Double recherche sur l'opération Ludendorff

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gil alcaix
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par gil alcaix »

Un grand merci à tous pour vos contributions de tous ordres.
Je suis impressionné par votre travail et vos recherches minutieuses et cela me motive pour combler mon retard, notamment en matière purement militaire !!!
Merci en particulier à Stef pour ce point de vue allemand très détaillé
(mais, comme je suis très ch... euh pointilleux, il me manque toujours comme dans presque toutes mes recherches les sources et les paroles allemandes, sachant comme déjà dit que je suis barré dans ce domaine par la langue ...)

Vivement que ça continue !
Gil
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ALVF
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par ALVF »

Bonjour,

Concernant l'artillerie et les chiffres mentionnés par Stef, il faut préciser un point.En effet, le renforcement évoqué de 9 canons de 24-cm, 8 de 17-cm et 2 de 15-cm K.16 ne concerne que le groupement de pièces lourdes "Schwefla" destiné à effectuer des tirs d'action lointaine sur les arrières français sur des points vitaux.Il faut prendre en compte aussi les 70 canons de 15-cm K.16 déployés sur toute la zone d'attaque, en effet, ces canons à longue portée (22.800 m) avaient mission de neutraliser l'artillerie lourde à grande puissance française mais surtout de viser les communications et les P.C français dans toute la profondeur du champ de bataille.
La rupture rapide des liaisons entre les P.C des grandes unités et de l'artillerie vers leurs unités subordonnées apparaît constamment dans les rapports et compte-rendus français (destruction de lignes mais aussi d'antennes des P.C).
Ces résultats sont à mettre au compte de l'artillerie à longue portée allemande dont l'action en profondeur fut considérable et est surtout imputable aux 12 canons de 24-cm, 10 de 17-cm et de 70 de 15-cm K.16 mis en oeuvre pour l'offensive du 27 mai 1918.
Nota: je n'évoque pas ici les milliers de canons de tous calibres mis en oeuvre pour la destruction des défenses de première ligne et l'utilisation massive des obus à gaz qui mériterait un développement particulier.
Cordialement,
Guy François.
Denis Rolland
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par Denis Rolland »

Bonjour,
Je réponds plus particulièrement à Ferns:
La date est bien le 4 janvier 1919. La déposition Duchêne est dans une certaine logique au présent il parle du maréchal mais il parle du général pour ce qui est de la conversation.
Cordialement
Denis Rolland
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henri astoul
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par henri astoul »

Bonjour à tous.
Merci pour l'ensemble de cette étude qui mériterait un livre.
dans "Le gachis des généraux", c'est surtout Duchêne qui porte le "Képi"
Je boucle le livre sur mon GO mort dès le 27 mai au matin et cette étude m'intéresse particulièrement.
Henri
Henri
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pouldhu
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par pouldhu »

Bonsoir à tous, les gaz ! voila un truc génial dont nous n'avons pas parlé.
Cette "arme" est un moyen de tuer donc il faut voir son utilisation au regard de son efficacité. Le 27 mai, nous avons une utilisation des gaz qui a du être l'une des plus belle de la guerre, des plus réussie.
Plutôt que détruire une batterie pour la faire taire, tuons les artilleurs !
cette action a été systématique (d'après les JMO) et a payé.
Comme les allemands connaissaient le relief, ils n'ont attaqué que sur les saillants (pour ne pas risquer d'être pris d'enfilade par nos mitrailleuses dans les vallées) et ont littéralement noyé ces vallées de gaz (vallées où nos soldats reculaient pour sortir de l'enfer).
Gaz sur les PC (cf JMO ID 22) surtout pour neutraliser les communications : les téléphonistes avec leur masque ne se faisant plus comprendre, les enlèvent et suffoquent, voir meurent.
Mais je reviens aussi sur une question de Gil, qui est aussi mienne :
Comment planquer autant de division + artillerie + logistique sur un assez petit front sans que nous nous en soyons rendu compte ,
Surtout à partir du 25, 26 au moment de la concentration, de la montée en ligne des troupes d'assaut. la vallée de l'Aillette, c'est en gros deux kilomètres, ils étaient caché où ?
Comment ne pas avoir repéré les mouvements d'artillerie ?
Les emplacements des pièces lourdes ?
Bien sur il y a des creutes dans la zone allemande, bien sur celle de Colligis est très grande mais elle ne suffit pas. Toutes celles du secteur de la Bièvre que j'ai visité, comme celles de Presles, ne peuvent cacher autant de monde, bref pour moi, voila un beau mystère.
Cordialement,
Gilles.
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pouldhu
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par pouldhu »

juste pour illustrer l'attaque sur les saillants :

Image

JMO ID 22

Cordialement,
Gilles.
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stefbreizh56
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par stefbreizh56 »

Bonsoir,

J'ai évoqué l'emploi des gaz un peu plus haut,en particulier l'ypérite,et dont les résultats ont été dévastateurs (absence de vent et particularité du relief)
A voir aussi dans la famille des gaz qui piquent,j'ai lu qu'un nouveau gaz a été employé lors de cette journée,l'arsine,rendant inefficace l'emploi des masques ..(Hanotaux,histoire illustrée de la guerre de 1914,tome 16)

"...C'est un gaz qui a été massivement utilisé par l'armée allemande, en association avec d'autres gaz, dans les obus chimiques de la Première Guerre mondiale. Irritant et sternutatoire, associé à l'ypérite, et diffusé en aérosol assez fin pour passer la barrière des filtres de masques à gaz, il forcait les soldats à tousser, éternuer ou vomir dans leur masque à gaz, et donc à ôter leur masque et respirer de l'ypérite ou un autre toxique diffusé par les obus. Puis d'autres formes d'arsines ont été testées et utilisées avec des effets devenir de plus en plus durs pour produire des gaz irritantes et des gaz vésicants.
Des arsines à la fois vésicantes et sternutatoires ont été développées (dichlorure d’éthylarsine et dibromure d’éthylarsine) et utilisées dès de mars 1918. Ces « gaz » induisent une forte détresse respiratoire, accompagnée de crampes au niveau de la poitrine générant un fort sentiment d'angoisse, ces symptômes pouvant perdurer jusqu'à 24 heures. À l'état liquide, elles avaient en plus une action vésicante. Du dichlorure de phénylarsine a aussi été utilisé à partir de novembre 1917, qui ajoutait un effet vomitif irrépressible aux effets des gaz précédents. La peau des soldats les plus exposés aux vapeurs (près du point d'impact) se couvrait de phlyctènes douloureux. Dans les années qui sont suivi la guerre on a aussi constaté que ces gaz était cancérigènes..."
(wikipedia)

Cdt,Stef
"En essayant continuellement,on finit par réussir.
Donc: plus ça rate,plus on a de chance que ça marche" (Les Shadocks)
ALVF
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par ALVF »

Bonsoir,

Concernant l'action de l'artillerie allemande sur les premières lignes françaises le 27 mai 1918, voici ce que je trouve dans le livret de pièce du "lg.S.F.H 13" Nr 1784, autrement dit un obusier lourd allemand ("lange Schwere Feldhaubitze" de 15-cm modèle 1913, numéro de série 1784) dont 852 ont participé à la préparation d'artillerie ce jour là (dont 408 exactement du même modèle que celui-ci):
Obus tirés le 27 mai 1918: 274 dont:
-16 obus à croix verte: obus à gaz (diphosgène avec chloropicrine).
-207 obus à croix bleue: obus à gaz (chlorodiphénylarsine).
-51 obus explosifs.
Ces tirs d'une seule pièce sont tout à fait représentatifs de l'emploi massif d'obus à gaz le 27 mai 1918, il n'est pas inutile de préciser que, en mai 1918, les masques à gaz de tous les soldats alliés laissaient passer les très fines particules des Arsines.
On imagine sans peine les conséquences de ces tirs massifs dans un délai très court sur la capacité de résistance des troupes les plus solides.
Seule consolation, le livret de tir du "lg.S.F.H 13 Nr 1784" n'a été tenu que jusqu'au 15 juillet 1918 inclus, ses servants n'ont pas eu le loisir de le tenir à jour après avoir passé la Marne le 15 juillet 1918 car la pièce a été prise, probablement avec ses servants, vivants ou morts, lors de la contre-attaque du 18 juillet 1918!
Cordialement,
Guy François.
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gil alcaix
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par gil alcaix »

Merci à tous pour ces précisions
J'ai bien vu, Gilles, en effet, l'utilisation des saillants plutôt que des rentrants (là aussi, on se dit: les Français étaient-ils si sûrs d'eux en 1917 pour attaquer dans la vallée Foulon ou la cuvette de Braye ?).
De même le JMO souligne la "surprise" de voir les Allemands attaquer en colonnes plutôt qu'en lignes, "à l'ancienne"
Et les Allemands de se déguiser en Britanniques sur Vauclerc pour surprendre les Français ...
Décidément, ils avaient vraiment innové et mis de leurs côtés tous les aspects de la guerre "moderne"

A ce propos, Thierry Hardier (dans le livre dirigé par N. Offenstadt, page 73) dit que les attaques du printemps 1918 s'inspirent de ce qui a été fait à Riga le 31 juillet 1917: mes premières recherches n'ont rien donné (mais je n'ai pas encore creusé). Quelqu'un en sait-il plus sur cet épisode du front russe ?

Gil
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ALVF
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Re: Double recherche sur l'opération Ludendorff

Message par ALVF »

Bonjour,

Les nouvelles méthodes allemandes d'attaque ont été expérimentées lors de la bataille de Riga qui date en fait du 1er septembre 1917 (et non pas du 31 juillet).
La méthode d'emploi de l'artillerie prônée par le Colonel Bruchmüller est très bien exposée dans le livre de cet officier "L'Artillerie dans l'offensive en guerre de position" traduit en français et publié chez Berger-Levrault en 1932.L'auteur décrit en détail l'emploi de l'artillerie lors des batailles de Riga de septembre 1917 et du Chemin des Dames en mai 1918.
Cette bataille de Riga a été analysée par les 2ème et 3ème Bureaux du G.Q.G français, le général en chef Pétain a d'ailleurs diffusé une note concernant les enseignements de cette bataille: "Note pour les grandes unités, la bataille de Riga - n°1571 G.Q.G du 2 février 1918".
Les nouvelles méthodes allemandes ont aussi fait l'objet d'études et d'enseignements.
Voir notamment les remarquables études du 2ème Bureau de la 4ème Armée française (et leurs dates de parution):
-"L'offensive allemande de mars 1918, d'après les documents et les interrogatoires de prisonniers" en date du 16 avril 1918.
-"L'offensive de mars 1918, étude complémentaire" d'après les mêmes sources en date du 8 mai 1918.
-"Les offensives de mai-juin 1918, d'après les documents capturés et les interrogatoires de prisonniers" en date du 2 juillet 1918.
Ces fascicules remarquables montrent que certaines Armées françaises au moins étaient "réactives", mais toutes les Armées n'avaient pas un Chef de la valeur du Général Gouraud!En tout cas, les événements du 15 et 16 juillet 1918 en Champagne montrent que les enseignements ont été mis en pratique à la 4ème Armée française.
Il serait intéressant de savoir si d'autres Armées, et notamment la 6ème Armée, ont fait ce même travail de réflexion en mars et avril 1918.
Cordialement,
Guy François.
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