Frontenay sur Dive 14-18

Parcours individuels & récits de combattants
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 09 janvier 1917……...

Ce 09 janvier 1917, Hyacinthe Bironneau, né à Frontenay en 1893, que les anciens ont pu connaître comme vendeur occasionnel de viande de chèvre ou de melons entre autres, est « aux Armées », avec le 11ème Régiment du Génie, près de Villersexel en Haute-Saône, village dont le château figure au recto de la carte postale qu'il envoie ce jour-là.

La compagnie du Génie à laquelle appartient Hyacinthe Bironneau, vraisemblablement la 21/2, est arrivée le 30 décembre précédent en Haute-Saône et cantonne à St Sulpice, juste à côté de Villersexel. Elle va pouvoir souffler, après avoir aménagé des tranchées, des passerelles et construit des communications dans la Somme, près de Rainecourt, pendant plusieurs mois.
Mais souffler ne veut pas dire rester inactive, les constructions de terrains d'aviation et de tranchées sont au programme. Et la veille, il a plu à verse dans la région de Villersexel.

Ce 09 janvier 1917 donc, Hyacinthe Bironneau, le frère d'Hubert le tireur d'élite, envoie une carte postale à son cousin germain Joseph Depoys, mon grand-père. Il écrit :

« Le 9 – 1 - 17
Cher Cousin,
je fais réponse à ta carte que jai* reçu* hier qui ma*
fait grand plaisir de te savoir en bonne santé. Je suis
toujours aux* repos pour nombres* de temps. Je n'en
sait* rien au* me di* que au* est proches daller* en
permission. Aen* mieux, je nespere* pas y aller d'ici
deux mois mais je t'envoyt* une carte de village voisin.
Ton cousin devoue*, Hyacinthe 
»

* inscrit ainsi dans le texte

On ne peut pas dire que le texte soit éloquent. Je suppose que Joseph Depoys est au courant de la situation de Hyacinthe Bironneau par une carte précédente.

Ce que ne sait pas Hyacinthe Bironneau, c'est qu'il ne partira pas en permission sous deux mois............
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 11 janvier 1917……...

Ce 11 janvier 1917, Auguste Barry, né à Frontenay en 1870, change de régiment. II quitte le 33ème RIT originaire de Sens (Yonne) pour intégrer officiellement, mais pas encore dans les faits, le 6ème bataillon du 61ème RIT, normalement basé à Cosnes-sur-Loire (58).
Si on ne peut savoir d'où vient Auguste Barry avec le 33ème RIT (JMO disparu), le JMO du 6ème bataillon du 61ème RIT est, lui, très clair sur ce changement : « Le 15 janvier 1917, le bataillon reçoit du 33ème RIT 1 adjudant, 2 sergents fourriers, 4 sergents, 25 caporaux et 227 hommes des classes 1890 et plus anciennes ».
Auguste Barry arrive dans son nouveau régiment à Neufchâteau et Relanges dans les Vosges où le JMO ne signale aucun combat, seulement des affectations aux services routier et forestier du secteur.
Auguste Barry ne reste pas longtemps au 6ème bataillon, car celui-ci est dissous le 15 mars 1917, date à laquelle il change à nouveau de régiment, selon sa fiche matricule.
Avec son âge plutôt élevé pour un combattant du front, Auguste Barry va pouvoir prétendre à un retour à la vie civile assez rapidement. Mais pour combien de temps, personne ne le sait ?..........

Ce même 11 janvier 1915, Damien Valançon, né à Frontenay, cousin germain de mon arrière-grand-mère Constance Valançon épouse Panier, est au front avec le 232ème RI depuis le 18 juin 1915.
En place à Verdun dès le 27 février 1916, le 232ème RI va y rester jusqu'au début avril, se retrouver en Meurthe-et-Moselle jusqu'en octobre 1916, date à laquelle il rejoint les Vosges avant d'être rappelé en catastrophe à nouveau sur Verdun.
Il suit le même parcours qu'Hubert Marsault évoqué le 04 janvier dernier.

Si Hubert Marsault est blessé durant ces combats, Damien Valançon est, lui, victime du froid et va quitter le front pour « pieds de tranchées » et parésie (perte de mobilité ) des membres inférieurs.
On appelle ainsi « pieds de tranchées » la conséquence du froid, de la boue, de l'humidité sur des pieds renfermés trop longtemps dans des bottes en tranchées. Les officiers ont beau recommander d'aérer les pieds le plus souvent possible, cette recommandation n'est pas suivie d'effets …......en tranchées. Et le résultat n'est pas beau à voir, se traduisant souvent par des amputations des orteils, sinon plus encore.

Mais comme Hubert Marsault, Damien Valançon va être soigné et mobilisé de nouveau ….....en août 1917, sans repartir au front toutefois.

On voit bien sur la photo de mariage de son fils Robert, quelques années plus tard, les chaussures adaptées que Damien Valançon va être obligé de supporter durant toute sa ......courte vie.
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 12 janvier 1917……...

Ce 12 janvier 1917, Narcisse Drouet, né à Frontenay en 1891, le frère de la « petite Lucie », est instructeur au camp de Labruguière dans le Tarn. Il envoie une carte postale à Joseph Depoys, mon grand-père, en poste au 346ème RI, 19ème Compagnie, secteur postal 84. Il écrit:
« Hauterive le 12 janvier 1917,
Chèr* camarade,
je t'envoie cette petite carte pour te donner de mes nouvelles
qui sont très bonne* et j'espère que les tiennes doivent être de même
et aussi je croise que ton tour de permission doit être prochainement.
Pour moi je ne suis pas trop mal, rien autre chose à te dire que je
te souhaite bonne permission. Ton copain qui te serre la main.
Drouet Narcisse « cial » 146è centre d'instruction des chefs de section
Hauterive par Labruguière (Tarn)
»

* écrit ainsi dans le texte

Narcisse Drouet fait bien de profiter du bon temps, car, il ne le sait sans doute pas, la date du retour au front approche .........
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 15 janvier 1917……...

Ce 15 janvier 1917, Roger Achard, né à Frontenay en 1890, l'aîné des 3 frères Achard, quitte la 12ème section d'infirmiers pour intégrer le 95ème RI qui stationne ce jour à Thieulloy-la-Ville et ses environs, dans la Somme, à 20 km au sud-ouest d'Amiens. Le régiment est au repos depuis quelques jours dans cette région, lorsqu'arrive l'ordre d'embarquer rapidement le 19 janvier suivant : direction Ste Ménéhould, dans l'est de la Marne, à la frontière avec la Meuse, où il débarque le 20 janvier.

Et c'est la montée en première ligne dès le 23. Le secteur est calme pendant deux jours avant que l'ennemi ne bombarde copieusement les lignes françaises.
La lutte entre les artilleries françaises et allemandes, puis les coups de main de part et d'autre vont se succéder jusqu'au début avril, sans réels avantages pour l'un ou l'autre.

Le 95ème RI de Roger Achard va alors rejoindre Mourmelon-le-Petit, puis les communes de Villers-Marmery et Prunay, à 15 km à l'est de Reims où le secteur s'avère plus dangereux.
L'attaque française déclenchée le 17 avril 1917 va se heurter à une résistance allemande violente et farouche. Les nids de mitrailleuses allemands révèlent à nouveau leur triste efficacité. Le JMO du régiment ne cite pas les objectifs à atteindre, ne précisent pas s'ils sont atteints, mais le bilan est lourd, très lourd pour le 95ème RI : 99 tués, 368 blessés et 172 disparus.

Roger Achard ne fait pas partie des victimes, ni des prisonniers du jour. Ça ne va pas durer.......
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 20 janvier 1917……...
Ce 20 janvier 1917, selon sa fiche matricule, Elie Guillon, né à Frontenay en 1876, quitte le 107ème RIT avec lequel il est « à l'intérieur » pour intégrer le 97ème RI et partir en campagne avec l'Armée d'Orient.

Or, ni le 97ème RI, ni le 97ème RIT, ni le 297ème RI ne sont allés en Orient et le JMO du 297ème RIT n'existe pas. Ça fait 2 jours que je cherche, en vain.
Impossible donc de retracer le parcours d'Elie Guillon. Toutefois, sa petite-fille Bernadette, 89 ans, que j'ai contactée aujourd'hui, me confirme qu'il est allé faire la guerre en dehors de France, sans savoir précisément où. Elle en est sûr, car Elie Guillon, prévenu d'un triste événement en 1918, ne pourra rentrer pour les obsèques.

Guillon Pierre Elie, matricule 285 au recensement de Châtellerault (Vienne) année 1896). Si quelqu'un du forum a une idée..........
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 25 janvier 1917……...

Ce 25 janvier 1917, Ludovic Goubault, né en 1876 à Frontenay, un des 4 frères Goubault partis à la guerre, change de régiment. Il quitte le 69ème RIT pour intégrer le 17ème escadron du train des équipages.
Bien sûr, suivre son parcours est impossible dans cette arme. Une de ses petites-filles, Claudette, qui habite à Coussay (86), n'a que des photos de lui, pas de souvenirs de sa guerre.

Je vais m'en référer à l'historique de cet escadron, sachant bien que la notion de « T.R.A.I.N. » remonte à l'époque napoléonienne, dont l'acronyme veut dire "Transport et Ravitaillement de l'Armée Impériale de Napoléon" et n'a donc rien à voir avec le chemin de fer actuel.

Voici ce que dit cet historique :

« La grande guerre a popularisé le train des équipages. Le trainglot (soldat de base de l'arme du train) est partout. S'il ne monte pas à l'assaut, il accomplit un rôle immense, laborieux et modeste, souvent périlleux, avec constance, dévouement absolu, abnégation, sacrifice même.

Trainglot des formations sanitaires, il est le compagnon du brancardier, et, avec lui, il est le sauveur de ceux qui sont tombés et qui mourraient sans eux.

Trainglot des convois administratifs, il a le monopole de tous les ravitaillements de vivres. Par lui, la faim et la soif du poilu sont satisfaites et l'on sait maintenant plus que jamais l'importance de l'alimentation dans la guerre.

Trainglot des unités de transport, il est l'homme de toutes les tâches, depuis la plus banale jusqu'à la plus périlleuse.

Combien nombreux sont ceux qui sont morts par le feu de l'ennemi au cours des ravitaillements, de jour et de nuit, alors qu'ils portaient jusque dans les lignes, munitions, engins, fils barbelés.
Et, comme de par l'application des lois Dalbiez et Mourier, le Train n'avait plus que des hommes des vieilles classes, presque chaque victime laisse une veuve et des orphelins.

Un nouveau trainglot est né au cours de cette guerre, qui, tout de suite, a pris une importance considérable et justifiée : le conducteur d'auto. Grâce à la puissance de rendement de son:camion, à la vitesse de sa voiture, il a pu, non seulement s'acquitter des transports de matériel, mais encore il a pu assurer la tâche de transporter les troupes, d'assurer les liaisons des quartiers généraux. Le trainglot-chauffeur est donc devenu le facteur nécessaire, escompté, pour l'accomplissement des opérations tactiques elles-mêmes.

Par les nuits obscures, le mauvais temps, sans phares ni lanternes, le long des routes éventrées, encombrées, le volant est rude à bien tenir; mais il faut que l'officier qui porte des ordres arrive; il faut que les poilus qui sont dans le camion arrivent aussi, et le trainglot-chauffeur le sait, et tous arrivent quand il le faut.

C'est ce trainglot qui a permis Verdun en 1916 et Montdidier en 1918. Le commandement a très souvent reconnu, au cours de la campagne, les mérites du Train par des citations d'ensemble et des citations particulières dont certaines sont très élogieuses.
De sorte que l'on peut dire en toute justice, qu'en ces cinq ans de la plus grande guerre qui ait eu lieu, le Train a rehaussé beaucoup son passé glorieux, a mérité hautement de la patrie, meurtrie, mais victorieuse.
 »

Âgé de 39 ans, c'est à cette nouvelle tâche que va s'atteler Ludovic Goubault jusqu'au 20 novembre 1918 !

Pour rappel, les escadrons du train des équipages ont mobilisé, dès août 1914, 110 000 hommes, 140 000 chevaux et 50 000 voitures. Rien que pour le 17ème escadron, cela représente 6.000 hommes, 8.000 animaux, 2.000 voitures.

J'étais loin d'imaginer, et pourtant je m'intéresse au sujet depuis longtemps, une telle organisation autour des combattants, avec autant d'hommes et de matériel.......
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 05 février 1917……...

Ce 05 février 1917, c'est la fin de campagne contre l'Allemagne pour Jean Ernest Aubourg, père de Roger et d'Auguste, né en 1869 et habitant Frontenay depuis au moins 1895. Il va être détaché pour les travaux agricoles à Frontenay.

Ce même 5 février 1917, c'est aussi la fin de campagne contre l'Allemagne pour Omer Goubault, né à Frontenay en 1869. Il va être détaché pour les travaux agricoles à St Jean de Sauves.

Ce qu'il ne savent encore, car l'issue de la guerre est incertaine, c'est qu'ils ne seront plus mobilisés.

Ce même 05 février 1917 encore, Auguste Aubourg, le fils de Jean Ernest, qui vient de passer le mois de décembre 1916 et la première moitié de janvier 1917 au centre d'instruction de Neuf-Château dans les Vosges avec le 92ème RI, est en poste à …........Marest-sur-Matz, entre Compiègne et Noyon, dans l'Oise.

Selon le JMO, la situation semble calme jusqu'à la mi-février, quelques rafales de mitrailleuses et quelques obus se faisant entendre de part et d'autre.
Les 27 et 28 février 1917, les Français reçoivent pas moins de 650 obus, apparemment sans faire de victimes.

Si l'ennemi semble se dérober en mars 1917, il sera plus incisif au début d'avril 1917, du côté de St Quentin, dans l'Aisne, à la cote 103. Une attaque allemande le 01 avril va faire 10 tués, 25 blessés et 18 disparus dans le 92ème RI.
La riposte française ne se fait pas attendre. Dès le 03 avril, le 92ème RI, qui fait partie de l'attaque, reprend le village perdu l'avant-veille, mais y laisse 31 morts, 91 blessés et 1 disparu.

Auguste Aubourg est sain et sauf, mais il n'est pas encore au bout de ses peines......
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 09 février 1917……...

Ce 09 février 1917, Constant Corval, né en 1876 à Frontenay, le père de Madeleine et Rose, arrive pour la troisième fois au front avec le 69ème RIT. Après 6 mois en 14/15 et 12 mois en 15/16, le voici de nouveau rappelé « aux Armées », à l'âge de 40 ans.

D'après le JMO, ce 09 février 1917, le 69ème RI cantonne à Marquéglise, au nord-est de Compiègne, dans l'Oise. La situation y est calme et on s'affaire à passer des formations sanitaires, à créer des chemins d'accès ou des abris, à remettre des décorations et on assiste à des passages en revue de troupes.
Difficile d'en savoir plus avec ce JMO, car pendant plusieurs mois, les compagnies entières ou partielles vont être mis à disposition d'autres unités et affectées à d'autres tâches non recensées dans le JMO du 69ème RIT.

Ce qui est sûr, c'est que chaque jour est incertain, aussi bien pour les combats éventuels que pour les unités à servir et le lieu de bivouac du jour.

C'est ce que précise justement l'historique du régiment : « Les unités sont réparties entre les divisions et services du 35me C. A., pour la préparation de l'offensive de printemps. Et tout l'hiver, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il neige, tout le monde travaille d'arrache-pied, encouragé par la profusion des moyens qu'on voit mettre en œuvre, afin que cette offensive conduise au succès décisif. En même temps, les séances d'instruction ont lieu, on pousse en particulier celle des fusiliers-mitrailleurs. D'autre part, l'organisation du Régiment se transforme. Les mesures prises pour une meilleure utilisation des effectifs font qu'on puise fortement dans les Régiments territoriaux, et le 14 mars, le 69me R. I. T. devient Régiment à 2 Bataillons, comprenant chacun 3 Compagnies et 1 C.M. L'offensive va être déclenchée quand l'ennemi se dérobe avec rapidité ; nos corps d'armée se lancent à sa suite. Dans ce mouvement, les diverses unités du 69me R. I. T. accompagnent les troupes actives auxquelles elles ont été attribuées. Les étapes sont dures dans cette zone où des embûches ont été partout préparées pour enrayer la poursuite ».

Constant Corval fait partie de ces territoriaux malheureusement aguerris à la situation et restera « aux Armées » jusqu'en …. janvier 1919.
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 11 février 1917……...

Ce 11 février 1917, Joseph Depoys, mon grand-père, né à Frontenay en 1890, envoie une carte postale à sa promise :

« Lundi 11 février 1917
Ma chère Marie,
Je t'adresse quelques lignes aujourd'hui afin de faire connaître un peu notre
situation. Nous sommes sorti* des lignes ce matin même*, nous attendions
la relève hier et ce ne fut que pour ce matin. Il faisait cependant un
beau dimanche hier, j'avais encore un peu le caffard* en entendant
de nouveau sonner les cloches au pays voisin. Tout se passe assez bien,
on parle de nous vacciner de nouveau et cela se trouve bien, car on nous
recommande de ne pas trop boire après la piqûre et en ce moment,
c'est la crise du pinard. Je t'en donnerais* le résultat a* la prochaine fois.
Nous avons eu hier la visite du ministre de la guerre ainsi que sa suite.
Bonne santé, je t'embrasse bien fort.
Joseph
 »
* = écrit ainsi sur la carte postale

Ce 11 février 1917 donc, Joseph Depoys, selon le JMO du régiment, est au front avec le 346ème RI, à Marainviller, entre Lunéville et Baccarat (54). Si la situation est calme ce jour, ce n'est pas le cas dans la nuit précédente du 5 au 6 février 1917.
Dans ce secteur pourtant peu agité, l'ennemi enclenche à 3h du matin et à midi des tirs d'artillerie d'une violence peu commune pour l'endroit. On évacue des postes avancés en danger et la riposte française commence à 12h15 avec des torpilles.
Les échanges de tirs ont lieu toute l'après-midi. Les Allemands occupent un abri évacué par les Français qu'ils finissent par évacuer à leur tour sous la pression des tirs tricolores.
À 20h30, tout rentre dans l'ordre, mais l'attaque allemande fait 1 tué, 7 blessés et 6 disparus.

Le JMO ne signale pas de combats significatifs jusqu'au 8 mars suivant, mais le danger reste …...et la mort rôde toujours.
regis 79
Messages : 691
Inscription : lun. juil. 29, 2013 2:00 am

Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 17 février 1917……...

Ce 17 février 1917, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie une carte postale à Marie Panier, ma future grand-mère. Il écrit :
« Dimanche 17 février 1917
Ma chère Marie
un petit mot seulement pour te dire bonjour et je t'avais
dis* que nous devions aller 5 jours un peu à l'arrière et en effet, nous
arrivons aujourd'hui au bout du 3è jour, pour un dimanche ce n'est
pas mal. Je ne sais pas pourquoi on a* pas terminé nos 5 jours, mais
il ne faut pas chercher a* comprendre, c'est militaire. Nous n'avons pas
été trop bien, car pour l'instant, le temps est très froid depuis 3 ou 4 jours
et on couchait dans des granges, il n'y faisait pas chaud, cela ne vaut pas
nos petites chambres malgré qu'elles sont plus près des lignes.
Amitiés, je t'embrasse bien fort.
Joseph 
»
* = écrit ainsi sur la carte postale

Deux jours plus tôt, le 15 février 1917, Marcel Valançon, le frère de mon arrière-grand-mère Constance, épouse Léon Panier et donc l'oncle de Marie Panier citée plus haut, quitte la Maison Maurice à Châtellerault.
Je me suis longtemps demandé ce que faisait cette maison Maurice.
Un cousin lointain et membre éminent du Cercle Généaloqique Poitevin m'en a apporté la réponse il y a quelque temps. Dans l'annuaire administratif, militaire, religieux, judiciaire, industriel, commercial et nobiliaire de la Vienne 1914, il est précisé à Châtellerault: « Maurice Henri, chaussures en gros, 12, rue de l'Ancienne Caserne »

Cordonnier de profession, mobilisé depuis mai 1916 au 69ème RIT de Châtellerault, il est donc logique de retrouver Marcel Valançon, âgé de 47 ans en 1917, dans cette entreprise de chaussures.
Il la quitte donc ce 15 février 1917, rejoint le dépôt du 69ème RIT avant de rejoindre, pour quelques semaines, le 30 mars 1917 une maison apparemment identique, non pas à Châtellerault, mais à Amboise (37), la Maison Goumin.

Mais même à 47 ans, on n'est à l'abri de rien et Marcel Valançon va devoir incorporer un régiment d'infanterie....
Répondre

Revenir à « Parcours »