Bonjour à tous,
Dans le journal de mon arrière-grand-père, le général de Reyniès, je lis :
8 juillet – jeudi
Belle cérémonie de l'inauguration du monument élevé à la mémoire du général Bataille au col du Bonhomme près de l'endroit où il fut tué au début des hostilités. Le général de Maud’huy doit y passer l'inspection des 14e et 30e Bataillons de Chasseurs. Avant de partir de Plainfaing, le colonel Brissaud-Desmaillet présente les deux bataillons au général Nollet.
Nous montons ensemble au col. Les compagnies d'élite encadrent le mouvement. Les bataillons forment la haie le long de la route.
Le général de Maud’huy remet des Croix de Guerre et se met à la tête des compagnies d'élite qu'il fait défiler sous son commandement devant le monument. Il dit quelques mots superbes avec une conviction et une force qui font éclater l'enthousiasme. Quel cœur chaud, noble et généreux !
Après la cérémonie, nous redescendons pour déjeuner chez le colonel Brissaud-Desmaillet (déjeuner offert par le général Nollet).
En décorant les fanions des 1e, 4e, 6e et section de mitrailleuses du 14e, le général les a embrassés puis s'est fait raconter leur histoire.
Le capitaine Chareyre, de l'état-major de l'Armée, me dit ses félicitations pour mon grade et mon commandement. Il ajoute que le Bataillon faisait une excellente impression, et qu'en haut lieu il avait une cote particulièrement élevée.
Cordialement
Jean Paillot
Une pensée...
- Eric Mansuy
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Re: Une pensée...
Bonjour à tous,
Le contenu du JMO du 14e BCA, à la date du 8 juillet 1915, décrit la cérémonie en des termes assez fleuris, surtout pour ce qui est de l’envolée lyrique concernant le monument : « … autour du monument funéraire élevé à la mémoire du général Bataille. Simple borne frontière, renversée gaiement par nos troupes victorieuses, elle garde aujourd’hui les mânes de ceux qui sont tombés pour laver de sa face la souillure qui y était inscrite : "Deutschland" ! ».
Quant aux circonstances de la mort de Bataille, elle ont été relatées par un médecin du 28e BCA :
« Vers neuf heures et demie arrive le général Bataille qui vient inspecter nos positions. Passant devant la maison, il monte avec son état-major sur les hauteurs de Rossberg qui dominent au nord le col du Bonhomme. Le petit groupe qui l’accompagne, malheureusement, fut visible de loin par le soleil splendide et l’atmosphère très pure qui ont succédé à la brume de la veille, car bientôt les obus allemands arrivent directement sur Rossberg. Le général redescend vers onze heures et demie, et avant de repartir s’approche de la maison et se met à parler à un groupe d’officiers. Il peut être environ midi ou midi et demie ; les obus qui semblent vraiment accompagner le général se rapprochent de plus en plus. Soudain l’un d’eux, rasant la maison, vient éclater juste au beau milieu du groupe du général ; celui-ci tombe tué sur le coup, le lieutenant-colonel Gratier, commandant le 12e chasseurs, est blessé en plusieurs endroits ; un capitaine d’état-major, deux lieutenants, deux sous-officiers, un dragon, trois ou quatre chevaux sont renversés plus ou moins grièvement atteints. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Le contenu du JMO du 14e BCA, à la date du 8 juillet 1915, décrit la cérémonie en des termes assez fleuris, surtout pour ce qui est de l’envolée lyrique concernant le monument : « … autour du monument funéraire élevé à la mémoire du général Bataille. Simple borne frontière, renversée gaiement par nos troupes victorieuses, elle garde aujourd’hui les mânes de ceux qui sont tombés pour laver de sa face la souillure qui y était inscrite : "Deutschland" ! ».
Quant aux circonstances de la mort de Bataille, elle ont été relatées par un médecin du 28e BCA :
« Vers neuf heures et demie arrive le général Bataille qui vient inspecter nos positions. Passant devant la maison, il monte avec son état-major sur les hauteurs de Rossberg qui dominent au nord le col du Bonhomme. Le petit groupe qui l’accompagne, malheureusement, fut visible de loin par le soleil splendide et l’atmosphère très pure qui ont succédé à la brume de la veille, car bientôt les obus allemands arrivent directement sur Rossberg. Le général redescend vers onze heures et demie, et avant de repartir s’approche de la maison et se met à parler à un groupe d’officiers. Il peut être environ midi ou midi et demie ; les obus qui semblent vraiment accompagner le général se rapprochent de plus en plus. Soudain l’un d’eux, rasant la maison, vient éclater juste au beau milieu du groupe du général ; celui-ci tombe tué sur le coup, le lieutenant-colonel Gratier, commandant le 12e chasseurs, est blessé en plusieurs endroits ; un capitaine d’état-major, deux lieutenants, deux sous-officiers, un dragon, trois ou quatre chevaux sont renversés plus ou moins grièvement atteints. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.