65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Parcours individuels & récits de combattants
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Ferns
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Ferns »

Bonjour à tous,

Pfouah, c'est un magnifique témoignage !! D'autant plus intéressant qu'il se trouve hors des frontières ce qui expliquerait qu'il se soit donné du mal à rajouter "Français". Dans l'Aisne, forcément, les soldats français n'ont jamais rajouté "Français"...

Merci, vive les Ardennes.

L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
Popol
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Popol »

Bonjour à Toutes & Tous,

- Au cours de mes recherches, je viens de découvrir un article de Luc HIERNAUX, intitulé "Soldats des bois", publié dans la revue "De la Meuse à l'Ardenne" n° 17, p.67 et s. (1993), relatant le témoignage d'Eudore Rézette, instituteur à Our en 1914 et publiant la copie conforme de l'extrait de sa citation à l'ordre du jour des armées françaises :

" Ordre n°20133 D / En exécution des dispositions de l'additif n°7.374 M, du 1er mai 1918, à l'instruction du 13 mai 1918, le Maréchal de France, commandant en chef les armées françaises de l'Est cite à l'Ordre de l'Armée Monsieur Rézette Eudore, instituteur à Our (Opont) Paliseul, Belgique:

- a secouru moralement et matériellement, en dépit des pires représailles de l'ennemi auxquelles il exposait sa personne, sa famille et ses biens, un officier et 5 soldats français demeurés dans les lignes allemandes après le combat du 22 août 1914, à Bertrix;

- a aidé plusieurs soldats français à passer en Hollande en leur fournissant de fausses cartes d'identité;

- a rendu inutilisable quatre canons que nos armées en déroute avaient abandonnées près de Maissin en Août 1914; a sauvé une mitrailleuse française et empéché qu'elle ne tombât dans les mains de l'ennemi.

Au grand quartier général, le 05 juillet 1919, Le Maréchal de France, commandant en chef les armées françaises de l'Est (s) Pétain " ;

- Voici également un extrait du témoignage d'Eudore Rézette:

" (...) Escapade forestière : Les Hessois du XVIIIe AK investirent le village de Maissin dans la matinée du 22 août 1914. Vers 14h, les Bretons du général Eydoux reçurent l'ordre de les en déloger baïonnette au canon et, pendant que leurs camarades les poursuivaient dans la direction de Villance vers où ils se repliaient déjà, Ernest Chapalain, Jean Grall, Louis Goanvic, Daniel Alaneau et quelques autres furent commis à la garde d'une quarantaine de prisonniers retenus dans la maison Golinvaux. Leur longue attente ne fut troublée que par la tentative de fuite d'un Allemand que Chapalain eut tôt fait d'étendre d'un coup de feu. Vers 2h du matin, les renforts prussiens arrivèrent de partout et, en dépit de leur incontestable succès tactique, les Français durent battre en retraite en gagnant Our, Opont, Paliseul et Bouillon. Un bataillon (lequel? > unité à identifier), auquel appartenaient précisément nos quatre hommes, fut désigné pour rester en place et permettre ainsi au gros de la troupe de reluler en bon ordre. Mais vers les 7 heures, les survivants se trouvaient cernés de tous les côtés. Au "sauve qui peut" de leur colonel, ils se débandèrent. Une trentaine d'entre eux, sans carte ni officier pour les guider en pays étranger, prirent la direction du sud-ouest et, après deux jours d'errance, s'arrêtèrent aux Tachenires, petit bois au relief accidenté situe à 1km d'Our et à 50 m du moulin desservant cette localité. Les Allemands étaient partout, eux trop nombreux pour passer inaperçus longtemps encore. Ils décidèrent alors d'augmenter leurs chances d'échapper à l'ennemi en se dispersant et seuls nos quatre Bretons demeurèrent là-bas.

Une petite grotte fut leur premier abri, quelques bottes de paille et de foin furent leurs premières couchettes. Les enfants du meunier, Isidore Piron, et quelques autres qui les savaient là veillèrent et, pour les distraire, ramenaient des champs de bataille quantité d'armes qu'on démontait, graissait, remettait en bon état: de quoi équiper toute une compagnie de soldats! Vers la fin d'octobre, les quatre hommes, fermement décidés à regagner la France, firent leurs adieux à tous et dirigèrent leurs pas vers Gedinne et Givet. Mais leur essai fut infructueux. Des patrouilles de uhlans recherchaient partout les soldats encore cachés. Grall et Chapalain revinrent au moulin d'Our, tandis que les deux autres étaient recueillis à Opont, chez Adolphe Dumonceau, le beau-frère du meunier. (...) "

- A suivre ...???

- Un bon mardi bien ensoleillé de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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los
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par los »

Bonjour Paul

Merci pour cet intéressant témoignage. Au vu des noms de famille, ce sont des soldats de Bretagne car ces noms de famille sont typiquement bretons.

Il se trouve que l'on m'a donné dernièrement un article paru dans la presse bretonne qui, je trouve, a quelques similitudes avec votre témoignage.
C'est le récit du vécu d'un ancien combattant du 19e RI, récit qui commence le 22 aout 1914 à Maissin
En voici un extrait:

"... Les allemands avaient abandonné quelques prisonniers qui furent enfermés dans la salle d'attente de la gare de Maissin. F.G était l'un des soldats affecté à la garde de ces prisonniers mais, avant qu'ils n'aient pu être évacués, l'ennemi lança une vigoureuse contre-attaque et les flanc du corps d'armée français ayant cédé, les troupes se replièrent sur Sedan.
C'est alors qu'avec un certain nombre d'autres soldats (32 en tout) F.G se retrouva isolé en pleine forêt de Bouillon. Nos 32 gaillards commencèrent par se dissimuler dans les taillis, d’autant plus que dans les grandes allées rectilignes les cavaliers allemands passaient et repassaient à vive allure.
Un sergent (le plus élevé en grade de la troupe) prit alors la sage décision de scinder celle-ci en plusieurs petits groupes afin qu'ils soient moins facilement repérés.
Et avec 6 compagnons, F.G s'en fut de son coté.
Leur objectif était de rejoindre les lignes françaises, mais du désir à la réalité il y avait une grande marge car les allemands victorieux occupaient tout le secteur. Ils recherchaient activement les soldats français.
Les 7 hommes se retrouvèrent un beau matin à l'entrée d'une modeste agglomération belge. Ils étaient affamés, n'ayant à peu près rien mangé depuis plusieurs jours, se nourrissant seulement d'épis de seigle et de mûres sauvages. Courageusement F.G se décida à aller vers le village pour chercher du ravitaillement malgré les abjurations de ses compagnons qui craignaient d'être dénoncés aux allemands.F.G n'hésita pourtant pas et alla trouver les habitants du lieu. Il fut accueilli à bras ouverts. Chacun fit fête à F.G et tint à lui remettre un petit paquet. Et, les bras chargés de café, sucre, tabac, pain, berlingots, etc... notre soldat s'en fut retrouver ses camarades.
Les 7 hommes atteignirent bientôt un moulin près d'une rivière. Les allemands qui gardaient le pont, entendant du bruit sans distinguer d'ou il provenait, prirent peur et nos héros franchirent le cours d'eau. Mais l'ennemi, s'étant ressaisi, commença à tirer sur eux. Ils se réfugièrent dans un petit bois.
Quelques temps après ils rencontrèrent un chasseur belge qui leur indiqua le chemin à suivre pour gagner Givet ou ils arrivèrent lors des premiers bombardements allemands et c'est à Givet qu'ils furent fait prisonniers lors de la prise de la ville..."

Qu'en pensez vous ? On retrouve certains éléments dans les deux témoignages, est ce qu'il pourrait s'agir du même événement ?
Je sais qu'il y a eu beaucoup d'isolés qui sont restés derrière les lignes allemandes après les combats dont la bandes des bois de Saint Hubert pages1418/forum-pages-histoire/saint-hu ... 6816_1.htm

Petite question: Ou se trouvait la maison Golinvaux par rapport à la salle d'attente de la gare ?

Amicalement
Sophie :hello:
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Popol
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Popol »

Bonjour à Toutes & Tous,
Bonjour Sophie

- Un grand merci pour le partage de ce témoignage! Les nouvelles de la Bretagne font toujours plaisir!

- A quelle unité appartenaient nos quatre Bretons, restés à Maissin jusqu'au 23 août - 7h ?

> En consultant l'ouvrage précité de Jean-Claude DELHEZ, à la page 560, nous lisons ce qui suit:

"(...) Avant de replier sur Paliseul, le général PAMBET constate que plusieurs unités de sa division n'ont pas rejoint. Il envoie un messager vers Maissin pour leur ordonner de se replier avec la 21e DI. Ordre qui ne serait jamais arrivé. Or, il reste effectivement beaucoup de monde à Maissin: les deux bataillons du 19e RI, avec le colonnel CHAPES, qui y luttent depuis midi, mais aussi une partie des unités qui y sont entrées à l'occasion de l'attaque de la 21e DI. Il y a quatre compagnies éparses du 62e RI, avec le commandant VOILLARD, la 1ère compagnie du 116e RI, la 2e section de mitrailleuses et la 8e compagnie du 118e RI. Par ailleurs, le commandant GATE y réunit des éléments du 64e RI. Etant donné les pertes de la journée, il reste à Maissin la valeur d'un petit régiment. De plus, le bataillon MARTIN, du 337e RIR, se maintient sur les hauteurs de Bellevue, tandis que quelques compagnies du bataillon PELLIET, du 116e RI, tiennent le bois à Ban. (...) ;

- Où se trouvait la maison GOLINVAUX à Maissin ?

> En reconsultant l'ouvrage précité de Jean SCHMITZ et Norbert NIEUWLAND, nous lisons dans le renvoi (2) du témoignage n° 679, à la page 191:

"(2) Les religieuses ont raconté ainsi la seconde partie de la journée du 22 août: (...) C'est à 14h ou 14h30 que les Allemands ont commencé à reculer - de la gare sur Villance, d'autres sur Transinne ou sur Lesse - et que, de dépit, sur un signal donné par un officier, ils ont mis le feu à notre quartier. (...) Il était 18h30 quand nous vîmes arriver l'infanterie française. Des soldats exténués, mais très courageux, vinrent nous demander un morceau de pain. Ils firent 40 prisonniers à la gare, qu'ils gardèrent dans la remise de la boulangerie GOLINVAUX, mais qui leur furent repris le lendemain. Tandis que les Allemands emmenaient leurs blessés vers Transinne, les Français déposaient les leurs à l'école - nous en avons reçu plus de cent - et dans des maisons particulières. Deux allemands seulement, à notre connaissance, passèrent la nuit au village, dissimulés dans la maison de J-B. LEBUTTE."

> faute d'un plan détaillé, je ne puis dire actuellement où se trouvait cette boulangerie par rapport à la gare. Attendons une réaction de Marie-Thérèse d'Anloy ...! Merci d'avance !

> Nos quatre Bretons appartenaient-ils au 19e RI ? Statistiquement: oui !?! Suspens !!!

- A propos de la fin de la bataille à Maissin, Jean-Claude DELHEZ écrit (p. 564) :

"(...) Les pertes commencent à s'additionner chez les Allemands, notamment par le fait de la section de mitrailleuses du 118e RI. La seconde moitié du bataillon von PIRSCHER (RIR 30) vient renforcer la première. Les Allemands entrent dans Maissin et capturent les premières maisons. Cette fois, c'est la fin. A 7h, constatant avec le brouillard qui se dissipe, que le 11e CA a disparu, le colonel CHAPES se résout à évacuer le village par échelons; il va retraiter vers Paliseul. CHAPES s'esquive avec le bataillon de VILLENEUVE, suivi à 7h30 des derniers hommes du 64e, du commandant GATE, et, peu avant 8h, par les fantassins du 118e. C'est le moment que choisit l'artillerie lourde allemande pour reprendre son bombardement. Maissin brûle. Il est 8h15. Un quart d'heure plus tard, le reste du 19e RI évacue. Le capitaine MERCIER est du nombre:

""Je prends à gauche un chemin de terre qui conduit au bois de Haut Mont. Nous y pénétrons et sommes saisis d'horreur. On peut dire qu'il y a un mort au pied de chaque arbre. Là, un tambour avec sa caisse. Ici, un capitaine, la tunique ouverte sur sa poitrine en sang, des musiciens au milieu d'instruments et de bicyclettes abandonnées, des sacs, des équipements. Je suis en tête, revolver au poing, suivi d'environ quatre-vingt hommes. Nous courons tant que nous pouvons. Nous passons derrière une ligne d'Allemands dans la position du tireur couché, le long de la lisière ouest. Ils sont une dizaine, à cinq pas d'intervalle, et dans une position si naturelle que je me demande s'ils sont morts (réf 798: SHD/DAT, 1K124).""

Dans Maissin, le bataillon von PIRSCHER mène le combat de rues contre les derniers Français. Les détachements du 62e RI se replient les derniers. Il est un peu plus de 8h30 quand le village tombe définitivement aux mains des Allemands. Ils y font 300 prisonniers et libèrent certains des leurs. Les rescapés, eux, s'engagent dans une longue marche en direction de Bouillon, qu'ils rejoindront en milieu de journée. La bataille de Maissin est terminée, le village est aux Allemands. (...) " ;

- A suivre ...?

- Un bon mercredi ensoleillé et chaud de Bruxelles!
Bien cordialement
Paul Pastiels
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terrasson
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par terrasson »

Bonjour à Toutes & Tous,
Bonjour Sophie

- Un grand merci pour le partage de ce témoignage! Les nouvelles de la Bretagne font toujours plaisir!

- A quelle unité appartenaient nos quatre Bretons, restés à Maissin jusqu'au 23 août - 7h ?

> En consultant l'ouvrage précité de Jean-Claude DELHEZ, à la page 560, nous lisons ce qui suit:

"(...) Avant de replier sur Paliseul, le général PAMBET constate que plusieurs unités de sa division n'ont pas rejoint. Il envoie un messager vers Maissin pour leur ordonner de se replier avec la 21e DI. Ordre qui ne serait jamais arrivé. Or, il reste effectivement beaucoup de monde à Maissin: les deux bataillons du 19e RI, avec le colonnel CHAPES, qui y luttent depuis midi, mais aussi une partie des unités qui y sont entrées à l'occasion de l'attaque de la 21e DI. Il y a quatre compagnies éparses du 62e RI, avec le commandant VOILLARD, la 1ère compagnie du 116e RI, la 2e section de mitrailleuses et la 8e compagnie du 118e RI. Par ailleurs, le commandant GATE y réunit des éléments du 64e RI. Etant donné les pertes de la journée, il reste à Maissin la valeur d'un petit régiment. De plus, le bataillon MARTIN, du 337e RIR, se maintient sur les hauteurs de Bellevue, tandis que quelques compagnies du bataillon PELLIET, du 116e RI, tiennent le bois à Ban. (...) ;

- Où se trouvait la maison GOLINVAUX à Maissin ?

> En reconsultant l'ouvrage précité de Jean SCHMITZ et Norbert NIEUWLAND, nous lisons dans le renvoi (2) du témoignage n° 679, à la page 191:

"(2) Les religieuses ont raconté ainsi la seconde partie de la journée du 22 août: (...) C'est à 14h ou 14h30 que les Allemands ont commencé à reculer - de la gare sur Villance, d'autres sur Transinne ou sur Lesse - et que, de dépit, sur un signal donné par un officier, ils ont mis le feu à notre quartier. (...) Il était 18h30 quand nous vîmes arriver l'infanterie française. Des soldats exténués, mais très courageux, vinrent nous demander un morceau de pain. Ils firent 40 prisonniers à la gare, qu'ils gardèrent dans la remise de la boulangerie GOLINVAUX, mais qui leur furent repris le lendemain. Tandis que les Allemands emmenaient leurs blessés vers Transinne, les Français déposaient les leurs à l'école - nous en avons reçu plus de cent - et dans des maisons particulières. Deux allemands seulement, à notre connaissance, passèrent la nuit au village, dissimulés dans la maison de J-B. LEBUTTE."

> faute d'un plan détaillé, je ne puis dire actuellement où se trouvait cette boulangerie par rapport à la gare. Attendons une réaction de Marie-Thérèse d'Anloy ...! Merci d'avance !

> Nos quatre Bretons appartenaient-ils au 19e RI ? Statistiquement: oui !?! Suspens !!!

- A propos de la fin de la bataille à Maissin, Jean-Claude DELHEZ écrit (p. 564) :

"(...) Les pertes commencent à s'additionner chez les Allemands, notamment par le fait de la section de mitrailleuses du 118e RI. La seconde moitié du bataillon von PIRSCHER (RIR 30) vient renforcer la première. Les Allemands entrent dans Maissin et capturent les premières maisons. Cette fois, c'est la fin. A 7h, constatant avec le brouillard qui se dissipe, que le 11e CA a disparu, le colonel CHAPES se résout à évacuer le village par échelons; il va retraiter vers Paliseul. CHAPES s'esquive avec le bataillon de VILLENEUVE, suivi à 7h30 des derniers hommes du 64e, du commandant GATE, et, peu avant 8h, par les fantassins du 118e. C'est le moment que choisit l'artillerie lourde allemande pour reprendre son bombardement. Maissin brûle. Il est 8h15. Un quart d'heure plus tard, le reste du 19e RI évacue. Le capitaine MERCIER est du nombre:

""Je prends à gauche un chemin de terre qui conduit au bois de Haut Mont. Nous y pénétrons et sommes saisis d'horreur. On peut dire qu'il y a un mort au pied de chaque arbre. Là, un tambour avec sa caisse. Ici, un capitaine, la tunique ouverte sur sa poitrine en sang, des musiciens au milieu d'instruments et de bicyclettes abandonnées, des sacs, des équipements. Je suis en tête, revolver au poing, suivi d'environ quatre-vingt hommes. Nous courons tant que nous pouvons. Nous passons derrière une ligne d'Allemands dans la position du tireur couché, le long de la lisière ouest. Ils sont une dizaine, à cinq pas d'intervalle, et dans une position si naturelle que je me demande s'ils sont morts (réf 798: SHD/DAT, 1K124).""

Dans Maissin, le bataillon von PIRSCHER mène le combat de rues contre les derniers Français. Les détachements du 62e RI se replient les derniers. Il est un peu plus de 8h30 quand le village tombe définitivement aux mains des Allemands. Ils y font 300 prisonniers et libèrent certains des leurs. Les rescapés, eux, s'engagent dans une longue marche en direction de Bouillon, qu'ils rejoindront en milieu de journée. La bataille de Maissin est terminée, le village est aux Allemands. (...) " ;

- A suivre ...?

- Un bon mercredi ensoleillé et chaud de Bruxelles!
Bonsoir Popol
A suivre...?
quelle question Popol..bien sur et encore :bounce: :bounce: merci pour votre travail :jap:
bien bonne soirée
cordialement
Christian Terrasson
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soldat forcat a pas jamai portat plan lo sac.Es pas l'ome que gana es lo temps vai i mesme pas paur
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RIO Jean-Yves
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à toutes et tous.

Merci une fois encore Popol - et Sophie - pour ces nouveaux témoignages et précisions !!! et qui me conforte sur le 116e notamment (position du Bataillon PELLIET au Bois Ban en soirée) , le détail des départs successifs le 23 au matin me confirmant a priori aussi le fait qu'au nombre des soldats faits prisonniers, il y avait bien des "Vannetais " de la 1e Cie également restés sur place et pas seulement blessés la veille , dont le jeune Sous-lieutenant ROYANT, qui, blessé dans cet ultime combat, ne devait pas survivre et est a priori décédé ce 23 même, sachant que les "évacuations" ne commencèrent que 2 jours plus tard (témoignage du Cap. VESQUE, dito de la 1e Cie).
Pour ce qui est des 4 gardiens de prisonniers, avec en plus des noms "bien de chez nous" , je pense aussi qu'ils devaient appartenir au 19e RI ...
Une question toutefois s'agissant du Capitaine tué vu dans le bois de Hautmont , mais Sophie va certainement pouvoir me répondre : y en a-t-il eu un du 19e tué en cet endroit ? car si c'est négatif, il pourrait alors s'agir du Capitaine Jean CASTELLA du 116e , précisément tombé là le 22 en soirée lors de la contre-attaque .
Pour les musiciens, ceux du 19e, décimés entre autres par un obus .
Par contre, pour la fin des combats, il me semble bien que c'est plutôt vers 10h30 et non à 8h30 que tout fut achevé (confusion de JCD par rapport à l'heure allemande ? et contradiction du texte), des soldats du 19e quittant encore à 8h30, puis d'autres du 62e , tandis que se livrait une fois encore un combat de rues, étant aussi connu que les Bretons n'ont pas coutume de céder facilement, même dans leurs derniers retranchements ! Logique, non ?

A suivre donc - avec toujours autant de plaisir - comme l'a dit Christian ...
Amicalement
Jean-Yves
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Popol
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Popol »

Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Sophie, Jean-Yves, Christian et les Ami(e)s de Maissin

- Puisque le présent fil revit, je poursuis donc la retranscription de l' "Escapade forestière" des quatre soldats bretons:

"(...) A l'approche de l'hiver, on les fit entrer. "Le grenier à foin devint leur chambre à coucher; la grange leur salle à manger; l'étable et l'écurie leur salon de réception. Tout alla très bien pendant quelques jours". Le 5 décembre (1914) cependant, à l'annonce d'une perquisition, ils s'en retournèrent au bois, y creusèrent un souterrain dont ils masquèrent l'entrée au moyen de quelques jeunes épicéas et restèrent terrés là jusqu'à la Noël. De retour au moulin, on leur aménagea un petit réduit qu'ils abandonnèrent à nouveau pour le grenier à foin, en mars 1915. Leurs tâches furent désormais celles que requérait le travail à la ferme. Ils nettoyaient tous les jours étables, écuries et porcheries, trayaient les vaches matin et soir, litaient les bêtes, sciaient du bois, fabriquaient parfois des paniers et des mannes à la mode de Bretagne. Leur seule distraction était le peu de lecture qu'Eudore Rézette leur apportait et les visites que leur rendaient parfois leurs camarades d'Opont. C'était alors de gaies soirées: on jasait, on riait, on chantait des romances bretonnes, on racontait des histoires du pays. Parfois l'on soupait aussi d'une bonne gigue de sanglier ou de quelque cuissot de chevreuil tués par Chapalain, si habile à se servir de son Lebel. Jamais ils ne sortaient eux-mêmes et, à la moindre alerte, ils se réfugiaient dans une belle galerie creusée dans limmense tas de foin.

A la mi-juin, les Allemands firent placarder des affiches menaçant des peines les plus sévères tout qui continuait à ravitailler des soldats français. Pour ne pas compromettre la sécurité de leurs hôtes, Goanvic et Alaneau quittèrent Opont et se construisirent une hutte au milieu d'une pessière très touffue, entre Our et Graide. Ils firent encore la fenaison chez Dumonceau, puis chez deux autres cultivateurs et commencèrent même la moisson, en qualité de journaliers étrangers. Vers le 15 septembre 1916, un agent de la police secrète se disant aviateur français fit leur connaissance, partagea leurs modestes repas, logea quelques nuits dans leur cabane et les quitta un beau matin, sous le prétexte de quelque petit voyage. Peu après, un douzaine de soldats allemands, lanterne à la main et armés jusqu'aux dents, les cueillaient dans leur sommeil. Conduits à Neufchâteau, ils furent condamnés à la déportation, mais refusèrent toujours de donner le nom de leurs ravitailleurs et les enquêtes menées à Framont, Naomé, Opont et Our ne renseignèrent pas d'avantage l'occupant sur l'identité de ceux-ci.

Toutefois les Allemands, informés de l'existence de fusils et de cartouches cachés à Our et plus particulièrement au moulin, y multiplièrent les perquisitions dans les premiers jours d'octobre. Des sentinelles restèrent même au moulin deux nuits et deux jours, mais ces Bavarois qui parlaient très bien le français annoncèrent de nouvelles perquisitions et fermèrent l'oeil pour donner au meunier la liberté de cacher tout objet suspect. Pendant leur souper, on évacua donc les deux français, leurs armes et leurs munitions. Le lendemain, buisson creux: la police ne trouva, ne vit ni n'entendit rien! (...) " ;

à suivre ...

- Une bonne soirée bien agréable de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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los
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par los »

Bonsoir à toutes et tous

Paul
Merci pour la suite du témoignage et les précisions apportées.

Jean Yves
Entièrement d'accord avec toi, les combats se sont finis à 10 heures 30.

En ce qui concerne le capitaine tué au bois de Hautmont, difficile d'être affirmative...
J'ai bien deux capitaines du19e RI tués à Maissin mais à quel endroit ??
Par contre, le lieutenant Bourdet du 19e RI est mort assis au pied d'un arbre dans le bois des suites de ses blessures à la cuisse. Pas à la poitrine, donc...

Amicalement
Sophie :hello:
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Popol
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Popol »

Bonsoir à Toutes & Tous,

- Poursuivons les tribulations de nos quatre bretons :

"(...) Pour les rescapés de Maissin, ce fut à nouveau la vie des bois. D'abord au Dversous, à 500m du moulin, pendant une dizaine de jours, puis à 2 km de là, au lieu-dit Planchette, non loin d'un petit ruisseau où ils s'abreuvaient. Pour se distraire, ils allaient à la chasse, plaçaient des bricoles et des "verreux", complétant ainsi le ravitaillement que les fils du meunier leur apportaient deux fois par semaine, à la tombée de la nuit. C'est là qu'Eudore Rézette photographia un jour ces deux figures sauvages: "Ernest avec sa barbe noire, son teint hâlé, les oreilles repliées sous un béret et ce petit gringalet de Jean avec sa figure d'enfant toute joviale". Ils changèrent encore plusieurs fois d'emplacement, construisant une nouvelle hutte à Chicheron sur la route allant de Daverdisse à Porcheresse, en août 1916, puis un abri plus confortable au Laid Laquais en décembre 1916, après la chute des feuilles. Les gens qui les aidèrent étaient de plus en plus nombreux: Tondeur, de Daverdisse, Lamotte et l'instituteur Delogne, de Porcheresse, Harroi, de Bruxelles, Maximilien Louis, le garde-forestier, même le garde général des eaux et forêts qui leur donna la permission de couper du bois, de chasser, de pêcher et de monter des tenderies aux oiseaux. Téméraires, ils passèrent, au début de 1917, deux soirées chez Eudore Rézette, au nez et à la barbe de la garde qui occupait la plus grande de son école et n'avait laissé que deux places à sa disposition: une chambre à coucher et son cabinet de travail.

Naiveté de commères:

En mars de cette année, une plainte anonyme fut adressée au gouverneur général signalant l'existence de deux Français dans les bois de Porcheresse et de six autres dans une maison de Graide, sans toutefois explicitement désigner les endroits. Un noyau de la police secrète fut établi à la gare de Graide. Vingt gendarmes et trois chiens pisteurs commencèrent leurs investigations. Deux des argousins parlaient le français comme de vrais Parisiens. Pour ne pas trop attirer l'attention des gens du pays, ils vendaient du savon et se faisaient passer pour des marchands ambulants. Un beau jour, à Our, chez Adrien Divoy, le tailleur, ils firent la connaissance de deux femmes de Porcheresse et gagnèrent bientôt leur confiance en se disant aviateurs français atterris aux environs de Beauraing et venus chercher leurs compatriotes afin de les rapatrier. Les commères donnèrent tête baissée dans le panneau et conduisirent les faux Français aux vrais. (...)" ;

à suivre ...

- Une bonne soirée (bien grise ...) de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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Re: 65e RI Août 1914 Maissin Anloy

Message par Popol »

Bonjour à Toutes & Tous,


- Voici la suite des événements:

" (...) Séduits par cette visite, ceux-ci racontèrent leur aventure, montrèrent leurs fusils, leurs révolvers, leurs munitions, leurs photos et les fausses cartes d'identité que l'instituteur d'Our leur avait fournies, sans toutefois le citer. Dans l'excitation de l'instant, les dames invitèrent ces quatre messieurs chez elles, à Porcheresse, pour un petit souper qu'elles se promettaient bien d'arroser de quelques bonnes bouteilles cachées en 1914. "On chanta, on bu (sic), on causa, on raconta des histoires, on dansa même jusqu'au petit jour". Vers 3 h du matin, Jean Grall se leva pour aller prendre le premier train à Graide en compagnie des deux limiers de la police secrète. Ce n'est qu'à Namur qu'il comprit dans quel piège il était tombé. Il fut mis en cellule, questionné des heures entières, battu, privé de nourriture, menacé, mais "têtu comme un Breton", se tut obstinément. Ernest Chapalain, devenu défiant au cours de la soirée, avait pour sa part préféré regagner la hutte en annonçant qu'il tenterait l'aventure un peu plus tard. Il eut ainsi le temps de détruire tous les documents compromettants avant d'être rejoint par les Allemands. Comme il se doutait de leur venue, il les vit arriver, déchargea son fusil sur eux, en blessa un, prit les jambes à son cou et réussit à gagner les bois de Daverdisse où il se reposa quelques heures avant de se diriger vers Rochefort. L'occupant était sur les dents. Pendant plusieurs semaines des patrouilles fouillèrent tous les bois à deux lieues à la ronde et perquisitionnèrent dans les onze localités que, lors de son interrogatoire, Jean Grall s'était contenté de désigner comme lieux où il avait mendié pour subsister. Dans chacun de ces villages, les policiers arrivaient de grand matin, pénétraient dans les maisons, en faisant sortir les occupants, sans aucune exception, alignaient tout ce monde sur la place publique pendant douze heures d'affilée, avec défense de bouger, de parler, de boire, de manger, et fouillaient les habitations de fond en comble. Puis tout retomba dans le calme. Chapalain s'était reconstruit un petit abri dans un bois près de Chanly, prenait mille précautions pour n'être aperçu de personne, mendiait pendant le jour, ne faisait du feu que la nuit. Un jour cependant, une patrouille allemande qui passait non loin de l'endroit où il se tenait vit un petit nuage de fumée s'élevant au-dessus des épicéas et trouva bientôt notre homme., couché à côté d'un feu presque éteint, à moitié mort de froid. "Il avait les deux pieds gelés et ne savait plus marcher. Les Allemands firent une civière avec quelques branches d'arbres et le portèrent jusqu'à la lisière du bois." De là, il fut transporté à Namur via Givet et Dinant. Mis au secret, on le sortit presque chaque jour de sa cellule pour un interrogatoire, aussi brutal que vain. Il ne parla pas.

En juillet, le tribunal militaire condamna Grall et Chapalain à mort. En août, Thomas Braun, leur avocat, obtint que la peine fût commuée en travaux forcés à perpétuité. Ils furent transférés à la forteresse de Rheinbach, puis versés dans un camp de prisonniers qu'ils finirent par quitter pour aller travailler chez un fermier qui leur annonça un jour la signature de l'armistice. Ils mirent près d'un mois pour regagner la Bretagne. A Plovénez-Porzay, Ernest Chapelain retrouva Marie, sa femme, mais il apprit aussi le décès de son frère Pierre, frappé par la grippe espagnole qu'il contracta au front, en octobre 1918."

> ainsi s'achève l'article précité de Luc Hiernaux. Cet auteur a publié également dans la même revue, en 1992, un article intitulé "Les reclus de Graide. Petit épisode troglodytique de la Grande Guerre" pp. 25-38 . Mais, jusqu'à présent, je n'ai pas encore eu le bonheur de le découvrir ...!

> peut-être qu'un ami breton poursuivra-t-il des recherches sur Ernest Chapelain à Plovénez-Porzay ...? On ne sait jamais ...!

- Un bon samedi (bien gris et couvert ...) de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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