BOUCLIER - Contre-torpilleur

jennini37
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

Message par jennini37 »

Bonjour,
Sur sa fiche mémoire des hommes, il est connu sous le nom Le Roy Noel matricule 36733 1. Il était Quartier Maitre Fusillier sur le torpilleur et il est mort le 8 décembre 1917.
Jennifer B.
Rutilius
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Marins victimes de l’explosion accidentelle d’une grenade sous-marine survenue le 8 décembre 1917 à bord du torpilleur d’escadre Bouclier


[Mise à jour]


Officiers


— KERVRAN Louis Paul Alexandre, né le 18 juin 1896 à Lanvéoc (Finistère) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917, « tué à l'ennemi à Boulogne », Enseigne de vaisseau de 2e classe (Acte transcrit à Boulogne-sur-Mer, le 18 déc. 1917) [Avait été nommé élève le l’École navale à la suite du concours de l’année 1914 ; classé 34e sur 100 élèves admis (Déc. min. 29 août 1914, J.O. 30 août 1914, p. 7.792)].

— MONTAGNÉ Édouard Marcel, né le 26 janvier 1898 à Lézignan (Aude) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917, « tué à son poste de combat à bord du contre-torpilleur Bouclier », Enseigne de vaisseau de 2e classe [Avait été nommé élève le l’École navale à la suite du concours de l’année 1916 ; classé 17e sur 62 élèves admis (Déc. min. 27 août 1916, J.O. 29 août 1916, p. 7.805)].


Officier marinier


— RIOU Pierre Marie, né le 31 décembre 1885 à Plœmeur (Morbihan) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917 « à bord du Bouclier, disparu au cours d’un accident survenu à bord », Second maître canonnier, inscrit au quartier de Lorient, n° 7.542 (Acte transcrit à Plœmeur, le 2 avr. 1918).


Quartiers-maîtres


— CORITON Vincent Mathurin, né le 28 janvier 1892 à Locmariaquer (Morbihan) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917 « à bord du Bouclier, tué au cours d'un accident dû à l'explosion accidentelle d'une grenade », Quartier-maître fourrier, inscrit au quartier d’Auray, n° 6.555 (Acte transcrit à Locmariaquer, le 30 déc. 1917).

— LE ROY Noël Fidèle Joseph, né le 14 avril 1895 à Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917 « à bord du Bouclier, tué par l’explosion d’une grenade », Quartier-maître fusilier, immatriculé au 1er Dépôt, n° 36.733–1 (Acte transcrit à Hersin-Coupigny, le 5 févr. 1920).


Matelots


— LENGRONNE Georges Ludovic, né le 28 octobre 1894 à Saint-Jean-le-Thomas (Manche) et domicilié à Granville (– d° –), mort le 8 décembre 1917 « à bord du Bouclier, tué par l'explosion d'une grenade », Matelot de 2e classe maître d’hôtel, immatriculé au 1er Dépôt, n° 38.625–1 (Acte transcrit à Avranches, le 29 déc. 1917).

Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 4 janvier 1922 (art. 2 ; J.O. 12 janv. 1922, p. 602), inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

Image
(p. 610)

— ROINÉ Prosper Louis, né le 25 août 1892 à Sablé (Sarthe) et y domicilié, mort le 8 décembre 1917 « à bord du Bouclier, tué au cours d’un accident dû à l’explosion d’une grenade », Matelot de 2e classe clairon, immatriculé au 2e Dépôt, n° 105.161–2 (Acte transcrit à Avranches, le 29 déc. 1917).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Rapport de mer du lieutenant de vaisseau Alfred Louis Marie RICHARD
concernant l’accident de grenade survenu le 8 décembre 1917 à bord du torpilleur d’escadre Bouclier.



[Version intégrale]


• Torpilleur d’escadre Bouclier, Registre des correspondances du commandant – 8 juill. 1917 ~ 29 déc. 1919 –, Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 57, p. num. 971 à 975.


N° 17.

A Chef de Division des flottilles de la mer du Nord

Boulogne, le 9 décembre 1917.

Commandant,

J’ai l’honneur de vous rendre compte que, conformément aux ordres contenus dans votre télégramme n° 1.254 du 7 décembre, j’ai appareillé de Dieppe le 8 décembre à la marée du soir avec l’intention de rallier Dunkerque directement.
Les portes du bassin Duquesne ont ouvert à 16 h. 05. J’ai appareillé aussitôt et suis sorti des jetées de Dieppe à 16 h. 30. Fait route à 21 nœuds sur la bouée Est du Vergoyer.
Mer calme ; brume légère au sortir de Dieppe se dissipant vers 17 h. 25 ; ciel entièrement couvert ; nuit très obscure, visibilité courte.
A 18 h. 20, me trouvant à la bouée Est du Vergoyer, venu au N. 28 E., cap sur Gris-Nez, où je comptais rallier la route normale. Même vitesse : 21 nœuds. La visibilité est franchement mauvaise, particulièrement vers l’Est et le Nord-Est à cause des feux de pêche très brillants de la flottille des harenguiers.
A 18 h. 50, nous étions à 7 milles dans le S. 87 W. du feu d’Alprech. Je me tenais à bâbord de la passerelle supérieure, veillant de ce bord qui me paraissait le plus propice à la rencontre des sous-marins, tribord étant plus près des filets de la flottille que les sous marins doivent craindre et éviter. Le second maître de timonerie Le Meut (Henry, 6.835 Auray), qui veillait à tribord, me cria
: « Un sous-marin à ¼ par tribord ! ». Je me précipitais à tribord en criant : « Où ? ». Il me montra un kiosque assez visible, faisant un sillage très apparent et tout proche – 40 mètres peut-être –, route à contre-bord. Je commandai aussitôt : « A droite 25 ! Paré aux grenades ! ». Les klaxons, la sonnerie d’attention des grenades sont actionnés. Le kiosque du sous-marin acheva de disparaître à peu près par le travers de ma passerelle et j’estime que mon étrave n’a pas dû passer à plus de 60 mètres derrière ce kiosque ! Le sous-marin plongeait rapidement : j’entendis nettement, malgré le ronflement de mes ventilateurs, le sifflement caractéristique — que je connais bien pour avoir commandé des sous-marins pendant 3 ans ½ — que fait l’air en sortant des ballasts lors d’une plongée rapide.
Le kiosque ne fut visible que quelques secondes ; pas le temps matériel de tirer un coup de canon pointé ni de lancer une torpille. Le sillage lui-même fut brouillé immédiatement par ma lame d’étrave.
Je n’avais d’autre arme à ma disposition que les grenades.
Vous vous souvenez, Commandant, de la manière dont les grenades étaient placées à bord :
1° – Au milieu, derrière le bâti de la drague, la grenade Artillerie de 75 kg ;
2° – A tribord, une grenade C.M. ;
3° – A bâbord, une grenade C.M.
Les trois grenades sur leurs bancs de lancement, toutes prêtes à être lancées immédiatement, mais toutes trois d’un accès difficile à cause de l’encombrement extrême de l’arrière.
La grenade Artillerie était maintenue par une sangle à cabillot. Monsieur l’Enseigne de Vaisseau de 2e classe Kervan avait lui-même et devant moi essayé tous ces bancs avant le départ de Dieppe : leur fonctionnement était parfait.
Les quatre autres grenades C.M. étaient placées sur des chantiers autour du treuil arrière, sur l’avant du caillebotis arrière : trois longitudinalement, de façon à ce qu’il n’y ait qu’à les transporter parallèlement à elles-mêmes pour être placées sur le bancs de lancement, la quatrième transversalement, faute de place (sondeur à bâbord).
La grenade Artillerie de 42 kg était placée sur le caillebotis arrière dans l’axe.
Voici comment l’on procédait pour lancer les grenades. J’ai sur la passerelle de combat un commutateur de chaque bord qui actionne une grosse sonnerie située à l’arrière, près des grenades.
Un coup long veut dire
« Attention » ; chaque coup bref ensuite ordonne de lancer une grenade.
Les coups brefs sont doublés pour plus de sûreté de coups de sifflet à bouche et, au besoin, de coups de sifflet à vapeur.
Dès que je m’estimai en position de lancement, j’ai actionné cloche et sifflet ; mais je ne vis aucune gerbe, je n’entendis aucune explosion.
Je criai dans mon mégaphone
: « Lancez les grenades ! », puis je recommençai à siffler et à sonner : rien.
J’envoyai l’Enseigne de Vaisseau de 2e classe Montagné, qui était à mes côtés sur la passerelle, voir ce qui se passait derrière, avec ordre de faire immédiatement lancer toutes les grenades, une par une, à 5 secondes d’intervalle.
Pendant ce temps, je tournais autour du point où je présumais qu’était le sous-marin.
Enfin, je vis une gerbe et j’entendis une explosion. Si le sous-marin a continué sa route au S. 40 O., cette grenade n’a pas dû éclater loin de lui. Puis, plus rien encore. Cinq secondes
s’écoulent, puis cinq secondes…
Rien ! Vingt secondes environ après la première explosion (celle de la grenade qui a bien fonctionné), il y eut à l’arrière une violente explosion avec projection de flammes. Je pensais d’abord que nous avions reçu une torpille, mais la vitesse se maintenant et la barre fonctionnant bien, je compris presque immédiatement que c’était une grenade qui avait dû éclater en tombant à l’eau.
Puis, plus rien encore.
Quelques secondes plus tard, un homme accourt sur la passerelle qui me dit
: « L’officier en second est blessé. Tous ceux de l’arrière sont tués ou blessés ! ». Je lui dis : « Prends les hommes des 65 mm avant et va lancer tout de suite les grenades qui nous restent. Après, tu feras venir l’infirmier. ». Il me répondit : « Il y a eu une explosion derrière ; on ne peut plus jeter de grenades. Je crois d’ailleurs qu’il n’y en a plus ! ».
Je laisse un instant la manœuvre à l’Enseigne de Vaisseau de 2e classe Le Bret, après lui avoir recommandé de foncer sur le sous-marin s’il le revoit, de l’attaquer d’abord à la torpille, si possible, ensuite au canon.
Et je me rends à l’arrière pour constater les avaries et voir si nous sommes en état de continuer la chasse.
Je trouvai à l’arrière le mécanicien principal Courdurier qui venait de s’assurer que la drosse était claire, que nous n’avions pas de voie d’eau sérieuse et que d’ailleurs l’éjecteur fonctionnait bien. Il me dit que les Enseignes de Vaisseau de 2e classe Kervran et Montagné avaient été tués, que l’officier en second – Enseigne de Vaisseau de 1re classe Véron –, grièvement blessé, était tombé sans connaissance au milieu du pont, comme il se rendait sur la passerelle pour me rendre compte de l’accident.
Je le priai de s’occuper des blessés avec les infirmiers. J’avais heureusement deux infirmiers, dont un en subsistance.
Puis, je revins sur la passerelle. Je donnai ordre à Monsieur Le Bret d’envoyer les signaux S.M. et Allo. Une fusée rouge avait été lancée déjà. Et bien que vos ordres fussent de rallier Dunkerque directement, je jugeai nécessaire — sous réserve de vous rendre compte par T.S.F. — de rester croiser sur les lieux jusqu’au jour : quelques minimes que fussent les chances que cette unique grenade ayant bien fonctionné ait atteint le sous-marin, j’estimai ne pas devoir perdre ces chances. Et je m’établis en croisière entre Alprech et le Vergoyer.
Dès que Monsieur Le Bret m’eût rendu compte que les signaux S.M. et Allo avaient été expédiés, je le priai de chiffrer le radio suivant : « Par suite explosion prématurée grenade, plusieurs tués, blessés. Je reste croiser entre Alprech et le Vergoyer ».
Le télégramme dut être mal chiffré, car Boulogne en demanda la répétition.
En sorte que ce n’est qu’à 21 h. 20 que je repassais à Boulogne ce même radio, bien chiffré cette fois.
A 21 h. 45, je recevais de Calais le radio suivant
: « Vice-amiral Z.A.N. demande que vous signaliez votre position ». Je faisais chiffrer la réponse : « 22 heures un mille Ouest bouée Ouest Vergoyer route Alprech », lorsque je reçus de Boulogne, à 22 h. 05, : « Allez immédiatement mouiller Boulogne ». Je demandai alors l’entrée à Boulogne pour 23 heures, et trois voitures d’ambulance.
En rentrant dans les jetées de Boulogne, la barre, qui jusque là avait bien fonctionné, se bloqua 15 à gauche un instant. Je marchai très doucement, me méfiant de cela. Je pus me redresser en manœuvrant les machines. Mais, n’étant plus sûr de ma barre, ne pouvant manœuvrer que très difficilement les amarres de l’arrière, la manœuvre d’accostage fut lente et ce n’est qu’à 23 h. 40 que je fus amarré le long de l’Ibis.
J’y trouvai le Commandant de la Marine, le Chef de Division des Flottilles de la Manche orientale et deux médecins qui firent toutes diligences pour faire conduire à l’hôpital Saint-Louis les blessés et les morts.
Aussitôt amarré à Boulogne, je fis procéder à un appel de l’équipage, qui confirma un appel provisoire que j’avais fait faire aux postes de combat, aussitôt après l’accident.



Tués :

— Enseigne de Vaisseau de 2e classe Kervran (L.-P.-A.).
— – d° – Montagné (E.-M.).
— Quartier-maître canonnier Coriton (V.-M.), 6.555 Auray.
— Quartier-maître fusilier temporaire Le Roy (N.-F.-J.), 36.733–1.
— Matelot de 2e classe clairon Roiné (P.-L.), 105.161-2.
— Matelot de 2e classe maître d’hôtel Langronne (G.-L.), 38.625-1.

Disparu :

— 2e Maître canonnier Riou (P.-M.), 7.542 Lorient.

Blessés :

— Enseigne de Vaisseau de 1re classe Véron (R.-F.-A.).
— Quartier-maître commis temporaire Coat (J.-M.), 100.819–2.
— Matelot de 1re classe cuisinier Thuillier (A.-P.) 30.546–1.
— Matelot de 2e classe torpilleur Hailaud (G.), 7.537 – Le Havre.
— Matelot de 2e classe canonnier Giloux (P.), 58.273–5.
— Matelot de 1re classe sans spécialité Le Bras (J.-F.-M.), 13.118 – Brest.


Cet appel terminé, j’allai vous rendre compte brièvement par téléphone.
Le matin, j’ai télégraphié au Vice-amiral et au Ministère les noms des tués, disparu et blessés. Toutes les familles ont été prévenues dans les formes fixées par la circulaire du 11 octobre 1917.
Une commission d’enquête, nommée par le Chef de Division des Flottilles de la Manche orientale, a été chargée de rechercher les causes de l’accident.
De mon côté, j’ai recueilli les témoignages des survivants. D’après ces témoignages, voici ce qui a dû se passer. Dès que l’ordre fut donné de lancer les grenades, Monsieur Kervran, dont c’était le poste, et Monsieur Véron, qui y était accouru, firent lancer coup sur coup les deux grenades C.M. (réglées pour 15 m.) qui étaient sur leurs bancs. Aucune d’elles n’éclata.
Monsieur Kervran enlevait lui-même la sangle de la grenade d’artillerie de 75 kg et ne pouvait y parvenir. Pourquoi ? Je ne sais. Quelques heures plus tôt, à Dieppe, le fonctionnement avait été vérifié.
Pendant ce temps, le matelot torpilleur Hailaud saisissait à plein bras une des grenades C.M. de tribord et la jetait à l’eau sans utiliser le banc de lancement. Cette grenade est la seule qui ait bien fonctionné (15 mètres).
Une autre grenade C.M. placée sur le banc de lancement à tribord fut jetée à l’eau et n’éclata pas.
Les trois grenades de tribord avaient été lancées ; une seule a fonctionné.
Monsieur Kervran continuait à essayer de lancer la grenade de 75 kg..
A ce moment, le second maître Riou, ou le quartier-maître Le Roy (Hailaud est le seul blessé qui ait bien vu la chose et il n’a pas pu distinguer si c’était Riou ou Le Roy), plaça une grenade sur le banc de lancement de bâbord qui avait été préalablement remis à la position horizontale. Riou – ou Le Roy – voulut alors faire basculer le banc : le banc ne bascula pas, mais le flotteur de la grenade partit à l’eau et la grenade resta prise sur le banc (coincée peut-être en biais). Je marchais 21 nœuds ; l’explosion fut presque immédiate, pas tellement cependant que M. Kervran, qui était tout proche, n’ait eu le temps de s’apercevoir du danger et de sauter près du banc pour le faire basculer.
La grenade Artillerie de 75 kg fut sans doute projetée à la mer par cette explosion. Elle n’est plus à bord, mais nous en avons retrouvé un morceau de sa calotte de bois. Elle n’a pas dû exploser.
La grenade Artillerie de 42 kg a été renversée sous les décombres sans exploser. La 6e grenade C.M. qui était sur le chantier paraît en bon état. Je les ferai visiter à Cherbourg.
Les avaries du bâtiment ne l’empêchent aucunement de naviguer ; le pont est entièrement défoncé à bâbord arrière et nous faisons un peu d’eau par un trou sous la flottaison dans le coqueron. La mèche du gouvernail n’a pas été atteinte et son manchon est encore suffisamment fixé à tribord, à l’avant et à l’arrière pour qu’il n’y ait rien à craindre de ce côté.
Permettez-moi de vous rappeler qu’hier matin, je vous écrivais de Dieppe, en réponse à la dépêche ministérielle du 22 novembre 1917 au sujet des grenades C.M. :


« ... Aucune grenade ne se trouve donc, après visite et nettoyage, dans les conditions (20 à 25 kg) fixées par la D.M. précitée... Je vous demande si je dois conserver à bord ces grenades C.M. dont le fonctionnement ne paraît pas sûr, ou si je dois reprendre nos anciennes grenades Guiraud. »

Je vous ai remis tout à l’heure la liste des morts, en demandant pour eux une citation.
Je vous adresserai ultérieurement des propositions de récompense en faveur d’un personnel dont je n’ai eu qu’à me louer, tant pour l’acharnement qu’il a montré contre l’ennemi que pour l’élévation de sentiments dont il a fait preuve dans un si pénible accident.


Signé : Richard.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

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Bonsoir à tous,


Second rapport de mer du lieutenant de vaisseau Alfred Louis Marie RICHARD concernant l’accident de grenade
survenu le 8 décembre 1917 à bord du torpilleur d’escadre Bouclier.



[Version intégrale]


• Torpilleur d’escadre Bouclier, Registre des correspondances du commandant – 8 juill. 1917 ~ 29 déc. 1919 –, Service historique de la Défense, S.G.A. « Mémoire des hommes », Cote SS Y 57, p. num. 976 à 978 et p. num. 980.


N° 18.

Flottilles de la mer du Nord
1re Escadrille de torpilleurs
Bouclier

Cherbourg, le 12 décembre 1917.

Suite au rapport sur l’engagement du 8 décembre.


Le lieutenant de vaisseau Richard, commandant le Bouclier,
à Monsieur le capitaine de vaisseau, chef de division des Flottilles de la mer du Nord.




Commandant,

Dans le rapport en date du 9 décembre que je vous ai adressé à la suite de l’engagement du Bouclier avec un sous-marin ennemi, le 8 décembre, je vous disais que le radio chiffré par M. Le Bret pour vous rendre compte de l’accident survenu à bord avait dû être mal chiffré, car Boulogne en avait demandé la répétition.
Après enquête, je dois rectifier : ce radio avait bien été chiffré ; mais le quartier-maître de service à la T.S.F. y avait ajouté, de sa propre initiative, la caractéristique C.D.P. 1. alors que le télégramme était chiffré en T.O. 18.
Il n’y a donc aucune faute à relever contre M. Le Bret qui a d’ailleurs, dans toute cette affaire, été pour moi un auxiliaire précieux.

J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les propositions de récompenses dont je vous annonçais l’envoi dans mon rapport du 9 novembre.
Conformément aux ordres contenus dans votre télégramme n° 1.261, je limiterai mes travaux à ceux qui pourront être terminés le 5 janvier.
Je crains d’éprouver quelques difficultés à faire installer par les constructions navales un rail pour le lancement des grenades C.M. La dépêche ministérielle du 1er novembre 1917 semble être ignorée du port de Cherbourg. Les difficultés seraient écartées si le Vice-amiral, commandant supérieur, voulait bien adresser au Préfet maritime une copie de cette dépêche ministérielle avec les croquis du Roux et du Bisson, en en demandant la réalisation à bord de nos torpilleurs.


_________________________________________________________________________________________________________________________________________________


État de proposition d’inscription au tableau spécial pour chevalier de la Légion d’honneur et de citation d’armée


VÉRON (Robert-François-Auguste). Enseigne de vaisseau de 1re classe.

Officier de la plus grande valeur professionnelle et morale. A toujours fait preuve des plus brillantes qualités d’ardeur réfléchie, d’initiative intelligente et de générosité militaire.
Grièvement blessé le 8 décembre 1917 au cours d’un combat contre un sous-marin, a été un modèle de courage et d’énergie, continuant à assurer son service d’officier en second jusqu’au moment où il a perdu connaissance. Déjà cité à l’ordre de l’Escadrille.



État de propositions d’inscriptions au tableau spécial pour la médaille militaire et de citations d’armée


RIOU (Pierre-Marie), 7.542 Lorient. Second maître canonnier ; active.

Officier marinier acharné à la destruction de l’ennemi. Embarqué depuis le début des hostilités à bord de torpilleurs qui ont toujours été en première ligne, s’est fait remarquer, par son ardeur, dans toutes les actions auxquelles il a pris part. A disparu le 8 décembre 1917 au cours d’un combat avec un sous-marin, ne lançant une grenade contre l’ennemi. (Deux citations antérieures).

GILOUX (Paul), 58.273–5. Canonnier breveté (active).

Canonnier d’élite, homme de veille attentif. Embarqué depuis le début des hostilités à bord d’un torpilleur qui a toujours été en première ligne, s’est fait remarquer par son zèle et son sang-froid dans les actions auxquelles il a pris part. Grièvement blessé à son poste de combat le 8 décembre contre un sous-marin. (Déjà cité à l’ordre de la division).



État de propositions de citations d’armée


LE MEUT (Henri-Jean-Marie), 6.835 Auray. Second maître timonier (active).

Officier marinier consciencieux et vigilant. Le 8 décembre 1917, par une nuit très obscure, a le premier aperçu et signalé un sous-marin ennemi qui a pu être attaqué dans des conditions favorables.

HAILAUD (Gaston), 7.537 Havre. Torpilleur breveté (active).

Marin de devoir, sûr et mordant. A vigoureusement attaqué à la grenade un sous-marin ennemi le 8 décembre 1917. Blessé au cours de cette affaire. (Déjà cité à l’ordre du 1er régiment de marins).



État de propositions de citations de corps d’armée


LE BRET (Louis-Marie). Enseigne de vaisseau de 2e classe.

Officier ayant une haute conscience de son devoir. Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin et dans des circonstances délicates qui ont suivi ce combat, a rendu au commandant les plus grands services.

RUSQUE (André-Paul), 76.534 Havre. Torpilleur breveté (active).

Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, a rendu de grands services au commandement en assurant de sa propre initiative les communications entre la passerelle et l’arrière.

PRIGENT (Jean), 98.796–2. Quartier-maître infirmier (active).

Infirmier calme et sûr. A, le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, donné aux blessés des soins intelligents et habiles.

DECORNEZ (Henri), 39.012–1. Matelot infirmier (breveté provisoire) (active), des Torpilleurs de Dunkerque.

........................................ d° ........................................



État de propositions de citations de division


COURDURIER (Noël-Jean). Mécanicien principal de 2e classe.

Le 8 décembre 1917, son bâtiment ayant été avarié au cours d’un combat avec un sous-marin, a pris immédiatement toutes dispositions propres à assurer la sécurité ; a rendu d’importants services au commandement. (Déjà cité à l’ordre de l’armée).

LE SANT (Mathurin-Jean-Marie), 16.722 Nantes. Maître de timonerie (active).

Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin et dans les circonstances qui ont suivi ce combat, a rendu d’importants services au commandement. (Une citation antérieure).

TIZIEN (Louis-Émile), 5.791 Brest. Second maître timonier (active).

........................................ d° ........................................

BOREL (Émile-Armand), 5.314 Caen. Gabier breveté (réserve).

Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, a exécuté avec précision et exactitude tous les commandements donnés à la barre.



État de propositions de citations de brigade


LE BRAS (Jean), 13.118 Brest. Matelot sans spécialité (active).

Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, a été blessé en portant à l’arrière les ordres du commandant. (Déjà cité à l’ordre de l’armée).

THUILLIER (André-Paul-Jean-Baptiste), 30.546–1. Matelot cuisinier (active).

........................................ d° ........................................
(Sauf citation antérieure)

LAMBERT (Pierre-Isidore), 49.685–5. Matelot chauffeur (active).

Le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, s’est porté spontanément à l’endroit où une explosion venait de se produire ; a donné les premiers soins aux blessés.

VERBECKE (Lucien-Amédée-Auguste), 35.868–1. Matelot mécanicien (active).

........................................ d° ........................................

COAT (Jean-Marie), 100.819–2. Quartier-maître commis temporaire (active).

Blessé le 8 décembre 1917, au cours d’un combat avec un sous-marin, a fait preuve de courage et d’énergie.

Le Lieutenant de Vaisseau Commandant,

Signé : Richard.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

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Bonsoir à tous,


Récompenses consécutives au combat du 8 décembre 1917


Journal officiel du 26 décembre 1917, p. 10.630.

« Est cité à l'ordre de l’armée :

Hailaud (Gaston), torpilleur breveté 7537, le Havre : homme de devoir, sûr et d'esprit militaire. A fait preuve de décision pendant l’attaque d’un sous-marin ennemi. Blessé au cours de l’action, a conservé tout son sang-froid. (Déjà cité à l'ordre du 1er régiment de marins.)
»

Par décret du Président de la République en date du 10 octobre 1930 (J.O. 23 oct. 1930, p. 11.975), ce marin fut honoré de la Médaille militaire dans les termes suivants :

« Hailaud (Gaston), le Havre 7537, matelot torpilleur ; 5 ans 1 mois de services actifs, dont 4 ans 4 mois à ma mer ; réserve : 11 ans 1 mois ; 6 campagnes, 1 blessure, 2 citations. »


Journal officiel du 29 décembre 1917, p. 10.700.

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Journal officiel du 5 février 1918, p. 1.253.

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Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 4 janvier 1922 (art. 2 ; J.O. 12 janv. 1922, p. 602), le matelot de 2e classe maître d’hôtel LENGRONNE Georges Ludovic fut inscrit à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire dans les termes suivants :

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: BOUCLIER - Contre-torpilleur

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


Journal officiel du 19 février 1919, p. 1.857.


Bâtiments auxquels la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre a été conférée, avec l’énoncé des citations à l’ordre de l’armée obtenues par ces bâtiments.


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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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