Bonjour à tous, bonjour Tim,
ATHOS
Selon l’officier enquêteur ATHOS avait à son bord 2164 personnes ainsi réparties
328 équipage dont 121 Européens (les boys du service hôtel semblent avoir été des Annamites et les nettoyeurs machine des Chinois)
300 passagers
769 tirailleurs sénégalais
734 travailleurs chinois ou indochinois. (Les asiatiques de l'équipage ne figurent pas dans ces 734.)
L’officier enquêteur ajoute qu’au moment du naufrage les Chinois ont jeté un peu de panique, assez vite réprimée. Il déclare que la plupart de ces travailleurs qui ont disparu se sont perdus en raison de leur manque total de sang froid et (je cite) de « leur esprit de rapine… »)
Note du colonel BRUN, commandant le dépôt des travailleurs coloniaux de Marseille au Médecin chef de l’hôpital de Malte
Le Ministre de la Guerre m’a chargé de recueillir de façon très précise les renseignements sur les travailleurs chinois rescapés de l’ATHOS qui ont séjourné ou séjournent encore à Malte. Je vous prie donc de me faire savoir très exactement :
- Les noms et numéros matricules des travailleurs chinois décédés à Malte (A ma connaissance ils sont deux).
- Les noms et numéros matricules des travailleurs chinois qui se trouvent encore à Malte.
Pour faciliter le travail, je vous indique que ces ouvriers chinois sont porteurs de leur contrat de travail et d’une plaque de cuivre sur laquelle est porté leur numéro matricule. Sur le contrat de travail, on trouve nom, numéro matricule et renseignements sur l’identité.
Ces renseignements, croisés avec d’autres, nous permettraient aussi de dresser la liste des travailleurs chinois qui ont déserté à Singapour afin de ne pas verser aux familles de ces déserteurs les indemnités qui doivent être réservées aux familles des sinistrés ou disparus.
D’autre part, les noms des deux travailleurs chinois décédés à Malte ont été portés à notre connaissance. Mais ils ont été sans doute mal transcrits car il est impossible de les retrouver sur la liste nominative des travailleurs embarqués sur l’ATHOS.
(Nota : cette indication nous montre qu’il existe bien une liste complète des travailleurs asiatiques)
Réponse du Médecin-Chef GRANDCLEMENT
Suite à la demande du 28 Avril 1917 du commandant du dépôt des travailleurs coloniaux de Marseille, voici les renseignements recueillis :
- 2 ouvriers chinois sont décédés à Malte le 26 Février et y ont été inhumés. Ce sont
. TRAN VAN HAI n° 1832
. VA WIN n° 2049
- 5 ouvriers chinois sont encore sur le KANARIS. Ce sont
. WAN WING CHAN n° 1358
. CHING KAN n° 1948
. FOU KA n° 2163
. TRAN SAN n° 2222
. FOUG NEA
- 6 ouvriers chinois sont en traitement à l’hôpital de BIGHI. Ce sont
. LA SI QUA n° 1669
. TRUN SU n° 1995
. LOU VA n° 1996
. TRI KON n° 1621
. LUN PON
. NAI SAN
Tous ces hommes seront acheminés sur la France au fur et à mesure de leur rétablissement.
Je précise bien que l’orthographe des noms est approximative et que les numéros matricules sont incertains. Ce sont des transmissions orales car la plupart des hommes ont perdu leur livret ainsi que leur plaque d’identité.
Commentaire
Il est évident qu’avec une transmission orale des noms chinois, il est difficile de s’y retrouver parmi les 734 travailleurs asiatiques.
Tous sont d’ailleurs qualifiés de « Chinois » mais, sans être un spécialiste des langues orientales, des noms comme TRAN VAN HAI ou LUN PON me paraissent plutôt de consonance vietnamienne et cambodgienne…
Cdlt
ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
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Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour,
quant aux 55 boys annamites: Est-ce que vous connaissez leurs nationalités?
Merci beaucoup!
Cordialement,
Tim
quant aux 55 boys annamites: Est-ce que vous connaissez leurs nationalités?
Merci beaucoup!
Cordialement,
Tim
Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Olivier,
j'ai demandé les khmers qui travaillent avec moi et ils disaient que les noms Tran Van Hai et Va Win sont plutôt vietnamniens que cambodgiens. Cependant le nom Lun Pon est un nom cambodgien.
Est-ce que c'est possible de digitaliser la réponse du Médecin-Chef GRANDCLEMENT et de nous envoyer?
Croyez-vous qu'il existe une liste complète de tous les noms de passagers asiatiques décédés lors du naufrage?
Cordialement,
Tim
j'ai demandé les khmers qui travaillent avec moi et ils disaient que les noms Tran Van Hai et Va Win sont plutôt vietnamniens que cambodgiens. Cependant le nom Lun Pon est un nom cambodgien.
Est-ce que c'est possible de digitaliser la réponse du Médecin-Chef GRANDCLEMENT et de nous envoyer?
Croyez-vous qu'il existe une liste complète de tous les noms de passagers asiatiques décédés lors du naufrage?
Cordialement,
Tim
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Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Tim,
Je ne possède pas la liste d'équipage de l'ATHOS. Mais elle doit exister aux archives de Vincennes ainsi, si ma mémoire est bonne, qu'une liste de tous les passagers et aussi des passagers rescapés. Elles sont bien sûr extrêmement longues et c'est pourquoi je ne les avais pas prises et mises sur le forum.
La lettre du médecin-chef s'y trouve aussi. Je n'avais qu'une mauvaise photo du document (prise sur le microfilm) difficile à déchiffrer. Une fois les documents retranscrits sur le forum, je ne les conserve pas.
Tous ces renseignements figurent sur le document SSG 28 microfilm 1Mi528. Attention, il faut s'y prendre un mois à l'avance pour retenir des documents à consulter et se procurer auparavant (au château de Vincennes), une carte de lecteur. Voici le lien du site www.servicehistorique.sga.defense.gouv. ... et-de.html
Je pensais bien que Tran Van Hai était vietnamien et Lun Pon cambodgien, (bien que la seule langue que je maîtrise vraiment soit l'indonésien).
Cordialement
Je ne possède pas la liste d'équipage de l'ATHOS. Mais elle doit exister aux archives de Vincennes ainsi, si ma mémoire est bonne, qu'une liste de tous les passagers et aussi des passagers rescapés. Elles sont bien sûr extrêmement longues et c'est pourquoi je ne les avais pas prises et mises sur le forum.
La lettre du médecin-chef s'y trouve aussi. Je n'avais qu'une mauvaise photo du document (prise sur le microfilm) difficile à déchiffrer. Une fois les documents retranscrits sur le forum, je ne les conserve pas.
Tous ces renseignements figurent sur le document SSG 28 microfilm 1Mi528. Attention, il faut s'y prendre un mois à l'avance pour retenir des documents à consulter et se procurer auparavant (au château de Vincennes), une carte de lecteur. Voici le lien du site www.servicehistorique.sga.defense.gouv. ... et-de.html
Je pensais bien que Tran Van Hai était vietnamien et Lun Pon cambodgien, (bien que la seule langue que je maîtrise vraiment soit l'indonésien).
Cordialement
olivier
Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Olivier,
Votre sentiment vous a alors guidé dans la bonne direction.
C'est dommage que vous ne possédez plus la lettre du médecin-chef, car pour les prochains mois/prochaines années je resterai au Cambodge. Vous voyez alors pourquoi j'aurai du mal à me procurer des documents moi même. Néanmoins je vous remercie pour le numéro du document!
Cordialement,
Tim
Votre sentiment vous a alors guidé dans la bonne direction.

C'est dommage que vous ne possédez plus la lettre du médecin-chef, car pour les prochains mois/prochaines années je resterai au Cambodge. Vous voyez alors pourquoi j'aurai du mal à me procurer des documents moi même. Néanmoins je vous remercie pour le numéro du document!
Cordialement,
Tim
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Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Tim,
Je ne retournerai pas à Vincennes avant plusieurs mois. Mais je pourrai alors essayer de retrouver la lettre; éventuellement laissez-moi une adresse mail (par message privé).
En tous cas, bon retour dans votre pays, si beau et si accueillant, et dont je garde un excellent souvenir. J'y ai souvent fait escale, exactement à Kompong Som, quand je séjournais dans les eaux du Sud Est asiatique. C'était juste avant la grande tragédie qui a frappé le Cambodge... Par la suite, je suis retourné au Vietnam, mais malheureusement jamais au Cambodge.
Cdlt
Je ne retournerai pas à Vincennes avant plusieurs mois. Mais je pourrai alors essayer de retrouver la lettre; éventuellement laissez-moi une adresse mail (par message privé).
En tous cas, bon retour dans votre pays, si beau et si accueillant, et dont je garde un excellent souvenir. J'y ai souvent fait escale, exactement à Kompong Som, quand je séjournais dans les eaux du Sud Est asiatique. C'était juste avant la grande tragédie qui a frappé le Cambodge... Par la suite, je suis retourné au Vietnam, mais malheureusement jamais au Cambodge.
Cdlt
olivier
Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Tim,
Je vais rechercher les documents des Messageries Maritimes qui font état des pertes concernant les indigènes de l'Athos, mais je pense qu'ils ne donnent que les chiffres que j'avais repris dans mon message sans autres précisions.
Cordialement,
alain
Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour Alain,
Merci beaucoup. Ca m'aiderait dans tous les cas!
Cordialement,
Tim
Merci beaucoup. Ca m'aiderait dans tous les cas!
Cordialement,
Tim
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Re: ATHOS - Compagnie des Messageries Maritimes
Bonjour à tous,
Voici un document intéressant sur le naufrage de l'ATHOS, le rapport du second capitaine.
Rapport du 2e capitaine Edmond ROSOOR, Capitaine au Long Cours, remplaçant le capitaine DORISE mort dans le naufrage de son navire
Quitté Port Saïd le 14 Février 1917 après midi après 10 jours d’escale dus à une avarie de machine. Pris toutes dispositions pour le sauvetage en cas de torpillage et masqué les feux.
Nous avions embarqué le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais à Djibouti.
Sécurité
Des exercices d’embarcations avaient été effectués à Yokohama et de fréquents appels aux postes d’abandon étaient effectués. Les passagers les faisaient avec leurs gilets de sauvetage. Je leur disais, pour les rassurer, qu’en cas de naufrage le navire mettrait beaucoup de temps à couler.
A Port Saïd, embarqué 47 radeaux de 30 personnes. Elongé des aussières juste au dessus de la flottaison de l’avant jusqu’à l’arrière. Débordé tous les canots à hauteur du pont E ;
734 ouvriers chinois se trouvaient à l’avant. 24 radeaux y furent installés avec des affiches écrites en chinois pour indiquer les manœuvres à faire au signal d’abandon.
769 tirailleurs sénégalais étaient à l’arrière. On disposa 23 radeaux. Tout le monde sans exception était en possession d’un gilet de sauvetage. On avait confectionné des chapelets de liège spécialement pour les enfants.
Départ
ATHOS, escorté par un convoyeur anglais a suivi la route secrête.
15/02
Vent de NW tournant au nord. Mer très dure. Ralenti pour permettre au convoyeur de suivre.
16/02
A 03h00, changé de convoyeur au point secret. Mais le très mauvais temps empêche ce nouveau convoyeur anglais de nous suivre. Il me donne alors rendez-vous en face de La Sude. (Nota : Crête)
A 09h30, ralenti 10 minutes pour mettre en place des contre tapes de hublots, deux hublots ayant été défoncés par la mer dans la cuisine des militaires.
A 20h00, pris en escorte par les contre-torpilleurs français MAMELUCK et ENSEIGNE DE VAISSEAU HENRY. Temps très mauvais, mais se calmant en mer ionienne.
Torpillage
A 12h27 le 17 Février, par 35°24 N et 18°32 E Greenwich, ATHOS, pourtant encadré de très près par les deux contre-torpilleurs, reçoit une torpille à bâbord par le travers de la cloison étanche entre la machine et la cambuse. Nous n’avons pas détecté le sous-marin. Le navire s’enfonce doucement par l’arrière. Stoppé la machine et envoyé le signal d’abandon. Le navire continue sur son erre pendant 10 minutes environ, tout en s’enfonçant.
Je rejoins la passerelle où je trouve le commandant et le contrôleur des services maritimes postaux Maurel, avec le chef mécanicien. Celui-ci nous indique que l’eau a déjà atteint la partie supérieure des cylindres et que l’on ne peut plus rien faire.
Donné ordre de larguer les saisines des embarcations puis, quand le navire n’a plus d’erre, de les amener et de jeter les radeaux à la mer. Toutes les opérations vont s’effectuer en environ deux minutes. Le navire s’est déjà enfoncé de 7 à 8 m toujours par l’arrière.
Je reviens à la passerelle et le commandant me dit : « . Mes enfants, il n’y a plus rien à faire. Merci. Il faut s’en aller. »
Lui et le contrôleur se jettent à la mer par bâbord et moi-même par tribord. C’est alors que se produit une explosion et que le navire se dresse à la verticale, l’avant hors de l’eau jusqu’au milieu de la cale 2, soit sur 50m. Puis il s’engloutit en une seconde. Il était 12h41.
MAMELUCK et EV HENRY opèrent le sauvetage dans des conditions très périlleuses, mais de façon remarquable. Leurs embarcations et les nôtres font des allers et retours pour récupérer les hommes accrochés aux épaves et aux radeaux. Je réussis à passer d’un radeau dans une embarcation avec un sous-lieutenant que je venais de repêcher.
A 16h00, environ 230 survivants sont entassés dans 7 canots remorqués par EV HENRY. C’est alors que j’apprends avec tristesse que le commandant est mort juste après avoir été hissé sur EV HENRY. Pris d’un malaise dans l’eau, il avait été soutenu tout le temps par le contrôleur des SMP, mais avait perdu conscience. Ce dévouement a permis de conserver son corps qui a été enseveli à Malte en présence de tout l’équipage survivant.
A 20h00, arrivée du torpilleur BALISTE qui recueille les 230 hommes de ces 7 canots. Je monte à bord le dernier.
A 22h00, arrivée de la canonnière MOQUEUSE. Les survivants sont répartis sur les divers navires sauveteurs.
Fait route sur Malte où nous arrivons le 18 Février à 15h30.
Conduite générale
Disparus
Nous avions à bord trois prisonniers allemands. Le sergent MONGEOT, chargé de leur garde, s’est noyé pour les sauver.
Je ne puis citer les actes de dévouement et d’abnégation de tous car la conduite générale a été sublime. Je cite seulement quelques exemples que j’ai vus, afin qu’ils ne soient pas ignorés.
DORISE
Commandant. A gardé son sang froid jusqu’à la mort. A dirigé l’évacuation et le sauvetage de façon remarquable. N’a cessé d’être calme, même quand il s’est vu perdu.
SANTI et ROUBERT
Lieutenants de l’ATHOS, ont péri pour avoir voulu faire plus que leur devoir
RAMEL
Commissaire, au lieu d’embarquer dans son canot, est resté sur le pont pour assurer l’ordre et a péri avec le navire.
DONZEL
Officier mécanicien, est mort à son poste dans la machine
CIPRIANI, VALTAN, ICARD et SORET
Chauffeurs, sont morts à leur poste dans la machine
Nota : en fait, Soret n'appartenait pas à l'équipage de l'ATHOS
COLONNA D’ISTRIA
Commandant le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais, a dirigé jusqu’au bout le sauvetage de ses hommes et a refusé de quitter le navire, tous n’ayant pu partir.
RUY Capitaine
GRANDIZI, JEANNOT, CONSTANS, DELAUNAY sous-lieutenants
Du 77e bataillon de tirailleurs sénégalais, sont morts à leur poste en exécutant les ordres du commandant Colonna d’Istria.
SYLVESTRE capitaine POAJETOUX Adjudant
De l’infanterie coloniale
Sont restés jusqu’au bout à leur poste pour faire évacuer les Chinois.
Enfin, les sentinelles du service d’ordre sénégalais sont toutes mortes à leur poste. Sans leur concours, le sauvetage des passagers européens aurait été impossible.
Survivants
MAUREL
Contrôleur des SMP. N’avait qu’à embarquer dans son canot. Mais a coopéré activement au sauvetage et est venu à la passerelle se mettre aux ordres du commandant. A refusé à plusieurs reprises de quitter le bord et a failli être victime de son dévouement.
GUIRAUD
Capitaine au Long Cours passager. A pris le commandement du canot 8 et a sauvé une famille complète avec 8 enfants.
BASTELICA
Maître d’équipage. A contribué à la réussite du sauvetage par sa présence d’esprit.
HOROT SAHAT
Garçon (déjà Croix de Guerre) Comportement admirable. A largement contribué au sauvetage des passagers.
MACCARY
Radio TSF. A envoyé le signal d’alarme. Grièvement blessé à la tête par la chute du poste de secours, a pu néanmoins le remettre en service et a relancé le signal. A sauté à l’eau au dernier moment.
DE VERDELHEN DES MOLLES
Enseigne de Vaisseau de l’EV HENRY. S’est jeté à la mer pour recueillir le contrôleur Maurel sur le point de défaillir et le commandant Dorise, évanoui.
LIBERNEVIS
2e mécanicien de l’EV HENRY. A participé très activement au sauvetage dans les embarcations.
Enfin, le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais a été très certainement le plus bel exemple de sang froid et de discipline.
Je ne peux malheureusement en dire autant des ouvriers chinois et des boys annamites.
Récapitulatif
L’élève officier BREZET a sauvé le manifeste passager ainsi que le livre de solde de l’équipage.
J’ai pu établir que sur 2164 personnes à bord, il y avait 1424 survivants et sans doute 740 disparus. Toutefois, dans ces disparus 19 cas sont douteux (nota : en raison de désertions à Singapour)
Les pertes se répartissent comme suit :
50 Européens
104 Tirailleurs sénégalais
2 Tirailleurs malgaches
543 Ouvriers chinois
41 Divers passagers chinois ou équipage arabe et annamite (dont les 19 cas douteux)
Total 740
Pertes dans l’équipage
3 officiers pont (sur 4)
1 officier machine
1 commissaire
2 matelots
3 chauffeurs
1 garçon
Soit 11 Européens + les Arabes de la machine et les boys du restaurant figurant dans les 41 divers.
Cdlt
Voici un document intéressant sur le naufrage de l'ATHOS, le rapport du second capitaine.
Rapport du 2e capitaine Edmond ROSOOR, Capitaine au Long Cours, remplaçant le capitaine DORISE mort dans le naufrage de son navire
Quitté Port Saïd le 14 Février 1917 après midi après 10 jours d’escale dus à une avarie de machine. Pris toutes dispositions pour le sauvetage en cas de torpillage et masqué les feux.
Nous avions embarqué le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais à Djibouti.
Sécurité
Des exercices d’embarcations avaient été effectués à Yokohama et de fréquents appels aux postes d’abandon étaient effectués. Les passagers les faisaient avec leurs gilets de sauvetage. Je leur disais, pour les rassurer, qu’en cas de naufrage le navire mettrait beaucoup de temps à couler.
A Port Saïd, embarqué 47 radeaux de 30 personnes. Elongé des aussières juste au dessus de la flottaison de l’avant jusqu’à l’arrière. Débordé tous les canots à hauteur du pont E ;
734 ouvriers chinois se trouvaient à l’avant. 24 radeaux y furent installés avec des affiches écrites en chinois pour indiquer les manœuvres à faire au signal d’abandon.
769 tirailleurs sénégalais étaient à l’arrière. On disposa 23 radeaux. Tout le monde sans exception était en possession d’un gilet de sauvetage. On avait confectionné des chapelets de liège spécialement pour les enfants.
Départ
ATHOS, escorté par un convoyeur anglais a suivi la route secrête.
15/02
Vent de NW tournant au nord. Mer très dure. Ralenti pour permettre au convoyeur de suivre.
16/02
A 03h00, changé de convoyeur au point secret. Mais le très mauvais temps empêche ce nouveau convoyeur anglais de nous suivre. Il me donne alors rendez-vous en face de La Sude. (Nota : Crête)
A 09h30, ralenti 10 minutes pour mettre en place des contre tapes de hublots, deux hublots ayant été défoncés par la mer dans la cuisine des militaires.
A 20h00, pris en escorte par les contre-torpilleurs français MAMELUCK et ENSEIGNE DE VAISSEAU HENRY. Temps très mauvais, mais se calmant en mer ionienne.
Torpillage
A 12h27 le 17 Février, par 35°24 N et 18°32 E Greenwich, ATHOS, pourtant encadré de très près par les deux contre-torpilleurs, reçoit une torpille à bâbord par le travers de la cloison étanche entre la machine et la cambuse. Nous n’avons pas détecté le sous-marin. Le navire s’enfonce doucement par l’arrière. Stoppé la machine et envoyé le signal d’abandon. Le navire continue sur son erre pendant 10 minutes environ, tout en s’enfonçant.
Je rejoins la passerelle où je trouve le commandant et le contrôleur des services maritimes postaux Maurel, avec le chef mécanicien. Celui-ci nous indique que l’eau a déjà atteint la partie supérieure des cylindres et que l’on ne peut plus rien faire.
Donné ordre de larguer les saisines des embarcations puis, quand le navire n’a plus d’erre, de les amener et de jeter les radeaux à la mer. Toutes les opérations vont s’effectuer en environ deux minutes. Le navire s’est déjà enfoncé de 7 à 8 m toujours par l’arrière.
Je reviens à la passerelle et le commandant me dit : « . Mes enfants, il n’y a plus rien à faire. Merci. Il faut s’en aller. »
Lui et le contrôleur se jettent à la mer par bâbord et moi-même par tribord. C’est alors que se produit une explosion et que le navire se dresse à la verticale, l’avant hors de l’eau jusqu’au milieu de la cale 2, soit sur 50m. Puis il s’engloutit en une seconde. Il était 12h41.
MAMELUCK et EV HENRY opèrent le sauvetage dans des conditions très périlleuses, mais de façon remarquable. Leurs embarcations et les nôtres font des allers et retours pour récupérer les hommes accrochés aux épaves et aux radeaux. Je réussis à passer d’un radeau dans une embarcation avec un sous-lieutenant que je venais de repêcher.
A 16h00, environ 230 survivants sont entassés dans 7 canots remorqués par EV HENRY. C’est alors que j’apprends avec tristesse que le commandant est mort juste après avoir été hissé sur EV HENRY. Pris d’un malaise dans l’eau, il avait été soutenu tout le temps par le contrôleur des SMP, mais avait perdu conscience. Ce dévouement a permis de conserver son corps qui a été enseveli à Malte en présence de tout l’équipage survivant.
A 20h00, arrivée du torpilleur BALISTE qui recueille les 230 hommes de ces 7 canots. Je monte à bord le dernier.
A 22h00, arrivée de la canonnière MOQUEUSE. Les survivants sont répartis sur les divers navires sauveteurs.
Fait route sur Malte où nous arrivons le 18 Février à 15h30.
Conduite générale
Disparus
Nous avions à bord trois prisonniers allemands. Le sergent MONGEOT, chargé de leur garde, s’est noyé pour les sauver.
Je ne puis citer les actes de dévouement et d’abnégation de tous car la conduite générale a été sublime. Je cite seulement quelques exemples que j’ai vus, afin qu’ils ne soient pas ignorés.
DORISE
Commandant. A gardé son sang froid jusqu’à la mort. A dirigé l’évacuation et le sauvetage de façon remarquable. N’a cessé d’être calme, même quand il s’est vu perdu.
SANTI et ROUBERT
Lieutenants de l’ATHOS, ont péri pour avoir voulu faire plus que leur devoir
RAMEL
Commissaire, au lieu d’embarquer dans son canot, est resté sur le pont pour assurer l’ordre et a péri avec le navire.
DONZEL
Officier mécanicien, est mort à son poste dans la machine
CIPRIANI, VALTAN, ICARD et SORET
Chauffeurs, sont morts à leur poste dans la machine
Nota : en fait, Soret n'appartenait pas à l'équipage de l'ATHOS
COLONNA D’ISTRIA
Commandant le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais, a dirigé jusqu’au bout le sauvetage de ses hommes et a refusé de quitter le navire, tous n’ayant pu partir.
RUY Capitaine
GRANDIZI, JEANNOT, CONSTANS, DELAUNAY sous-lieutenants
Du 77e bataillon de tirailleurs sénégalais, sont morts à leur poste en exécutant les ordres du commandant Colonna d’Istria.
SYLVESTRE capitaine POAJETOUX Adjudant
De l’infanterie coloniale
Sont restés jusqu’au bout à leur poste pour faire évacuer les Chinois.
Enfin, les sentinelles du service d’ordre sénégalais sont toutes mortes à leur poste. Sans leur concours, le sauvetage des passagers européens aurait été impossible.
Survivants
MAUREL
Contrôleur des SMP. N’avait qu’à embarquer dans son canot. Mais a coopéré activement au sauvetage et est venu à la passerelle se mettre aux ordres du commandant. A refusé à plusieurs reprises de quitter le bord et a failli être victime de son dévouement.
GUIRAUD
Capitaine au Long Cours passager. A pris le commandement du canot 8 et a sauvé une famille complète avec 8 enfants.
BASTELICA
Maître d’équipage. A contribué à la réussite du sauvetage par sa présence d’esprit.
HOROT SAHAT
Garçon (déjà Croix de Guerre) Comportement admirable. A largement contribué au sauvetage des passagers.
MACCARY
Radio TSF. A envoyé le signal d’alarme. Grièvement blessé à la tête par la chute du poste de secours, a pu néanmoins le remettre en service et a relancé le signal. A sauté à l’eau au dernier moment.
DE VERDELHEN DES MOLLES
Enseigne de Vaisseau de l’EV HENRY. S’est jeté à la mer pour recueillir le contrôleur Maurel sur le point de défaillir et le commandant Dorise, évanoui.
LIBERNEVIS
2e mécanicien de l’EV HENRY. A participé très activement au sauvetage dans les embarcations.
Enfin, le 77e bataillon de tirailleurs sénégalais a été très certainement le plus bel exemple de sang froid et de discipline.
Je ne peux malheureusement en dire autant des ouvriers chinois et des boys annamites.
Récapitulatif
L’élève officier BREZET a sauvé le manifeste passager ainsi que le livre de solde de l’équipage.
J’ai pu établir que sur 2164 personnes à bord, il y avait 1424 survivants et sans doute 740 disparus. Toutefois, dans ces disparus 19 cas sont douteux (nota : en raison de désertions à Singapour)
Les pertes se répartissent comme suit :
50 Européens
104 Tirailleurs sénégalais
2 Tirailleurs malgaches
543 Ouvriers chinois
41 Divers passagers chinois ou équipage arabe et annamite (dont les 19 cas douteux)
Total 740
Pertes dans l’équipage
3 officiers pont (sur 4)
1 officier machine
1 commissaire
2 matelots
3 chauffeurs
1 garçon
Soit 11 Européens + les Arabes de la machine et les boys du restaurant figurant dans les 41 divers.
Cdlt
olivier