte, nous repartons dans la direction du Nord, pour atteindre la Marne à plus de 20 kilomètres. Evidemment, il a dû se passer quelque chose de sensationnel… Le troupier cependant ne voit qu’un fait, c’est la lourde nécessité de porter son sac encore plus loin…
Il pleut, les chemins crayeux sont glissants et l’on n’avance pas aussi vite que la situation le comporterait sans doute. A vingt heures, nous dépassons la cavalerie exténuée et contrainte au repos. Je suis à l’extrême pointe d’avant-garde , chargé de la direction sur un itinéraire ne suivant que des chemins d’exploitation rurale, affolé à la pensée qu’une colonne d’artillerie me suit et que je vais être responsable de son embourbement."

Soldats du 1er bataillon du 149e R.I. tués le 10 septembre 1914 :

Capitaine LESCURE Adrien François, 1ère compagnie tué le 10 septembre 1914 à Vitry-le-François. (combat du Camp de Mailly).
Soldat LEQUENNE Paul Marie, 1ère compagnie tué le 10 septembre 1914 au combat du camp de Mailly.

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11 septembre 1914
Au petit jour, le 149e R.I. fait connaître qu’il s’est emparé de nuit, du passage à niveau à la baïonnette, mais il n’a pas pu débouché au delà.
7 h00 : Le commandant de la 85e brigade apprend que les 2 bataillons du 149e R.I. resté en arrière avec le lieutenant-colonel Escallon, on rejoint.
Les ordres sont la reprise de l’offensive sur Soudé-Sainte-Croix et l’arbre de la Nollerais, en partant de la voie ferrée par Coole en 2 colonnes. Celle de gauche, le 149e R.I. sur Soudé-Sainte-Croix. Ils arrivent sur le front sans incident, l’ennemi ayant evacué en faveur de la nuit.
14 h 00 : Ordre donné au C.A. d’atteindre la Marne entre Sogny-aux-Moulins et ?. L’itinéraire de la 85e brigade est Soudé-Sainte-Croix, Dommartin-Lettrée, Saint-Quentin-sur-Coole (cote 141, 143, Sogny-aux-Moulin). La colonne comporte un groupe de l’A.D.et deux groupes de L’A.C..
A saint-Quentin-sur-Coole, la colonne traverse vers 21 h 00 et est coupée par les éléments de cavalerie et l’artillerie. Elle quitte l’itinéraire prévu et forme le parc vers la cote 138. Le 158e R.I. est posté à 200 m à l’arrière du carrefour de la route avec la voie romaine de Châlons-sur-Marne. Les troupes bivouaquent.

Extraits du livre " jours de gloire, jours de misère" d' henri RENE.
"Depuis que nous déambulons la nuit, je n’en ai pas connu d’ aussi noire. Je me lance sur une piste… A Soigny-aux-Moulins, nous nous étendons sous les arbres au bord de la Marne, de deux heures à six heures du matin, pour délasser nos membres courbaturés par une rude étape."

Bien cordialement.
Denis
denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonsoir à toutes et à tous.

"Retour" en Belgique avec une liste complémentaire de soldats tués en novembre et décembre 1914.

LES "OUBLIES" DU 149e R.I. A YPRES

Soldats du 149e R.I. tués le 5 novembre 1914
Soldat BOTTON Etienne, ? compagnie, tué le 5 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat TERRASSE Jean, 10e compagnie, décédé des suites de ses blessures le 5 novembre 1914 à Kemmel. (blessé le 5/11/1914).

Soldats du 149e R.I. tués le 6 novembre 1914
Adjudant-chef BOMBARDE Eugène, 10e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 6 novembre 1914 à Dickebusch. (blessé le 5/11/1914).
Soldat GIRARDOT Narcisse , 11e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 6 novembre 1914 à l’ambulance 11/16 à Viverhoël.(blessé le 6/11/1914).
Soldat PERNOT Louis,11e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 6 novembre
1914 à Kemmel. (blessé le 6/11/1914).

Soldat du 149e R.I. tué le 7 novembre 1914
Soldat MIGEON Jean, 7e compagnie, tué le 7 novembre 1914 à Hollebecke.

Soldat du 149e R.I. tué le 8 novembre 1914
Soldat CHAVENOIR Paul, 6e compagnie, tué le 8 novembre 1914 aux environs d’Ypres.

Soldats du 149e R.I. tués le 9 novembre 1914
Soldat CARROYER Louis, ? compagnie, tué le 9 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat ROUX Louis, 7e compagnie, tué le 9 novembre 1914 à Verbrenden Molen. (erreur noté 6e compagnie à corriger)
.
Soldats du 149e R.I. tués le 11 novembre 1914
Capitaine PETIN Victor, ? compagnie, tué le 11 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Sergent DEBAY Jean, ? compagnie, tué le 11 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Caporal KLEIN Eugène, 12e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 11 novembre 1914 à Viverhoel.
Soldat FERRAGU Henri, ? compagnie, tué le 11 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat JOUBERT Fortuné, 10e compagnie, tué le 11 novembre 1914 à Saint-Eloi.
Soldat ROYER Emile, 10e compagnie, décédé des suites de ses blessures le 11 novembre 1914 à Hollebecke.

Soldat du 149e R.I. tué le 12 novembre 1914
Soldat COUISSINIER Marius, ? compagnie, tué le 12 novembre 1914 à Kemmel.

Soldats du 149e R.I. tués le 13 novembre 1914
Soldat CANARD Lucien, 5e compagnie, tué le 13 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat POINSIGNON Charles, 5e compagnie, tué le 13 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat MOUGEL Henri, 5e compagnie, tué le 13 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
(tué aux abords du château de Herkenchowe)

Soldats du 149e R.I. tués le 14 novembre 1914
Soldat BEREPION Alexandre, ? compagnie, tué le 14 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat BERTRANET Jean , 12e compagnie, tué le 14 novembre 1914 aux environs d’Ypres. (son nom est enregistré à BERTRAND ? le 14 novembre 1914 (a corriger)).
Soldat JACQUOT Auguste, 5e compagnie, tué le 14 novembre1914 aux environs d’Ypres. Soldat LOMBARD Alphonse, 5e compagnie, décédé le 14 novembre1914 des suites de ses blessures, à l’hôpital n° 15 à Abeche.

Soldats du 149e R.I. tués le 15 novembre 1914
Sergent DESSAINT Alfred, 11e compagnie, tué le 15 novembre1914 aux environs d’Ypres.
Caporal MOCCAND Eugène, ? compagnie, tué le 15 novembre1914 aux environs d’Ypres.
Caporal PIERROT Henri, 12e compagnie, tué le 15 novembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat BAZAUD Joseph, 12e compagnie, tué le 15 novembre1914 à Hollebecke. (son nom est enregistré à BAZOT ? le 12 novembre 1914 (a corriger))

Soldats du 149e R.I. tués le 16 novembre 1914
Caporal LEPERE Rose, 12e compagnie, tué le 16 novembre1914 aux environs d’Ypres.
Soldat BRAILLON Jean, 12e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 16 novembre 1914 à Poperinghe. (blessé le 6 ou 7/11/1914).
Soldat MARZEL Auguste, 10e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 16 novembre 1914, à l’ambulance n° 11 du 16e C.A..(blessé le 13/11/1914).

Soldats du 149e R.I. tués le 18 novembre 1914
Sergent MAUGRAS Joseph, ? compagnie, décédé des suites de ses blessures le 18 novembre1914 à Hollebecke.
Caporal DELEPHIN Gaston, 9e compagnie, tué le 18 novembre1914 à Zillebecke.
Caporal TILLOT Edmond, 12e compagnie, tué le 18 novembre1914 à Verbranden Molen.
Soldat GEORGEOT Henri, 9e compagnie, tué le 18 novembre 1914 à Zillebecke.
Soldat LOUIS Emile, 11e compagnie, tué le 18 novembre1914 aux environs d’Ypres.
Soldat PEPIN Ernest, ? compagnie, tué le 18 novembre1914 aux environs d’Ypres.

Soldats du 149e R.I. tué le 19 novembre 1914
Soldat PERRIN Ernest, ? compagnie, tué le 19 novembre1914 aux environs d’Ypres.

Soldat du 149e R.I. tué le 20 novembre 1914
Soldat PERRINGUE Charles, 8e compagnie, tué le 20 novembre1914 à Hollebecke.

Soldat du 149e R.I. tué le 21 novembre 1914
Soldat VENDEUR Henri, ,2e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 21 novembre 1914 à l’ambulance 6/17 à Poperinghe.

Soldat du 149e R.I. tué le 22 novembre 1914
Soldat ETANCELIN Bénédict, 12e compagnie, tué le 22 novembre 1914 aux environs d’Ypres.

Soldat du 149e R.I. tué le 23 novembre 1914
Sergent TETEVUIDE Emile, 9e compagnie, tué le 23 novembre 1914 aux environs d’Ypres.

Soldat du 149e R.I. tué le 24 novembre 1914
Soldat LEGROS Eugène, ? compagnie, tué le 24 novembre 1914 aux environs d’Ypres.

Soldats du 149e R.I. tués le 29 novembre 1914
Adjudant GIRARD Marie Louis , 8e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 29 novembre 1914 à l’ambulance du 9e corps aux environs d’Ypres. (blessé le 20/11/1914).

Soldats du 149e R.I. tués le 2 décembre 1914
Sergent DESJARDIN Jules, 6e compagnie, tué le 2 décembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat DESCHERY Claude, 5e compagnie, tué le 2 décembre 1914 à Zonnebecke.
Soldat FINANCE Alexandre, ? compagnie, tué le 2 décembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat GRANPRE Adrien, 9e compagnie, tué le 2 décembre 1914 à Zonnebecke.
Soldat MERCIER Xavier, ? compagnie, tué le 2 décembre 1914 à Zonnebecke.

Soldats du 149e R.I. tués le 3 décembre 1914
Caporal AUBEL Albert Alfred, ? compagnie, tué le 3 décembre 1914 aux environs d’Ypres.
Soldat RENARD Joseph, ? compagnie, tué le 3 décembre 1914 à Zonnebecke.
Soldat THIERY Charles, 4e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 3 décembre 1914 aux environs d’Ypres. (blessé le 2/12/1914).

Soldat du 149e R.I. tué le 8 décembre 1914
Soldat PIERROT Constant, 6e compagnie, décédé des suites de ses blessures, le 8 décembre 1914 à l’hôpital d’évacuation n° 15, 2e section, à Poperinghe.

Soldat du 149e R.I. tué le 10 décembre 1914
Soldat MULET Raoul,12e compagnie , décédé des suites de ses blessures, le 10 décembre 1914 à l’ambulance 6/17 à Poperinghe.(blessé le 18/11/1914).

Cette liste est quasiment complète, il ne doit pas manquer beaucoup de noms.


Quelques lignes concernant ce régiment et qui viennent du livre « Souvenirs d’un médecin-major » Edouard LAVAL (Editions Payot-1932)
Médecin-chef de l’ambulance N° 6 du 21e C.A.

"4 novembre 1914
L’ambulance fait son entrée dans la Clytte à 8 h 00. Elle doit remplacer à l’école le poste de secours du bataillon provisoire (composé de cavaliers à pied de toutes armes) qui a tenu le front en attendant l’arrivée des troupes d’infanterie. Il est dirigé par le médecin du 2e cuirassiers)… Nous prenons possession des locaux. L’école, de construction neuve, est claire, propre, spacieuse, se prêtant bien à notre but.

7 novembre 1914
Nuit troublée par un passage continu de troupes. Le bruit des caissons et des convois sur ces routes pavées est vraiment agaçant…

… Les poste de secours du 158e R.I., du 149e R.I. et du 3e B.C.P. ont dû se replier et s’installer ici, dans la même rue que l’ambulance. Situation qui rappelle celle de Suippes.

8 novembre 1914
… Le 149e R.I. est au repos dans le village (la Clytte). Il l’a bien mérité, après cinq jours dans les tranchées. Beaucoup d’hommes ont les mains qui tremblent. Effet physique dû à l’ébranlement prolongé des centres nerveux par l’explosion des obus de fort calibre. Ces pauvres diables circulent tranquillement, la capote toute jaune de terre, les mains gonflant les poches, la pipe au coin de la bouche. Or, en les regardant de près, on s’aperçoit que chez beaucoup d’entre eux la capote est trouée comme ces drapeaux glorieux des Invalides, que, chez d’autres, c’est le képi qui est traversé, ou encore le soulier ; vestiges émouvants de la bataille dont ils ne songent guère à tirer vanité, sans doute parce qu’ils sont tous ainsi."

Bien cordialement.
Denis









denis33
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Re: 149e RI

Message par denis33 »

Bonsoir à toutes et à tous;

Suite...

12 septembre 1914
Continuation de la marche en avant. Itinéraire : Sogny-aux-Moulins, Moncetz, ferme du Sauna ( ?), partie Est de L’Epine.
Colonne constituée comme la veille. Arrivée sans incidents a Moncetz.
11 h 50 : Nouveau départ par itinéraire : la Maison-Neuve « chemin à un trait » vers Cheppe. Arrivée cote 152 à 17 h 30. Le brouillard et la forte pluie empêchent l’artillerie de canonner des mouvements ennemis. L’A.G. pousse jusqu’à la Cheppe qu’elle occupe. Cantonnement et bivouac vers 23 h.

Extraits du livre " jours de gloire, jours de misère" d' henri RENE.
"la plaine quand nous arriverons en face de la Cheppe. Nos éclaireurs signalent que l’ennemi s’y trouve encore et le bataillon d’avant-garde se déploie pour attaquer. On y mettrait moins de formes que si l’on savait que les allemands fuyaient, mais personne ne nous l’a dit. Nous en sommes à supposer que la bataille s’est seulement déplacée et, l’expérience aidant, nous ne nous lançons plus à la légère.
L’orage éclate. En quelques secondes, nous voilà trempés jusqu’aux os et de fort méchante humeur : on ne s’arrêtera donc plus jamais ? Il fait aussi sombre qu’hier. A 21 h 00, l’avant-garde rend compte qu’elle occupe la localité et, pour ne plus perdre un temps précieux, la brigade à l’ordre des s’y porter en formation massée. On s’ébranle sous le trombe d’eau : pas un point de direction à l’horizon, pas la moindre lumière au village, impossible de sortir une carte sous ce déluge. Nous mettons plus d’une heure pour franchir 1200 m. Les hommes se bousculant, les hommes tombant dans les trous, la houle se propageant de droite à gauche et de la tête à la queue. Le bataillon ressemble à un ivrogne : titubant, jurant, sacrant, pestant. Au fond, c’est très comique, et ceux d’entre nous qui ont meilleur moral se payent le luxe de quelques bons mots. Notre avalanche se déverse parmi les ruines ; tout est bouleversé par le passage de la horde, et nos unités se réfugient dans les granges ou dans les remises pour s’y mettre à l’abri des cataractes du ciel. Une odeur pestilentielle se dégage des cadavres de chevaux qui jonchent les rues et les potagers, et des quartiers de viandes abandonnées en hâte par l’ennemi.
Nous trouvons un gîte dans une maison dont les murs sont intacts, mais où tout est saccagé, les tiroirs renversés, le linge et les effets répandus sur le sol au milieu de la boue. Quel bien-être cependant ! Il y a une immense cheminée, ou nous voyons pétiller les flammes et bouillir une vaste marmite. Il y a surtout deux grands lits en bois avec les sommiers intacts, et deux matelas étendus par terre. Ce luxe nous paraît d’autant plus exquis que l’ennemi a failli en profiter et que, maintenant, il grelotte sous la pluie. Je me souviens d’un détail piquant. Parmi ce linge épars, deux de nos camarades ont pu faire leur choix de chemises de rechange, et je crois même que c’étaient des chemises de femme ! Dans l’état d’extrême pénurie et de misère où nous sommes, toutes les ressources existantes sont du bien national : deux sous-lieutenants, habillés de neuf, chauffés et réconfortés, cela représente deux sections qui, demain, se comporteront si s’est possible encore plus vaillamment que la veille."

Image

13 septembre 1914
Récupération de 13 prisonniers restés dans le village « sur plusieurs sont trouvés des objets dérobés en France »
Poursuite de l’avance par passage à niveau de Piémont, carrefour à 800 m à l’Est de la ferme de Piémont puis Suippes.
Le mouvement est interrompu par l’engagement de la 86e brigade. Il reprend après la prise de Suippes par les 1er et 3e B.C.P.. La ville est en feu. L’ennemi retraite au nord.
17 h 00 : La brigade reçoit l’ordre de marcher sur Somme-Py par Souain et passe devant la 86e brigade.
18 h 00 : La tête de la colonne est canonnée par l’artillerie allemande. Les régiments se remettent en colonne par 4.
Arrivée dans la nuit noire à Souain, le village est vide à 300 m. Au-delà elle est accueillie par des mitrailleuses et une vive fusillade sur le front et sur les flancs. L’A.G. se déploie et se retranche pour la nuit. La brigade est au bivouac.

Extraits du livre " jours de gloire, jours de misère" d' henri RENE.

"« Il faut arriver à Somme-Py cette nuit morts ou vifs ! ».
Tel est l’ordre de mouvement que l’on nous communique à Suippe, le 13, à 18 h 00, après une nouvelle journée de marche où l’ennemi ne nous a arrêtés que par de timides arrière-gardes. La nouvelle d’une grande victoire, déjà vieille en fait de deux ou trois jours, s’est enfin répandue comme une traînée de poudre. Soldats ! plus rien ne doit vous arrêter, ni les fatigues, ni les privations, ni les obus tirés de très loin, pour vous retarder sur l’objectif qui vous est assigné, en avant coûte que coûte…
Il suffit. Ah ! si nous avions connu plus tôt cette magnifique nouvelle ! Il n’est temps ni d’y réfléchir ni d’analyser les sentiments qu’elle provoque ni de peser la lourdeur des jambes. Direction Souain….

Nuit du 13 au 14 septembre 1914

Mes fonctions, que je remplis maintenant comme officier, me désignent encore pour centraliser les liaisons et les renseignements à l’avant-garde, auprès du commandant L….., qui a repris le commandement du bataillon, avec la 9e compagnie, du capitaine S….., et la 10e où le capitaine P….. a remplacé le lieutenant M…..
Le colonel E…..nous recommande une allure résolue, sans hésitations, sans tâtonnements, sans précautions excessives : toute la division nous suit et nos arrêts ne pourraient que gêner sa marche. Mission délicate s’il en fût.
Nous cheminons à travers champs en formation semi-déployée tant que l’obscurité n’est pas complète, puis par la grand-route, avec des patrouilles à courte portée sur nos flancs et vers l’avant, une reconnaissance de pointe commandée par l’ex-adjudant C…., promu sous-lieutenant. Nous nous hâtons. Les capitaines des 9e et 10e compagnies combinent leur plan d’action pour aborder Souain et s’en rendre maîtres dans le cas où les allemands y seraient encore. Chaque pas nous en rapproche, on n’en est plus qu-à 200 m : rien de nouveau. Nous voici à 100 m, deux coups de feu percent le silence et, assez loin, on entend le trot d’un cheval sur la route. A droite et à gauche, il nous semble voir des lanternes sourdes qui se déplacent, nous nous demandons si ce ne sont pas des hallucinations. Les sous-lieutenants C….. nous fait dire par un cycliste : « Je suis tombé sur une patrouille de uhlans. Ils ont crié :Wer da, feuer,…ont tiré et disparu aussitôt ».
Le capitaine L…. hésite quelques secondes.
- Marchez, mais marchez donc, lui fait dire aussitôt le colonel.
Advienne que pourra, continuons.
La route descend et devient la rue du village. A l’entrée, un camion automobile aux vitres brisées, qui vient d’être abandonné. Pas une lumière, les granges sont ouvertes, les murs sont muets : cela sent le traquenard. Nous frottons une allumette, éclairons une lanterne, inspectons rapidement les premières maisons. Rien.
- Marchez, mais marchez donc !
- Tant pis pour eux… allons-y, puisqu’ils veulent absolument tomber dans la souricière.
Auraient-ils raison et avions-nous vraiment trop peur ? Nous traversons tout le village sans accroc, nous en sortons au Nord. Toujours rien. J’affirme que des lanternes se déplacent sur nos flancs, que j’entends des bruits de voix ; le capitaine commandant, nerveusement, me répond par la formule qui vient de l’arrière :
- Marchez, mais marchez donc !
Nous avons progressé de 300 m. A ce moment, des coups de sifflets stridents retentissent à notre nez et à nos oreilles, nous donnant immédiatement cette terrible impression de demi-enveloppement. Le clairons ennemis jettent leurs lugubres notes d’alerte, et nous sommes au centre du roulement de la fusillade. J’ai le sentiment que les balles ennemies partent à 50 m devant nous, autour de nous. Des milliers de petits éclairs me le confirment, et le tapotement d’une dizaine de mitrailleuses, nous cingle. D’instinct, nous nous sommes jetés dans les fossés de la route. Les 9e et 10e compagnie déploient quelques fractions de part et d’autre, et nous répondons au feu par le feu. C’est infernal. On tire aux étoiles, sans savoir pourquoi ni sur qui, mais on tire, on tire, on tire. Il n’y a pas grand dommage, car on vise trop haut de part et d’autre. Que dis-je, et qui parle de viser ?… C’est un concours de bruit, horriblement impressionnant, terrifiant. C’est l’embuscade. Il fallait s’y attendre, on n’a pas voulu nous croire et je voudrais bien voir le désordre du gros de la colonne qui n’a pas gardé sa distance et qui, en ce moment, doit être engouffrée dans le village !
L’embuscade ennemie ne pouvant être forcée de front, le capitaine L…. me prend avec lui pour aller organiser et lancer une manœuvre latérale qui, partant du village et appuyant à l’Est, cherchera d’autres débouchés. Il laisse au capitaine S…. le commandement des deux compagnies de tête, et il replie le groupe des liaisons, rampant dans les fossés de la route, sur les premières maisons. En passant, il donne l’ordre à la compagnie du génie de mettre la lisière en état de défense : les sapeurs sont aplatis contre le talus ; les trois chevaux des officiers, imprudemment amenés vers l’avant et incapables de s’affaisser sous la menace des balles, gisent expirant au milieu de la chaussée. Le crépi des murs vole en éclats. Toutes les trajectoires semblent converger de notre côté : nous nous réfugions dans une grange pour délibérer. Les balles traversent, bourdonnent, vont mourir dans la paille.
Je constitue en patrouille mon groupe de liaison, grossi de quelques isolés qui se sont joints à nous dans le désarroi de la nuit, et nous nous coulons dans un ravin, vers l’Est. Des fractions d’un autre bataillon sont là, sans objectif, sans mission, cherchant à s’employer. Le capitaine les prend et me suit avec elles. Nous avançons de 200 à 300 m, nous guidant sur la fusillade qui continue à notre gauche et cherchant à nous élever sur son flanc. Arrêt. On se couche. Harassés, presque tous les hommes s’endorment aussitôt, le nez au sol. Réunion des gradés, explication à voix basse : on va marcher droit encore 200 m, puis on se rabattra à gauche par une conversion, on traversera les buissons du ravin. On se serrera les coudes. On se rapprochera de l’emplacement présumé de l’ennemi et on se tiendra prêt à se jeter sur lui à l’arme blanche. Deux recommandations essentielles : pas de bruit, marcher à pas de loup, tenir les baïonnettes avec la main pour éviter le cliquetis dans les fourreaux et pour tout le monde, avoir la précaution exclusive de sentir avec son coude le voisin de gauche. Nous circulons derrière les dormeurs : debout, allons, debout ! Ils n’entendent pas nos appels, à voix basse, nous les soulevons les uns après les autres par la patelette de leur sac, les plus maussades retombent lourdement comme des masses inertes. Il faut les secouer : on ne s’en prive pas. Nous expliquons la consigne à l’oreille de chacun, mais il n’est pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre ! J’insiste chaque fois : surtout, direction à gauche…De plus en plus, je me heurte à la force d’inertie… La ligne s’ébranle, les pieds automatiquement se portent l’un devant l’autre, les yeux restent fermés, les esprits ne quittent pas les ténèbres. Au bout de 50 pas, tout le monde appuie à droite, parce qu’une déclivité du terrain entraîne de ce côté les inerties. Halte ! murmure le capitaine. Il veut faire serrer sur la gauche pour réparer l’erreur, peine perdue : à l’arrêt, cinquante masses sont retombées, endormies. Nous passons une demi-heure à stimuler notre monde, à l’oreille : l’ennemi est là, nous allons le rosser, en avant, en avant… On repart, tant bien que mal, on commence la conversion, on se déchire la figure et les mains à la traversée des buissons. On prend pour nouveau point de direction la silhouette vague des grands arbres de la route, là où nous avons laissé les 9e et 10e compagnie au contact de l’embuscade et d’où nous voulons les délivrer par notre manœuvre. Elles sont malheureusement retombées dans le silence morne et nous n’avons même plus leur combat pour nous guider. Il nous semble que nous sommes à pied d’œuvre et déjà circule l’avertissement d’attaque : attention, au coup de sifflet, à la baïonnette. Soudain, la rafale reprend, tout près, les sinistres claquements de coups tirés à bout portant nous jettent par terre. Nous répondons, nos fusils braqués dans toutes les directions, vers l’ennemi, peut-être aussi vers les nôtres, crachent leurs jets de flammes, dispersent leurs projectiles. Le vacarme est assourdissant, rien ne peut l’arrêter. Les culasses se manœuvrent nerveusement et bruyamment, les commandements français et allemands se mêlent en une indicible confusion. Seul et plus fort que tout, même que l’instinct de conservation, le sommeil couche les fusils dans l’herbe les uns après les autres et peu à peu remplace par un des ronflements de fatigue la pétulance du feu.
Décidément , l’embuscade est plus sérieuse que nous le pensions. Il faut songer, non pas à la déborder, mais à constituer un front d’engagement pour s’aligner avec elle en combat singulier. Nous laissons là les fractions de l’autre bataillon, avec mission de couvrir notre flanc droit, et, nous reportant un peu en arrière, nous décrivons à travers champs un demi-cercle pour nous rapprocher des nôtres. Voici le capitaine S….
- C’est vous, L…. ? Dites donc, vous ne pouvez pas nous laisser ici, c’est intenable.
- Je sais bien. Et c’est pourquoi je reviens à vous.
- Il était temps. Vous savez que vous nous avez tiré dessus tant que vous avez pu !
- Possible. On ne fait pas ce qu’on veut par cette satanée obscurité. Et maintenant, en arrière, homme par homme, par les fossés, dans le plus absolu silence.
Nous ne nous décrocherons qu’au prix de précautions inouïes. Ralliement à la lisière du village. Ce n’est pas une petite affaire que d’insuffler encore à nos unités assez de vie pour permettre l’exécution de cet ordre. Nous circulons comme des revenants et, renonçant à leur expliquer quoi que se soit, nous prenons nos hommes sous les bras, comme des infirmes, nous les jetons plutôt que nous les amenons dans les fossés de la route, leur indiquant, ensuite de filer droit devant eux. Lourdement ahuris, sans y rien comprendre, ils vont. Il y en a pour deux bonnes heures à les dévider ainsi : nous y réussissons cependant sous les coups de feu qui sont devenus plus rares, et c’est avec un soupir de profond soulagement que nous remettons quelques 300 m entre nous et l’ennemi, qui ne nous suit pas. Avons –nous perdu du monde ? Mystère… mais certainement pas beaucoup, car ces tirs de nuit sont de la poudre jetée aux moineaux. Les trois chevaux mourants obstruent la route. Nous y heurtons bien aussi du pied quelques formes humaines, mais ce sont vraisemblablement des dormeurs que des morts.
Par un de ces retours de la fortune des combats, nous battons en retraite, nous qui, poursuiveurs éperdus, avions voulu ce soir coucher à Somme-Py."


Bien cordialement.
Denis




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